Pour ceux qui s'intéressent aux différents personnages bibliques, Marie-Madeleine, ou plutôt Marie de Magdala, est la pécheresse, l'image négativisée de la femme, l'inverse de Marie, la mère de Jésus. Ces deux femmes, aussi distinctes que complémentaires, compteront dans la vie de ce dernier et seront amenées à se côtoyer. Le Père Marie-Antoine de Lavaur réhabilite ici cette femme qui, avec tout le talent qui le caractérise, devient humaine au lieu d'être une simple icône de la déviance et de la luxure. Il met en exergue tout l'amour que lui portait le fils de Dieu, éternel défenseur de celle qu'il aima indéfectiblement. Luc (Luc, 7,47) dira : "Elle a beaucoup aimé". Je pense qu'on pourrait dire : "Elle l'a beaucoup aimé" car cet amour fut réciproque.
Comme souvent avec ce religieux, on apprend beaucoup de choses. J'ai beau avoir lu la Bible et les Évangiles (il y a longtemps maintenant), je ne me souviens pas de tout et, surtout, je ne suis pas certaine que tout ce qui est expliqué ici y soit, ou, du moins, de façon aussi détaillée. Et si je me trompe, cela aura eu pour but de me le rappeler. Pour la petite anecdote, j'ai compris à présent pourquoi l'on appelait la Vierge "La Bonne Mère" à Marseille. Marie-Madeleine y a joué un rôle important.
Si elle a souffert pour le Christ, sa mort n'en sera que plus merveilleuse, accompagnée par des anges. Gautier de Coinci (oui, j'y reviens encore et toujours. On ne ressort jamais indemne - si je puis dire- d'une étude) a souvent mis en scène la femme pécheresse (non pas Marie-Madeleine bien sûr, mais la symbolique est bien présente) qui, se repentant, est ainsi transportée par toute cette magnificence. Je ne peux m'empêcher de citer un passage très poétique de ce livre (P47) : "Le grand poète Pétrarque a voulu dans les vers qui suivent immortaliser ces grands souvenirs :
Hic hominum non visa oculis, stipata catervis
Angelicis, septemque die subvecta per horas
Ccelestes audire choros, alterna canentes
Carmina, corporeo de carcere digna fuisti.
[Là, loin des regards des mortels, vivant au milieu des Anges et délivrée de la prison de ton corps, tu as été digne de t'envoler sept fois le jour sur leurs ailes et d'aller dans les cieux chanter avec eux leurs ravissants cantiques.]
Si Marie de Magdala, sœur de Marthe et de Lazare, est devenue Sainte Marie-Madeleine, c'est aussi parce qu'elle a accompli des miracles, miracles dont on ne parle pas beaucoup d'ailleurs. L'auteur nous en fait part notamment d'un, vécu par Charles d'Anjou. Quand l'Histoire a rendez-vous avec la légende...
Je vous conseille vivement cette belle hagiographie, très instructive et, cerise sur le gâteau, illustrée. Un grand merci à l'APMA (Association pour la mémoire du Père Marie-Antoine de Lavaur) et à sa présidente, Jacqueline Baylé, qui œuvre sans relâche pour que les textes de ce capucin soient publiés à nouveau.
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