Pénélope Bagieu chronique "La Vie avec Mister Dangerous" de Paul Hornschemeier.
Les éléphants, comme les femmes, n'oublient jamais une blessure.
Je répète. C'est difficile de me rappeler à quel moment j'ai commencé à remarquer qu'il avait changé. Et c'est faux de dire que j'ai compris ce que le changement signifiait, ou son ampleur, du moins jusqu'au dénouement.
Votre réaction à la perte n'est pas plus "folle" que celle de bien des gens à des évènements de moindre importance. Vous avez perdu quelque chose... Mais votre esprit s'éloigne de tout le reste en essayant de se raccrocher à l'objet perdu. Vous devez décider à quoi vous devez dire au revoir.
Je ne me souviens pas de la poussée ou de la chute du corps que mon père est devenu. Juste le velours côtelé contre mes petits doigts. Une résistance si simple contre les côtes de sa veste. Juste une suggestion de force, en réalité.
- Ne devrions-nous pas aller le chercher ? Avec les gens qui traînent en ce moment...
- Il est jeune, son coeur est trop ardent. Il reviendra et il nous aimera, n'aie pas peur.
Oh je suis désolée, tu es vraiment sympa. Mais je ne peux pas, parce que tu ne vénères pas le même dessin animé que moi. Tu dis ce qu'il faut pas même s'il n'y a rien de mieux à dire, et t'as pas eu l'air triste comme il fallait pendant la première partie du film... Oh et je ne peux pas parce que je suis grave cinglée.
- (...) t'es une des seuls nanas du magasin qui n'a pas l'air rasoir.
- Ben c'est...
- Les autres filles ne pensent qu'aux fringues et à leur ligne. Elles sont canon, mais plutôt rasoir.
- Alors parce que je suis moche et grosse, ça veut dire que je suis intéressante ? C'est nul.
Maman me le reproche tout le temps... "Arrête de juger". Mais de là à dire que je suis entourée de saints ? Non mais sérieux, soyons un peu réalistes.
- Tu m'as l'air d'un gars intelligent, mais je t'assure que tu le seras beaucoup moins sans la tête. Ergo : on ne bouge plus !
Eh merde, je sens le préservatif ? Pitié, tuez-moi.