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La fin du XIXe siècle est marquée par une série d'attentats anarchistes. Ces actes récoltent le soutien d'écrivains d'avant-garde comme Paul Adam, Octave Mirbeau et Rémy de Gourmont. Ces affinités avec l'anarchisme étonnent, venant d'écrivains résignés et élitistes qui rejettent la politique au profit de la littérature. Cet ouvrage examine l'influence qu'a exercée l'imaginaire de la décadence sur ces écrivains. Véritable mythe de la fin du siècle, la décadence donne naissance à une esthétique littéraire : le décadentisme. Mais elle agit également sur les anarchistes, qui y voient l'occasion de faire émerger une société nouvelle. Cette analyse jette ainsi un regard nouveau sur les liens entre politique et littérature. La bombe et le livre se superposent, l'utopie anarchiste et l'imaginaire décadent se télescopent. Ce cocktail détonnant laisse entrevoir une intense période de création littéraire et d'ébullition politique. Il questionne les représentations du progrès et de l'histoire, et signale l'émergence de l'artiste d'avant-garde, révolutionnaire en art et en politique.
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Bonnes lectures !
Crédit : Rudy Matile, la prise de son, d'image et montage vidéo
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En ce temps les miracles et les saints semblaient vouloir disparaître. On croyait facilement que les âmes contemporaines manquaient de l’esprit de sacrifice. Les martyrs du siècle furent surtout d’obscurs citoyens hallucinés par le tintamarre des mots politiques, puis mitraillés impitoyablement en 1830, en 1848, en 1871 au bénéfice de certaines situations parlementaires que se préparaient ainsi des avocats violents et sournois ; et il y aurait même de l’imprudence à prétendre que nul vœu d’intérêt individuel n’engagea ces combattants malheureux à rechercher, eux-mêmes, les armes à la main, un profit électoral.
Les parades des Deux Chambres avec leurs scandales quotidiens, leurs syndicats de fabricants de sucre, de bouilleurs de cru, de vendeurs de bière, de faiseurs de vin, de courtiers en céréales et d’éleveurs de bestiaux nous révélèrent, à maintes reprises, les mobiles du suffrage universel. Il y eut Méline et Morelli, le sénateur Le Guay… Aussi toutes ces batailles de la chaussée parisienne, toutes les histoires de la rue Transnonain ou de Satory finiront-elles par nous paraître de simples querelles de marchands âpres à la concurrence.
Nos âmes sans complexité se fussent probablement déplues à suivre encore les jeux brusques de ces marionnettes ; et la politique eût été mise hors de notre préoccupation, si la légende du sacrifice, du don de la vie pour le bonheur humain n’eût subitement réapparu dans l’Époque avec le martyre de Ravachol.
(Entretiens Politiques et littéraires Juillet 1892 3e année vol. V N° 28 Repris dans Critique des Moeurs Ollendorff 1897).
On atteignait aux premiers jours du printemps ; et le printemps paraissait, de l'avis de tous les hommes de guerre, le moment le meilleur pour susciter le massacre mutuel des peuples.
Chapitre III
Comme la nuit se prépare à luire de tous ses astres, les fenêtres s'ouvrent.... Les deux sœurs viennent sur le balcon pour assister au ciel.
Chapitre II
La douleur s'endort dans l'abrutissement…
Chapitre I
—Tout ça, mes vieux bougres, ça ne vaut pas encore le coup du commandant de Chaclos—Ah! Dieu de Dieu! mes enfants, j'y étais: quelle marmelade! Moi-même ai posé la cartouche sous la pile du pont.... On les a laissés s'engager, et quand ils y furent en bon nombre... le commandant poussa le bouton de la batterie électrique.... Vlan! Le paquet a sauté!
«On retrouvait des doigts, des nez qui se promenaient tout seuls à plus de deux cents mètres, et des yeux collés contre les arbres, entre les morceaux de cervelle et des bouts de nerfs... et ces yeux-là vous regardaient.... C'était effrayant, mon cher, effrayant!... Du coup, ils battirent en retraite, les survivants. Nous eûmes sans peine leurs positions... et nous voilà ici, victorieux, le verre à la main.... On dresse des arcs de triomphe. Le commandant a eu sa croix.... Vive la guerre donc!... quand on en revient...»
Chapitre II
—Certainement je l'aime moins que je ne vous aime ; oui, moins. Mais lui n'essaiera pas de pénétrer mon âme intime, de posséder au-delà de ce que je lui donnerai de moi.
Chapitre II
Il faut de la prudence, Philippe, avec ce peuple de pauvres ; car il lui arrive de s'exaspérer.
Chapitre I
Vers la fin du siècle dernier, pendant toute la première moitié de celui-ci, le monde pleura Werther recevant de Charlotte les pistolets, afin de mourir pour des amours insatisfaites. La descendance de nos aïeux saura-t elle s’émouvoir en faveur d'un adolescent qui prétendit mourir pour une science inassouvie?
Tel est le problème offert ici à la sensibilité des hommes.
Les parades des Deux Chambres avec leurs scandales quotidiens, leurs syndicats de fabricants de sucre, de bouilleurs de cru, de vendeurs de bière, de faiseurs de vin, de courtiers en céréales et d’éleveurs de bestiaux nous révélèrent, à maintes reprises, les mobiles du suffrage universel.
Il faut être des voluptueux, puisque le sang latin nous y oblige ; il faut être des voluptueux et des silencieux, non des amoureux, ni des beaux parleurs. Habituons-nous au mutisme. N’étourdissons pas notre pensée avec les mots sonores. Laissons-la méditer. Et conversons surtout avec les livres. Il n’est pas un mauvais roman qui ne l’emporte sur les devis les plus alertes. Le salut est dans la lecture. Du conte licencieux à l’étude psychologique, de l’étude psychologique au roman social, du roman social aux mémoires historiques, de ceux-ci à l’histoire même et de l’histoire aux sciences, à la philosophie, toutes les suggestions s’enchaînent. De curiosité en curiosité, le lecteur atteint progressivement et vite au goût de la plus haute mentalité.
Rien n’engage à lire comme le silence, puisqu’il lui faut la solitude. S’exercer au silence, c’est donc se préparer directement à l’acquisition du savoir. Lire, c’est aussi multiplier sa vie en l’augmentant de toutes les vies relatées dans les volumes. C’est s’instruire sur l’homme, sur ses passions. C’est apprendre à les diriger. C’est conquérir l’influence et la puissance.