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Citations de Per Petterson (90)


Ma vie s’en allait à vau-l’eau, tout disparaissait, je n’en retenais rien, les choses se détachaient de moi les unes après les autres et flottaient dans l’air.....Comme dans le poème de Yeats, où le faucon n’entend plus l’appel du fauconnier, s’envole au-dessus des collines pierreuses et disparait quelque part entre les montagnes de Mongolie.
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Baltics
I
It was before the time of radio towers. 
Grandfather was a new pilot. In the almanac, he wrote down the ships he guided—
names, destinations, drafts.
Examples from 1884: 
SS Tiger    Capt. Rowan    16 ft.    Hull Gefle Furusund
Brig Ocean    Capt. Andersen    8 ft.    Sandöfjord Hernösand Furusund
SS St. Petersburg    Capt. Libenberg    11 ft.    Stettin Libau Sandhamn
He took them out to the Baltic, through the wonderful labyrinth of islands and water. 
And those who met on-board, and were carried by the same hull for a few hours or days, 
how well did they get to know each other? 
Conversations in misspelled English, understanding and misunderstanding but very little deliberate lying. 
How well did they get to know each other? 
When the fog was thick: half speed, nearly blind. Out of the invisible, the point appeared 
and in a single stride was right on them. 
Horn bellowing every two minutes. His eyes read straight into the invisible. 
(Did he have the labyrinth in his head?) 
The minutes passed. 
Shallows and rocks memorized like psalm verses. 
And that feeling of “we’re right here” that must be held, the way you carry a brimming pot so nothing gets
       spilled. 
A glance down into the engine room.
The compound engine, long-lived like a human heart, worked with large smooth recoiling movements, steel
       acrobats, and the smells rose as if from a kitchen. 

Tomas Tranströmer
Prix Nobel de Littérature 2011
( Les deux premières strophes p.91
C'était avant l'époque des tours de radio
Grand-père était un pilote novice.....)
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When my mother and my father came out of the tabernacle in Hausmanngate after they had stood before the priest and both said yes, my father stared at the ground with a frown on his face, and turned to one of his brothers, Trond, and said :"Nailed to a cross on earth."And then he laughed.
( Quand ma mère et mon père sortir du tabernacle à Hausmanngate, après qu'ils dirent oui devant le prêtre, mon père regarda à terre fronçant les sourcils et se tournant vers un de ses frères dit:"Crucifié sur terre". Et puis il rit.)
p.57
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Tout était silencieux. Ils s'arrêtèrent un instant pour contempler le spectacle. Jim se tourna vers Tommy :
-On pourrait devenir croyant à moins que ça
- Toi, tu l'es déjà.
-Plus tellement. je suis socialiste. Je suis pour une société sans classes.
Tommy ne répondit pas. (...) La lune perçait des trouées entre les arbres, et la glace étincelait, parfaite.
- Putain, que c'est beau, dit-il
(p. 139)
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J’ai souvent pensé à ce rêve ; il était si précis, si vivant. Et je n’ai jamais trouvé regrettable ou déprimant ou absurde que la main qui avait tenu si fermement la mienne ne soit pas celle de Turid. Turid ne faisait pas partie du monde des rêves, elle n’avait pas été conçue pour ça. A l’état de veille, c’était différent : elle envahissait mon espace, elle remplissait mes journées du matin au soi, elle occupait l’univers tout entier. Elle m’engloutissait, mais elle se tarissait lentement ; elle s’asséchait et disparaissait, avalée par ses amis bigarrés.
J’y ai beaucoup réfléchi : qu’avaient-ils de plus que moi ? A part leurs couleurs, bien sûr. J’ai mis longtemps à comprendre. C’était pourtant simple : ils avaient Turid. Moi je ne l’avais pas.
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-Je vais te clouer le bec.
Et il s'est tourné vers moi, et son visage était d'une dureté comme je n'en avais jamais vu. Il n'avait plus aucune retenue; il m'a de nouveau envoyé contre le mur, et tout l'air m'est sorti de la bouche dans un gémissement venant des tréfonds de mon corps. Mais je ne voulais rien ressentir, je ne voulais rien entendre, et j'ai rempli ma tête d'un rêve que mon père ne voyait pas. Et ça a marché, je vous le jure. Et je me suis engouffré dans mon rêve, et il me croyait dans la même pièce que lui, dans la même maison que lui, alors que j'étais ailleurs. Et je faisais comme si la douleur n'existait pas, comme si je ne sentais rien, ni au visage, ni aux bras, ni à la poitrine, et je m'envolais dans mon rêve (...) Je sentais pourtant comme dans une ivresse que je n'avais plus peur de lui. Je jubilais. (p. 39)
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Je n’aimais pas ce cimetière désolé et venteux, je n’aimais pas ce cimetière au milieu de nulle part, je n’aimais pas cette laideur insultante. (...) Rien ne m’incitait à fréquenter ce lieu, à imiter les endeuillés de cinéma qui tombent à genoux devant la sépulture de l’être cher, qui pleurent le mort et qui lui parlent. Ou leur parlent. Et confessent en larme l’amour qu’ils éprouvent à leur égard, cet amour qu’il n’ont pas su leur montrer de leur vivant.
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Je me suis retourné et j’ai regardé Franz :
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il a dit ?
- Il a dit « on va voler des chevaux ». Je ne sais pas qui a eu l’idée de cette phrase. Ton père, peut-être. En tout cas, ce n’était pas moi. Mais je savais qu’il allait dire ça. Quelqu’un était venu du bourg par le car pour me prévenir.
- Ah.
- Je l’ai tout de suite trouvé sympathique, ça c’est sûr.
Qui ne le trouvait pas sympathique ? Les hommes le trouvaient sympathique, les femmes le trouvaient sympathique, tout le monde le trouvait sympathique. Sauf le père de Jon peut-être, mais ça, c’était pour des raisons bien particulières. Et j’imaginais qu’au fond ils n’avaient rien l’un contre l’autre ; dans d’autres circonstances ils auraient sans doute pu être amis. Un homme qui plaît à tout le monde, c’est souvent quelqu’un de mou et d’inconstant, quelqu’un qui cherche à tout pris à éviter les conflits ; c’est ce que j’ai remarqué. Or ce n’était pas le cas de mon père. Certes, il aimait rire et il était toujours souriant, mais c’était dans sa nature ; ça n’avait rien à voir avec un désir de séduire. Avec moi, en tout cas, il ne cherchait pas particulièrement à le faire, et pourtant il me plaisait beaucoup, même si je me sentais parfois un peu embarrassé en face de lui.
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J’ai bifurqué à gauche, et j’ai continué vers l’ouest en passant par Fjerdingby et Flateby, des endroits où je n’avais jamais mis les pieds et dont je découvrais les noms sur les panneaux de signalisation.
- Vous devez avoir une alliance, non ? Pourquoi vous ne la portez pas ?
- Oui, j’en ai une. Je ne la porte pas parce que je ne veux pas
- Et lui, il ne veut pas que vous la portiez ?
- Bien sûr que si. Je l’exige, dit-il. Mais je refuse. C’est ce que je fais. Je refuse. Et maintenant j’en ai assez. Je ne resterai pas une heure de plus avec lui.
- Vous avez décidé ça quand ?
- Aujourd’hui.
- Aujourd’hui ? Quand je suis arrivé à la cafétéria ?
- Non, un peu plus tôt.
- Quand l’autre type est arrivé ? Celui qui est toujours triste ?
- Oui. C’est ça.
Je ne voulais pas qu’elle me parle de l’autre type. Il m’énervait. Son existence m’énervait. Il ne m’avait pourtant rien fait. Il s’occupait de ses affaires, n’ennuyait personne avec ses problèmes et ne déposait pas sa vie entre les mains d’inconnus. J’aurais pu faire comme lui. J’aurais pu tenir ma langue. Mais alors je ne serais pas là en ce moment.
Avec elle.
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Je me demandais comment elle y arrivait, car elle travaillait aussi dur qu'un homme. Et à chaque fois, je voyais mon père qui la regardait, les yeux mi-clos. Et je faisais pareil, je n'arrivais pas à m'en empêcher. Et comme on la regardait, le père de Jon la regardait aussi, mais pas comme il le faisait d'habitude. Ce qui me paraissait normal. Mais j'ai l'impression qu'on ne regardait pas la même chose, car ce qu'il voyait semblait le surprendre et le mettre mal à l'aise. Moi, ce que je voyais me donnait envie d'abattre le plus grand des sapins et de le faire tomber avec un fracas qui retentirait partout dans la vallée.
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Pendant le long trajet du retour, j’ai conduit prudemment. Presque trop. Pas moments, on s’est mis à klaxonner derrière nous, mais j’ai stoïquement continué à rouler à moins de soixante jusqu’au rond-point de Sinsen.
(…) Puis nous nous sommes engagés dans Trondheimsveien et nous avons tourné à gauche. Tout le monde se taisait, dans la voiture on n’entendait que le léger crissement de l’aile contre le pneu avant. Nous avons fait semblant de ne nous apercevoir de rien ; tant que les choses n’empiraient pas, je ne voulais pas m’arrêter pour essayer de la rafistoler. A Sandaker elle s’est décrochée, il y a eu un choc violent contre l’asphalte ; Tone a pleuré, Tine a pleuré, Vigdis n’a pas pleuré.
De toute façon, je n’allais pas m’arrêter pour si peu.
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Jonsen n'avait jamais eu d'enfants, et je crois qu'il n'aurait pas imaginé de parler aux gens autrement que comme des adultes. Comme si c'était le seul langage dont il disposait, quelle que soit la personne en face de lui, un enfant, un jeune ou un type entre deux âges. De son temps, la jeunesse, ça n'existait pas. On était enfant, puis on était confirmé et on devenait adulte. Et on bossait comme un adulte. (p. 121)
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- Tu lisais toujours Dickens quand tu étais à la maison ; je m’en souviens très bien. Tu étais assis dans ton fauteuil, complètement absorbé dans ton livre, et quand je m’approchais pour te tirer la manche et te demander ce que tu lisais, j’avais toujours l’impression que tu ne me reconnaissais pas. Puis tu répondais « Dickens » en me regardant d’un air grave. Et je me suis dit que lire Dickens, ça devait être quelque chose de spécial qui n’était pas à la portée de tout le monde ; c’est le sentiment que j’ai eu. Je n’avais même pas compris que Dickens, c’était le nom de l’auteur. J’ai cru que c’était le nom d’un certain type de livres que nous étions les seuls à posséder. Et je me rappelle que parfois tu me faisais la lecture.
- Je faisais ça ?
- Oui, tu me faisais la lecture. De David Copperfield ; ça, je l’ai découvert plus tard, à l’âge adulte, quand j’ai décidé de le lire moi-même. A l’époque, tu n’avais jamais l’air de te lasser de David Copperfield.
- Il y a longtemps que je ne l’ai pas lu
- Mais tu l’as, je suppose ?
- Bien sûr.
- Alors du devrais le relire.


Et elle appuie ses coudes sur la table et y pose son menton avant de réciter :
- « Deviendrai-je le héros de ma propre vie, ou bien cette place sera-t-elle occupée par quelque autre ? A ces pages de le montrer. »
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Parfois,il vous est impossible de vous rappeler ce qui s'est passé à telle période de votre vie;impossible de vous rappeler ce que vous avez fait,ce que vous avez dit et à qui; impossible de vous rappeler le quotidien,les journées d'école ,les anniversaires auxquels vous étiez invité.Mais vous vous rappelez les couleurs de ces jours-là,et les paumes de vos mains se rappellent si tel objet était doux,lisse ou rugueux,elles gardent le souvenir des pierres et des arbres,elles gardent celui de l'eau et de certains vêtements ;vous vous rappelez que tel vêtement était important,mais vous ne savez plus pourquoi,et un numéro de téléphone ressurgit parfois.mais vous ignorez à qui il appartenait 25 00 45 ,c'était qui?Et un phrase vous revient,mais qui la prononçait,lui ou vous?Peu importe peut-être l'avez-vous prononcée en même temps...
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Quatre années s'étaient écoulées, mais cela paraissait bien plus long. Ils avaient changé. Tommy avait changé. Plein de choses s'étaient passées. Du temps avait passé. A l'époque il avait treize ans, il en avait dix-sept , presque dix-huit. Dans une vie, c'étaient les années les plus longues. (p.87)
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C'était l'air qu'elle prenait quand elle était préoccupée ; dans son esprit elle était ailleurs, pas où on la croyait. Je la trouvais alors particulièrement belle. Sa peau devenait lisse et son regard prenait un éclat étrange. Petit, il m'arrivait de l'observer lorsqu'elle ignorait ma présence, et de me sentier seul et abandonné. Mais c'était excitant aussi, car elle me faisait penser aux actrices des films que nous regardions à la télévision. (...) à Ingrid Bergman dans "Casablanca", car elles avaient la même coiffure et la même courbe de la joue. Mais jamais ma mère n'aurait dit à Humphrey Bogart : "You must do the thinking for both of us." Ni à Bogart ni à personne.
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J’ai fini par m’asseoir. Il était toujours debout, et ça m’a énervé ; qui, de nous deux, était en mauvaise forme ? Pas moi. Lui, au contraire, semblait prêt à se casser en deux à tout moment. Et il souriait, jouait les malins ; il inventait des histoires, voilà ce qu’il faisait. Je n’avais même pas besoin de faire semblant d’y croire ; ce n’était pas ça le but. On savait très bien tous les deux pourquoi il boitait ; il n’avait rien oublié, rien refoulé. Mais il n’était pas question de parler de ces choses-là, surtout pas. Au contraire : nous allions nous regarder à la dérobée, sourire presque imperceptiblement et partager notre secret, nos souvenirs. Comme si c’était un bien que nous possédions en commun, lui et moi, quelque chose d’intime et de violent, un lien occulte et brûlant qui nous unissait. Un lien du sang.
C’est alors que je me suis levé. La paix, non, me suis-je dit. Un lien entre nous, certainement pas.
Je refuse.
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Dans deux mois à peine ce sera la fin du millénaire. Il y aura une fête avec feu d’artifice au village. Je n'irai pas. Je resterai à la maison avec Lyra, je descendrai peut-être jusqu'au lac pour voir si la glace tient, j'imagine une nuit avec -10 et clair de lune, je ferai du feu dans le poêle et je me saoulerai raisonnablement avec la bouteille que j'ai mise de côté dans le placard, je poserai sur le vieil électrophone un disque de Billie Holiday, avec sa voix au bord du chuchotement comme lorsque je l'ai entendue à Oslo dans les années cinquante, presque éteinte mais encore pleine de magie. A la fin du disque j'irai me coucher, je dormirai aussi profondément qu'il est possible de le faire sans être mort, et je me réveillerai dans un nouveau millénaire sans y accorder la moindre importance. Je m'en réjouis à l'avance.
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« Pour ne pas mourir moi aussi, il me fallait retrouver la forêt. »
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J'ai envie de prendre le temps qu'il faut. Le temps, maintenant, je me dis que c'est important pour moi. Qu'il passe vite ou lentement n'est pas le problème; l'essentiel, c'est le temps lui-même, cet élément dans lequel je vis et que je remplis d'activités physiques qui le rythment, le rendent visible et l'empêchent de s'écouler sans que je m'en aperçoive.
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