En effet, son coéquipier essayait de lui expliquer l’incident. À grand renfort de gestes, il touchait le flexible et imitait une explosion. Une usure sur le tuyau de son détendeur. Il avait cédé sous la pression de l’air. Un coup d’œil au-dessus de sa tête ne lui indiqua aucune bulle, alors qu’elles devraient s’échapper à gros flots. Elle montra un visage perplexe à Vic, qui se mit à visser un objet inexistant.

— Me… tronome, va voir ailleurs si j’y suis ! maugréa Litsi contre une mèche, échappée de sa queue de cheval.
L’impudente osait se balader devant ses yeux sans son consentement. La narguer même ! Alors qu’elle s’échinait à verrouiller sa petite voiture, une Citroën mutine. Il est vrai qu’insérer cette maudite clef dans la serrure, les bras chargés de provisions en plus de ses affaires de plongée sous-marine, tenait de la gageure.
Quand le « cling » de la fermeture centralisée du véhicule résonna enfin dans le parking de son immeuble, elle soupira d’aise.
Une bonne chose de faite, Blondinette, rentrons vite à l’appartement.
Le regard posé, par-dessus les paquets, sur l’ascenseur à une cinquantaine de mètres, Litsi se dirigea vers lui. À grandes enjambées. Elle avait une sainte horreur de sentir les poils de ses bras se hérisser. Ils semblaient quémander une lumière rassurante que les néons de l’immense souterrain se refusaient de leur fournir.
Quand Litsi fut assise, les musiciens dévièrent leur regard inquisiteur vers la scène et son malheureux piano, que des rideaux en damas rouges avaient abandonné en restant ouverts. Certains concurrents se dandinaient, d’autres passaient les doigts dans leurs cheveux ou se grattaient le cou. Enfin, les derniers tentaient de contrôler les spasmes involontaires qui agitaient jambe, pied ou main. Tous s’accordaient sur un point sans se le dire.
Ne faire aucun bruit.
Du réel à l'imaginaire, plongez vers les étoiles.