Cinq jours après l'arrivée de ce type dans mon bureau, et trois jours après l'histoire de Giorgina, un commissaire de police vient me rendre visite. Or, vous le savez mieux que moi, un commissaire de police qui se lève et va jusqu'au domicile d'un pauvre hère quelconque, on ne voit ça que dans les films américains. Chez nous, les commissaires ne se dérangent que pour le baptême de leurs enfants.
Tante Martina racontait des histoires vraiment étranges dont on ne savait jamais si, une fois finies, elles étaient véritablement finies. Souvent elle avait fini et on lui demandait : — Et après ? Et après ? — Ils vécurent heureux et contents, sur un matelas de polenta, disait-elle alors. Et ils vécurent tous heureux, Pascarella et Beatrice. Et ils vécurent tous contents et heureux et nous ici on a soif. Vigne large, vigne étroite, à vous de parler, moi j’ai parlé. Large feuille, étroite voie, à vous de parler, moi j’ai parlé. Bref, tout ça pour dire qu’elle ne savait pas elle-même ce que signifiaient ses putains d’histoires.
Maintenant allez savoir où il s’était planqué, mais j’aurais parié mes couilles qu’il n’était pas très loin de chez lui. Les grandes gueules des Pertugi, à vingt mètres de leur quartier ils se sentent en exil. Ils chantent sans cesse des chants désespérés, se frappent la poitrine, prient Dieu de les faire revenir au pays, ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, ils dégoûteraient les araignées.
Elle ne voulait pas entendre parler de pouvoir, ni d'argent. Elle disait qu'avec ces choses-là, on perd son âme.
Ah! On peut pas imaginer comme on voit les choses autrement quand on est propre!
Mes pensées tournaient en rond et revenaient toujours au même point.
Et puis j'ai pensé que je pouvais rien y faire, et que finalement il valait mieux que je me fasse tuer tout de suite et comme ça on n'en parlerait plus. Du coup, je me suis endormi.