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Critiques de Patrick Chambon (4)
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De la Vierge à Vénus

Merci aux éditions Les Impressions Nouvelles et à l’opération Masse critique pour l’envoi de ce beau livre.



Faut-il le placer dans une catégorie ? Ce n’est pas une bande dessinée mais plutôt un roman graphique, ce n’est pas exact non plus, ce n’est pas un roman...

Ici c’est l’image qui prend la première place, et cette image nous fait parcourir l’histoire de la peinture, et plus particulièrement l’évolution du corps de la femme dans cet art.



Chaque double page est composée de quatre cases.



Hormis la couverture faisant se chevaucher des fragments de deux tableaux, celui de la vierge et l’enfant de Jean Fouquet et l’Olympia d’Edouard Manet, toutes les images sont en noir et blanc avec toutes les nuances de gris.

Ce ne sont pas des reproductions fidèles de tableaux mais des interprétations au fusain des originaux, cela pourrait nous perturber mais ce n’est pas le cas, ces variations donnent un éclairage au modèle, nous permettent une réflexion.

Il y a un vrai travail de cadrage



Primauté à l’image certes, mais le texte est bien entendu présent, de manière très picturale également : tantôt les phylactères prennent la forme de bannières entrelacées, tantôt ce seront les textes eux-mêmes (toujours en écriture cursive) qui ondulent.



Les textes sont principalement extraits du livre Vénus et Diane, les filiations profanes de la figure de la Vierge à l’époque de la Renaissance de Jean-Marie Pontévia interrompu de temps à autre par des citations de Daniel Arasse, Klossowski, ou John Berger.



Venons-en au propos lui-même, qui nous retrace l’évolution de la représentation du corps féminin dans l’histoire de la peinture, partant de la Vierge, ce corps va progressivement se dévoiler d’abord pour donner le sein, pour laisser ensuite la place la Vénus de Botticelli, puis du Titien, ce dévoilement va de pair avec l’attitude même de la femme : elle peut ou non regarder son spectateur, être indifférente ou lascive, et également de pair avec le regard que porte le spectateur sur celui-ci : il peut être témoin, admirateur, ou voyeur (cela me remémore le début de mon adolescence où je fantasmais devant ces tableaux...)

Le livre est divisé en sept chapitres partant du XVII ème à notre époque où le corps est finalement morcelé, ne reste alors que la « Peinture ».



Je termine par les derniers mots de Patrick Chambon :

« Masculin ou féminin, le spectateur est posté de la façon que l’image lui suggère.

A lui de s’y retrouver.

À vous.”



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De la Vierge à Vénus

Patrick Chambon s'inspire du texte de J.M.Pontevia pour illustrer l'histoire de l'art à travers la représentation de la femme en peinture.

Tout commence par Marie, la vierge aux vêtements drapés qui devient mère. C'est sur cet oxymore que se construisent les tensions nécessaires à la création artistique. Vénus se substitue à Marie et le nu féminin s'impose dans la peinture occidentale. Sur elle se posent alors les regards des moines, nobles ou jeunes hommes attirés par telle ou telle partie de son corps. Quand apparaît Diane, la figure de la chasteté épiée, les voyeurs sont de plus en plus obscènes et les gros plans plus nombreux. Enfin l'érotisme triomphe, les parties sexuelles dévoilées ne sont plus qualifiées de honteuses mais simplement intimes. La femme objet de désirs se matérialise en objet à posséder, figurant ainsi la peinture elle-même.

L'auteur reprend les représentations féminines de tableaux célèbres qu'il déforme, découpe et complète par des textes et des personnages de voyeurs. Il joue sur les tracés crayonnés, les nuances de noirs, gris, blancs, les alternances d'ombres et de lumière.

La dernière page dessine une robe contenant tous les noms des peintres pillés, ce qui nous permet de revenir à la beauté des originaux !

Merci à Babelio et aux Impressions Nouvelles pour cet ouvrage étonnant et quelque peu dérangeant.
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De la Vierge à Vénus

@De la Vierge à la Vénus c'est d'abord un superbe objet, un grand format, une police d'écriture soignée et une qualité de papier rare dans ce style de publication.



«  Cette femme, qui dans l’histoire de la peinture va peu à peu se dénuder, fera naître au gré de son dévoilement le spectateur : il sera témoin, scrutateur, admirateur, il sera prieur, pénitent, dévot, il sera agresseur, libertin, voyeur. Il sera nous-même. « 



Cette citation du livre reflète parfaitement la construction de ce livre hommage à la représentation de la femme dans la peinture. Le découpage se compose de 6 parties distinctes  :



La Vierge-Mère est un monstre car elle représente de traits essentiels de la féminité mais deux traits contradictoires  ; la virginité et la maternité. Marie est voilée, porte des vêtements amples, le corps n'existe pas, nous sommes avant le Xvème siècle et la Vierge de Vladimir est le symbole dominant.



La Vénus remplace petit à petit la Vierge, le corps de la femme se dénude dans cette deuxième partie du Xvème siècle. Botticelli peint la naissance de Vénus et Titien place ses nus au premier plan du tableau.



Diane est le nouveau thème majeur, le corps est nu mais surprise dans son intimité, par des voyeurs de tous genres, le visage de la femme exprime la surprise. Nous sommes début XVIIème siècle et Bernini sculpte l'enlèvement de Proserpine.



L'extase peu à peu s'impose et la courtisane remplace la divinité, les parties «  honteuses  » deviennent les parties intimes et l'érotisme du XVIIIème siècle s'inspire de celui du XVIème en le pervertissant.



La prostituée est partout au XIXème siècle, les peintres Manet et son Olympia ou Courbet et l'origine du monde scandalisent l'opinion. La peinture nous parle-t-elle de la femme  ? Ou bien est-ce la femme peinte qui nous parle de la peinture  ?



Dans le dernier chapitre, la peinture le corps de la femme se déforme, il est morcelé, découpé, fantasmé  ; C'est le triomphe de Bacon, Mondrian et l'auteur de s'interroger que depuis Michel Ange à Picasso au fond le corps représenté est unique, identique, il s'agit du corps de la peinture.



Illustré de magnifiques dessins au fusain de Patrick Chambon et accompagné des textes de Jean-Marie Pontévia, historien d'art, ce livre est une petite merveille qui passe en revue le regard porté sur la femme peinte dans l'histoire de la peinture. Un livre d'une grande qualité aussi bien dans le fond que dans la forme et je remercie grandement Babelio et les impressions nouvelles de m'avoir permis d'accéder à ce livre dans le cadre de Masse Critique
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Oscar Wilde fabul(l)eux

L'auteur a choisi de mettre en image les aphorismes de l'auteur victorien. D'une façon plutôt originale, puisque les personnages (dont le maître dandy) se promènent dans les tableaux de Van Gogh, Degas, Turner, Seurat etc. On y croise aussi Karl Lagerfeld, David Bowie, et même la lune de Méliès.

Une vision qui peut paraître un peu déroutante, mais qui m'a semblé très cohérente avec le goût très prononcé de Wilde pour l'art et l'esthétisme. Il y a un côté voyage à la fois onirique et pétillant dans ces planches. Je me suis prise au jeu de chercher les références dans les cases, ce qui a bien amusé l'ancienne étudiante en histoire de l'art en moi.



Seul regret : le découpage du texte, en plusieurs cases, introduit une césure dans la citation, rendant parfois le trait d'esprit un peu moins vif.
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