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Citation de Charybde2


Je restai longtemps sans esquisser un seul geste, à demi écrasé par l’angoisse qu’enfantait la liberté retrouvée, et les bouffées de la culpabilité qu’il y avait à vivre. Aucun réconfort, si maigre soit-il, ne se trouvait dans la chaleur qui imbibait mes couvertures de laine grossière. Même les bruissements sauvages de la forêt m’emplissaient de désarroi. Je me sentais étranger à l’existence. En quête d’un refuge, mes pensées se tournèrent vers Vaux, puis les conifères immenses de la Forêt de Pierres, et je hoquetai tout à coup sans comprendre pourquoi je n’étais pas mort comme les autres. L’accablement enfla par bouffées jusqu’au paroxysme, paralysant tout le reste. Il y avait trop à reconstruire et à oublier. J’en vins à effleurer la facilité avec laquelle il me serait possible de rester là, allongé dans la pinède, plutôt que d’essayer de rejoindre un monde duquel j’avais été absent depuis si longtemps. J’eus le regret de n’être pas tombé aux côtés de Uldrick à Aigue-Passe.
Comme un claquement de fouet, je pris la mesure du danger que je courais. Cela ne venait pas des Carmides cette fois, ni des chiens ou de la peste. Cela venait de moi, et des fantômes que je portais. Je serrai la mâchoire à m’en faire mal, à la recherche de mon calme de bataille. Les lèvres retroussées, j’enroulai les doigts autour du poignard de bronze. Les Vars m’avaient appris à choisir mes combats et celui-ci en valait la peine. Je rassemblai les morts qui m’assiégeaient pour les brandir comme un drapeau, et m’extirpai rageusement des couvertures.
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