Poésie - Bonjour - Paul GÉRALDY
MÉDITATION
On aime d’abord par hasard
Par jeu, par curiosité
Pour avoir dans un regard
Lu des possibilités
Et puis comme au fond de soi-même
On s’aime beaucoup
Si quelqu’un vous aime, on l’aime
Par conformité de goût
On se rend grâce, on s’invite
À partager ses moindres mots
On prend l’habitude vite
D’échanger de petits mots
Quand on a longtemps dit les mêmes
On les redit sans y penser
Et alors, mon Dieu, on aime
Parce qu’on a commencé
Il faut se ressembler un peu pour se comprendre, mais il faut être un peu différent pour s'aimer.
Dualisme
Chérie, explique-moi pourquoi
tu dis : "mon piano, mes roses",
et : "tes livres, ton chien"...pourquoi
je t'entends déclarer parfois :
"C'est avec mon argent à moi
que je veux acheter ces choses."
Ce qui m'appartient, t'appartient !
Pourquoi ces mots qui nous opposent :
le tien, le mien, le mien le tien ?
Si tu m'aimais tout à fait bien,
tu dirais : "les livres, le chien"
et : "nos roses".
l'amour,
c'est l'effort que font les hommes
pour se contenter d'une seule femme
C'est la femme qui choisit l'homme qui la choisira.
Bonjour
Comme un diable au fond de sa boite,
Le bourgeon s’est tenu caché...
Mais dans sa prison trop étroite,
Il baille et voudrait respirer.
Il entend des chants, des bruits d’ailes.
Il a soif de grand jour et d’air...
Il voudrait savoir les nouvelles,
Il fait craquer son corset vert.
Puis d’un geste brusque, il déchire
Son habit étroit et trop court.
« Enfin, se dit-il, je respire,
Je vis, je suis libre… bonjour ! »
MÉDITATION
On aime d'abord par hasard
par jeu, par curiosité,
pour avoir un regard
lu des possibilités.
Et puis comme au fond de soi même
on s'aime beaucoup,
si quelqu'un vous aime, on l'aime
par conformité de goût.
On se rend grâce, on s'invite,
à partager des moindres maux.
on prend l'habitude, vite,
d'échanger des petits mots.
Quand on a longtemps dit les mêmes,
on les redit sans y penser.
Et alors, mon Dieu, l'on aime
parce qu'on a commencé.
PROMENADE TROP LONGUE
Promenade trop longue et soleil éprouvant.
Retour muet … Mais ce bonheur en arrivant :
Trouver le couvert mis sous la tonnelle fraîche,
Refuser son potage et mordre dans les pêches !
Ose ! Prends ! Le bonheur ne naît que d'un délire.
Fais taire ton esprit ! Ouvre ta bouche au vent !
Délivre-toi de toi !
II
NERFS
Non ! Ne t'enfuis pas ! Ce geste
de te repousser de moi,
cette rigueur, cette voix,
ce mot brutal — reste ! reste ! —
ne s'adressaient pas à toi.
Je ne gronde et vitupère
que contre mon propre ennui.
C'est sur toi qu'en mots sévères
se délivrent mes colères,
mais c'est moi que je poursuis.
T'en vouloir ? De quoi ? Je pense
à ton cœur sans récompense.
Je le voudrais rendre heureux.
C'est de mon insuffisance,
pauvrette, que je t'en veux.
Ris-toi donc du méchant geste
et pardonne aux mots mauvais.
Et ne sois plus triste. Et reste…
En toi ce que je déteste,
c'est le mal que je te fais.
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