Le nombre des âmes humaines est limité, car la création est limitée. Les voix diverses des plus vieilles traditions affirment ceci, et c’est un fait exact. Chaque naissance demande une mort, ou plutôt deux morts : l’une sur quelque planète, 1 autre sur cette terre, par la même raison que chaque mort se résout en une double naissance : une terrestre et une extra-terrestre. Ainsi, toute souffrance n’est que le moyen d une joie, belle en proportion ; tout déchirement prépare l’éclat d une fleur et la suavité d’un fruit précieux.
Si l’on distingue dans le composé humain, le corps physico-chimique, l’aura électrique, le corps fluidique, le corps passionnel, le corps mental, le moi terrestre avec son organe double, l’individualité et la volonté, les corps inconscients, l’esprit immortel, centre des différents « moi » possibles, et enfin l’âme éternelle, il est logique de penser que, bien qu’ils s’interpénètrent et que toute modification survenue chez l’un d’eux, est ressentie par tous les autres, il doit y avoir une thérapeutique particulière à chacun de ces principes.
Un spiritualiste est, par étymologie, celui qui croit à l'existence, à la primauté, à la permanence de l'Esprit; c'est un homme qui sait cet agent partout actuel, en tout actif, principe et fin de tout ; c'est un coeur assez sensible pour en percevoir les effets mondiaux; c'est une intelligence assez vaste pour en connaître les modes les plus contraires ; c'est, par dessus tout, une volonté assez royale pour faire obéir les instincts de la chair, les tendances du moi, les paresses de la pensée, à ce qu'elle a reconnaître, dans les voix que sa conscience entend, comme l'appel très sage de cet Esprit.
C’est l’Ange solaire, la divine étincelle, qui profite d’un moment où notre corps élémentaire est plus écœuré que de coutume par la grossièreté des contingences, et par un puissant appel, donne cette sensation de vacuité, cette faim faite de dégoût et de douleurs qui est la première sensation de l’âme tournée vers la Droite. Mais l’aliment ne vient pas à l’attente de la faim ; l’esprit reste muet et le cœur sans force; et dans cette prostration, le nuage des corporéités s’élève et obscurcit l’âme de ses ténèbres ; c’est alors qu’il faut appeler la volonté martiale et la faire agir en soi et hors de soi. En soi, pour faciliter l’accès de notre âme à la divine Épouse, hors de soi pour briser nos attaches au monde matériel : famille, amis, position. Ici surgit cependant un écueil que peu ont évité peut-être parce qu’il est évident.
Le plus beau des fruits qui mûrissent sur l'arbre de la foi, ce n'est pas le don des miracles, c'est la patience. La patience, force merveilleuse et mystérieuse par laquelle, le Christ nous l'affirme, nous parvenons à posséder nos âmes. Posséder son âme, c'est que tout ce qui compose cet ensemble très complexe que nous sommes devienne vraiment notre propriété, qu'on soit le maître de soi-même, qu'on se connaisse parfaitement, triple initiation au baptême de l'Esprit.
Or, quelles sont les fins des associations mystiques, ou société secrète ?
Ce sont :
1 - Participer à la marche de la création en limitant, matérialisant, ou incarnant, si l'on ose dire, la réalité absolue par l'exercice des sentiments et des actes surnaturels.
2- Participer en particulier sur la terre à cette marche de la création, en dirigeant les destinées de notre planète, tant religieuses et politiques qu'économiques et intellectuelles.
Dans le songe et le ravissement, la conscience du physique s’obnubile, à cause de la faiblesse de l’agent spirituel dans le premier cas, à cause de son excès de force, dans le second. Quant à l’enthousiasme, il constitue la stase d’équilibre mystique, où l’individu conserve une pleine conscience de veille qui s’exerce simultanément avec la collaboration constante et saine du dieu qu’il a su évoquer.
L'Initiation, bonne ou mauvaise, en est toujours réelle et non pas symbolique ou simplement orale. Tels sont, dans notre Occident, les centres d'illuminisme, christique ou anti-christiques, et les fraternités orientales qui ne font pas exclusivement de la politique. La suite de cette étude montrera, dans les Rose-Croix, les défenseurs dévouée du Christ et les chefs de son Eglite intérieure.
Ne vous effarouchez pas de cette phraséologie d'illuminé ; si dans la matière, les forces s'entre-dévorent ; si dans l'animique, les passions s’incendient mutuellement; si dans l'intellectuel, les idées se choquent, dans l'Esprit tout s'ordonne, tout se concilie, tout s'harmonise.
Le langage y est surhumain, les émotions angéliques, et les pensées universelles. Ne prenez donc pas les mots dont on use ici dans le sens que l'usage des sectes et des écoles leur a conféré ; voyez-les comme des signes tout neufs ; comprenez-les comme on les comprit aux anciens siècles, quand ces très vieilles idées vinrent pour la première fois sur terre.
Toutefois, gardez-vous d'ériger en idoles les analyses, les classifications, les règlements ; ne prenez pas les moyens pour les buts. Scolastiques, ésotérismes, expériences de psycho-physiologie, ce sont des instruments de travail et non le travail lui même. Comme le répète volontiers l'un d'entre nous, ce n'est pas en lisant des manuels de gymnastique qu'on devient un athlète, c'est en faisant travailler ses muscles. La seule lecture de Directoires d'ascétisme ne vous élèvera pas à la sainteté.