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Citation de le_Bison


Une fois à Paris, j'ai pris le métro jusqu'à la station Père-Lachaise, car il me restait une chose à faire avant de rentrer à New York. Il pleuvait de nouveau. Je me suis arrêtée chez un fleuriste à l'endroit du cimetière et j'ai acheté une petite botte de jacinthes avant de partir à la recherche de la tombe de Jim Morrison. A cette époque, il n'y avait pas de panneaux et elle n'était pas facile à trouver, mais j'ai suivi les messages griffonnés par des admirateurs anonymes sur les pierres voisines. Le silence était complet, à l'exception du bruissement des feuilles d'automne et de la pluie, qui devenait plus drue. Sur la tombe sans inscription s'accumulaient les présents des pèlerins qui m'avaient précédée : fleurs en plastique, mégots de cigarettes, bouteilles de whisky à demi vidées, chapelets cassés et amulettes bizarres. Le graffiti qui veillait sur lui était fait de mots tirés de ses propres chansons, traduits en français : C'est la fin, mon merveilleux ami. This is the end, beautiful friend.
J'ai ressenti une allégresse peu commune, toute dépourvue de tristesse. J'avais le sentiment qu'il aurait pu sortir de la brume à pas de loup et me taper sur l'épaule. Qu'il fût enterré à Paris semblait approprié. Il s'est mis à pleuvoir pour de bon. Je voulais m'en aller car j'étais trempée, mais j'étais clouée sur place. J'avais l'impression désagréable que si je ne prenais pas la fuite j'allais être changée en pierre, telle une statue armée de jacinthes.
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