Deux ans après que Marie Sklodowska Curie avait reçu son deuxième prix Nobel, celui de chimie, en 1911 [...] elle subit une perte, attendue certes, mais néanmoins très éprouvante, quand un matin, dans son propre appartement, à Paris, on retrouva son amie Blanche Wittman morte. Elle avait essayé de descendre du lit, pour rejoindre la caisse en bois montée sur roulettes. Elle n’avait pas réussi. Et elle était morte. La cause du décès ne fut jamais établie, mais ceux qui vinrent chercher le corps remarquèrent sa taille dérisoire, et aussi que Marie Sklodowska Curie avait insisté pour coucher elle-même cette femme-tronc amputée dans son cercueil. Ensuite, en guise d’adieu, elle était restée assise sur une chaise à côté de la morte, une main posée sur le couvercle du cercueil, obligeant les porteurs à attendre une heure entière dans la pièce attenante. Elle n’avait pas cherché à expliquer son geste, elle n’avait fait que murmurer je resterai toujours à tes côtés.