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4.1/5 (sur 75 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 16/09/1962
Biographie :

Patrick de Saint-Exupéry a commencé sa carrière de journaliste en gagnant à 19 ans un concours de jeunes reporters.

Il a collaboré à plusieurs journaux :
* France Soir Magazine à partir de 1983
* France Soir au service étranger en 1987
* Free lance pour l'Express et Grands Reportages en 1988
* Le Figaro au service étranger à partir de 1989

Au cours de sa carrière il a couvert l’Afrique, le Cambodge, le Canada, le Libéria, l’Afrique du Sud, la guerre du Golfe, l’Iran, la Libye, l’Arabie saoudite et le Rwanda puis Moscou où il fut correspondant permanent de 2000 à 2004.

Début 2005, il travaille à nouveau sur l'Afrique, toujours pour Le Figaro.
Depuis janvier 2008, en congé sans solde du Figaro, il a fondé avec Laurent Beccaria la revue de grand reportage XXI, dont il est le directeur éditorial.

En 2009 Patrick de Saint-Exupéry publie un livre entièrement consacré à «La France au Rwanda», intitulé L'inavouable (Les Arènes). Deux jours après la publication de son livre, il est intervenu dans un colloque organisé à l'Assemblée nationale française par la Commission d'enquête citoyenne sur l'implication de la France au Rwanda.
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Patrick de Saint-Exupéry - Rwanda, les silences de la France


Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Jean-Hervé Bradol, de Médecins Sans Frontières (MSF), n'épargne aucun responsable. L'ONG, explique-t-il aux députés, a subi d'importantes pressions de l'Elysée [François Mitterand], qui ne voulait pas entendre parler de génocide.
Le coordinateur de MSF affirme ne pas partager la "fierté" d'Édouard Balladur, Hubert Védrine, François Léotard et Alain Juppé : "Quand je les entends parler de leur" fierté" au sujet du rôle de la France pendant l'opération [humanitaire] Turquoise, je pense qu'ils se trompent de registre. Avec les moyens d'une armée, on peut et on doit faire autre chose que de l'humanitaire. Ça, nous, les civils, pouvons faire... "
Jean-Hervé Bradol enfonce le clou :" Ce n'est pas avec des caisses de biscuits qu'on s'oppose à un génocide." Et conclut en faisant référence aux déclarations du Ministre de la Coopération : "Quand j'entends à la radio Bernard Debré parler de livraisons d'armes françaises après le début du génocide, alors que je soigne sur le terrain, je ne suis pas habité par un sentiment de fierté."
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C'est alors que s'est produite cette scène qui m'est restée gravée. À quelques pas se tenait un officier de cette unité d'élite qu'est le GIGN. Il était planté, debout, raide sur ses jambes, et paraissait ailleurs. Il était comme plongé dans un songe (...).
Je l'ai vu s'affaisser. Doucement. Ses épaules se sont voûtées, ses jambes se sont pliées, ses muscles se sont relâchés. Comme un pantin, il s'est peu à peu desarticulé et à fini assis dans l'herbe, où il s'est mis à sangloter (...).
Il venait juste de réaliser. Il venait de comprendre. Il venait d'additionner. Et cela l'avait choqué. Il s'est tourné vers nous et nous a dirmt : "L'année dernière, j'ai entraîné la garde présidentielle rwandaise..."
Ses yeux étaient hagards. Il était perdu. Le passé venait de téléscoper le présent. Il avait formé des tueurs, les tueurs d'un génocide. C'était effrayant.
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A la fin de la petite cérémonie, un cadeau fut offert à l'amiral Lanxade. Celui-ci, cintré dans son uniforme de marin, brillait au milieu de l'assemblée. Je crois qu'il eu à déballer le présent. Ce n'est pas très important. Ce qui l'est, en revanche, c'est la nature du présent. Il s'agissait d'une plaque de bois, taillée comme dans un tronc. Large d'une trentaine de centimètres, elle avait été découpée de manière à figurer les contours du Rwanda. Dessus, en guise de décoration, avaient été apposées de petites machettes...
Oui, Monsieur, des machettes. Cela vous revient, maintenant. Debout aux côtés de l'amiral, fier de son idée, le colonel Sartre souriait. Il rayonnait de contentement. Je fus pris d'un vertige. Tant d'indécence! Ce pouvait être du pur mauvais goût. Ce pouvait aussi être un symbole. Je ne le savais pas.
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Nos blessures d'empire suppurent, Monsieur. Elles suppurent comme jamais. Ce génocide les a avivées. Notre vieux grognard le sait bien. Évoquant le Rwanda, Hélié de Saint Marc fit état un jour devant nous de la "mémoire jaune", une profonde meurtrissure contractée par les soldats en Indochine dans les années 1950, lorsque la France envoya ses troupes d'élite à douze mille kilomètres de Paris dans l'indifférence générale.
Il y avait de tout parmi eux : de jeunes saint-cyriens qui se croyaient vainqueurs, d'anciens résistants de tous horizons, des blessés de mai 1940, des pétainistes qui cherchaient à se faire oublier. A ces hommes, le général de Lattre de Tassigny expliqua que "d'entreprise aussi désintéressée, il n'y en a pas eu pour la France depuis les croisades". Nos soldats le crurent. Et se firent croisés.
La "mémoire jaune", c'est l'humiliation de la défaite et l'ivresse de la guerre exotique, l'esprit de chevalerie et l'héritage colonial. C'est le rejet du pouvoir politique, qui vous envoie à la mort et s'en moque, qui accepte d'enrôler des supplétifs et les abandonne. C'est enfin une fascination pour les méthodes ennemies, qu'il faut adopter pour espérer vaincre un jour à son tour : les opérations secrètes, l'arme de la peur, le quadrillage des populations civiles, la manipulation des foules, la propagande ...
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Il peut y avoir des variantes, des adaptations, des spécificités, mais en aucun cas le génocide n'est assimilable à une rage soudaine. Quand un crime s'étale sur trois mois de temps, la colère n'explique rien. Fulgurante, la passion abandonne dans le sillage des meurtres un assassin désemparé. Dans le crime de génocide, l'assassin n'est jamais désemparé. Parce qu'il a toujours raison, parce que sa folie est cohérente, parce qu'il s'est donné les moyens de réfuter le crime.
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"Comment apprend-on à tuer ? lui ai-je demandé.
-La haine", m'a-t-il répondu en.me fixant droit dans les yeux.
Et, doucement, il a répété :
"La haine, ça s'apprend."
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A quel moment un homme, un état, franchit-il.le point de non-retour ? Lorsqu'il pense dominer l'histoire ? Ou lorsqu'il entreprend de l'écrire ?
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La mystification est une figure de la guerre.Nous la pratiquâmes avec maestria. Dans l'ombre peut-être. Mais quelle réussite.
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En ce bel été 1994, François Mitterrand confie à ses proches:"Dans ces pays-là, un génocide c'est pas trop important."
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Dans sa déposition devant le tribunal d'Arusha, le général Roméo Dallaire, commandant des forces de l'ONU au Rwanda, avait tout dit : « Tuer un million de gens et être capables d'en déplacer trois à quatre million en l'espace de trois mois et demi, sans toute la technologie que l'on a vue dans d'autres pays, c'est tout de même une mission significative. Il fallait qu'il y ait une méthodologie. Cela prend des données, des ordres ou au moins une coordination. »
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