Paul-Laurent Assoun. Désir de loi et loi du désir: judaïsme et psychanalyse.
il est permis à un amant de chercher les moyens de plaire, et on doit lui pardonner lorsqu’il a réussi (III, 12)
La question de la critique de bonne foi ou de mauvais foi mène directement à la paranoïa, car c'est bien d'interprétation qu'il s'agit.
Faire une "psychothérapie", c'est avoir l'espoir de vivre plus tranquille avec ses angoisses et le monde environnant ; faire une psychanalyse, c'est se confronter à la loi de son désir, par épreuve de son angoisse de désirer et traversée de son fantasme. On relèvera que toutes les thérapies non analytiques promettent tacitement qu'on peut "s'en tirer" sans se confronter à son désir, par une auto-correction psychologique, comportementale, cognitiviste, etc. Pour la psychanalyse, on n'y coupe pas, de se confronter à la question en forme d'oracle : "qu'as-tu fait de ton désir ?". Façon de se reconnaître "responsable" de son symptôme, au lieu de s'adonner aux délices moroses du préjudice - que la victimologie et la résilience exaltent au contraire, ce qui en fait soupçonner le caractère idéologique.
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C'est comme si, en prenant l'habitude, en constituant l'habitude d'enterrer ses rois en un même endroit, celui-là même, la royauté avait pris le sentiment de sa continuité, s'évertuant à s'en convaincre...
L’acte analytique est solidaire du savoir métapsychologique. La métapsychologie n’est pas la “doctrine” de l’analyste, c’est sa boussole. Elle est justement destinée à faire sortir la psychologie de son caractère “hasardeux”, tout en s’exposant à l’incertitude implacable du réel. Chez le métapsychologue, pour paraphraser Merleau-Ponty, le “goût de l’évidence” s’éprouve au contact du “sens de l’ambiguïté”. La rigueur ne se sépare pas du sens du singulier, elle s’y alimente même. C’est la part inaliénable du Phantasieren, du “fantasmer”, soit l’imaginaire théorique sans lequel le “matériel” resterait aveugle et mutique.
Freud avance que c'est dans l'angoisse que se trouve la clé de la question de la névrose, qui est elle-même la clé du désir humain, celée dans le symptôme
L'hyper-développement de la pulsion de connaître est fondé chez Freud sur une fonction substitutive de la satisfaction sexuelle.
"Le processus de pensée lui-même est sexualisé, tandis que le plaisir sexuel qui ordinairement se rapporte au contenu du penser est dirigé vers l'acte de pensée et la satisfaction éprouvée en atteignant à un résultat cogitatif l'est comme une satisfaction sexuelle."
L'impérialisme particulier de l'instinct de connaissance tient à ce qu'il est un rejeton de la pulsion d'emprise sublimé et élevé au plan intellectuel.
(éclairage saisissant sur le lien particulier que "libido sciendi" et "libido sentiendi" partageraient. Ceci n'avait pas même échappé à Saint Augustin qui déjà, au IV siècle, avait mis en garde les croyants à ce sujet...)