Soirée rencontre le 25 janvier 2020 à l'espace Guerin à Chamonix
autour du livre : Raide Vivant
de Paul Bonhomme
La montagne est un vecteur comme le pinceau du peintre, l'instrument du musicien. Elle nous sert juste à faire les choses sincèrement. Parce que là-haut nous apprenons à ne pas mentir, parce que là-haut si un de nous tombe, c'est la vie qui s'arrête.
En montagne les records ne libèrent pas, au mieux ils s'accumulent, au pire ils assassinent.
Les premiers pas dans la neige, c'est marquer de ses empreintes son existence sur terre. Il n'y a qu'à regarder la vitesse à laquelle la neige s'en va dans les cours de récréation. Tous les gosses du monde n'ont qu'une idée en tête quand il neige : jouer. Et c'est quoi, le jeu, si ce n'est de la création ? La neige crée, ça fait comme une page blanche mais en beaucoup plus drôle, en beaucoup plus grand.
Une page, éphémère, comme la douceur ou la joie.
Comme la planète, la montagne n'est pas dangereuse, c'est ce que nous y faisons qui peut l'être.
Une ligne électrique est tombée sur la route, elle a tué au passage une femme et les deux enfants qu'elle portait dans ses bras. La route ne sera dégagée que demain matin. Merde.
Il faut être honnête jusqu'au bout, la première réaction est toujours égoïste. C'est ensuite qu'on se rend compte que ce qui semble normal ne l'est pas.
L'essentiel n'est pas de réussir mais de vibrer.
Et dans l'instant terrible où le monde s'écroule
Ne subsiste que l'amour ou la guerre.
J'ai choisi d'aimer,
Pour reconstruire c'est plus facile.
« Toutes les manières de voir le monde sont bonnes pourvu qu'on en revienne. »
Nicolas Bouvier, L'usage du monde
Je voudrais qu'on ne confonde pas montagne et exploit sportif. Je ne me suis jamais senti sportif sur le tour que je viens de vivre, je me suis senti bouquetin, chamois, je me suis senti seul aussi, petit, minuscule et immense, je me suis senti des ailes et de plomb.
Et j'ai aimé tout ce que je sentais.
Atteindre de nos mots une personne, c'est d'abord lancer des paroles en l'air.