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Critiques de Pedro Antonio de Alarcón (6)
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Le Tricorne

S’inspirant d’une « historiette » fort connue en Espagne, Pedro de Alarcon nous narre ici un conte, celui du Procureur et de la Meunière fabliau qu’il était courant d’écouter le soir à la veillée racontée par le conteur de service.



Nous sommes en 1805, Charles IV de Bourbon règne sans partage sur l’Espagne .Les espagnols ont pour les gouverner « d’éminents Évêques ou de puissants Procureurs du Roi (dont il était malaisé de déterminer les attributions respectives, car les uns et les autres se mêlaient à la fois du spirituel et du temporel) qui exigeaient d’eux le paiement des dîmes, des prémices, des subsides, des aumônes forcées, des droits gros ou petits, des capitations, des gabelles, des fruits civiques, et de cent autres tributs qu’il serait trop long d’énumérer »



Je voudrais maintenant vous présenter le père Lucas, meunier de son état, fort laid au demeurant marié à la belle Frasquita. Éperdument amoureux l’un de l’autre ils vivent dans leur moulin où chaque fin d’après-midi se retrouve sous la tonnelle la bonne société de la ville. L’Évêque, les chanoines, les avocats et le Procureur du Roi fort amoureux de notre belle meunière.



Profitant du pouvoir lié à sa charge, il va tout faire pour conquérir l’objet de sa flamme. Tous les moyens lui seront bons. Saura t’elle lui résister et si oui comment ?



Dans une langue riche, vive, alerte, nous assistons alors au combat sans merci que se livrent les puissants et les faibles, tout plutôt qu’un honneur perdu.



Sans vous dévoiler l’histoire, imaginez Frasquita coincée dans son moulin par le Procureur, le meunier enlevé pour laisser la place libre… C’est à qui crie vengeance, ça bastogne, pleure, rit, on se fâche, on se réconcilie…



Ce texte classique de la littérature espagnole n’est pas sans nous rappeler Molière et Scagnarelle. Pedro de Alarcon, né en Espagne en 1833, mort en 1891 était journaliste, écrivain inscrit dans la tradition du ‘costumbrisme’ (description précise des us et coutumes).



Je me suis régalée à suivre les aventures de Lucas et Frasquita, j’espère que je ne serai pas la seule.







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La vérité suspecte

Né dans l'actuel Mexique en 1581, Juan Ruiz de Alarcon y Mendoza fait une partie de ses études en Espagne, dont sa famille est originaire. Il n'arrive pas à faire carrière dans sa terre natale, en particulier à devenir universitaire. Il repart donc en Espagne où il va se consacrer à la littérature. Il sera un sujet de moquerie parmi ses collègues de plume, entre autres à cause de son physique (il était petit et bossu). Ses pièces connaîtront néanmoins un certain succès, au point que Corneille va adapter une d'entre elles, La vérité suspecte sous le titre Le menteur, qui connaîtra un succès important à Paris.



Il s'agit d'une comédie en trois actes. Don Garcia, fils de Don Beltran, arrive à Madrid après avoir fini ses études. Fils cadet, il est devenu par la mort récente de son frère, l'héritier en titre, qu'il s'agit de marier. Mais Don Garcia a un défaut, que son précepteur révèle d'emblée à son père : il ne peut s'empêcher de mentir, ce qui révulse Don Beltran, qui décide que le mariage de son fils doit intervenir le plus rapidement possible pour le guérir de son vice. Don Garcia rencontre par hasard deux jeunes filles, Jacinta, dont il s'éprend immédiatement, et Lucrecia. A cause d'une méprise, il pense que sa bien aimée s'appelle Lucrecia, et s'informe donc à son sujet. Pendant son père, sans le prévenir, demande la main de Jacinta pour lui. Cette dernière reconnaît le beau jeune homme qui lui a fait une bonne impression, et serait prête à l'accepter, mais les mensonges de Don Garcia, associés à l'erreur de l'identité de la femme qu'il aime, provoque des catastrophes, qui la font douter de la sincérité de son soupirant. En même temps, Lucrecia devient sensible au charme de Don Garcia, d'autant plus que la méprise lui laisse penser qu'il la courtise derrière le dos de Jacinta, et elle ne semble mécontente de triompher de cette dernière.



Pendant ce temps Don Garcia s'enferre dans ses mensonges : par exemple, pour refuser le mariage imposé par son père (puisqu'il pense que Jacinta qu'il aime et que son père veut lui faire épouser s'appelle Lucrecia) il invente un mariage qu'il aurait contracté précédemment. Les femmes l'apprennent et les choses prennent mauvaise tournure. Don Garcia finit pas avouer une partie de ses mensonges à son père, les justifiant par son amour par celle qu'il pense être Lucrecia. Son père lui pardonne et la demande en mariage pour lui. Pendant ce temps, Jacinta finit par décider d'épouser un ancien soupirant, qui faisait un peu traîner les choses. Don Garcia découvre l'identité de celle qu'il aime alors qu'il est trop tard et qu'il a donné sa parole à la véritable Lucrecia. Il se résoud à l'épouser.



Corneille a vraiment suivi de très près la trame de la pièce d'Alarcon, en changeant juste quelques détails pour rapprocher l'intrigue du contexte français. Ainsi le premier mensonge de Don Garcia, qui prétend arriver des Indes (de l'Amérique) se transforme en une arrivée de l'armée. La pièce d'Alarcon est moins franchement comique, il y a une sorte de lyrisme plus poussé, dans les propos amoureux, et aussi une sorte de revendication de l'honneur, une sorte de violence plus présente, même si elle est sous-jacente. Don Garcia, malgré ses mensonges est prêt à se battre pour un rien, quitte à y laisser sa vie. Les deux femmes sont réellement en concurrence, et chacune est prête aux coups bas pour triompher de l'autre. La tragédie pourrait surgir sous la comédie. La morale de la pièce, sur le danger du mensonge est explicite.



En revanche la pièce de Corneille est nettement plus efficace, il y a un engrenage comique presque parfait, tout s'enchaîne à une allure endiablée, et reste en permanence dans une veine de comédie. Par exemple, il n'y a pas de révélation sur les mensonges passés de Don Garcia avant même l'apparition du personnage, le spectateur les découvrent pendant l'intrigue, et peut ne pas s'en apercevoir dans l'instant. Corneille délivre moins une morale qu'il n'exploite à fond le potentiel comique de la situation de départ.



Mais La vérité suspecte est une très bonne pièce, et c'est une excellente découverte d'un auteur quasi oublié du riche théâtre du XVIIe siècle de langue espagnole.
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El sombrero de tres picos

L'oeuvre littéraire de Pedro Antonio de Alarcon y Ariza, réputée manichéenne et conservatrice, fait ici exception : le Tricorne est une longue nouvelle au style enlevé et à l'histoire pleine de charme, centrée sur l'amour interdit (dont Manuel de Falla fera un ballet).



Un haut magistrat aime une meunière mariée réticente. Il se déguise en meunier pour la séduire tandis que le mari meunier se déguise en haut magistrat pour séduire l'épouse du notable.

Double tromperie pour un double déguisement, l'auteur s'amuse avec les classes sociales et les hypocrisies conjugales, le tout est plutôt amusant et sauve la production littéraire de l'auteur de la médiocrité. Du coup on lui pardonne un peu tout le reste.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Le Clou

Pedro Antonio de Alarcón, l'écrivain et politicien espagnol, à la personnalité controversée, a évolué comme ses personnages, de positions libérales et révolutionnaires vers des postures plus traditionnelles.

On le lui pardonnera, pour avoir été l'un des premiers romanciers du XIXème siècle à faire de la nouvelle, ou du roman court, un genre à part entière.

Le tricorne (en espagnol el sombrero de tres picos) est certainement le plus connu et le plus achevé parmi ses oeuvre de ce genre.

Dans le clou, que l'on pourrait qualifier de thriller psychologique avant l'heure, il manie avec maestria les ingrédients qui donnent à cette petite histoire, 60 pages dans la mini édition Alfil (9 X 16,5 et 5 mm d'épaisseur), sa coloration particulière et son goût étrange.

Deux amis, magistrats dans des grandes cités espagnoles, Grenade, Cordoue, Malaga, anciens compagnons d'études, sont tous les deux à la recherche de l'âme soeur.

Leur désir les taraude tellement qu'il en arrive à déformer leur perception de la réalité et surtout à leur faire croire que la réalité emprunte le chemin de leurs souhait le plus cher.

Nous sommes au XIXème siècle et lorsqu'un homme veut déclarer sa flamme à une femme, il se doit de respecter les codes de la bienséance, notamment en face d'une belle femme avec laquelle il voyage toute une nuit en diligence, sans qu'elle ne desserre les dents : «Avec l'arrivé du jour, la charmante voyageuse s'égaya un peu, et soit que ma retenue de toute la nuit, la gravité de ma physionomie lui inspirassent une impression favorable sur ma personne, soit qu'elle eut voulu récompenser l'homme qu'elle n'avait pas laissé dormir, le fait est qu'à son tour elle se mit à me poser les questions d'usage.»

Exit la belle inconnue, notre ami se retrouve bredouille malgré les circonstances favorable du voyage qui lui ont donné une occasion inespérée de la séduire.

Il découvrira, dans des circonstances que je vous laisse le soin de découvrir, qu'elle se nomme Mercedes de Méridanueva.

Quelques jours plus tard chez son ami Zarco, dans la province de Cordoue, il écoute avec étonnement l'histoire de ce dernier à Séville, dans une auberge où il logeait avec pour voisine la belle Blanca, «une jeune femme élégante et très belle, qui passait pour veuve, dont la provenance, ainsi que le motif qui la retenait à Séville; étaient un mystère pour les autres hôtes.»

De promesses jurées, en promesses non tenues, l'amour se méfie des impatients de toute sorte, ils se sont perdus de vue.

Et les deux amis de se lamenter sur leur sort.

Par hasard, en déambulant dans un cimetière où la fosse commune dégorge de cadavres, ils découvrent un meurtre horrible.

Zarco toujours à l'affut d'affaires non élucidées se lance à corps perdu dans une enquête qu'il entend mener à son terme en démasquant et en faisant condamner le meurtrier.

La boucle est bouclée.

Nos deux amis, en tant que juges, devraient avoir la force de ne pas réagir comme des hommes, mais il le font, en se laissant aller, par égoïsme, ignorance ou veulerie, à leurs sentiments, ils ont placé des personnes sincères dans l'abime, les ont transformées en coupables, en condamnés.

Eux-mêmes, à la fois initiateurs, instigateurs, bénéficiaires et victimes de ces bouleversement ne s'en remettront jamais.

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L'Ami de la mort

Ce sont deux nouvelles fantastiques qui ne ratent pas leurs effets. La première : la Mort est incarnée dans un personnage de femme et nous tenaille en hantant les pages. La deuxième est très étrange et montre la Mort comme on ne l'a jamais vue. La Mort a beaucoup de pouvoir, mais n'est pas toute puissante. Si on la voit comme malveillante ce n'est peut-être qu'au fond on ne la comprend pas, puisque la peur embrouille. Édition vraiment fantastique! (pour ne pas faire un jeu de mots)
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L'Ami de la mort

Un petit bouquin découvert dans les rayons de la bibliothèque locale.

très romantique....

Une traduction très élégante
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UN tour en forêt ?? 🌳 🍂

Comme je descendais les allées impassibles ... Enfin, je marchais d'un bon pas dans ma campagne. Les vaches mâchent, les pies nichent, les chats chassent, les buis bruissent, les coucous couvent et voilà que j'arrive dans une forêt décidue. "Décidue" ???

la faune y est abondante et variée
les résineux y dominent et ça embaume
c'est une vraie symphonie de chants d'oiseaux
ah non ! il y règne un silence de cathédrale
pas du tout ! l'épais tapis de feuilles mortes crisse à chaque pas
d'accord, mais tous ces arbres tirés au cordeau, c'est monotone
faut bien ! la société de bûcheronnage les destine à la production de pâte à papier

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Thèmes : vocabulaire , botanique , arbres , feuillus , forêts , baba yaga , historiettesCréer un quiz sur cet auteur

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