Citations de Paul Klee (242)
La lune est le rêve du soleil.
L'art ne reproduit pas le visible : il rend visible.
La couleur me possède. Point n'est besoin de chercher à la saisir. Elle me possède, je le sais. Voilà le sens du moment heureux : la couleur et moi sommes un. Je suis peintre.
Journal 16 avril 1941
Le soir est en moi profond, et à jamais.
Bien des lunes blondes qui se lèvent au nord
et un reflet assourdi, d'une voix douce,
en évoqueront le souvenir, et le souvenir encore.
ll sera ma promise, mon autre moi-même.
Une raison de partir à ma propre recherche,
C'est moi qui suis la lune montante du sud.
Une manière d’Ange était assis sur le bord d’une fontaine. Il s’y mirait, et se voyait Homme, et en larmes, et il s’étonnait à l’extrême de s’apparaître dans l’onde nue cette proie d’une tristesse infinie.
(Ou si l’on veut, il y avait une Tristesse en forme d’Homme qui ne se trouvait pas sa cause dans le ciel clair.).
Incipit
Une ligne est un point parti se promener.
L'artiste moderne s'autorise à penser que la création ne peut guère être achevée à ce jour [...] reconnaissant ainsi à la genèse une durée continuée.
La nature abonde en impressions colorées. Les végétaux, les animaux, les minéraux, la composition que l'on nomme paysage : tout cela excite nos pensées et notre reconnaissance. Mais au-dessus de ces choses existe un phénomène pur de toute application, élaboration et altération, un phénomène auquel sa pureté chromatique vaut en ce sens l'épithète d' "abstrait" : l'arc en ciel.
Il est significatif que ce cas unique d'une échelle naturelle de couleurs pures ne soit pas pleinement de ce monde et apparaisse au niveau de l'atmosphère. Appartenant au domaine intermédiaire entre la terre et l'univers, ce phénomène atteint un certain degré de perfection, mais non pas le degré ultime puisqu'il n'appartient qu'à moitié à l' "au-delà".
Esquisse d'une théorie des couleurs, (p. 65-66).
Une ligne est un point qui a fait une promenade.
[...] les bêtes et toutes les autres créatures, je ne les aime pas avec une cordialité terrestre, les choses terrestres m'intéressent moins que les choses cosmiques
Dans un poème de jeunesse, Klee avait écrit :
"Un jour je reposerai nulle part, auprès d'un ange quelconque."
Le génie, c'est l'erreur dans le système.
Maintenant , j'ai de nouveau recours au trait ; qu'il rassemble, qu'il capte les vacillants impressionnismes. Qu'il soit l'esprit dominant la nature.
Ce point est gris parce qu'il n'est ni blanc ni noir ou parce qu'il est blanc tout autant que noir. Il est gris parce qu'il n'est ni en haut ni en bas ou parce qu'il est en haut tout autant qu'en bas. Gris parce qu'il n'est ni chaud ni froid. Gris parce que point non-dimensionnel, point entre les dimensions et à leur intersection, au croisement des chemins.
Note sur le point gris, (p. 56).
L’œil suit les chemins qui lui ont été ménagés dans l’œuvre.
(Théorie de l'art moderne_1964)
Précieuse est la connaissance des lois, à condition de se garder d'un schématisme confondant loi nue et réalité vivante. De telles méprises conduisent à la construction pour elle-même, hantise d'asthmatiques timorés qui nous donnent des règles au lieu d'oeuvres. Qui manquent trop d'air pour pouvoir comprendre que les règles ne sont que le support nécessaire d'une floraison. Comprendre que, si l'on cherche à dégager des lois et qu'on y confronte des oeuvres, c'est pour voir comment celles-ci arrivent à s'écarter des oeuvres de la nature sans pour autant divaguer. Comprendre que les lois ne sont que le soubassement commun de la nature et de l'art.
Notes pour les Recherches exactes dans le domaine de l'art, (p. 51).
Nous construisons et construisons sans cesse, mais l'intuition continue à être une bonne chose. On peut considérablement sans elle, mais pas tout. Sans elle on peut réussir longtemps, réussir beaucoup et diversement, réussir des choses capitales, mais pas tout. Quand l'intuition s'unit à la recherche exacte, elle accélère le progrès de celle-ci de façon saisissante. Et l'exactitude dotée d'ailes par l'intuition a parfois la supériorité.
Recherches exactes dans le domaine de l'art, (p. 48).
incipit :
Selon ce qu'on m'a toujours dit, je suppose être né le 18 décembre 1879 à l'école communale de Münchenbuchsee, près de Berne.
Un météore décrivant sa trajectoire est attiré dans les parages de la terre, dévié, contraint de fendre l'atmosphère ; il échappe de justesse comme étoile filante embrasée au danger de devoir rester attaché à la terre pour toujours et, se refroidissant et s'éteignant dans le vide d'air, poursuit son chemin dans l'espace. (Agencement délié).
Cosmique et atmosphérique combinés, (p. 121).
Au début le crayon n'en fait qu'à sa tête, il va là où ça lui plaît.