« Pervertir » vient du latin pervertere qui signifie « renverser». L’être pervers n’est pas l’être qui ignore la loi mais celui qui veut l’ignorer, ou plutôt qui, sachant très bien... quelle elle est, donc en toute connaissance de cause, accomplit systématiquement le mal au lieu de faire le bien, pose le mal comme un bien pour lui.
Les amateurs de fin du monde que sont les protagonistes du libertinage sadien préfigurent les « damnés » du nazisme qui faisaient de la tête de mort leur emblème et qui mettaient en système la double institution de la mort et du travail : « La mort est mon métier », dit le Rudolf Lang (Rudolf Hoess, commandant du camp d’Auschwitz) du récit de Robert Merle ; il précise même dans sa déposition-confession : « Je me concentrais sur
le côté technique de ma tâche » ; et, au procureur qui s’écrie : « Vous avez tué 3 millions et demi de personnes », il réplique froidement : « Je vous demande pardon, je n’en ai tué que 2 millions et demi. »
Les amateurs de fin du monde que sont les protagonistes du libertinage sadien préfigurent les « damnés » du nazisme qui faisaient de la tête de mort leur emblème et qui mettaient en système la double institution de la mort et du travail : « La mort est mon métier », dit le Rudolf Lang (Rudolf Hoess, commandant du camp d’Auschwitz) du récit de Robert Merle ; il précise même dans sa déposition-confession : « Je me concentrais sur le côté technique de ma tâche » ; et, au procureur qui s’écrie : « Vous avez tué 3 millions et demi de personnes », il réplique froidement : « Je vous demande pardon, je n’en ai tué que 2 millions et demi. »
Jamais, écrit Pascal, on ne fait le mal si pleinement et si gaiement que quand on le fait par conscience.
Si la conscience de la mauvaise action est cause d’un sentiment de plaisir, comment ne pas penser que la perversité consiste, non seulement à vouloir le mal, mais à vouloir le mal pour le mal lui-même, c’està-dire à faire de celui-ci, non seulement l’objet, mais le but même de tout acte ?
L’être pervers n’est pas l’être qui ignore la loi mais celui qui veut l’ignorer, ou plutôt qui, sachant très bien... quelle elle est, donc en toute connaissance de cause, accomplit systématiquement le mal au lieu de faire le bien, pose le mal comme un bien pour lui.
Le pervers de la perversité est que l’homme puisse haïr son humanité. Car c’est une véritable inversion ou perversion des mouvements naturels de l’amour et de l’admiration pour tout ce qui est beau ou grand.
On définit souvent le racisme par la haine et la peur de l’Autre, par le refus de la différence. L’antisémitisme aurait la particularité de nous révéler que le racisme est en vérité la négation du Même que l’Autre, le rejet de l’identité humaine dans la plus petite différence. Le Juif était le voisin de palier, l’homme dont « on ne savait pas » qu’il était juif ; le semblable caricaturé dans les expositions antisémites, « portraituré » jusqu’au grotesque, était notre prochain par l’essence : visage de l’homme haï de l’homme ?
La perversité n’est pas seulement dans la conscience mais dans la science du mal