AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Pauline de Préval (33)


Vois l'angoisse avec laquelle ses néophytes se lèvent pour calmer la brûlure de leur remord dans les eaux lustrales du baptême et la beauté vigoureuse de celui qui vient de le recevoir. Vois l'héroïsme avec lequel ses figures s'avancent dans le monde régi par les lois de la perspective qui sont celles du monde déchu et l'ardeur avec laquelle elles cherchent l'apaisement dans les nombres. Il y a dans tout ce qu'il peint une tension qui trouve toujours son point de l'équilibre, mais à quel prix ?
Commenter  J’apprécie          2618
Le paradis est partout, Pietro, lui dis-je et pas seulement dans ton vin. Regarde . Il est là, en toi, devant moi.

- Pauvre paradis, alors je le plains.

- Il est dans ce bol de lait dont la blancheur contient toute la douceur de la terre, dans cette tranche de pain savoureuse et chaude comme un épi de soleil.

- Eh bien, je devrais peut-être essayer de me mettre au lait. Cela semble te rendre plus ivre que le vin. Et l'enfer, qu'est ce que tu en fais?

- L'enfer est partout aussi mais à quoi bon s'y attarder? Autant jouer à la balle au pied avec un chou pourri. Un jour, il fondra comme une ombre dans la lumière. Alors autant aller à la lumière tout de suite. On n'a qu'une vie. Il faut s'en gorger comme les plantes, s'y fondre comme les oiseaux du ciel.
Commenter  J’apprécie          250
"J'ai certes échoué à rendre sa lumière intérieure. Mais une auréole ne résoudrait rien. Car je vois bien la puissance symbolique des auréoles, mais ne sont-elles pas aussi le signe de notre impuissance à rendre réellement la lumière divine qui rayonne à travers les saints? Cette lumière ne se concentre pas dans un petit cercle conventionnel au-dessus de leur tête : elle émane de tout leur être.
Vous avez déjà dû croiser de ces saints qui marchaient dans la rue sans porter d'auréole mais dont la lumière vous a plus impressionné que celle de tous les saints stéréotypés de la Légende dorée. C'est cette lumière que je voudrais réussir à rendre. Car alors, qui pourrait y résister?


Page 56 dans l'atelier de Starnina début du Quattrocento
Commenter  J’apprécie          202
Tu sais, moi aussi, il m’arrive de parler à ma petite femme morte. Et tu sais ce qu’elle me dit ? « Sois heureux comme j’aimerais que tu sois heureux si j’étais là. Aime la vie, ton travail et le bon vin comme j’aimerais les aimer avec toi et donne-les à aimer autour de toi. » Ta Léonora aurait sans doute des mots plus raffinés, mais je suis sûr qu’elle pense pareil.
Commenter  J’apprécie          160
Travaille. Les intuitions dernières ne sont données qu'à ceux qui s'y trouvent. Et pour s'y trouver, il faut rester au coeur de son travail. Quand ta pensée se trouble, quand le doute t'assaille ou le désespoir te saisit, laisse toi guider par les contraintes de ton art: elles te purifieront de tes passions et t'aideront à clarifier celles des autres. Le travail quotidien accompli aveuglément est la seule forme de prévoyance qui n'empiète pas sur les droits de Dieu.
Commenter  J’apprécie          130
Une vision de paradis à faire pleurer les pierres de joie. Une vision de paradis à rendre les damnés fous de remords et le diable ivre de jalousie. Une vision de paradis que je peindrais sur les murs de ce monastère abandonné de tous, sauf de ce vieillard qui comme moi ne voulait pas laisser le dernier mot à la mort et portait déjà le ciel dans son regard.
Commenter  J’apprécie          110
Le peintre transfigure le monde en lignes et en couleurs.
Commenter  J’apprécie          90
"Surtout, n’oublie jamais que la peinture n’est pas d’abord une question de technique, mais de vision. Qu’est-ce que le Maître veut voir et montrer à travers toi ? Comment veut-il par ta main toucher le cœur des hommes ? Comment veut-il aimer le monde à travers toi ? Voilà les seules questions à te poser."
Commenter  J’apprécie          70
La foi est une grâce qui ne se décrète ni ne se partage. Mais la faim si, et, aujourd'hui, c'est d'abord elle que j'aurais à offrir comme mon bien le plus précieux. Si je n'ai pas toujours eu la foi, j'ai toujours ressenti une faim que j'ai préféré laisser me creuser plutôt que de la combler avec les ersatz de biens qui m'étaient proposés, jusqu'au moment où j'ai réalisé que le manque même qu'elle avait fait grandir en moi s'était mis à me nourrir.
Commenter  J’apprécie          50
Non, Dieu n'est pas mort à Auschwitz ni ailleurs, mais il n'en finit pas d'agoniser dans le cœur des hommes. Et sauf à laisser se perpétuer la barbarie, il faudrait aussi cesser de prendre la conséquence pour la cause: «Hitler est la caricature agrandie du bourgeois sans Dieu », avait écrit Max Jacob avant d'être arrêté par les nazis le 24 février 1944 à Saint-Benoît-sur-Loire où il s'était retiré à l'ombre de l'abbaye de Solesmes. La violence meurtrière qui s'est déchaînée alors ne prouve nullement l'absence de Dieu, mais la vérité profonde du mystère de la Croix, et la tragédie qu'engendre son oubli.
Commenter  J’apprécie          50
Si le doute te mord le coeur, embrasse le plus fort.
Commenter  J’apprécie          50
P42 : Tout artisan qui se pose des questions sur la nécessité de son art au lieu de le perfectionner est un artisan mort ou qui s'est trompé de métier. Donatello serait là, pendant tout le temps que tu as perdu à te lamenter, il aurait croqué la tête du mort jusqu'au moindre tendon qui lui pend encore autour du cou pour servir de modèle à un futur saint Jean-Baptiste. Crois-tu que je t'aie attendu pour savoir que tous ces bourgeois ne pensent avec cette porte qu'à ouvrir un compte courant avec Dieu ? Penses-tu que je ne voie pas qu'ils ne songent par ma main qu'à racheter leurs péchés et s'acheter une assurance pour la postérité ?
Commenter  J’apprécie          50
Nous connaissons, depuis, une crise sans précédent des représentations. Oui, mais quoi de plus logique que cette nuit des formes dans la nuit de la foi que nous traversons? Quand toute l'histoire de l'Occident depuis le XIIIe siècle avait été celle d'une inversion des hiérarchies de la contemplation vers l'action, d'un basculement des horizons de l'au-delà vers l'ici-bas et d'un retournement des facultés de l'homme de l'intérieur vers l'extérieur, se traduisant par la conquête d'un monde de plus en plus exclusivement réduit à sa dimension matérielle et scientifiquement observable, l'art moderne a eu soif d'explorer de nouvelles voies d'accès au mystère qui en avait été évincé. La photographie a eu cet effet salutaire de tuer l'obsession réaliste dans laquelle on avait voulu l'enfermer, et l'art abstrait celui de briser toutes les formes rigidifiées dans l'académisme dans lesquelles on l'avait fourvoyé. La peinture se trouvait ainsi rendue à sa vocation première qui est de toucher directement l'âme au moyen des lignes et des couleurs. Et Dieu, de son côté, que l'on avait commencé par soumettre à un espace purement géométrique au temps de la Renaissance, avant de le vaporiser, de le décolorer et de l'abstraire au temps des Lumières, retrouvait sa liberté. Mais en rejetant avec les formes anciennes toute référence au réel, de quoi pouvait encore accoucher l'art abstrait sinon d'ombres sans corps? Et dépouillé à ce point de ses formes humaines, trop humaines, combien d'hommes pourraient encore se reconnaître dans le Tout-Autre si Autre qui leur était suggéré?
Commenter  J’apprécie          30
En arrêt devant la porte du baptistère , je m'emportai :
"Combien sont entrés ici pour se faire baptiser et en sont ressortis pour voler ou pour tuer ? Combien continuent d'assister à la messe tous les dimanches en toute bonne conscience ? Aux vêpres , ils entonnent des hymnes à la Vierge.
Ils s'attendrissent sur un marmot qui refuse de téter le vendredi saint . Que survienne une calamité , ils se précipitent aux prêches , ils se lamentent et se flagellent . Mais que le calme revienne et ils retrouvent leur âme de criminels ."
Commenter  J’apprécie          30
Quand chez certains l'amour commence à s'étioler à partir du moment où il a été charnellement consommé, il ne nous semblait destiné qu'à croître et embellir, tant notre chair avait de chemin à parcourir pour atteindre à une union aussi parfaite que notre esprit.
Commenter  J’apprécie          30
Nous traversions la place San Giovanni pour étudier un détail de la porte de Pisano, quand nous entendîmes des cris d'enfants. La férocité qui entrait dans leur joie me fit me retourner : ils jouaient à la balle avec la tête d'un cadavre.
Commenter  J’apprécie          30
"Et moi, qu'ai-je peint qui puisse les toucher ? Regarde ce retable, plein de belles étoffes, de courbes savantes et de gracieux visages. Combien en ai-je peint comme celui-ci, tout juste bon à flatter le regard des bourgeois ? Ses matières précieuses, consignées dans le détail de son contrat, montrent-elles autre chose que leur richesse ? Le marbre et la serpentine de ces murs reflètent-ils autre chose que leur orgueil ? Et cette nouvelle porte que tu t'apprêtes à faire, que chantera-t-elle sinon leur gloire ?"
Commenter  J’apprécie          30
Nous paraissons à des années-lumière de ce XIIe siècle où quelques hommes, chevaliers et paysans, moines et convers cisterciens, étaient venus ici chercher Dieu au désert. L'abbaye est devenue monument national. Il faut payer son ticket d'entrée pour la visiter, comme pour mieux consommer la défaite de cette belle rebelle devant l'esprit du monde.
...
Le monde dont je venais, par contraste, me fit penser à ces « milieux qui laissent un instant surnager ceci, cela: des blocs friables dans des soupes», décrits par Guattari et Deleuze dans Rhizome. Un monde où, coupé des racines qui le relient au monde naturel et au monde surnaturel, n'obéissent plus qu'aux lois de l'évolution technologique, ne construisant plus de temples que pour le commerce et consommant dans l'instant toutes ses possibilités de sens et de permanence, l'homme n'aura bientôt plus lieu d'être.
Commenter  J’apprécie          20
Si les hommes pouvaient voir le miracle de chaque instant qu'est la vie, me disais-je. Et je trouvais déjà le vent pour m'approuver.
Commenter  J’apprécie          20
Malgré ma fièvre et ma douleur, j'avais été heureux de le revoir. Revenu immaculé de ces années de malheur, il était pour moi le dernier témoin de cette époque bénie où tout était simple et joyeusement possible.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Pauline de Préval (53)Voir plus

Quiz Voir plus

Rhinocéros

Qui est l'auteur de cette pièce de théâtre?

Ionesco
Molière
Camus
Shakespeare

16 questions
1280 lecteurs ont répondu
Thème : Rhinocéros de Eugène IonescoCréer un quiz sur cet auteur

{* *}