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Citations de Patrick Coupechoux (35)


p.18 : " Il y'a aujourd'hui urgence, urgence à regarder de nouveau le fou comme un autre soi-même, urgence à considérer qu'il ne nous interroge pas seulement sur sa propre condition, mais sur la nôtre. A le maltraiter comme nous le faisons aujourd'hui, c'est nous-même que nous maltraitons, sans le savoir et sans en mesurer la portée."

p.76 : " Dès que le malade mental se trouve réduit à ce statut d'être biologique, son identité, sa personnalité, son histoire individuelle, son psychisme sont niés, et la porte s'ouvre alors à la possibilité de son exclusion, puis de son élimination."

p.108 : Tosquelles : "Il faut d'abord se séparer de quelque part pour aller ailleurs."

p.135 : " " L'action primaire des psychotropes ne permettra de changerni une conviction religieuse ou politique, ni une éthique, ni un sentiment. L'amour ou la haine, les goûts ou les aversions, les acquis du passé ne seront pas modifiés. Ce qui fait un homme ou une femme avec son histoire personnelle, ses souvenirs, son effectivité et son intelligence restera strictement inchangé lors d'un traitement par psychotropes." Autrement dit, soigner un patient, c'est forcément faire autre chose qui lui donner seulement des médicaments."

p.137 : " Pour Cooper et Laing, les causes de la folie sont à rechercher exclusivement dans la société. "La psychiatrie avale ce que la société vomit." "

p.147 : François Tosquelles : "La qualité essentielle de l'homme, c'est d'être fou. Tout le problème est de savoir comment il soigne sa folie. Si vous n'étiez pas fou, comment voudriez-vous que quelqu'un soit amoureux de vous? Pas même vous? Et les fous que l'on met dans les asiles psychiatriques sont des types qui ratent leur folie."

p.192 : " Depuis quelques années, la maladie mentale s'est installée sous les ponts, les abribus et dans les couloirs du métro. Tout le monde le sait : qui n'a vu, un jour ou l'autre, un pauvre hère délirer dans la foule comme s'il était seul au monde? Qui n'a détourné le regard de cette femme, assise sur le trottoir, avec ses sacs en plastiques disposés autour d'elle, qui un jour disparait puis revient au même endroit, un peu plus propre peut-être, mais toujours perdue dans son discours sans fin? Tout le monde est au courant, mais personne n'ose véritablement en parler, personne n'ose même voir. Les pauvres sont transparents, les fous encore plus. Le mal s'est banalisé."

p.292 : "Le grand public, effaré, découvre tout à coup que les fous ne sont plus en lieux sûrs, mais "qu'ils sont parmi nous", dans la rue, dans le métro, où ils poussent les gens sous les rames, dans la cage d'escalier, au supermarché, partout. On ranime les vieux fantasmes - le fou inquiète et la folie fait peur -, la vieille équation "fou = dangereux" a de nouveau le vent en poupe, et comme d'habitude on s'en tient à cela."
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A être trop normal, est-ce qu'on ne s'expose pas à cesser de l'être ?
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Ce qui est nouveau, ce n’est pas la disparition des différences de classe, mais le fait que cette société de classes rejette les « inutiles ».
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« Chaque individu est invité à devenir l’entrepreneur de sa propre vie ». Cette idéologie […] « met le monde sous pression. […] La société est devenue un vaste marché dans lequel chaque individu est engagé dans une lutte pour se faire une place et la conserver ». [GAULEJAC Vincent de, La société malade de la gestion, Seuil, 2005]
Si ce système a pu évoluer ainsi, c’est parce qu’il a su, depuis les années 70, récupérer les aspirations à une plus grande liberté individuelle et la volonté de rompre avec les aliénations de la vieille société, contestées avec force en 1968.
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Bonnafé n'a cessé de clamer que l'unique question était celle de la lutte contre les préjugés, les tabous, les comportements aliénants, qu'il s'agit de travailler "avec ardeur et persévérance le changement de regard sur la folie" et que par là, "on modifie très évidemment ses symptômes, sa forme, son destin". Cette conviction plonge ses racines dans les œuvres de ses chers poètes, dans le "Je est un autre" de Rimbaud ; dans cette idée que les hommes sont à la fois tous différents mais également tellement semblables, y compris le fou. Le problème avec la folie, ce n'est pas la différence mais la similitude. Lucien Bonnafé aimait à citer ce vers de son ami Paul Eluard : "Je suis la ressemblance. Tu es la ressemblance".
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Pour financer les hôpitaux, on ne se base plus sur les besoins exprimés par ceux-ci […] mais sur les actes médicaux réalisés (un accouchement normal par voie basse ou une prise de sang, par exemple)… L’hôpital est donc remboursé à partir des actes qu’il a effectivement effectués. C’est la désormais fameuse tarification à l’activité, qui rend possible une concurrence directe entre établissements publics et établissements privés du fait de l’instauration d’indicateurs communs, les actes. Dans le public, les crédits vont donc logiquement vers les grands hôpitaux -seuls capables de faire face par le nombre d’actes qu’ils sont capables d’effectuer-, au détriment des petits et des moyens établissements, qui n’ont plus d’autre solution que de fermer.
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Comment, alors que le sujet parle avec les mots de l'autre, dans la structure du langage de l'autre, va-t-il affirmer sa singularité ? Pourquoi ne reste-t-il pas totalement aliéné à l'autre ? Il va se distinguer, dit Lacan, parce qu'il manque toujours chez l'autre le mot qui va définir ce qu'il est réellement, lui, le sujet. "Il n'y a en effet aucune garantie qui, dans l'Autre, dira qui je suis". Cette absence de garantie peut donc conduire à la singularité - s'il n'en allait pas ainsi, il n'y aurait pas de liberté possible - car elle va permettre au sujet de faire sien ce "manque de l'autre", l'incapacité de celui-ci à le définir ; il va donc être obligé de tracer sa propre voie (...). Ce cheminement, pour Lacan, c'est la "subjectivation", c'est-à-dire, la constitution du sujet et de son inconscient. Celui-ci se réalise dans le système langagier, d'où sa célèbre formule, selon laquelle "l'inconscient est structuré comme un langage".
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[…] le tribunal ne sert plus, fondamentalement, à juger un homme, il doit jouer un rôle quasi thérapeutique pour la victime.
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Nous appliquons la réglementation budgétaire.», précise Éric Graindorge. Or il se trouve que le budget est fixé en fonction des recettes. Autrement dit, ce sont les recettes qui déterminent les dépenses. Cette disposition est dans l'esprit de la réforme de l'« hôpital-entreprise », dite de « tarification à l'acte » ou T2A, qui consiste, comme son nom l'indique, à rémunérer l'établissement selon le nombre d'actes qu'il pratique, un acte étant, par exemple, une piqûre, une transfusion, une opération... Cela fait dire à une infirmière de l'hôpital général : « Lorsque je fais une piqûre à une personne âgée, je fais un acte ; lorsque je m'assois dix minutes sur son lit pour parler un peu avec elle, ce n'est plus un acte, je ne vais donc plus pouvoir m'asseoir quelques instants à ses côtés. » Cette T2A n'est pas encore appliquée à la psychiatrie, et pour cause : qu'est-ce qu'un « acte » en psychiatrie, mis à part la prise des médicaments ou l'électrochoc ? Mais les gestionnaires ne désespèrent pas de trouver la solution : on parle dorénavant de la VAP, la valorisation de l'activité en psychiatrie, qui aurait la même fonction.
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L’histoire de la folie est toujours intimement liée à celle de la société dans son ensemble. Ce n’est probablement pas par hasard si la libération des fous enchaînés de Bicêtre par Philippe Pinel advient au siècle des Lumières et au moment de la Révolution française, si la naissance du secteur […] intervient dans le bouillonnement de la France d’après 1945.
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En 1986 (Bonnafé) écrit "Toute connaissance de l'homme est dès lors infirme qui recule devant les profondeurs de l'inconscient, et mieux connaître les hommes dans cette lumière enrichit singulièrement la capacité de comprendre à quel point le fou est un homme".
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...Lacan appelle la séparation. Elle va s'insérer dans une sorte d'entre-deux entre le sujet et l'autre. "Or c'est là que vient se glisser un manque". Il me dit ça mais qu'Est-ce qu'il veut ? Comme l'explique Lacan, cette interrogation typique dans l'expérience de l'enfant témoigne du fait que celui-ci, interpellé dans le discours de l'adulte, cherche dans les interstices de ce discours, à appréhender ce qui, "tel le furet", fuit dans les dessous, le désir de l'autre". Autrement dit, "parce qu'il lui apparaît sous la forme d'une énigme, le désir de la mère engendre le désir du sujet". "Le désir de l'homme, dit Lacan, c'est le désir de l'Autre", celui-ci entendu comme le lieu des mots, le lieu des signifiants. Ce désir est absolument vital, l'enfant, pour survivre, doit être l'objet du désir de l'autre, en l'occurrence la mère, et cela est spécifique au petit de l'homme puisque celui-ci ne naît pas fini, qu'il se trouve dans un état de dépendance absolu. Jean Oury "Si le désir la mère est uniquement centré sur l'enfant, c'est tragique, il n'y a plus de cheminement possible pour : inceste, régression, le môme est bouffé. A qu'on est bien ! Mais il n'y aura ni aliénation, ni séparation, ni désir, rien'
Ainsi pour parvenir à la séparation, "il faut avoir traversé l'épreuve du désir". Et cette épreuve, selon Lacan, on la traverse en prenant conscience que l'Autre n'existe pas, que cette femme ou cet homme ne peuvent en tenir lieu, qu'ils peuvent désirer ailleurs "mais s'ils désirent ailleurs, pourront-ils être encore le désirant de moi, l'enfant...?". Et c'est là que réside le manque, la béance parce qu'il faut renoncer à être le "désirant absolu", à être l'unique objet du désir de l'autre".
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Le sujet va donc "faire objection" à l'autre, il va lui dire non. Pour être un sujet, poursuit Jean-Pierre Lebrun, il faut dire deux fois oui et une fois non : "une première fois oui : en acceptant d'entrer dans le jeu du langage, d'être aliéné dans les mots de ceux qui nous précèdent. Une fois non : en prenant appui sur le manque dans l'Autre en faisant objection à ce qui vient de l'Autre. Et une seconde fois oui quand le sujet accepte ce qui vient de l'Autre pour le faire sien, et cela de son propre chef, en ayant eu la possibilité de s'en démarquer".
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La logique pratique dont relève l'intervention des normes est traversée et impulsée par ces rapports de force sans lesquels elles seraient incapables d'agir effectivement dans la réalité : elle assure à l'ordre qu'elle promeut la capacité de s'incarner dans les faits parce qu'elle déploie entièrement les figures de nécessité qui conditionnent son efficacité sur le plan même de ces faits, ce qui confère aux actions qui en découlent un caractère naturel par lequel les élans de la volonté, qui décident de ces actions, semblent se confondre avec l'ordre des choses, alors qu'ils sont en réalité manipulés.
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Notre société entend répondre avant tout au risque social. C’est le choix prioritaire qu’elle est en train de faire, au détriment du soin.
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Pour Michel Foucault, le mutisme, le silence, l’indifférence des autres renvoient le fou à sa propre faute, contrairement au moment où les autres se moquaient de lui. « Délivré de ses chaînes, il est enchaîné maintenant par la vertu du silence, à la faute et à la honte ».
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L’approche de la maladie mentale aujourd’hui pourrait se résumer en une simple formule :
Amoindrissement de l’asile + traitement médical et rapide de la crise + traitement social et compassionnel de la chronicité = rue, prison, abandon.
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Il n'est plus question de psycho-, d'organo-, ou de sociogenèse, mais de gènes ou de traceurs biologiques. Il n'est plus question de poésie ouvrant des chemins vers la rencontre, mais de "projet de vie" pour des citoyens qu'il faut responsabiliser. Il n'est plus question de soin, mais de traitement. Il n'est plus question d'humanité de la folie, mais de "troubles" du comportement qu'il faut traiter le plus efficacement. Il n'est plus question de relation mais de réhabilitation. Il n'est même plus question de folie du tout. Le fou n'existe plus, noyé dans l'immense cohorte des citoyens en souffrance dont il faut s'occuper afin de les rendre plus performants, dans une version positive de la santé mentale, source indispensable d'un bonheur préalablement codifié et normalisé. A moins qu'il ne soit dangereux, bien entendu, auquel cas il entre dans la catégorie des populations à risques qu'il faut savoir gérer. La situation du fou est donc, comme toujours, bien dans l'air du temps.
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il existe des formes de raison et des formes de déraison qui agissent l'une sur l'autre, mais dont la nature dépend du moment historique dans lequel elles se situent. Bonnafé élabore ainsi sa réflexion contre cette force caricaturale de la raison qu'est le scientisme, à partir de l'expérience de la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle la science a servi de fondement aux pires inhumanités.
(...) C'est pourquoi Bonnafé s'insurge et en appelle au surréalisme pour interroger la raison dominatrice. Pour lui "la poésie s'est historiquement constituée contre la raison (...) elle est donc éminemment subversive et donc réelement maudite'. Elle affirme la réalité d'une connaissance non rationnelle, et elle proclame, comme Rimbaud, Nerval, Breton, Artaud, l'humanité de la folie.
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Dans le langage, il y a donc nécessairement une perte que nous devons accepter et cela constitue la condition de notre survie. (...)Le linguiste Roman Jakobson avait noté que, dans toutes les langues du monde, en langage bébé, papa se dit avec des labiales et maman se dit avec des formes m-m, seules compatibles avec la succion. Maman peut se dire la bouche pleine, "mais pour dire papa, donc évoquer un tiers, pratiquer une différenciation signifiante, il faut qu'il y ait du manque, de l'absence, du vide". Le fait de parler est à ce prix. Le refuser, c'est rendre la parole impossible, et c'est là que nous retrouvons la question de l'aliénation.
(...) Lacan propose alors une troisième fonction, celle de l'aliénation, qui ne se situe plus dans le "ou", mais dans le ni-ni. (...) Ce "ni avec, ni sans " pourrait qualifier la situation du schizophrène, " ni avec les autres, ni seul, dit Jean Oury, nulle part'
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