La seule chose qu'on est sûr de ne pas réussir est celle qu'on ne tente pas.
Vivre, c'est se réveiller la nuit dans l'impatience du jour à venir, c'est s'émerveiller de ce que le miracle quotidien se reproduise pour nous une fois encore, c'est avoir des insomnies de joie.
La seule chose qu'on est sûr de ne pas réussir est celle que l'on ne tente pas.
Ce n'est pas ce que nous sommes qui nous empêche de réaliser nos rêves ; c'est ce que nous croyons que nous ne sommes pas.
page 49
[...] Un jour de printemps, le frère de Sakatsiak, qui habitait quelque part dans le nord, ficela un paquet de graisse sur son traineau, y attela ses chiens et dit à sa femme :
"Je vais voir s'ils sont tous morts dans le sud."
La surface de la neige était dure, et le lendemain il arrivait à Nortsit. Il arrêta son traineau au bord de la banquise, au pied de la hutte. Son frère Sakatsiak attendait, les mains dans les poches, devant le couloir.
"Alors, tu es arrivé ? lui demanda-t-il.
- Oui, je suis arrivé.
- Il y a la faim chez vous, dans le nord ?
- Oui, il y a la faim. Mains nous avons encore quelques phoques en réserve sous des pierres. Et chez vous, il y a la faim ?
- Oui, il y a la faim. Mais nous avons encore quelques phoques en réserve et du requin."
Alors, Sakatsiak dit à son frère :
"Monte et entre."
Dans la hutte il faisait chaud. Une lampe à huile était allumée.
"Vous avez encore de la graisse ?
- Tu vois", répondit la femme de Sakatsiak. Elle lui tendit un morceau de viande de phoque, froid et odorant.
"Comment êtes-vous dans le nord ? demanda Sakatsiak.
- Assez bien. Il y a la faim. Mais ça va assez bien. Dans l'ouest, à Sermidik, il y a la Grande Faim, et ils se nourrissent d'hommes." [...]
Quand il eut mangé, le visiteur dit :
"Merci.
- A toi aussi. Ce n'est rien. Nous voudrions avoir autre chose à t'offrir. Mais il y a la faim ...
- Oui, je sais. Il y a la faim ..."
Après un silence, il ajouta :
"Et ceux de Nounaguitsek, est-ce qu'ils ont la faim aussi ?
- Ils avaient la faim, répondit son frère. Maintenant, il ne reste plus personne là-bas. Ils sont tous mort.
- Tous ?
- Oui, tous.
- Pas un ne reste ?
- Pas un !"
Alors, comme il n'y avait plus rien à ajouter, il se leva.
"Je vais partir ...
- Oui. Bonne route !"
Devant la hutte, les chiens dormaient, fatigués par l'étape. Il les réveilla à coups de pied. [...]
Je pars dans le vent et probablement dans le néant. Mais si ce néant s'avérait être un trésor, je me battrais contre les puissantes des ténèbres pour faire entendre une vois enrichie de cette expérience nouvelle, pour vous dire la promesse que j'aurais arrachée au silence... Afin que vous sachiez qu'après il y a quelque chose, autre chose.
La seule chose qu'on est sûr de ne pas réussir est celle
que l'on ne tente pas.
Vivre, c'est se réveiller la nuit dans l'impatience du jour à venir, c'est s'émerveiller de ce que le miracle quotidien se reproduise pour nous une fois encore, c'est avoir des insomnies de joie.
Il n'y a pas de guerre (chez les eskimos), car ils n'ont jamais su ce que c'était : ils n'avaient pas de mot dans leur vocabulaire pour désigner ce fléau.
2714 – [Le Livre de poche n° 5124, p. 8]
" La seule chose qu'on est sûr de ne pas réussir est celle qu'on ne tente pas"