et même la violence du monde
me surprend et m'ébranle encore
chaque jour
et puis elle
si forte habituellement
si vulnérable ce soir
elle me rappelle à quel point
on cache tant
à l'intérieur de nous
qu'on oublie
comme les masques
prennent toute la place
dans nos vies
et dans la mienne, aussi
tu sais que tu deviens adulte
le jour où tu commences à oser
penser par toi-même
hausser la voix
et exprimer tes idées
ta colère
ta rébellion
et tes envies de
changer le monde
et que l'on ne t'en blâme plus
ou bien peut-être le jour
où tu décides enfin
de t'en moquer
tu as le droit
de craquer
de pleurer
de hurler
tu as le droit
de te sentir dépassé
désarmé
asphyxié
ne laisse personne
te faire croire
que tu n'as pas le droit
d'avoir mal
nos souffrances
sont incomparables
mais nos douleurs
sont légitimes
avec le temps
mes je ne peux pas
se sont confondus
avec mes
je ne veux pas
si bien qu'aujourd’hui
je ne sais plus qui de
mon anxiété
ou ma volonté
m'empêche d'avancer
j'ai longtemps marché
avant de trouver mon sentier.
j'ai aimé chacun des arbres
qui bordaient ma route
les remerciant de m'avoir toujours aidée
à ne pas trop m'en éloigner,
mais les embûches se sont succédé
brûlant mes membres
harassant mon cœur
et j'ai dû bifurquer,
regarder le chemin emprunté
s'effondrer sous mes pieds.
j'ai voulu poursuivre
guidée par la végétation, encore
mais les fleurs fanaient une à une
ou se déracinaient
privées d'eau et de douceur.
j'ai vu mon sentier s'écrouler sous mes yeux
et j'aurais pu m'acharner
à tenter d'outrepasser le gouffre
la foudre et l'aridité.
j'aurais pu, oui
au péril de ma vie
mais j'ai refusé
j'ai toujours
été
différente
mais c'est
peut-être ça
qui est beau
et me rend
moi
je ne sais même pas être
une bonne personne
avec moi-même,
comment pourrais-je bien
réussir à l'être
pour les autres?
je me noie dans mes larmes
je m’étouffe dans mon chagrin
je n’ai même plus de mots
plus rien ne vient
j’ai juste mal
pardon pour tout cela
tu as le droit
de craquer
de pleurer
de hurler
tu as le droit
de te sentir dépassé
désarme
asphyxié
ne laisse personne
te faire croire
que tu n’as pas le droit
d’avoir mal
nos souffrances
sont incomparables
mais nos douleurs
sont légitimes