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Critiques de Patrick McGuinness (49)
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Jetez-moi aux chiens

Quelques jours avant Noël, le cadavre d'une jeune femme est retrouvé quelque part dans le sud de l'Angleterre. Deux policiers sont chargés de l'enquête : Ander, le narrateur, et Gary, son assistant.

Un suspect a rapidement été appréhendé : Mr Wolphram, voisin de la victime et professeur de lycée à la retraite. L'homme clame son innocence et, de fait, les preuves sont loin d'être accablantes. Mais le profil de Mr Wolphram joue en sa défaveur : c'est un solitaire, vivant dans une certaine aisance, ayant des goûts raffinés en musique, cinéma, voitures anciennes, toujours tiré à quatre épingles. Il n'en faut guère davantage pour que les tabloïds prennent le raccourci et le taxent d'étrange, puis de louche, puis de suspect, pour en arriver à le traiter de pédophile et d'assassin. Un lynchage médiatique en règle, amplifié par les réseaux sociaux et nourri par les « témoignages » (grassement rémunérés par les journaleux de caniveau) de voisins ou d'anciens élèves.

Au milieu de ce tumulte et malgré la pression, Ander n'est toujours pas convaincu de la culpabilité de Wolphram. Son propre passé lui revient en pleine face, en particulier ses années d'internat au lycée, où Mr Wolphram a été son professeur. Un pensionnat privé, chic et cher, dans lequel les problèmes de harcèlement étaient aussi courants qu'étouffés.



Si vous chercher un polar trépidant et plein de rebondissements, passez votre chemin, ce « Jetez-moi aux chiens » n'est pas pour vous. Ici le rythme est lent, presque contemplatif tant on a l'impression qu'il ne s'y passe rien et qu'en réalité tout se déroule dans le passé commun à Ander et Wolphram. Un fil relie cependant le passé et le présent : le harcèlement. Celui (même si on n'employait pas ce terme-là à l'époque) dont ont pu être victimes de nombreux enfants et adolescents dans les internats des années 90 en Angleterre de la part de leurs professeurs, et celui, contemporain et relayé par les réseaux sociaux et une certaine catégorie de médias, qui peut se déchaîner à l'encontre de tout qui ne correspondrait pas à la norme, et qui servirait par conséquent de bouc émissaire à la vindicte bien-pensante.

Un roman psychologique bien plus qu'un thriller, donc, finement mené dans une ambiance lourde et mélancolique, qui dénonce et décortique le processus du lynchage, et qui parle aussi des cicatrices laissées par les blessures d'enfance.



En partenariat avec les Editions 10/18 via Netgalley.

#Jetezmoiauxchiens #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Jetez-moi aux chiens

Soupçonné du meurtre de sa voisine, un professeur à la retraite, célibataire et un peu excentrique, est médiatiquement lynché par la presse qui jour après jour le transforme en monstre.

Pour l’officier de police Ander, l’enquête est un peu spéciale car il a été autrefois l’élève de cet enseignant insolite dans un pensionnat privé.

Alternant l’évocation de la scolarité d’Ander et l’intrigue criminelle présente, l’auteur stigmatise le pouvoir malsain des tabloïds et nous offre une peinture au vitriol des méthodes d’enseignement dans les années quatre-vingt.

Ce roman est un petit bijou de grâce et de mélancolie.
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Les cent derniers jours

Un jeune professeur anglais débarque en Roumanie en remplacement d'un confrère et va rester quelques mois, juste avant la chute du régime de Ceaucescu, ce qui explique le titre "les cent derniers jours".

Il est guidé dans ses premiers pas à Bucarest par Léo, un trafiquant au marché noir qui lui fait découvrir toutes les astuces des marchés parallèles.

Le jeune professeur va rencontrer une jeune femme fille d'un haut dignitaire du régime en place.

C'est un roman très intéressant et à valeur historique.

On découvre vraiment la vie quotidienne particulièrement difficile des Roumains à l'époque: nourriture rare et rationnée, pas de contraception, une surveillance constante.

Les arcanes de la politique sont largement évoquées aussi, avec des anecdotes savoureuses comme la description des visites officielles de chefs d'Etat en Roumanie: les magasins sont mystérieusement approvisionnés juste avant le passage des voitures officielles et la nourriture est rapidement enlevée des étals juste après la visite!

La capitale est soumise à la mégalomanie du dictateur tristement célèbre: un quart de la ville est démoli en huit ans. Les édifices sont coûteux et inutiles.

Une belle évocation de la Roumanie de l'ère communiste et aussi de la vie quotidienne derrière le rideau de fer dans les années 80.
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Jetez-moi aux chiens

Ne lisez pas la quatrième de couverture !

Et ne croyez pas non plus qu’il s’agisse d’un polar.

Ces précautions prises, vous aurez sans doute grand plaisir à plonger dans ce roman.

L'argument est celui d'une enquête classique : dans un quartier chic de Londres, le cadavre d'une ravissante jeune femme à qui tout sourit est retrouvé horriblement mutilé dans des sacs poubelle. Deux enquêteurs que tout oppose en apparence vont tenter de trouver le coupable.

Décrivant avec dégoût et précision les implacables mécaniques de l’emballement médiatique, l’avidité des foules au scandale et au spectaculaire, Jetez-moi aux chiens est le miroir de nos défauts contemporains. Avidité à juger, condamner quiconque nous est servi sur un plateau et a le tort de ne pas sembler ordinaire, soif de se défausser, vite, très vite, de toute loyauté, de toute indépendance pour aller en troupeau s’abreuver à l’argent facile et à la délation jubilatoire.

Cette trame aux accents nostalgiques et désespérés est également l’occasion de peindre avec beaucoup de justesse des personnages étonnants dont on comprend petit à petit ce que leur trajectoire a fait d’eux. Dans l’univers des écoles anglaises privées, chic au-dessus, dégueulasse en dessous, on va moins trouver le spectaculaire d’un scandale que les minuscules brimades qui, à la manière d’une goutte d’eau sans cesse tombée au même endroit, finissent par creuser des abimes. Ou comment la violence n’a pas besoin d’être très démonstrative pour flétrir à jamais. Il lui suffit de suinter par tous les pores du système. De se reproduire à bas bruit. Et de stigmatiser tous ceux qui ne la cautionnent pas.

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Les cent derniers jours

Un roman probablement en partie autobiographique, qui joue beaucoup avec les codes du roman d'espionnage (du roman à clefs également : Ciulan pour Emil Cioran, Isoldou pour Tzara, Toninescu pour Ionesco, je vous laisse deviner les autres : Sergiu Trofim pour Silviu…) : services secrets, marché noir, bandits, intrigues politiques, etc. C'est quelque part presque salutaire pour la vision du régime communiste roumain, le plus paranoïaque et le plus fermé de tous, dit la quatrième de couverture. Si vous vous rendez sur une librairie en ligne roumaine (je ne fais pas de publicité, mais certaines livrent fort bien à l'étranger), vous verrez qu'un genre spécifique de littérature y apparaît, à côté de la littérature classique, de la science-fiction ou de la littérature étrangère. Il est intitulé "epoca de aur", "l'âge d'or", par quoi on entend les années de dictature. On y trouve pas mal de témoignages, d'histoires absurdes, parfois aussi du "misérabilisme" pour ainsi dire, je ne m'appesantis pas, comme dans bien d'autres domaines, en un mot, on y trouve du plus ou moins à son goût.

Néanmoins, ce que cette littérature rend rarement, bien que cela arrive, c'est que d'une part, la vie continuait et que, d'autre part, les sentiments de la population roumaine sur ce régime sont sans doute bien plus ambigus qu'il n'y paraît sur le sujet : on trouve couramment des nostalgiques du communisme. Je cite également à titre d'exemple Ștefan Agopian qui indique, dans une interview sur Babelio, que la télévision ne fonctionnait que quelques heures par semaine et que cela lui a permis de vendre des quantités considérables de livres, plus ou moins sous le manteau. Inscrire la période dans une intrigue d'espionnage et d'amour dans l'ensemble assez divertissante, permet, sans passer sous silence ses côtés les plus atroces, loin de là, de la relativiser, au passé comme au présent. J'ajoute que le style anglais plutôt "laid back", simple, truffé d'aphorismes, loin d'être exempt de clichés et d'inexactitudes sur les lieux, les événements et les personnes, ajoute à cette efficacité. "New brothel, same old whores" (Nouveau bordel, même vieilles putes) conclut le livre.

Le roman de Patrick Mc Guinness (sans oublier la couverture d'Andrei Pandele, donc roumaine) livre un éclairage complémentaire sur la Roumanie, qui est loin d'être le plus mauvais : pas le plus historique, le plus précis, le plus informé mais l'un des plus intimes, des plus britanniques, des plus accessibles, au fond, j'irai jusqu'à ajouter parce qu'il est loin d'être centré sur l'âge d'or, ou même sur la Roumanie, et qu'il y est question d'universel : de couple, d'argent et de vivre quelque part, potentiellement, bien entendu, à Bucarest.
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Les cent derniers jours

Quelques mois avant la fin de la dictature de Ceausescu, un jeune professeur d'anglais est envoyé à Bucarest pour une durée de six mois. Guidé par un autre enseignant qui participe au marché noir, le narrateur va vite découvrir ce qu'est la vie réelle des Roumains. La Nomenklatura est totalement corrompue, tout le monde surveille tout le monde et Bucarest est détruite au jour le jour, les coupures d'électricité sont quotidiennes et les magasins sont vides. Même les personnes qui paraissent les plus anodines peuvent être des membres de la police d'état. Ce roman est celui de la déliquescence des vieilles dictatures qui tombent comme des fruits pourris.



La force de ce roman c'est de nous faire vivre de l'intérieur la fin du régime totalitaire mis en place par Ceausescu et son épouse. Les souffrances quotidiennes des roumains, le marché noir, la vie de la nomenklatura, la destruction systématique du vieux Bucarest, rien ne nous est épargné et tout est parfaitement rendu par le style de l'auteur. Plus qu'un roman ce livre est un vrai témoignage.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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Jetez-moi aux chiens

Le corps d’une jeune femme assassinée est retrouvé quelques jours avant la Noël ,les soupçons se portent très vite sur un de ses voisins , personnage un peu excentrique , un ancien professeur d’une prestigieuse école anglaise, un solitaire , érudit , toujours tiré à quatre épingles .

Un homme qui est assez secret , un peu différent donc .

Et pour toutes ces choses , la machine infernale se met en place , en premier lieu , des insinuations, des rumeurs qui paraissent dans les journaux à sensation .

L’homme est mis en examen , on tient le coupable , il n’y a aucune présomption d’innocence .

Sa vie est en lambeaux , son appartement est passé au peigne fin , sa voiture est démantelée à la recherche de la moindre preuve , on interroge les voisins , les anciens collègues .

L’auteur décortique ce qui se passe quand les médias s’emballent , est -il coupable ou innocent n’a plus d’importance, les fauves sont lâchés et peu , très très peu le défendent.

Le hasard fait qu’un des deux enquêteurs a connu l’ancien professeur , l’image renvoyée par les médias est tellement différente de ses propres souvenirs , revoir cet enseignant va lui rappeler une période de sa vie adolescente assez difficile .

On est complètement imprégné de cette atmosphère lourde régnant à l’époque dans les grands collègues anglais , une magnifique reconstitution.

J’ai beaucoup aimé ce livre , le thème , la belle écriture de l’auteur qui est toujours nuancé .

Une très très belle surprise que le titre ´ jetez -moi aux chiens ´ ne laissez pas présager .

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Jetez-moi aux chiens

Le corps d'une jeune femme est retrouvée près d'une rivière sur la côte Sud de l'Angleterre. Alexander Widdowson, un flic originaire de la région se voit confier l'affaire.



La dernière personne à l'avoir vu vivante serait son voisin, Michael Wolphram, un professeur à la retraite, un célibataire discret et sans histoire.



Mais être discret et sans histoire, dans le monde connecté d'aujourd'hui, n'est-ce pas déjà une ouverture vers la bizarrerie et la perversion, se demande Lynne Forester, la "journaliste" de la presse people dépêchée pour couvrir ce féminicide ignoble.



Widdowson reconnait dans ce coupable idéal, et déjà désigné par les médias, son ancien professeur de collège.



Un homme profondément humain qui l'a aidé dès son arrivé dans l'école privée de la ville, un établissement très sélect mais aussi très mal fréquenté, autant par certains professeurs que par certains élèves.



Il n'a pas d'alibi et se défend mal, il aime la musique et la littérature et tous ses voisins et anciens collègues de travail ont certainement beaucoup d'autres choses à ajouter devant les micros et caméras des télévisions d'informations permanentes. Ils faut bien meubler le temps.



Tous les codes du roman policier sont respectés, un duo de flics mal assortis mais forcément complémentaires, un meurtre sordide et un coupable idéal. Mais si Patrick McGuinness trempe sa plume dans l'encre noire de la série du même nom, c'est parce qu'il sait brillement utiliser les trames du polar pour nous raconter la Grande-Bretagne du Brexit tout en plongeant dans les souvenirs de l'Angleterre Thatchérienne et de son comportement terrible face au conflit irlandais.Du passé au présent, le romancier anglais dresse aussi le portrait d'hommes et de femmes qui, heureusement, ne se comportent pas tous en moutons de Panurge.



Le dynamitage en règle de la presse people et de ses lecteurs, des télés d'infos continues et de ses spectateurs est très bien venu, et la terrible description des pensionnats d'écoles privées et de ses professeurs tout puissants serre la gorge du lecteur prisonnier de ce véritable page turner.



" Jetez-moi aux chiens" se lit comme un polar qui n'en serait pas un et comme un roman politique et social qui se dévorerait comme un polar.



Une belle réussite à découvrir en poche chez 10/18.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les cent derniers jours

« Les cent derniers jours » est un roman magistralement bien écrit, intéressant de bout en bout !



L’auteur, Patrick Mc Guinness est un écrivain britannique, professeur de littérature comparée à Oxford. La littérature française n’a pas de secret pour lui (alors que les français, eux, ignorent tout de lui !) En Grande-Bretagne, il est surtout connu pour sa poésie.

« Les cent derniers jours » est son 1er roman, et c’est un sacré coup de maître !



Un roman en 2 parties, avec du rythme, de l’originalité et de l’humour.

C’est passionnant ! Et si on se laisse happer si facilement, c’est que l’on sent que l’auteur sait de quoi il parle. Etant enfant, son père travaillait pour le British Council et il enchaînait les postes à l’étranger. Mc Guinness a vécu en Roumanie. « Bucarest m’avait intrigué, j’avais envie d’y retourner », « Vous savez ce qu’on disait autrefois de cette ville ? Que c’était le Paris de l’Europe de l’Est… »



Le roman se déroule en 1989. Le narrateur est un tout jeune diplômé anglais de 21 ans, qui a obtenu par hasard un poste de professeur à l’Université de Bucarest.

Sans le savoir, il va vivre dans ce pays à bout de souffle, où le communisme de Ceausescu vit ses derniers jours.



Dès son arrivée, il est pris en charge par Leo, un collègue de l’université.

Leo est un expatrié qui s’est tellement bien intégré qu’il est devenu un grand trafiquant du marché noir ! Mais Léo s’efforce aussi, à sa façon, de sauver ce qui peut l’être encore des destructions ordonnées par Ceausescu, causant la disparition du patrimoine culturel roumain : « C’était la désolation : des villages vieux de plusieurs siècles étaient rasés en une matinée, pour être remplacés par des tours d’habitation … qui ressemblaient à des colonies intergalactiques laissées à l’abandon. La Roumanie ne serait bientôt plus qu’un immense no man’s land sans passé. »

Et « La Maison du Peuple », le plus grand édifice du monde ! Les dimensions de la bâtisse sont bien à la hauteur de la mégalomanie de Ceausescu ! Absolument écoeurant et abjecte !



Novice au départ, le narrateur va bientôt rentrer en contact avec des opposants au régime…

Et ces actes de résistance lui vaudront bientôt d’être recherché.

Dans le même temps, il fait la connaissance de Cilea, mystérieuse fille d’un haut fonctionnaire, dont il va tomber amoureux. Mais aux yeux de Cilea, le narrateur apparaît comme « un étudiant qui a choisi de faire du tourisme chez les sous-développés pendant son année sabbatique… »



Le troc et le marché noir vont bon train, vu les pénuries dans le pays.

Ceausescu « affamait, brutalisait et trompait la population depuis deux décennies » ; il s’est enrichi grâce aux privations communistes qu’il imposait à la population.

Il y a des queues interminables devant les magasins d’alimentation où même le rudimentaire est de piètre qualité et qu’on n’est même pas sûr de pouvoir acquérir ! Pendant que les magasins du Parti, eux, débordent de tout !

« La plupart des gens essaient de survivre au jour le jour, sans s’interroger sur la rectitude morale de chacun de leurs gestes et de leurs paroles ».

Tous les mensonges qui sont leur quotidien grignotent la pensée des gens jusqu’à ce qu’ils ne croient plus en rien, et que bientôt ils soient anéantis par l’ironie et le cynisme !

Un monde brutal et absurde où l’oppression crée sa propre normalité et fait partie de la routine.



La corruption et les agents de la Securitate (la police politique secrète roumaine) sont partout, tout le monde espionne tout le monde, la paranoïa est à son paroxysme ! (Les agents de la police roumaine étaient 2 fois plus nombreux que les civils !)



Mais la répression va prendre un nouveau tournant lorsqu'un jour la police refuse d'aider la Securitate… dès lors, un mouvement prend forme en province, à Timisoara. Plusieurs jours après, Ceausescu et sa femme seront capturés, puis très rapidement exécutés.

Avec la fin de ce régime, s’est constitué un Front de Salut National, qui se disait démocratique, mais comme le répète Leo : « Le bordel a changé de nom, mais on a gardé les vieilles putes. »



Surtout, ne passez pas à côté de cet excellent roman haletant, écrit comme un bon polar, riche d’anecdotes et de réflexions, avec des personnages intéressants, et plein de rebondissements !

C’est aussi un magnifique témoignage, parfaitement écrit avec beaucoup d’intelligence, et bien documenté, sur une époque qui malheureusement a bien existé !

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Jetez-moi aux chiens

Wolpharm a enseigné la littérature dans un lycée privé. Mais celui-ci semble le dernier à avoir vu Zalie Dyer vivante dont la dépouille a été retrouvée dans un sac-poubelle. Très vite soupçonné, l’unique suspect ne se laisse pas impressionner par un très long interrogatoire et refuse même l’assistance d’un avocat.

Sans preuve pour l’inculper, la police poursuit ses investigations, et pour cela elle collabore avec la presse par l’intermédiaire d’une journaliste surnommée Mad Lynne. Les méthodes efficaces, mais douteuses de ses interviews pour épingler des scandales réussiront peut-être à épaissir le dossier contre Wolpharm ou le disculper. L’engouement pour l’affaire se déchaine, et procure un quart d’heure de renommée à ceux qui ont connu de près ou de loin le suspect. Sa vie est passée au crible et publiée dans les médias. L’opprobre est jeté sur ce personnage singulier qui cadrerait à celui qui est bientôt surnommé le « Loup de Chapelton ».

Cependant, un dilemme se pose aux enquêteurs, car l’un d’eux, Ander se souvient de son ancien enseignant à l’opposé du portrait dépeint dans la presse. Alors, si ce n’est pas celui que tout le monde désigne, qui est le coupable ?

MON AVIS

Dans ce polar un peu particulier, la psychologie et la morale tiennent beaucoup de place, car l’enquête criminelle passe au second plan. Le titre tout à fait approprié illustre la condamnation sans procès et la torture morale assénée à quelqu’un qui ne rentre pas dans le moule. Le style d’écriture très agréable et son scénario original écrit en 2020 lui ont valu une réédition chez 10-18. La narration de Prof, l’un des deux enquêteurs s’alterne avec des chapitres un peu obscurs au début. Dommage qu’il faille attendre les 50/60 premières pages pour baigner effectivement au coeur de l’intrigue. Je dirais qu’il y a plusieurs histoires dans l’histoire, d’où une lecture divertissante malgré la morosité de l’ambiance générale.



L’ambiance sombre dans cette Angleterre d’aujourd’hui fait flashbacks avec des passages énigmatiques évoquant le vécu de deux collégiens. La poursuite de la lecture éclaire le lien à faire pour les relier au présent, c’est édifiant et stupéfiant. La cohérence est présente chez tous les personnages, même les plus négatifs.



LE PRÉ-JUGÉ

Un peu moralisateur sur les travers de notre société, ce livre donne une leçon d’humilité et rappelle les dangers de juger, de préjuger. Heureusement, sa noirceur à cause de thèmes dramatiques (pédophilie) est allégée par les personnages secondaires pour leur marotte extravagante (cf. la nièce de Prof et Madame Snow).



L’enquête policière doit neutraliser les préjugés qui condamnent sur les apparences. Exit la présomption d’innocence dans les esprits. L’atrocité de l’assassinat sordide d’une jeune femme stimule la foule encline à apporter sa touche pour médire du coupable tout désigné. La journaliste Mad Lynne, et tous les médias ou réseaux sociaux l’ont condamné, simplement parce qu’il n’est pas conforme à ce ce qu’il devrait représenter.



HORS-LA-NORME

Hors des codes normatifs, Wolpharm concentre contre lui toutes les haines. Ses tenues vestimentaires toujours impeccables, son goût pour les films d’art et d’essai, sa discrétion et sa sensibilité le singularisent, il détonne par rapport à ses collègues. En plus, sa vie sociale réduite le pénalise encore. Mais l’enquêteur, chargé de l’affaire, tout aussi atypique dans ses goûts et son mode de vie a gardé un souvenir reconnaissant de son ancien professeur. Alors sa subtilité et son opiniâtreté convaincront son adjoint de rester objectif. Mais comment innocenter quelqu’un que tout accuse ?



Beaucoup de thèmes

L’amitié, la différence, les traumatismes d’enfant, les souvenirs refoulés, la copie du schéma parental. Les rencontres par internet, les réseaux sociaux, retrouvailles par Internet.



L’illustration du lycée. Une génération de jeunes garçons a subi des sévices sexuels de la part de professeurs dénués de conscience. Devenus adultes, ils scolarisent leurs propres enfants auprès des mêmes enseignants.
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Jetez-moi aux chiens

Ça commence comme un roman policier avant de révéler des facettes bien plus complexes. Plus subtiles aussi. Contrairement au premier roman de Patrick McGuinness, l'excellent Les Cent derniers jours, qui nous embarquait dans la Roumanie de fin de règne de Ceaucescu, celui-ci est anglais jusqu'au bout des ongles. Dans son décor, ses protagonistes et surtout le regard qu'il pose sur la société anglaise et l'un de ses piliers : le collège anglais. L'auteur prend son temps, ignore les lignes droites et j'avoue qu'il m'a fallu m'y reprendre à deux fois pour entrer. Mais j'ai bien fait d'écouter la petite voix qui me soufflait de ne pas renoncer, petite voix certainement influencée par cette atmosphère qui s'accrochait à mon esprit malgré tout et laissait augurer d'un vrai fond.



"On prend toujours la question à l'envers : on s'intéresse à la manière dont les choses arrivent, jamais à la manière dont elles n'arrivent pas ; on ne pense pas assez à ce qui aurait pu arriver, à ce qui a failli arriver, à ce qui résonne encore, fantôme du peut-être, soupirant après sa vie dans l'anti-fait".



Dans un comté au sud de Londres, une ville portuaire, une jeune femme est retrouvée morte dans une décharge ; les soupçons de la police se portent sur son voisin, M. Wolphram un professeur à la retraite, vieux garçon solitaire, deux caractéristiques suffisantes pour que son entourage le trouve "bizarre". Placé en garde à vue et interrogé, ce dernier se montre peu coopératif tandis qu'à proximité du commissariat, l'hostilité de la foule monte, attisée par une campagne de presse persuadée de tenir son coupable. Wolpham est "le monstre idéal. En plus, il lit des livres". Gary et Anders sont les deux inspecteurs en charge de l'affaire. Le premier est convaincu de la culpabilité du suspect tandis que l'attitude d'Anders est plus réservée et précautionneuse. Il faut dire qu'il connait Wolphram, quelques dizaines d'années auparavant il a été son élève dans le collège privé qu'il a fréquenté à l'adolescence. Des réminiscences affleurent alors et ses souvenirs se mêlent à ses recherches dans le cadre de l'enquête. Car si Anders s'intéresse à ce que l'on ne voit pas, s'il aime aller au-delà des apparences, c'est que ces années de collège lui ont appris bien plus que les contenus des matières étudiées ; microcosme très particulier, catalyseur du système de classes anglais, le collège est un lieu où se jouent de façon très précoce des trajectoires de toute une vie.



L'intrigue policière sert de prétexte à une exploration subtile du mécanisme du lynchage médiatique sur la base de rumeurs fondées sur des apparences ; la presse anglaise dont on connaît la brutalité des méthodes est ici photographiée au paroxysme de ses talents en la matière. Mais il s'agit aussi d'un livre sur les fantômes. Non pas ceux qui hantent les châteaux ou que l'on représente naïvement vêtus d'un drap blanc. Non, il s'agit des traces que laissent dans nos mémoires ou autour de nous, ceux qui nous ont précédé sur les chemins que nous empruntons. Pour nous emmener sur leurs pas, l'auteur s'entoure de personnages secondaires qui ont leur importance, comme la nièce d'Anders qui enregistre les bruits ou Vera, la vieille dame qui pense que "la mort de son mari n'est pas un obstacle à leur vie commune" ; et l'ensemble prend une vraie densité, ouvre les yeux du lecteur, lui demande d'aller plus loin, de ne pas se contenter de ce qu'on lui raconte, de prendre en compte chaque individu dans son entièreté et sa diversité. Et interroge sur la façon dont la société utilise la mort, la fétichise peut-être pour mieux oublier la peur qu'elle lui inspire.



Je m'aperçois en écrivant ce billet qu'il y aurait encore beaucoup à dire, à décortiquer. J'aime qu'un romancier se fasse l'écho de la complexité et parvienne à la faire appréhender par son lecteur ; j'aime que sa marque s'imprime durablement dans mon esprit. Si vous êtes comme moi et que vous cherchez un livre que vous ne consommerez pas en deux heures pour l'oublier aussitôt, alors vous pouvez vous intéresser à celui-ci. Il vous surprendra au-delà de vos espérances.
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Jetez-moi aux chiens

Le suspect du meurtre d’une jeune femme, sa voisine, subit un interrogatoire serré mené par deux enquêteurs Gary Maffet et Alexander Widdowson. L’un des deux policiers le reconnaît comme ayant été son professeur au collège. Un laps de temps s’écoulera avant qu’Alexander révèle cette information à son collègue et que le prévenu, Michael Wolphram, se souvienne de lui. L’enquête qui devait se boucler facilement s’avérait dès lors plus complexe, remettant en cause la vision en tunnel observée par la police depuis le début de cette affaire.

Avec un titre pareil, Jetez-moi aux chiens laissait présager le pire. L’histoire ne se limite pas qu’au meurtre sordide survenu au temps présent mais se transpose rapidement dans les souvenirs d’Alexander, à l’époque de ses études secondaires dans un pensionnat dirigé par des hommes inaptes à la tâche. C’est ce tour psychologique donné au récit qui en fait toute sa force.

Les Cent derniers jours, son premier roman, m’avait impressionnée et ce second vient conforter sa position d’écrivain talentueux.

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Félix Vallotton

Une très belle découverte que cet artiste du XIXe siècle, Félix Vallotton.

Voué corps et âme à son art, Vallatton a réalisé plus de 1700 tableaux incluant tous les genres - portraits, intérieurs, nus, paysage et nature morte, - ,quelques 250 estampes, plus de 1000 illustrations pour des périodiques et des livres, quelque sculptures, et objets décoratif, ainsi que trois romans et huit pièces de théâtre.

C'est ce qu'on appelle, un artiste. Ce catalogue pour l'occasion de l'exposition "Félix Vallotton: Painter of Disquiet" qui a été présenté à Londres et New-York en 2019 et 2020. d'une très belle présentation, le texte de présentation de l'artiste et son œuvre et ensuite celle des tableaux que j'ai trouvé fascinant de beauté,par ses couleurs et son harmonie dans un sens incroyable de composition et ce jusqu'à ses gravures incroyable de netteté. Un parcours picturale incroyable et surtout de courage pour passer d'un style à l'autre avec brio. Un artiste impliqué, avec un regard acéré et précis et assez habile pour le transféré dans ses dessins, gravures et tableaux et ce avec beauté. Un des très rare livre d'un artiste que j'ai aimé chacune de œuvres présentées. À découvrir, pour l'histoire de cette artiste mais surtout pour la variété de son œuvre picturale.
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Les cent derniers jours

Premier roman d'un prof de lettres et poète anglais, ce livre nous amène sur les traces de la chute du régime du dictateur Ceasescu en 1989 à travers les yeux d'un prof d'anglais (lui meme?) ... l'auteur insiste sur l'ennui ressenti par le narrateur et hélas un ennui qui contamine aussi le lecteur malgré une plume indéniable...dommage
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Les cent derniers jours

Une belle fresque sur les derniers mois de la Roumanie de Ceausescu jusqu’à la chute de ce dernier, sur l'absurdité du système, et sur l'opportunisme cynique des politiques de tout poil. Les souffrances quotidiennes des roumains, le marché noir, la vie de la nomenklatura, la destruction systématique du vieux Bucarest, rien ne nous est épargné, et l'ambiance est très bien rendue. Ce contexte historique constitue le principal intérêt de ce livre, très intéressant, et écrit dans un style agréable.
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Les cent derniers jours

Premier coup de coeur de l'année.

Ce livre mérite grandement le prix du premier roman étranger qui lui a été attribué.

Le fait qu'il s' agisse d'une traduction ne nuit pas à la qualité de l'écriture.

Quelques mois avant la fin de la dictature de Ceaucecu, un jeune professeur d'anglais est envoyé à Bucarest pour une durée de six mois.

Guidé par un autre enseignant qui participe au marché noir, le narrateur va vite découvrir ce qu'est la vie réelle des Roumains.

La Nomenklatura est totalement corrompue, tout le monde surveille tout le monde et Bucarest est détruite au jour le jour, les coupures d'électricité sont quotidiennes et les magasins sont vides.

Même les personnes qui paraissent les plus anodines peuvent être des membres de la police d'état.

Le jeune professeur va nous retracer son séjour comme s' il effectuait un reportage.

La force de son récit est le fait que j'ai vraiment eu l'impression de vivre les événements tels qu'ils se sont déroulés.

Pour conclure, je dirais que si le narrateur ne tombait pas amoureux , on pourrait dire qu'il s' agit d'un livre d'histoire.
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Jetez-moi aux chiens

Angleterre, on trouve un corps dans un sac plastique. Ander et son collègue Gary sont en charge de l'enquête. Très vite, un suspect est désigné, un voisin un peu âgé de la victime, ancien professeur. C'est là que le lien se fait avec le passé d'Ander. Le professeur Wolpham a été dans le passé son professeur, dans un pensionnat assez rigide. C'était un bon professeur, et Ander a du mal à croire à sa culpabilité. De toute façon, en parallèle de l'enquête, la presse poubelle fait son travail et l'homme est désigné comme un monstre aux penchants douteux...

J'ai eu au départ un peu de mal à entrer dans ce livre, à passer du présent au passé d'Ander, et à comprendre le rôle de Wolphram dans ce passé. Et j'ai eu du mal à faire le lien avec la dernière de couverture, car l'affaire du passé et celle du présent n'ont pas du tout les mêmes enjeux, ce qui n'est pas réellement ce qui peut être compris...

Mais bon, après quelques pages, j'ai bien adhéré au livre, et même j'ai apprécié cette version d'un policier qui n'en est pas un, qui va s'intéresser plus à l'humain qu'à l'enquête...

Merci à netgalley et à 1018 pour cette lecture.
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Les cent derniers jours

Au moment de parler de ce roman, il m’apparaît bien difficile de le caractériser en quelques mots. Mais si je devais le faire, alors je dirais sans doute qu’il s’agit avant tout du portrait d’une ville, une ville meurtrie, martyrisée par un régime d’une totale incurie.

C’est une plongée dans un Bucarest désolé qui nous est proposée, un voyage de quelque cent jours qui précédèrent la chute de Ceausescu.



Les premières pages de ce livre sont une véritable réussite. L’auteur installe d’emblée une atmosphère. Bucarest y est vu à travers les yeux d’un jeune Anglais fraîchement débarqué pour enseigner sa langue, après avoir décroché à l’université un poste pour lequel il n’a ni postulé ni pris la peine de se rendre à l’entretien d’embauche. Le décor est planté ! Bienvenu dans le règne de l’arbitraire et de l’absurde !



Dès son arrivée, le jeune homme se lie avec un certain Léo, véritable as de la débrouille, trafiquant en tout genre au marché noir, qui va lui servir de guide dans cette ville aux allures fantasmagoriques.

Léo a une marotte : il écrit un livre sur la capitale. Plus celle-ci s’efface sous les coups de boutoir des pelleteuses déployées sous l’impulsion du Camarade pressé de raser le passé pour construire un «avenir radieux», plus Léo s’efforce d’en consigner le souvenir dans ses cahiers. Mais la tâche est rude et Léo a du mal à suivre: «En huit ans, il avait vu démolir près d’un quart de la vieille ville».

A suivre les déambulations des deux personnages, on découvre la photo d’une cité où à un lacis de ruelles tortueuses et à de vénérables églises se superposent de larges avenues rectilignes aux noms évocateurs, telle l’avenue de la Victoire-du-Socialisme, et de sordides tours d’habitation.

Evidemment, on découvre les queues à n’en plus finir devant des magasins quasi-vides, ou ne vendant qu’un seul article dont les gens prétendant les acheter ne connaissent même pas la nature. Mais tout est bon à prendre, car pourra toujours être revendu au marché noir...

On pénètre dans des hôpitaux sombres et sous-équipés, où exercent des médecins désabusés.

Certaines scènes ubuesques pourraient prêter à rire, si elles ne révélaient le douloureux quotidien de tout une population : les habitants d’un quartier profitant du retour du courant pour prendre leur douche au milieu de la nuit ; les rendez-vous manqués parce que les lieux ont tellement changé que personne ne connaît la rue où l’on veut se rendre...

Sans parler des dogmes proprement hallucinants qui régissent jusqu’à la part la plus intime de la vie des individus.



Au terme de cette immersion, comme le laisse présager le titre, on assiste à la chute du régime, au «procès» et à l’exécution du couple Ceausescu. C’est assez troublant, pour qui se souvient de ces images diffusées en boucle, de revoir à froid, par le biais de la littérature, cet épisode qui traduisait à lui seul le profond bouleversement qu’étaient en train de connaître les équilibres mondiaux.



L’auteur, Patrick McGuinness, traduit parfaitement la perte de tous les repères, tant matériels que psychologiques, qu’ont vécu les populations ayant subi le joug des régimes communistes. Il évoque sans pathos, voire avec un sens de la formule non dénué d’humour, la méfiance généralisée, la pénurie de tous les biens de consommation, la surveillance constante et omniprésente, la résignation, l’ennui... Tout cela est extrêmement bien rendu.

Toutefois, si McGuinness insiste, à raison, sur l’incommensurable absurdité de ce système, il en oublie de rendre aussi sa cruauté. L’accent est mis surtout sur l’arbitraire, peu sur le régime de terreur sur lequel était assis le pouvoir. A lire ce roman, on perçoit plutôt faiblement la souffrance physique de ceux qui ont subi la torture - à laquelle il n’est fait allusion que dans les dernières pages. Quant à la douleur de ceux qui ont vu disparaître des êtres chers et à l’angoisse permanente d’être arrêté, elles ne paraissent pas aussi prégnantes qu’elles ont pourtant dû l’être. Il me semble que le roman aurait gagné en puissance s’il avait davantage insisté sur ces points.

Peut-être est-ce la raison pour laquelle ce roman m’a paru un peu long. Après un démarrage très convaincant, il s’essouffle un peu avant de se clore sur un final réussi. Mais à aucun moment je n’ai voulu l’abandonner et, en dépit de ces réserves, j’ai apprécié ce tableau de la capitale roumaine et de ses habitants. J’ai beaucoup aimé également le style de l’auteur qui, avec de surprenants rapprochements, l’emploi de formules enlevées et des dialogues bien menés, sert parfaitement le récit.



Ah ! Un bémol, indépendant de la volonté de l’auteur : dommage que le livre ait été trop rapidement relu. L’accumulation de coquilles et de mots oubliés ne sert jamais un texte ! A bon entendeur...


Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Les cent derniers jours

1989 : l'année où toutes les dictatures du bloc de l'Est tombaient comme des dominos. Ce sont les derniers mois de la dictature de Ceausescu en Roumanie dont il est question dans ce roman historique, le premier de Patrick McGuinness, un auteur à surveiller. Une histoire racontée par un jeune Britannique, parti enseigner l'anglais à Bucarest et qui se trouvera mêlé au sordide de la vie quotidienne sous un régime totalitaire : magouilles, surveillance, corruption, méfiance, le tout enrobé de tristesse et de fatalisme. Une belle découverte!
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Les cent derniers jours

Je referme la dernière page du livre. Ma curiosité initiale s’est transformée en un sentiment particulier et plaisant : celui d’avoir vécu un peu plus de mon époque. « Les cent derniers jours », ce sont ceux de Ceausescu, qui en décembre 1989 s’achèveront pour moi sur un écran de télévision. Je revois les étranges images du procès, de l’exécution, puis le souvenir de ces enfants montrés nus et entravés dans ce qui se révèlera n’être qu’une sinistre mise en scène. C’est une ambiance de Noël où le deuil de mon père rode encore. Ces images éveillent ma conscience politique de jeune adulte. Ce livre, dont j’entends la critique sur une radio culturelle un matin, me prend à cet endroit et m’emmène en Roumanie. Je tourne les pages et l’immersion devient totale. Je parcours Bucarest, ses perversions et ses trésors, animé de l’esprit initiatique d’un coopérant, avec ce même mélange de ferveur et de distance. Je suis abattu en découvrant inexorablement l’extrême folie de ces Hommes de pouvoir et la perversion du système qui les protège. Il fait de tout inconnu, de son voisin, de son ami, un danger potentiel. Ne pas sombrer dans la résignation devient héroïque, l’ordinaire sublime ; souvent au bout d’un effort démesuré. En refermant ce livre, je me demande combien d’autres livres il faudra écrire pour témoigner de la difficulté d’une nation, de ses hommes et ses femmes à conquérir, mais aussi à réapprendre la liberté. Bien sûr nous vivons dans un pays magnifique et libre. Mais que savons-nous vraiment de ceux qui nous gouvernent ? De leur sens de l’intérêt général sur l’intérêt particulier ? Quand je quitte Bucarest au bout de cette belle traduction, je me promets la plus grande vigilance, pour que les circonstances de mon époque n’hypothèquent jamais celle de mes enfants.
Lien : http://tabourot.fr/les-cent-..
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