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Citation de daniel_dz


[Pieter Brueghel l’Ancien peint « Le massacre des innocents ».]
Brueghel s’écarte. Il est content de lui. Ces hommes n’en méritent pas tant, se dit-il, en pensant aux drossards, aux soudards, à tous ces individus qui répandent le sang. Et pourtant, il a du plaisir à les peindre, à tous les peindre. À les rendre beaux. À les vêtir d’étoffes qu’il aimerait peut-être porter, ou juste enfiler, pour se voir dans ce costume. Cet uniforme. Dans la peau d’un drossard.
Les peindre les rend supportables. Même les enfants morts qui ont l’âge de Jan, son plus jeune, quand le pinceau s’en mêle, il est capable d’aller jusqu’au bout. De s’inspirer de leurs menottes rondelettes, de leur façon de tenir la main de leur mère, de freiner le pas, d’avoir froid, d’avoir faim, d’avoir sommeil.
Pauvres petits, s’ils savaient.
Il est fatigué. Il donne à son oeuvre les forces qui lui restent. Mettre, continuer de mettre un peu d’ordre dans tous ce chaos. Jusqu’à la fin, ne pas succomber, ne pas fermer les yeux. Même si, se dit-il en constatant que le jour s’est levé, ça ne change pas grand chose. Au fond.
Que faire maintenant ?
Aller voir si les petits sont levés, habillés, prendre sa femme dans ses bras ou peindre un animal, un arbre. De la nature pour se reposer de l’homme.
Il choisit de peindre.
Encore un peu. Après, on verra. Tout le reste peut attendre, croit-il.
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