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Citation de Atarah


Atarah
23 décembre 2016
Dès son réveil, il tendait l'oreille vers la fenêtre et s'appliquait à isoler, sur le fond des murmures qui régnaient dans la maison, une rumeur grave et autoritaire à laquelle il sentait qu'un bonheur mystérieux était lié. Complètement allongé sous ses draps, les pieds touchant aux barreaux du lit, le corps étiré, la tête renversée, les reins posées sur la charnière même de l'univers, immobile, il se laissait remplir par cette clameur sauvage, par ce grondement qui s'emparait du ciel et se soumettait à tous les silences, par cette parole surhumaine qui parlait pour toute la nature et racontait la terre, depuis le chaos. C'était une parole qui, à des moments, se heurtait à un arbre, à un rocher et les entraînait. Cette parole-là tombait du ciel, elle coupait en deux la montagne et sonnait contre le granit. Elle avait de grands espaces de rochers, de terre, de prairie à parcourir. Elle retentissait au dessus des temps. Alors, parfois, sachant que cette parole avait pénétré son sommeil et que, le voulût-il ou non, il l'avait toute la nuit recueillie en lui, comme si elle avait coulé le long de sa chair, il se levait en hâte, se précipitait jusqu'au balcon et se mettait à scruter le brouillard, à la recherche du torrent-de ce chant qui retentissait, là-bas, sculptant la terre et recomposant chaque matin la figure du monde.
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