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Citation de mimo26


« Tu vas le tuer », déclare Drew.

J’appuie mon front contre le mur et fixe le sol. J’essaie de contrôler ma respiration. Il y a un cafard à demi écrasé par terre, ainsi qu’un mégot de cigarette qui a manqué la poubelle. Quelque chose me fait mal à la tête. Je me pince l’arête du nez et tente de faire disparaître la douleur, mais elle s’accroche. C’est comme une écharde profondément enfoncée qui se serait infectée, et je ne peux l’atténuer qu’en cognant le type ligoté sur la chaise. Ce que je fais. Je le frappe tellement fort que j’entends quelque chose craquer et je ne sais pas si c’est un de mes doigts ou sa joue. Je l’ai déjà tellement tabassé que mes mains sont terriblement douloureuses, mais son visage doit l’être encore plus. Son œil gauche est gonflé et violet, son nez est cassé et sa lèvre inférieure fendue, il y a beaucoup de sang et de chair déchirée. Mais malgré tout cet enfoiré continue de me regarder avec un grand sourire, le genre de sourire que n’importe qui voudrait faire disparaître de son visage, seulement jusqu’à présent rien n’a fonctionné. La seule chose que je peux faire disparaître, c’est le sang sur la jointure de mes doigts en les essuyant sur ma chemise, qui est déjà sacrément dégueulasse.

Drew me pose une main sur l’épaule et je la repousse.

« Lâche-moi », dis-je.

Il repose sa main sur mon épaule et me regarde droit dans les yeux. Drew est mon meilleur ami depuis notre enfance. À l’époque, nous courions après les filles sur les terrains de jeux, nous grimpions aux arbres et allions à la pêche. Plus tard, nous avons rejoint la police ensemble et avons chacun été témoin au mariage de l’autre. Mais s’il n’enlève pas sa main dans les deux secondes, je vais la casser.

« C’est pas toi, Noah. C’est pas comme ça qu’on procède. »

Il a raison. Ce n’est pas moi. Et pourtant nous en sommes là. Il ôte sa main de mon épaule.

« Bon Dieu, Noah, je peux pas te laisser le tuer. »

Son expression est un mélange de confusion et de panique, mais surtout on dirait qu’il voudrait faire comme si tout ça ne se produisait pas. J’éprouve la même chose.

« Tu ferais mieux de partir.

– Je… »

Je colle un nouveau coup de poing au type sur la chaise avant que Drew cherche à m’en empêcher. Une brume de sang et de sueur est projetée dans l’air sec et l’impact résonne dans la pièce. Je sens l’odeur du bois, de l’hémoglobine, de la transpiration. Le type crache du sang par terre et secoue la tête. Son sourire revient et je sens quelque chose se tordre dans mon ventre.

« Mon père va te massacrer », dit-il.

Son nom est Conrad et, tout comme Drew et moi, nous avons grandi ensemble. Mais nous n’avons jamais été potes. Conrad n’est pas le genre de type à avoir des potes. C’est un putain d’égoïste. Une petite brute sans la moindre once de décence. Le genre de type contre lequel les femmes mettent leurs amies en garde et qu’elles évitent de croiser en changeant de trottoir.

C’est aussi le fils du shérif.

« Tu devrais prendre le temps de réfléchir à ton avenir, pas au mien. »

Il crache une fois de plus.

« Je te l’ai déjà dit, déclare-t-il. Je sais pas où elle est. »
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