À l'image de l'un des personnages de 'La Cigale et la Fourmi' de notre cher Jean de La Fontaine, ils (les Européens) ont été imprévoyants. Ils sont la Cigale de cette fable universelle. Des Européens qui "ont chanté tout l'été", hédonistes, naïfs, surtout dans les pays de l'Ouest, autocentrés sur leurs problèmes domestiques, se retrouvèrent "fort dépourvu[s] quand la bise fut venue". C'est à dire en février 2022 quand la fourmi russe a attaqué son voisin.
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La Syrie et la Russie sont aujourd'hui, aux côtés de l'Iran et de la Chine, alliés contre l'"Occident collectif", comme l'appelle Vladimir Poutine ; des régimes accueillant des journalistes français prorussses qui s'autoproclament patriotes et donnent des leçons, avec un certain culot, alors que la France soutient l'Ukraine avec des canons et des obus. Un déni de la réalité concernant leur propre pays que la Russie combat désormais en Afrique. Ces militants pro-Poutine refusent, comme jadis les pacifistes de l'extême gauche, que la France s'engage pour se protéger, même de manière indirecte en armant l'Ukraine. Des schizophrènes des "partis de l'étranger", une expression utilisée dans le passé, dont Franz-Oilivier Giesbert a souligné le grand retour dans 'Le Point'. L'ennemi russe des Ukrainiens est,'de facto', aussi celui de la France, tant que Poutine n'aura pas ordonné à ses troupes de rentrer chez elles.
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Mais sur les réseaux sociaux en Afrique, les implantations militaires françaises sont mal vues désormais. En attendant la réduction de ses effectifs, des sites pilotés par des nébuleuses de désinformateurs russes les présentent comme les acteurs d'une nouvelle colonisation. La présence militaire est critiquée par une jeunesse africaine, certains l'appeleront "woke", à l'écoute des courants de pensée anglo-saxons qui prônent pêle-mêle l'antiracisme, la demande de repentance de la France, le déboulonnage des statues représentant des figures historiques controversées, une écriture biaisée de l'histoire, de l'esclavagisme, évidemment bien réel, perpétré par l'Europe et l'Amérique blanche, mais qui néglige l'importante traite interafricaine vers le monde arabo-musulman.
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À travers des sociétés militaires privées, Poutine soutient les officiers putschistes ayant changé de camp pour se maintenir au pouvoir et il souffle sur les braises d'une opinion africaine de plus en plus remontée contre la France. Mais sans le sacrifice des cinquante-huit soldats français morts depuis 2013 au Sahel, le Mali serait sans doute devenu un émirat gouverné par la charia. Si les pick-up des djihadistes avaient atteint Bamako, les officiers putschistes qui attisent aujourd'hui la haine contre la France seraient probablement passés de vie à trépas. Pour les chefs islamistes, les militaires, les fonctrionnaires et les représentants de l'État sont des adorateurs du diable et des collaborateurs des croisés, qu'il faut éliminer.
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Sans les "Ricains", on parlerait allemand, chante Michel Sardou. Attention à ne pas parler russe un jour.
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p.311.
P.F. Mais les guerres dites " coloniales " ou " opérations extérieures " ne sont-elles pas mal comprises tout simplement parce que la population, l'opinion ne réagit à la guerre que dans un seul cas : lorsque le territoire national est envahi ?
P.S. Oui. Je pense qu'en Afghanistan, les Français n'ont pas compris quels étaient les buts de guerre.
Que serait-il arrivé si le président Roosevelt n'avait pas mis les usines américaines en production maximale avant de déclarer la guerre aux nazis et à ses alliés ?
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p.78-9.
En Suède, il y avait toutefois une sorte de restriction d'alcool. Vous pouviez en boire seulement si vous aviez mangé quelque chose avant.
P.F. J'ai découvert ce pays au début des années 70, à 19 ans moi aussi. C'était l'époque où le modèle suédois était à la mode. Les pays scandinaves étaient une référence. Et c'est vrai que les bières portaient un numéro qui permettait de s'y retrouver pour conduire : le numéro 1 permettait d'en boire une, le 2, u.e paire et ainsi de suite. Mais un samedi soir à Helsinki, j'ai vu à l'époque des gaillards en costume descendre carrément des flacons d'eau de Cologne après la fermeture des bars ! Ils s'écroulaient sur le trottoir ou dormaient sous des portes cochères, ivres morts, dans le froid. Les descendants des Vikings ont une sacré descente !
p.288-9.
P.F. Je suis moi aussi allé à Bamiyan, en novembre 2001, quelques jours après la chute des talibans. Huit cents cavaliers haras les avaient chassés de la ville en ruines. En mars de la même année, le mollah Omar avait ordonné la destruction des deux immenses Bouddhas sculptés respectivement au IIIe et Ve siècle après Jésus-Christ. Les Bouddhas avaient été dynamités sous prétexte que l'homme ne doit pas figurer l'œuvre du Créateur... il ne restait plus que leurs niches. Vous, en revanche, vous les avez vus dans toute leur splendeur !
P.S. Absolument. L'un mesurait 53 mètres et l'autre 38. Ils étaient à deux ou trois cents mètres de distance l'un de l'autre. Ils avaient été creusés dans la falaise. Autour, il y avait ds nichés habitées par des moines, comme les anciens troglodytes. À l'époque, on pouvait monter jusque sur la tête des Bouddhas !
Les talibans sont vraiment des salopards ! Ce qu'ils ont fait est absurde... Ils les avaient déjà abîmés. Ils avaient coupé dans un premier temps le haut du crâne à la hauteur des yeux. Une véritable lobotomie ! La moitié du crâne avait été enlevée parce que ces statues offensaient soi-disant l'islam...
P.F. Pour les talibans, représenter l'homme, créature de Dieu, est péché. Comme pour le wahhabisme, l'islam rigoriste qui prévaut en Arabie Saoudite. Ce régime avait été convaincu par des moutawas saoudiens, conseillers auprès de la Police de la répression du vice et de la promotion de la vertu, de les détruire. Le mollah Omar les avait décrétées " idolâtres ". Elles furent détruites après un mois de tirs d'artillerie.
P.S. Cette attitude n'est pas nouvelle. Il y a déjà des siècles, les Bouddhas avaient servi de cibles aux boulets des canons ! Cela n'avait pas vraiment endommagé les sculptures. On voyait les impacts des projectiles. Une agression qui remontait à l'islamisation de l'Afghanistan.
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" L'aide humanitaire, nous n'en voulons pas. Nous n'en avons pas besoin, avait ajouté le père Joseph, du collège Saint-Antoine. Quand nous entendons ce mot, nous sommes vexés. Ce que nous demandons, c'est que la France sauve notre pays avec une intervention plus ferme, en mettant au ban des nations le régime de Hafez el-Assad ", le père de Bachar, qui a fait tirer au canon sur son propre peuple pour se maintenir au pouvoir.