Qui, du reste, pourrait mesurer l'orgueil d'un grand seigneur libertin ? Impie de droit divin, il croit que le monde lui est dû. La cour et la ville n'ont été créées que pour lui. Chacune de ses jouissances est un hommage qu'on lui rend, qu'il se rend à lui-même... Sa passion est de dominer. Un grand seigneur libertin n'est soumis à rien, ni à l'aveuglement de l'amour, ni aux préjugés de l'éducation, ni aux obligations morales. Il se fait un jeu du code social en repoussant les limites de son impunité, en se s'imposant qu'une loi : être à la hauteur de sa réputation. Le sang-froid est sa qualité essentielle. Elle fonde son pouvoir jusque dans les bras de celle qu'il a séduite, où il garde le sens de la pointe et de la vexation. Car ce qu'il cherche par-dessus tout, ce qui atteste son triomphe, est l'humiliation de sa victime.