Patrick Goujon - Méditez et vous vivrez : une pratique de la spiritualité chrétienne
Il a dit Y a toujours une période où on se sent seul… Soit dans l'année, soit dans la semaine.
Psychologiquement, c'est important de savoir qu'il y a un paquet de fric à se faire avec le désir des gens, leur gourmandise, et notre époque de misère en fabrique à la pelle des gourmands. Oublie la qualité, pense cadeaux, promos, remises, soldes, crédits. File des lunettes de soleil pourries et des stylos plume. Oublie la franchise, franchise les détours de langage et fais des petits. Fais du fric, du fric, du fric et à la fin de la journée, lave-toi les mains.
Aux yeux du monde, nous symbolisons forcément la crédulité puisque pour gagner sa vie ici, les rêves doivent avorter. Nous promettons pourtant que jamais plus nous ne nous inclinerons devant les exigences du système, devant la manière sournoise dont il nous dépouille de toute reconnaissance. Nous ne lui devons plus rien. Nous sommes ses orphelins. Comme nos pères, mères, nos frères assis à nos côtés. Nous sommes ceux qu'il a laissé choir, espérer d'abord, prier ensuite, et dans le noir enfin, une télé allumée sur son autre monde, des mains désespérément vides et du désir à en faire fléchir toute conscience.
Des critiques, dans le dos ou en face, de ceux qui ne sont pas comme nous, n'ont pas les mêmes notes, pas les mêmes familles, pas les mêmes origines, les mêmes vêtements, les mêmes croyances...
Un crachat sur la figure d'un cancre vaut un crachat sur la figure d'un intello.
Dans ta chambre, je parie, des posters de stars pareils que dans la mienne, des mangas avec des héros qui me font rêver aussi, et, dans un coin, une casquette parfaitement à ma taille. (p.38)
Le vendeur du magasin de musique - Rodrigue sur le badge de sa veste banalisée - appuyait sur moi les mêmes yeux charmeurs, supposés m'endormir.
J'aimerais retirer des mots. le peu de mots que j'ai prononcés seul.
Si tu me dis que les paroles changent quelque chose, qu'elles peuvent faire le mal pour de vrai, je voudrais les enlever. (p.30)
-Tu fais quoi dans la vie?
-Je fais des mots et ça fait des phrases.
Le silence chez moi c'est pas le résultat d'un problème, c'est juste naturel, un truc que j'apprécie, une brique de ma personnalité...
J'ai pas le goût de mots dans la bouche comme d'autres ont pas le goût des épinards, ou des chewing-gums, pour prendre l'exemple de quelque chose que tous les gamins sont supposés aimer. Est-ce qu'on les emmerde, les enfants qui font la grimace devant un pot de Nutella ? Est-ce qu'on envoie en consultation ceux qui préfèrent les courgettes aux frites ? (p.10)
Certaines nuits blanches, mon coeur est plus noir que tes cheveux.
Je te dirais.
Les mots que je n'ai pas utilisés ne remplissent pas le vide que tu laisses. (p.56)
Je suis le chiendent de l'adulte et l'herbicide du gamin.