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Critiques de Paul-Marie Duval (3)
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Les Dieux de la Gaule

Voici un travail solide, ancien et toujours très riche d’enseignements méthodologiques et d’enseignements sur le fond.

Sur la Gaule et ses divinités il existe deux sources. L’archéologie et ensuite les textes ,un peu de Strabon et beaucoup de César dans la guerre des Gaules. Les fouilles livrent une foule d’informations comme le plan original des sanctuaires, une iconographie symbolique figurative ou non, de l’épigraphie .Les documents archéologiques livrent aussi des informations sur les attributs des divinités et les sources littéraires (y compris les textes celtiques insulaires) ajoutent du sens. Cette monographie s’attèle à tempérer magistralement l’abus patent de l’idée de syncrétisme religieux systématique qui aurait été le fait des gallo-romains.

César et beaucoup de ses contemporains avaient tendance à fondre relativement sommairement des divinités étrangères les unes avec les autres (latines ,grecques ,celtes et autres) en un tout cohérent d’apparentement non stricte sur le fond et sur des bases strictement analogiques et partielles.

La démarche analogique des anciens n’était pas méprisante bien que simplificatrice .Elle partait d’un désir d’intelligibilité et de mettre partout un sens plus commun et de mettre des mots sur des réalités qui devenaient ainsi plus partageables permettant à un langage cultuel de fonctionner sur un mode plus universel.

D ’un point de vue ethnique et local sous ces dénominations aux allures faussement syncrétiques les réalités religieuses restaient absolument diverses et orthodoxes par rapport au corpus celtique pour ce qui était de la Gaule. La Gaule est d’ailleurs un pôle totalement indispensable pour ce qui est de définir et de comprendre les religions celtiques dans leur ensemble.

Ce travail laisse de côté l’examen des cultes du point de vue des rituels et il fait abstraction du druidisme aussi. Le but de l’ouvrage est de fournir un aperçu des entités divines du territoire celtique gaulois qui est foisonnant mais aussi avec quelques grandes figures. L’auteur reste au plus près des aspects fonctionnels des divinités en examinant leur attributs spécifiques et en se réfèrent à des comparaisons et croisements de sources variées. La conformité celtique de la religion gauloise est ici restaurée et cela souligne que les emprunts étrangers et les syncrétismes existaient mais sur un mode marginal. Par exemple à mon humble avis dans les Civitas pour les cultes civiques politisés invoquant des concepts de droits romain pour les colonies romaines et pour les cités reconnues associées par l’état romain.

Ce travail aux bases solides et fondamentalement toujours pertinentes dans les détails , permet de s’orienter dans un monde foisonnant de complexité et difficile à décrypter. Il permet de saisir aussi l’interaction de données divines en rapport avec les divinités celtiques continentales ,les divinités mixtes et les divinités absolument étrangères mais intégrées à la vie religieuses locale .

L’auteur démontre que certains aspects non anthropomorphiques des divinités gauloises ont perduré et que la nature ambivalente de beaucoup de divinités s’est maintenue. Les dieux sont souvent des êtres en partie humain et en parie animal. L’iconographie est difficile à appréhender parce que certains aspects peuvent simplement évoquer des attributs divins ,mais aussi ils peuvent se référer plutôt à une nature divine autre et spécialisée en même temps qu’ à une identité fondamentalement hors genre humain et ceci en dehors de toute spécialisation. Les allures anthropomorphiques des représentations sont donc à relativiser car c’est un être en dehors du cadre anthropomorphique qui est adoré sauf cas particulier. L’aspect naturel de la religion gauloise a perduré, les éléments naturels sont restés des vecteurs importants du numineux local. Les amalgames iconographiques celto-romains ont perdurés très longtemps au point qu’ils sont à l’origine d’un bestiaire romano-gothique très fidèle à ces références antiques gallo-romaines.

Les gaules révèlent un paysage religieux foisonnant et une vie sacrée intense et très diversifiée d’un point de vue micro. Il y a des sources historiques aux racines très profondes dans les cultes locaux et dans celui des grandes divinités qui ont une longue histoire plurielle et qui ont des aspects fusionnels anciens avec une réalité proto-celte. L’apport religieux latin est visible et il affecte assez marginalement les cultes et les êtres sacrés, tout en ayant une grande importance dans le nouveau langage iconographique de la gaule romaine devenu plus anthropomorphique mais avec une manière assez naïve et sommaire pour ce qui est des aspects anthropomorphiques dans les représentations humanisées.

Je cite l’auteur : »La statuaire n'existait guère dans la gaulle pré-romaine et les druides n'écrivaient pas.». En effet les druides et le clergé en général, les bardes non plus ,ne mettaient pas à l’écrit les aspects concernant le culte ,le domaine religieux en général et mêmes d’autres aspects comme les contrats et épopées. Il semble que la parole ait eu une portée magique qui interférait négativement avec le geste d’écrire et avec ses conséquences. Donc pas de traité religieux gaulois et même gallo-romains ,même si il y a un nombre très conséquent d’inscriptions gauloises l’apport religieux de cette documentation épigraphique est assez mineur, sauf de rares cas particuliers.

Pour conclure je vous rassure ,le dieu tribal Teutatès, celui d’Astérix, était bien un dieu suprême et même un dieu très respectable et très puissant. Il était de ce fait tout à lait capable d’empêcher le ciel de tomber sur la tête de nos chers amis gaulois !

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Recueil des inscriptions gauloises, 1 : Tex..

Certaines affirmations concernant l'histoire, comme certaines conclusions scientifiques se trouvent caduques lorsque des progrès surviennent dans la connaissance. "Les gaulois n'écrivaient jamais " ai-je entendu alors que j'étais sur les bancs de l'école. Cette assertion péremptoire (opposant la Gaule inculte aux Romains lettrés) ne convenait pas à mon imaginaire où ces antiques habitants menaient une vie intense, chassant, commerçant, créant de beaux objets artisanaux...

Aussi, il y a quelques années, j'ai étudié cet ouvrage, avec l'impression d'être un chercheur essayant de détecter la moindre syllabe en langue gauloise sur de minuscules fragments d'objets découverts sous une couche de terre ou les restes d'un muret.

Patiemment, Michel Lejeune a établi un inventaire de toutes les inscriptions gravées par des locuteurs gaulois (sous la direction de Paul-Marie Duval). Des photographies illustrent les paragraphes consacrés à chacune de ces trouvailles.

En utilisant des lettres grecques, certains gaulois ont écrit !

-Pour gérer leurs ventes (tessons recouverts de petits graffites).

- Pour fixer le nom d'un défunt (stèles funéraires).

- Et le plus souvent, pour honorer un dieu par une offrande.

Quelle émotion de retrouver au paragraphe G-153 l'inscription d'un certain Segomaros, fils de Villu, qui déclare offrir un enclos sacré à Belesama !



Je trouve que l'auteur a eu raison de rassembler tous les éléments, même les plus petits, les mots incomplets, les mots où le déchiffrage est encore confus. De cette manière, le lecteur se trouve en position de chercheur. Malgré soi et son ignorance, on essaie de comprendre. On essaie de prononcer le vocable.



Une petite critique : ce travail étant d'abord destiné aux spécialistes du C.N.R.S, toutes les inscriptions transcrites en grecs sont analysées par l'auteur mais il n'en donne pas souvent la traduction en français, suposant que le lecteur a déjà étudié la langue gauloise...

Heureusement, depuis, d'autres ouvrages plus prolixes, dont le but est de rendre compréhensibles ces éléments antiques à tout quidam intéressé, m'ont permis de mieux saisir le sens des inscriptions collectées dans l'ouvrage critiqué ici. (Lire par exemple des études de Pierre-Yves Lambert.)



Bien sûr, il est préférable de lire ces 459 pages austères à petites doses, et lorsque le cerveau est bien reposé !
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Les Dieux de la Gaule

Un livre obsolète.



« Les dieux de la Gaule » est un livre de référence quand l’on parle de ce sujet (je le vois encore souvent cité dans des articles). Mais il est dépassé, ma version date de 76. Et depuis, des découvertes, il en était fait et pas uniquement dans le domaine de l’archéologie. Pour aborder ce sujet, il faut aussi aller voir du côté de la mythologie comparée et de la linguistique.



Outre le contenu à prendre avec des pincettes, j’ai trouvé sa lecture assez agréable même si le style a quelque chose de désuet.



La manière de diviser les données sur les dieux gaulois selon une certaine temporalité : avant et après la romanisation est intéressante, mais je me suis demandé si elle était pertinente vu que les populations celtes et romaines ont toujours été en « contact » d’une manière ou d’une autre. Mais peut-être qu’à l’époque, l’état de la recherche faisait que…



L’ouvrage présente aussi beaucoup d’iconographie même si la qualité laisse à désirer.



Un livre dépassé, mais que j’ai été heureuse de découvrir, j’aime bien me plonger dans les classiques pour aussi bien connaitre l’histoire de l’évolution de la recherche que pour me faire une certaine culture générale.
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