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Critiques de Paul Scarron (28)
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Le roman comique

Bien qu’inachevée, c’est l’oeuvre la plus connue de Scarron : elle a eu des nombreux admirateurs célèbres, dont bien sûr Théophile Gautier, qui s’en est inspiré pour son Capitaine Fracasse. Elle continue à être lue et étudiée et figurait même cette année au programme de l’agrégation, plusieurs éditions, y compris en poche sont disponibles, confirmant le statut d’incontestable classique du livre.



Comme cela se faisait à l’époque, Le roman comique était composé de plusieurs parties : Scarron publie la première en 1651, et elle obtient un grand succès ; la deuxième partie ne sortira pourtant qu’en 1657. En 1659 il prend un privilège pour publier la troisième partie, dont il cite la première phrase dans une lettre, mais il n’aura pas le temps de l’achever et ce qu’il a écrit a été perdu. Nous ne saurons donc jamais comment il voulait terminer son roman, même si certains développements paraissent probables pour correspondre aux normes en vigueur de son temps.



Le roman commence par le célèbre incipit (début d’un texte censé le définir) qui décrit l’arrivée d’une troupe de comédiens dans la ville du Mans. Le contexte est posé : nous suivrons les destinées pittoresques d’un groupe exerçant cette profession à la fois honnie (les comédiens étaient considérés comme infâmes au sens juridique du terme) et fascinante, d’autant plus que le théâtre et la profession elle-même devenaient de plus en plus respectables, avec ses grands auteurs, ses troupes parisiennes célèbres faisant les délices de la cour et des grands. L’auteur montre aussi dans la description des membres de la troupes et des incidents qui émaillent leur arrivée une veine burlesque, et se positionne comme narrateur, qui s’autorise des interventions, des digressions, une sorte de regard un peu extérieur et amusé sur ce qu’il nous raconte. Il y a un parti pris d’une certaine distanciation de l’auteur par rapport à son récit et il nous l’annonce d’emblée. C’est aussi une façon d’établir une relation de connivence avec le lecteur.



Le récit joue en réalité sur deux registres : une veine comique et burlesque, en particulier dans tous les incidents de la vie d’une troupe d’acteurs arrivant pour jouer dans des petites villes, des mésaventures provoquées par promiscuité de vie d’auberge, des personnages ridicules qui veulent se mêler à la troupe sans en connaître les codes. En même temps, certains personnages de la troupe, en particulier le Destin, et Mademoiselle l’Etoile, le couple des jeunes premiers, ont un passé romanesque, ils se sont réfugiés dans la troupe pour fuir des malheurs et des ennemis, nous apprenons petit à petit leur histoire, et des révélations sont sans doute à venir. Les parties du roman qui sont consacrés à ces récits sortent du cadre burlesque, et adoptent les codes du romanesque, inspiré de la littérature espagnole dans laquelle Scarron a beaucoup puisé, en particulier pour ses pièces de théâtre. Le récit est par ailleurs interrompu à plusieurs reprises par des personnages qui racontent des histoires, qui elles aussi sont romanesques à souhait (histoires d’amour avec des inconnues masquées, enlèvements, duels etc). C’est donc une œuvre complexe et hybride, qui malgré cela a l’air de couler de source, tant l’auteur paraît maîtriser son affaire, et passe d’un registre à un autre, d’un récit à un autre naturellement. Sans oublier de s’interrompre au moment où le lecteur voudrait à tout prix connaître la suite.



Deux personnages principaux sont le coeur du roman : le Destin, comédien au passé obscur, élevé en gentilhomme, noble et courageux, et Ragotin, un petit bourgeois rencontré au Mans par la troupe, qui se pique de vouloir devenir auteur, et qui passe son temps à se couvrir de ridicule. Ils forment les deux pôles inversés du récit, et se complètent par leurs oppositions. Mais de très nombreux personnages font une apparition plus ou moins longue dans le récit : les comédiens de la troupe, qui semblent avoir des secrets à cacher, des personnages drôles ou inquiétants qui viennent à la rencontre de la troupe, et dont certains vont aussi révéler des éléments cachés.



Souvent appelé le roman des comédiens, Le roman comique dépeint d’une manière passionnante la vie d’une troupe « de campagne » au milieu du XVIIe siècle. La façon dont travaillaient les comédiens, par exemple en devant être capable de jouer plusieurs rôles à la fois au pied levé, la présence dans la troupe d’un décorateur, d’un portier, comment un valet pouvait devenir progressivement membre de la troupe s’il faisait ses preuves etc. Mais aussi l’inconfort et la précarité voire les dangers d’une vie sur les routes, le peu de considération, surtout pour les femmes, considérées souvent comme des femmes faciles voire des prostituées. Même si les choses bougent, et que Scarron le met en valeur, plaidant à certains moments de son livre pour cette reconnaissance qui commence à venir. Auteur à succès de pièces de théâtre, il connaissait parfaitement ce milieu, et pouvait le dépeindre d’une façon juste. En clin d’oeil, la troupe joue d’ailleurs une de ses pièces, Don Japhet d’Arménie.



Nous sommes d’une certaine façon dans une représentation, de bout en bout. Depuis l’entrée au final très théâtrale de la charrette des comédiens, dont l’arrivée constitue la première scène, qui éveille l’intérêt, fait supposer un certain nombre de choses, mais donne peu d’explications vraiment univoques. Les comédiens semblent comédiens en permanence, aussi bien lorsqu’ils jouent une pièce, que lorsqu’ils déroulent leurs existences, ces dernières obéissant aux lois du genre romanesque, et par-là peuvent être assimilées à une fiction, et identifiée comme telle par le lecteur, car elles obéissent aux codes et schémas qui lui sont habituels. Tout cela sous le regard mi-bienveillant mi-amusé d’un auteur qui rappelle régulièrement sa présence en commentant ce qui arrive.



Un merveilleux livre, qui n’a comme seul défaut de ne pas avoir été achevé.
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Le roman comique

Une nouvelle lecture scolaire que je n'ai pas aimée et que je n'ai pas réussi à terminer. Sous le signe du burlesque, ce roman est un classique du 17ème siècle que l'auteur a écrit en plusieurs parties et qu'il n'a jamais achevé.



Le comique de l'époque étant à mille lieues de la société actuelle, je n'ai pas forcément compris ni aimé ma lecture, si bien que je l'ai abandonnée un peu avant la centaine de pages.



Je partais déjà avec un à priori, n'ayant vraiment pas envie de lire cet ouvrage et y étant obligée pour les cours de littérature française, mais je pense que, dans tous les cas, il ne m'aurait pas plu. Les explications de la prof m'ont au moins permis de mieux comprendre l'univers de Paul Scarron, ce qui n'était pas inintéressant.
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Le Virgile travesti

Je ne connaissais pas Paul Scarron, et c'est un peu par hasard que je l'ai coché dans le cadre de l'opération Masses Critiques de Babélio...

Je n'en suis pas déçu, c'est une chouette découverte ! Comme dit dans la critique précédente, il est dommage qu'on ne parle pas assez de la fugitive mode du burlesque en France ; même s'il est vrai aussi que les textes en sont d'un abord un peu difficile, tant il repose sur des références que la plupart de nos contemporains n'ont plus (du tout). Ou plus assez, ou trop peu.

L'appareil critique complet permet de suivre sans faire trop d'aller retour avec les notes en fin de livre avec une bonne moitié de référence données de façon juxtalinéaire (et oui, avec des vers de 8 pieds, il y a de la place sur les côtés !).

Le burlesque proposé ici n'a rien à voir avec ce à quoi je m'attendais. Ce n'est pas du guignol, très peu d'érotisme ou de lourdeurs, plutôt des caractères épiques ramenés à leur hauteur d'homme, quelques chutes, fesses en l'air, femmes méchantes et folles, hommes lâches et bêtes, mais rien d'hilarant ni de gags à la chaîne. C'est simplement le traitement des personnages "classiques" et respectés qui est burlesque.



Le talent de Scarron prouve bien que ce n'est pas une œuvre pondue par dessus la jambe (qu'il aurait eu bien du mal à lever, de toute façon !), mais une vraie recherche, même s'il se moque parfois de lui même dans ses vers !

On retrouve donc l'histoire bien connue de l'Enéide dans cette farce, mais on n'en voit pas le bout, puisque l'auteur n'a pas terminé la parodie de Virgile !

Ce n'est pas bien grave, le plaisir est bel et bien là, dans une façon tout à fait nouvelle de (re)découvrir cette œuvre, et qui donne aussi envie de lire son Typhon !

Merci Babélio !
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Le roman comique

Ce qui m'a mis sur la piste de ce livre est la lecture du ''Capitaine Fracasse'' de Théophile Gautier, roman que j'estime particulièrement. Dans les préface et notes, on disait que celui-ci voulait son roman dans l'esprit du ''Roman comique'' de Scarron. En effet, la parenté est manifeste, les deux mettent en scène des troupes de théâtre au XVIIe siècle et sont assaisonnés d'épisodes désopilants, mais c'est à peu près tout. Sans égaler la finesse, l'esthétisme de la langue et l'histoire plus aboutie de ce descendant, ''Le roman comique'' est néanmoins plaisant à lire. Plus burlesque en général, il mérite et justifie la revendication de son titre, spécialement avec l'apport de Ragotin, petit homme prétentieux et ridicule qui subi maints déboires. Tout n'est cependant pas rires gras et situations loufoques. Les personnages se racontant leur passé et autres histoires (celles-ci sont des adaptions de nouvelles espagnoles de l'époque inédites en français) varient les émotions.
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L'héritier ridicule, ou La dame intéressée



Sur quels critères choisir un époux ? Pour la belle Hélène, la chose est entendue, qu’il soit beau, spirituel, certes, mais cela ne sert à rien s’il n’est riche. Car la dame entend vivre à la Cour et « aime fort la dépense ». Don Diègue, qui n’a pas de biens mais seulement des espérances, la courtise depuis deux ans sans être repoussé mais sans être non plus nettement agréé.

Léonor de son côté ne peut oublier un inconnu qui l’a sauvée d’un incendie. Cet inconnu se révèle être Don Diègue. Mais elle est aussi poursuivie par Don Juan qui ne lui plait absolument pas.

Les deux dames se rencontrent, se font quelques confidences, et Léonor s’empresse d’aller révéler à Don Diègue qu’il n’est pas aimé pour lui-même. L’oncle d’Amérique ayant sur cet entrefaites consenti à mourir, le jeune homme décide de mettre à l’épreuve son amante en lui présentant son valet comme son cousin seul héritier du dit oncle.

Vous devinez la suite.



Inspirée d’une pièce espagnole, elle eut beaucoup de succès lors de sa création en 1650 à la Cour, mais aussi à la ville pendant la seconde moitié du XVIIème siècle, puis elle disparut des programmations.

Je l’ai trouvée amusante et bien construite. J’ai été étonnée par des dialogues manquant parfois de délicatesse en particulier pour parler à une dame. Il est vrai que pour que la mystification soit complète le valet doit être à la fois très riche et très grossier, mais tout de même. Voici quelques-unes des déclarations du faux Don Pedro de Buffalos pour faire sa cours :

« Adieu beaux yeux brillants, dont les miens sont vaincus,

Ne vous ennuyez point, belle en charmes fertile,

Que nous aurons d'enfants si vous n'êtes stérile !

En cas, cela s'entend, que je sois votre époux. »



« Nous autres Buffalos, savons tous un coup sûr

Pour faire des enfants, et la générative

Dedans nous, fait la nique à la végétative :

Étant génératif plus que végétatif,

Il ne tiendra qu'à vous qu'un noeud copulatif,

En langage moins fin que l'on nomme hyménée,

Ne nous soigne tous deux, et dès cette journée. »



« Mon Dieu que vous riez de mauvaise façon !

Hi, hi, hi, hi, hi, hi ; vous riez en guenuche »



Guenuche : Petite guenon. Fig. Femme petite et laide. (Dict. Littré)



A noter que la suivante d'Hélène, la fine Paquette ne se laisse pas abuser par le faux cavalier qu'elle reconnaît pour appartenir au même monde qu'elle.



Une pièce plaisante pour qui souhaite avoir un panorama du théâtre du XVIIème.



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Le prince corsaire

Une curiosité de la littérature française, qui rappelle un peu le Cid de Corneille.

Une princesse doit se marier on nous parle du mariage politique.... et celui qu'elle aime a été tué, un courageux prince mort au combat...

Alors Scarron, le premier époux de Mme de Maintenon, nous parle en vers de la douleur des Princes dont les peuples sont souvent leurs propres ennemies, de ce que la mort d'un roi entraine d'instabilité, et du mariage politique non voulu !

Elise doit -elle épouser un autre homme pour des raisons politiques alors que le meurtrier de l'homme qu'elle aime arrive avec sa flotte sur Chypre ! Scarron, handicapé, nous parle de la raison politique qui broie un être humain qui, né dans une certaine posture n'a pas le droit de s'y dérober.... On aurait pas cru trouvé un tel sujet chez un auteur, libertin dans la vie, et qui utilise la souffrance de son corps pour écrire ces livres... et si dans d'autres écrits il parle de douleurs physiques, ici, c'est la douleur d'un devoir trop pesant qu''il nous présente avec une incroyable clarté... des mots clairs malgré la versification.... Une petite pièce sérieuse, un théâtre qui n'a aujourd'hui plus les faveurs du publique, mais qui pourtant nous semble si intéressant ! Une courte pièce de 57 pages... Pour les curieux qui veulent redécouvrir un écrivain méconnu et pourtant mari d'une femme qui n'a pas été oubliée en France, même si on ne s'en souvent pas toujours pour les bonnes raisons Mme de Maintenon !
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Le roman comique

J'étais un peu réticent à ouvrir ce petit livre, me doutant que la notion de comique au dix-septième siècle devait être bien différente de la nôtre.

J'étais même tout à fait prêt à classer arbitrairement ce classique dans la catégorie des "trucs pénibles".... (pour rester poli !)

En réalité ces textes sont bien destinés à faire rire, et ils préfigurent dans une certaine mesure la forme future du roman.

L'oeuvre est constituée de deux parties :



- 1 - L'histoire d'une troupe de comédiens qui arrive au Mans et qui va vivre de nombreuses tribulations.

Il faut savoir, que Scarron à vécu lorsqu'il était jeune au Mans, portant la robe d'abbé sans avoir jamais été ordonné. Et cela ne l'empêchait pas d'avoir une vie fort dissolue, fréquentant de nombreuses troupes. Il y a trouvé ses sources pour ce roman.



- 2 - Quelques nouvelles sans grand rapport avec ce qui précède, et qui d'ailleurs n'avaient pas été publiées la même année que le premier récit.



Moi qui n'avais jamais trop entendu parler de ce bouquin, je l'ai découvert avec plaisir.... et je me suis plutôt amusé !

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Le roman comique

Voilà un roman qui détonne !

À la croisée des chemins entre Le Capitaine Fracasse de Gautier, les romans de Rabelais et le roman picaresque.

Ce chef-d'oeuvre est singulier et sa lecture a été pour moi un vrai bonheur.

Quelques récits sont imbriqués à l'intérieur du roman et désorientent le lecteur. L'auteur, par l'intermédiaire du (et des) narrateur(s) joue avec nous et se joue de nous et je me suis laissée prendre au jeu.

Scarron se moque des héros tout droit sortis des "romans idéaux", les piétine et nous propose des personnages nettement plus atypiques et comiques (parfois malgré eux), une troupe de théâtre.

L'auteur y déploie un réalisme qui n'en reste pas moins fantaisiste!

Sans plus attendre, lancez-vous dans cette lecture singulière, déroutante et exaltante !
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Le Jodelet, ou Le maistre valet

Surtout connu comme l’auteur du Roman comique, Scarron a été de son temps, un auteur de théâtre très apprécié. Plusieurs de ses comédies ont été écrites pour l’acteur comique le plus célèbre de son époque, Jodelet, et leurs titres comportent son nom. Les situations comiques reposent souvent sur une situation dans laquelle, Jodelet, qui est un valet, passe pour quelqu’un d’autre, un grand seigneur, voire un prince. Il y une inadéquation, un décalage, entre le rôle social attribué au personnage et son comportement.



Scarron a imité dans ses pièces des auteurs espagnols, en modifiant, francisant, un peu les situations, et aussi en réduisant ses sujets d’origine, puisque les comédies espagnoles se passaient souvent en trois journées. Or il fallait résumer cela en une pièce en cinq actes.



Les dates de création de ses pièces ne sont pas connues avec précision. Jodelet ou le maître valet est considérée comme la première, sans doute jouée pour la première fois en 1643. Elle a eu un immense succès, elle a été souvent reprise, et imitée. Scarron s’est inspiré de Rojas Zorrilla, un des auteurs espagnols parmi les plus connus à l’époque.



Don Juan un beau jeune homme noble vient à Madrid pour épouser une jeune fille dont il est devenu amoureux fou après avoir vu son portrait. Il enrage, parce que son valet, Jodelet, a par erreur envoyé son propre portrait à la jeune fille au lieu de celui de son maître. Arrivé de nuit, Dom Juan voit sortir par la fenêtre d’Isabelle, sa fiancée, un homme. Jaloux, il imagine de faire passer Jodelet pour lui-même pour observer Isabelle, et voir s’il va vraiment l’épouser. En même temps, il voudrait retrouver l’homme qui a tué son frère et séduit sa sœur.



Jodelet se cure les dents, se goinfre, se soûle et ronfle, et se montre couard en face de l’homme qui veut séduire sa promise. Il est sans doute difficile pour nous d’imaginer pourquoi cela faisait rire autant à l’époque, car la drôlerie devait venir en grande partie du jeu de l’acteur. Sans doute, comme par exemple pour Louis de Funès, dont les mimiques, les grimaces, les courses éperdues et les gestes frénétiques étaient plus importants que les dialogues et les scénarios (enfin dans beaucoup de ses films), Jodelet devait avoir un répertoire burlesque qui faisait son succès.



A noter, que Molière va engager en fin de carrière Jodelet dans sa troupe. Un Jodelet vieilli et qui n’a sans doute plus autant de ressources, et dont les pièces sont trop connues du public pour encore provoquer des triomphes. Mais Molière va utiliser brillamment la vieille gloire comique, en lui écrivant « Les précieuses ridicules » où il jouera encore une fois un valet déguisé en maître. Simplement, l’Espagne sera bien loin, c’est dans les salons parisiens (ou plus exactement ruelles, puisque le mot salon n’existe pas encore en français) que Molière va placer son action, produisant une brillante satire des mœurs de son temps.
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Le roman comique

C'est merveilleux, le roman comique. D'abord, c'est écrit avec une verve incroyable, et puis Scarron n'a aucune pitié envers ses personnages, leur fait subir mille maux pour notre plus grand plaisir. Et puis, c'est coloré, c'est riche, vraiment. Un grand classique qui provoque l'hilarité, aujourd'hui plus qu'en 1620 peut-être...
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Dom Japhet d'Arménie

Créée dans doute en 1651 ou en 1652 à l’Hôtel de Bourgogne, cette pièce a eu un succès triomphal, elle a été souvent reprise, y compris par la troupe de Molière, elle a été souvent jouée à la Cour, et a a eu de très nombreuses éditions.



La source en est Le Marquis de Cigarral d’Alonso Castillo Solorzano, même si Scarron y apporte pas mal de modifications, en plus de l’inévitable réduction.



Le personnage principal, dont la pièce porte le nom, est un ancien fou de Charles Quint, à qui ses fonctions auprès du roi, ont valu une réputation et surtout une fortune. Un jeune homme amoureux d’une jeune fille qu’il pense être une paysanne veut rentrer à son service pour s’amuser et pour se rapprocher de sa belle. Après quelques scènes burlesques, la jeune fille s’avère être une noble demoiselle. Dom Japhet se met sur les rangs pour l’épouser et accompagné de son valet concurrent, va chez l’oncle de Léonore, qui décide de se divertir en faisant semblant de prendre cette demande au sérieux, et en ordonnant à sa nièce de jouer le jeu. Mais par ailleurs il avance son mariage avec Dom Alphonse, le jeune noble faisant semblant d’être au service de Dom Japhet.



L’action de la pièce est moins cohérente que Jodelet ou le maître valet, l’histoire d’amour entre Léonore et Dom Alphonse est artificiellement rattachée au personnage burlesque du fou Dom Japhet, qui sans doute est l’intérêt principal de la comédie, mais comme il fallait absolument un mariage, cette histoire de deux jeunes gens vient là opportunément pour qu’il en ait un. Le personnage de Dom Japhet est intéressant, parce qu’il est fou dans les deux sens du mot. Il a été fou du roi, mais il a été choisi pour cette fonction, parce qu’il est fou au sens de déraisonnable, il se croit autre chose que ce qu’il est en réalité, il est visionnaire, il croit aux mensonges qu’il raconte. Derrière le burlesque, source du comique, il y a quelque chose de l’ordre d’un panache, quelque chose qui rappelle Don Quichotte et son imagination.



Dommage que la construction de la pièce soit si boiteuse, parce que ce personnage de fou visionnaire était une belle idée.
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Le roman comique

Tout est dans le titre : "Le Roman comique". Scarron va donc nous raconter des histoires pour nous faire rire. Des histoires avec des personnages truculents, dans des scènes cocasses et incongrues, où le burlesque est roi. Tout commence autour d’une petite troupe de comédiens parcourant la province du Maine pour finir … ? Pour ne pas (ne plus) finir peut-être… Peu importe les intrigues, ce qui compte est l’instant de la narration. Scarron a certainement inspiré Diderot pour "Jacques le Fataliste". L’œuvre se construit par emboîtements de récits, tirés, pour certains, de nouvelles espagnoles. On est donc parfois dans le conte, on passe de la région du Mans à l’Andalousie, puis on revient dans le Maine pour partir ensuite en Italie. La richesse de cette œuvre tient beaucoup au style incroyable de l’auteur qui, comme Rabelais, use de toutes les saveurs de la langue du dix-septième siècle. Les bronchades et les croupades des chevaux barbe, les ruses des coquins et des bandouliers, les fourberies des tire-laine et les débauches des tripotières, forment un monde succulent, drôle et magique.
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Le roman comique

Mais quel est cet OVNI ? me suis-je demandée en lisant ce livre prétendument classique. C’est alors que ma perception du roman dit « classique » fut complètement secouée. Je les rangeais dans la catégorie des bouquins souvent chiants, où il ne se passait pas grand-chose et où les auteurs mettaient dix pages à décrire une scène. Pour moi, ils n’avaient pas le sens de l’humour. Et pourtant il me semble que, en particulier sur ce dernier point, je me sois complètement fourvoyée ! Scarron, pas le sens de l’humour ? Quelle blague… Quand j’ai commencé à lire, les premières lignes d’incipit me paraissaient incompréhensibles et inutilement descriptives – ce qui me confirmait dans mes préjugés.

Et puis, l’histoire s’est mise en place.



Déjà, de quoi ça parle ? D’une troupe de comédiens qui, après quelques mésaventures à Tours trouvent refuge au Mans. Mais ils ne savent pas que moult péripéties les attendent dans cette ville… Les (nombreux) personnages principaux sont donc tous les comédiens de la troupe. Nous les connaissons sous leurs noms de scène, à l’exception de deux d’entre eux, dont l’identité est dévoilée. Parmi ces personnages, un seul ressort vraiment : le Destin (dont le vrai nom est Garrigues), jeune homme décrit comme étant « aussi pauvre d’aspect que riche de mine ». Comprendre : vêtu comme un clochard, mais beau gosse. Il garde tous les atouts du héros romanesque (beauté, courage, force, intelligence) et cela fait de lui un cliché. Scarron, qui n’adhérait pas du tout au genre romanesque, se moquait-il ? Je ne sais pas, et ce n’est pas le seul personnage de ce type : Mademoiselle de l’Étoile (de son vrai nom, Mademoiselle de La Boissière) est la figure même de la féminité, c’est-à-dire de la beauté, de la grâce, de la douceur, de la sensibilité. D’ailleurs, ces deux-là sont amoureux l’un de l’autre. Évidemment.

Les autres personnages sont carrément opposés au romanesque. La Rancune est un vieil homme aigri dont le seul plaisir est de nuire à son prochain ; Ragotin, un ridicule petit personnage souvent victime de la Rancune, est lui aussi amoureux de l’Étoile, mais il est l’antithèse du Destin (ces prénoms permettent décidemment de drôles de phrases…). Étant le contraire même de la notion de héros, c’est le rigolo dont tout le monde se moque, même les comédiens – donc le comédien des comédiens. Il est LE personnage burlesque de l’œuvre. Chacun de ses gestes, chacune de ses paroles le fait paraître plus stupide, maladroit et ridiculeusement imbu de lui-même.

Le reste de la troupe se compose de Mademoiselle de la Caverne, premier personnage décrit par Scarron (et comparée à une poule perchée sur son poulailler…), sa fille Angélique, grande amie de l’Étoile. Toutes deux se ressemblent (ce sont des jeunes filles, elles sont amoureuses, elles ont beaucoup d’admirateurs…), avec un petit avantage pour l’Étoile, qui est plus féminine, car le caractère d’Angélique est plus prononcé. Enfin, l’Olive est le dernier membre de l’équipe, et c’est deuxième tortionnaire de Ragotin – quand la Rancune a besoin d’aide. Il n’apparaît pas très souvent.



Scarron se fait plaisir, ça se sent. Il envoie brinqueballer ses personnages à droite et à gauche, les met dans des situations affreuses, mais drôles, et se moque ouvertement de son vilain petit canard, Ragotin. J’avoue que ça m’a surprise. Normalement, un auteur aime ses personnages, ce sont ses enfants, ses bébés. Pas ici. Les bagarres s’enchainent joyeusement, les rencontres plus ou moins heureuses se multiplient, les péripéties tournent souvent au ridicule... En règle générale, quand il y a un épisode épique ou romanesque – une sérénade (notamment celle de Ragotin pour l’Étoile), une rencontre avec des brigands, l’enlèvement d’Angélique – cela finit toujours de façon burlesque. La scène est ridiculisée, les personnages se retrouvent comme des cons et nous nous moquons ouvertement de leur bêtise. Pour Scarron, c’est peut-être aussi une manière de ridiculiser le genre romanesque, le style le plus répandu à son époque.

Précisons aussi que le titre de l’œuvre, Le Roman comique, fait référence à la comédie et donc aux comédiens, héros de l’histoire. Et non pas au rire ou à l’humour. C’est d’ailleurs très étonnant (et surtout très humain) que Scarron ait choisi des personnes de cette condition pour être les héros de son livre. Au 17e, les comédiennes étaient considérées comme ne valant pas mieux que des prostituées, et les comédiens étaient presque des sous-hommes – alors même qu’une très grande partie du peuple venait se divertir à leurs spectacles et les applaudir… On peut voir une tentative de faire valoir l’honneur de cette profession, car les comédiennes (l’Étoile, la Caverne et Angélique) ne se laissent pas séduire par les hommes qui cherchent leur faveur et se voient obligées de repousser – parfois brutalement – des prétendants encombrants. Ce ne sont donc pas des filles faciles, loin de là.

Donc, Le Roman comique s’oppose au romanesque. Pourtant, dans la narration sont insérées quatre nouvelles espagnoles purement épiques et romanesques. Le plus souvent racontées par un personnage secondaire, elles sont contenues dans un seul chapitre et n’ont aucun lien avec l’histoire. Et pourtant, elles font souvent écho à une aventure des comédiens, comme par exemple l’histoire de la jeunesse du Destin et sa rencontre avec l’Étoile.



Beaucoup de mystères ne sont jamais dévoilés, car Scarron est mort avant d’avoir pu terminer son œuvre. On ne sait pas ce que devient le petit frère de la Caverne, par exemple. Si Scarron avait vécu plus longtemps, peut-être qu’on aurait pu lire la troisième partie des aventures de la troupe… De nombreux auteurs ont voulu écrire cette fin, mais je ne sais pas si c’est à la hauteur de l’œuvre de Scarron, ne les ayant jamais lus. Honnêtement, je ne pense pas.

Il faut dire aussi que l’histoire est très complexe. Elle n’a peut-être pas autant de mises en abîme que La Mouche du Chevalier de Mouhy, mais les événements sont tellement multiples qu’on a du mal à tout retenir. Il y a au moins un rebondissement par chapitre, et il y a BEAUCOUP de chapitres…



Je ne conseille pas ce livre aux lecteurs qui n’ont pas l’habitude des livres un peu difficiles où il faut s’accrocher pour arriver à la fin. Personnellement, j’ai trouvé que l’auteur s’attardait trop sur certains détails par forcément intéressants, et trop peu sur d’autres que je trouvais plus croustillants. Cela a pas mal alourdit ma lecture, et je trouve ça dommage. Mais peut-être que si je relis ce livre dans quelques années je saurais l’apprécier à sa juste valeur…
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Le roman comique

je redoutais un peu de me lancer dans ce roman car il avait l'air assez... lourd à lire ! Disons que j'ai eu à moitié raison de redouter, mais que ce fut malgré tout une bonne lecture !



Jean-Paul Scarron, initiateur (et principal écrivain) du burlesque nous donne ici à lire une troupe de comédiens s'arrêtant au Mans. A partir de là, le récit prend plusieurs routes possibles, grâce par exemple aux récits espagnols. J'ai beaucoup aimé ces petites histoires espagnoles, de par d'abord leur origine : l'Espagne est un pays que j'adore, tout comme la langue, et j'ai très peu l'occasion de lire des histoires espagnoles. Elles sont très intéressantes et divertissantes, apportant également un peu d'humour et une morale.



Il y a également le récit du passé du Destin et de Mademoiselle de l'Etoile, deux comédiens de la troupe, étalé sur plusieurs chapitres. En parallèle se poursuite l'histoire de la troupe : bagarres, représentation ratée, enlèvement... Il y a de tout ! Je ne me suis pas vraimen ennuyée car les récits ont de quoi capter l'attention du lecteur, mais cela reste extrêmement long à lire, bien que mon édition ne fasse que 400 pages. Avec ces 400 pages, je mets le double du temps par rapport aux romans habituels donc à la longue...



Un autre regret : que Scarron n'ait pas eu le temps d'écrire la troisième partie. Il est mort en laissant inachevé son roman. Du coup, plusieurs auteurs se sont proposés à écrire cette fin, fins que je n'ai pas lues car pour moi la plus authentique reste toujours celle de l'auteur...



Scarron nous donne ici une écriture pleine d'auto-dérision et de parodie de certains personnages comme Ragotin ! Ce qui se voit par exemple dans le sous-titre des chapitres : "qui ne contient pas grand chose" et m'ont bien fait rire. Scarron propose un roman radicalement différent de ce que ses contemporains avaient l'habitude de lire (soit poésie et romans pastoraux et précieux), c'est un roman très moderne.



Une lecture très intéressante par tous ses rebondissements drôles et ses histoires espagnoles, mais vraiment longue...
Lien : http://livresdecoeur.blogspo..
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Le roman comique

L'oeuvre, laissée inachevée, trouve peu d'échos aujourd'hui dans sa dimension comique. Celle-ci ne tient presque que sur le personnage grotesque de Ragotin, dont les mésaventures, fortuites ou préméditées par un La Rancune sournois, faisaient sans doute rire aux larmes les contemporains de Scarron. Elles ne tirent, au mieux, qu'un sourire au lecteur actuel, plus sensible aux indices du fonctionnement de la société de l'époque ou à la richesse de l'expression qu'au divertissement posé comme projet.

La structure est organisée autour d'une histoire principale, dont les péripéties, occasionnées par référence à un passé antérieur à l'action, justifient les digressions par l'évocation de l'histoire des personnages principaux. Les digressions comptent aussi des histoires sans rapport avec les personnages, qui ne sont que suggérées par l'un des aspects de l'action, ou tout simplement réclamées par les personnages à l'un d'entre eux pour leur propre divertissement et, accessoirement, le nôtre. On ne lit donc pas une seule histoire mais une petite dizaine d'histoires enchevêtrées, s'interrompant et s'imbriquant les unes dans les autres, de volumes divers, prétextées par une action principale somme toute assez statique. Un effort de concentration un peu plus poussé que d'habitude est donc demandé au lecteur.

C'est la deuxième fois que je lis Scarron à assez peu de temps d'intervalle, cette fois en prose, et je reste très sensible à la qualité du niveau de langage, même dans le rapport d'une histoire assez triviale, voire grossière par endroits. Les actions et caractères très nobles cohabitent sans dissonance avec la farce un peu lourde, de sorte que l'intérêt de l'oeuvre réside moins pour moi dans le fond que dans la forme.
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Le roman comique

Le titre annonce déjà une dualité dans le genre même de l'œuvre : il s'agit d'un « roman », qui se caractérise alors par la noblesse de ses personnages et de son style d'écriture. Cependant, il se trouve qualifié ici par l'adjectif « comique » qui relève de la comédie, du burlesque. L'auteur se positionne d'emblée à contre-courant de l'esthétique romanesque de son époque (préciosité, classicisme) car il fait le choix de peindre une réalité médiocre, celle des pauvres acteurs ambulants, des aubergistes malicieux, des voleurs de grand chemin.

Les tonalités du roman sont donc discordantes, oscillant entre légèreté dans la narration des récits rocambolesques dans un milieu populaire, et sublime, avec des histoires enchâssées de personnages nobles et héroïques. Ce ne sont là que parodie des « grands romans » chevaleresques racontées sur un ton sérieux.

Ce qui permet de surcroît à Scarron d'être aussi moderne et irrespectueux des codes littéraires, c'est bien le recours à la comédie divertissante qui envahit tout son roman. Il nous offre un précieux aperçu du théâtre de province, où la farce violente et grossière continue à séduire. Mais cette farce, qui est là pour faire rire, ne provient pas des représentations dramatiques de nos comédiens, mais bien de leurs mésaventures. A noter que la troupe joue des pièces importantes du répertoire classique, comme La Mariane de Tristan L'Hermite, Le Cid ou Nicomède de Corneille. C'est là une volonté de l'auteur de réhabiliter les pauvres acteurs itinérants, dans la continuité de l'ordonnance de Louis XIII relevant les comédiens de leur déchéance. Et surtout, nous avons l'occasion précieuse d'imaginer les débuts de Molière en province.

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Le roman comique

Le pauvre Scarron , tout souffreteux et contrefait au point de vivre replié en forme de Z sur une chaise , était néanmoins l'un des esprits les plus brillants de sa génération . Il nous a laissé ce livre , "Le roman comique" , dont s'inspira plus tard Théophile Gauthier pour son "Capitaine Fracasse" ainsi que quelques autres auteurs célèbres ...

Nous sommes en 1650 , dans la région du Mans . Une petite troupe de comédiens de province se produit un peu partout et se réfugie dans des auberges et des hostelleries de fortune . Scarron nous narre avec humour et malice leurs aventures et mésaventures en prenant un malin plaisir à compliquer les situations , créant des quiproquos , entremèlant les amours , les rencontres , les enlèvements simples ou doubles . Une quantité de situations toujours galantes ( on est à mille lieues de la crudité érotique de notre époque ) teintées de marivaudage avant l'heure .

Pourquoi relire ce classique du Grand Siècle ?

Pour en revenir aux racines du roman qui consiste avant tout à raconter à son lecteur une histoire et non pas à se regarder le nombril sur 300 pages ! Avec Scarron nous sommes servis ! Le bougre regorge d'imagination , c'est un véritable feu d'artifice d'esprit et de créativité ...

Ensuite pour le plaisir de plonger dans la mentalité à la fois raffinée , hautement intellectuelle et souvent bornée , vulgaire ou jouisseuse de l'époque .

Enfin pour s'apercevoir combien notre belle langue , riche , un peu lourde , voire "empesée" alors , a évolué en prenant force , légèreté et suggestibilité chez les auteurs qui savent écrire , bien sûr , à notre époque . Preuve que la langue est un organisme vivant en pleine évolution et rassurer les grincheux qui la croient mourante ou dégénérée .

Finalement pas si difficile à lire , ce livre est accompagné de notes qui permettent de replacer les "incidents" dans leur contexte historique ainsi qu'un très précieux glossaire qui aide à la compréhension de mots disparus ou dont le sens a évolué .

Livre très intéressant à ces points de vue .
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Le roman comique

Lu un peu par obligation. Je n'ai pas apprécié cette lecture même si ce roman est un classique et en ce titre possède des qualités. Récit des aventures d'une troupe de comédiens français. Du comique, de la bouffonnerie. D'autres récits imbriqués dans le récit de ces comédiens et les interventions du narrateur. Des personnages et des histoires innombrables à s'y perdre.
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Les hypocrites

Le style de Scarron est vif, incisif, d'une ironie mordante, et le récit des aventures de nos trois larrons est mené tambour battant. "Les hypocrites" n'ont aujourd'hui rien perdu de leur irrésistible drôlerie. Un régal!
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Le Virgile travesti

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une Masse critique, et c'est une belle découverte.

On entend peu parler, à l'école ou dans le monde des lettres, du "mouvement" burlesque, certes éphémère, qui s'est développé au XVIIe siècle. Il s'agit, entre autres, de brocarder les grands événements et les grandes figures de l'Histoire, en remplaçant le lyrisme qui leur est habituellement associé par un ridicule désacralisateur. le but, toutefois, n'est pas de renverser ces belles références nécessaires à inspirer le genre humain, mais de les ramener à hauteur d'homme par le truchement du rire. Ici, Scarron s'attaque à l'une des plus significatives d'entre elles : l'Enéide de Virgile. Respectant la structure de l'oeuvre, il développe plaisamment les épisodes qui mènent le Troyen Enée de la fuite de Troie envahie à l'installation mouvementée sur les rivages de la future Rome. Inachevée, cette parodie en octosyllabes, répartie sur sept livres, n'en est pas moins de six fois plus longue que son modèle, en raison de nombreuses digressions, de métaphores filées et de mises en abyme avec d'autres épisodes mythologiques.

Le rire de Scarron n'est pas de la nature la plus spirituelle. On observe une évolution entre un début qui repose essentiellement sur l'anachronisme, et une fin qui se complait dans la plaisanterie grivoise. On sent une appétence particulière de l'auteur pour les descriptions de joyeuses ripailles et de disputes où volent les noms d'oiseaux.

Si l'effet de cette oeuvre ancrée dans son époque trouve difficilement un écho auprès d'un lectorat contemporain à l'humour bien différent et à la connaissance mythologique moins poussée, l'on est forcé d'admirer le remarquable travail de l'édition (Classiques Garnier 2021) qui a su rendre aussi accessible que possible un texte assez peu évident dans sa version initiale. En effet, un compromis, dont l'introduction permet de mesurer l'ampleur, a su être trouvé entre la compréhension (graphie contemporaine, rappels historiques, notes) et la fidélité au texte de l'auteur. Par ailleurs, cette lecture est l'occasion de découvrir l'étymologie de nombreux mots couramment employés dans un sens réducteur, ainsi que des expressions françaises qui mériteraient de sortir de leur désuétude.

Merci à Babelio pour cette sélection originale et très enrichissante !
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