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Citation de Moglug


Achetez ce pendentif, sortez-le des replis de votre robe et glissez-le dans le creux de votre main, et regardez la livide lumière du feu s’y miroiter, tard le soir, tandis que vous attendez que le toit cède ou que votre volonté se brise et que la couche de gel devienne si épaisse que vous ne puissiez plus la casser à coup de hache, debout sur le lac gelé à minuit, chaussée des bottes de votre mari, le fracas sec de la hache sur la glace si infime sous le tournoiement des étoiles glaciales, le sourd couvercle des cieux, que votre mari ne risque pas même de se retourner dans son sommeil dans la cabane de l’autre côté de la glace et d’accourir, alerté par le bruit, à moitié mort de froid, vêtu d’un simple caleçon long, pour vous empêcher de percer un trou dans la glace et d’y glisser comme dans une veine bleue, de glisser jusque dans les ténèbres vaseuses du fond du lac, où vous ne verriez rien, où vous ne sentiriez rien, à part peut-être la présence de quelque poisson somnolent s’ébrouant dans le brouillard, votre plongeon alourdi par la robe en laine et les grosses bottes l’ayant dérangé en sa léthargie hivernale peuplée de songes des mers anciennes.
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