Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque dimanche à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment !
Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici !
le Stradivarius de Goebbels de Yoann Iacono aux éditions J'ai Lu
https://www.lagriffenoire.com/le-stradivarius-de-goebbels-1.html
le Roman de Vienne de Jean des Cars aux éditions Litos
9782268056197
le diable parle toutes les langues de Jennifer Richard aux éditions Pocket
https://www.lagriffenoire.com/le-diable-parle-toutes-les-langues-1.html
L'Homme qui peignait les âmes de Metin Arditi aux éditions Points
https://www.lagriffenoire.com/l-homme-qui-peignait-les-ames-1.html
le Turquetto de Metin Arditi aux éditions Babel
https://www.lagriffenoire.com/le-turquetto.html
Moi et François Mitterrand de Hervé le Tellier aux éditions Folio
https://www.lagriffenoire.com/moi-et-francois-mitterrand-moi-et-jacques-chirac-moi-et-sarkosy-moi-et-francois-hollande.html
Il était une fois Lamartine de Sylvie Yvert aux éditions Pocket
https://www.lagriffenoire.com/il-etait-une-fois-lamartine.html
Maigrir pourquoi je n'y arrive pas ? de Jean-Michel Cohen aux éditions First
https://www.lagriffenoire.com/maigrir-pourquoi-je-n-y-arrive-pas.html
Les aveux de John Wainwright et Laurence Romance aux éditions 10-18
https://www.lagriffenoire.com/les-aveux.html
Les Trois Meurtres de William Drever de John Wainwright et Clément Baude aux éditions Sonatine
https://www.lagriffenoire.com/les-trois-meurtres-de-william-drever.html
Rééducation Nationale de Patrice Jean aux éditions Rue Fromentin
https://www.lagriffenoire.com/reeducation-nationale.html
Souvenirs souvenirs... (T01) de Catherine Nay aux éditions Pocket
https://www.lagriffenoire.com/souvenirs-souvenirs...-vol01.html
Tu le sais bien, le temps passe de Catherine Nay aux éditions Pocket
https://www.lagriffenoire.com/tu-le-sais-bien-le-temps-passe-souvenirs-souvenirs-2.html
Histoire intime de la V République: le sursaut (T1) : Histoire intime de la Ve République de Franz-Olivier Giesbert aux éditions Gallimard
https://www.lagriffenoire.com/histoire-intime-de-la-v-republique-vol01-le-sursaut.html
Histoire intime de la V République: La belle époque (T2) de Franz-Olivier Giesbert aux éditions Gallimard
https://www.lagriffenoire.com/histoire-intime-de-la-v-republique-vol02-la-belle-epoque.html
Sambre: Radioscopie d'un fait divers de Alice Géraud aux éditions JC Lattès
https://www.lagriffenoire.com/sambre-radioscopie-d-un-fait-divers.html
Gazoline de Emmanuel Flesch
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Une vie réussie, ce serait donc le plaisir de bronzer, à côté d’une piscine bleu turquoise, en slip de bain ? Ce serait de passer à la télévision ? D’être reconnu dans la rue ? Quelle timidité ! Vous n’avez pas écrit les Mémoires d’outre-tombe et vous pensez avoir réussi votre vie ? Vous ne laisserez pas même un sonnet digne de traverser les siècles ? Ni une sonate ? Vous n’êtes pas mort pour sauver des innocents ? Vous n’avez jamais médité, dans un cloître, à l’existence ou l’inexistence de Dieu, et vous prétendez à la gloire ? Jamais le frisson du Rien n’a couru sur votre peau ? Le plébiscite de l’humanité irréfléchie et ingrate vous suffit, vous contente, vous réjouit ?

Le chiffre d'affaires explosa, d’autant que « Littérature humaniste » battait son plein. D'autres maisons d'édition s'engouffraient dans le même secteur de vente, et l'on vit des collections expurgées fleurir à l'étal des libraires : « Belles-lettres égalitaires », « Romances sans racisme », < La Gauche littéraire » et la plus célèbre, conçue pour les enfants, « Bébé, Sade, Maman ».
Dans le métro, on n'osait plus lire un roman qui ne fût justifié par l’une de ces collections, de peur d'affronter le regard réprobateur des passagers. Les journaux se plurent à rapporter les brimades qu'un lecteur de Mauriac en version originale, non expurgée, dut subir de la part de femmes outragées par cette scène qu'elles qualifièrent, par la suite, d'obscène : un homme lisant le Bloc-notes ! Devant des enfants ! Que le romancier de Thérèse Desqueyroux ne fût pas le plus scandaleux des écrivains, et même un catholique scrupuleux et moral, n*y changeait rien : ces mères en colère n'en voulaient rien savoir. Pour quelles raisons, expliquèrent-elles, si les livres de Mauriac ne sont pas des immondices, les publie-t-on dans des collections qui en suppriment les passages orduriers ?
-Alors ? Quelle importance ? Qui, aujourd'hui, est en mesure de repérer une contradiction ? Tout le monde s'en fout, des contradictions ! Depuis les années soixante-dix, depuis la pop philosophie, le structuralisme, l’anti-œdipe et autres babioles, on joue avec les concepts, on écrit des choses vagues que personne n'est en mesure de contredire : contredit-on le vent ? Vous ne me comprenez pas. Clément, c'est un peu décevant... Quand le monde appartient aux pignoufs et aux sophistes, on est bien obligé, pour vivre, de jouer le jeu... En privé, certes, je m'occupe d'autre chose, mais en privé. En privé !
Pour les sociologues, en général, tout se vaut en termes d'esthétique ou de mode de vie, tout se vaut, sauf leur vérité, totalement imprenable celle-là, et pas discutable, pas relativisable !
Le sujet de la soirée , “sexe et moral “éveillait sa curiosité ....L’exposé fut plus difficile à suivre qu’il ne l’avait prévu, les concepts de libido, de surmoi,, de ça, d’éthique et de perversion polymorphe se déployaient davantage que ceux, plus familiers à Bernard, de fesses, bites et nichons.

Tous les corps de métier inventent un lexique singulier. Nous n’échappâmes pas à cette règle universelle. Ainsi naquit le verbe « céliner ». Lorsque Beaussant m'informait qu'il avait céliné une œuvre, c'est qu'il n'en restait, dans le volume et dans l'esprit, presque rien. Le verbe, on l'aura compris, se référait à Céline : Voyage au bout de la nuit, gros roman de plus de six cents pages, avait subi une cure d'amaigrissement, de sorte qu'il se présentait, dans notre collection, sous la forme d'une petite plaquette d'à peine vingt pages, dont le contenu guilleret, printanier et fleuri, n'aurait pas choqué les séides les plus soumis au politiquement correct. C'était devenu une bluette pour jeunes filles naïves (s'il en restait), qu'elles auraient pu déposer dans un panier d'osier, à l'arrière d'une bicyclette, parmi les framboises et les bouquets de marguerites, lorsqu'elles pédalent à travers les chemins de campagne, les beaux soirs de juin.
Certains êtres ne peuvent s'aimer que dans l'attente et l'espoir de l'union, union qu'ils repoussent sans cesse, sentant confusément qu'elle signera, en son exécution, l'achèvement de la passion.
(page 53)
L’art ne se maintient qu'en des temps où les élites terrorisent les foules plébéiennes ; mais si elles s'inclinent devant le nombre, le peuple, les ventes, eh bien, l'art disparaît dans l'indiscernable. Nous y sommes. Je ne crois pas que l'Europe s'en sortira. Encore quelques dizaines d'années, peut-être... Un jour, Molière et Verlaine ennuieront tout le monde, on leur préférera des récits à la mode, les chanteurs du jour, les films en 3D, le tout-venant de l'industrie culturelle... Le lien avec le passé sera coupé, et nous nous écraserons le nez sur le présent... Fin de partie…
Il ne faut vraiment avoir aucune intelligence du tragique de l'existence pour croire qu'un autre monde est possible. Du reste, la plupart des révolutionnaires, s'ils sont atteints d'un cancer, acceptent d'être soignés au sein d'hôpitaux bourgeois, construits par la bourgeoisie, assistés par des infirmières exploitées, grâce à un savoir médical transmis par des mandarins bourgeois à de jeunes bourgeois - ces révolutionnaires sont pareils à ces dictateurs africains qui crachent sur l'Occident mais se font soigner dans les hôpitaux d'Occident. Tout n'est qu'illusion et danse des sept voiles.

Mais où trouver de nos jours une prostituée qui lût les Évangiles ? Et si ni son épouse, ni ses enfants, ni personne ne l'aimaient, pourquoi Dieu lui accorderait-il cette faveur ? Cependant, il comprit que son désarroi l'obligeait à s’interroger sur la foi : pour Dieu, il n'y avait pas d'hommes en trop ; chacun, du plus miserable au plus glorieux, relevait de son administration miséricordieuse. Certes, si tous étaient élus, aucun ne l'était plus qu'un autre ; c'était un peu embêtant, mais au point où il en était, il n’allait pas faire la fine bouche.
Il devait bien reconnaître qu’il n'avait jamais pensé sérieusement à Dieu. La vie était déjà assez compliquée comme ça, avec l'école, le lycée, l'université, puis les traças professionnels à l'âge adulte ; sans compter la quête d'une femme, l'entretien d'une famille, plus tard, et les courses chez Leclerc. Si, en plus, il fallait jeter Dieu dans la bataille, on ne s’en sortait plus !