Perry Moore

J'ai lu ce livre en anglais (il n'y a pas de traduction en français à ce jour) et ça a été un vrai coup de cœur ! Je l'ai trouvé intéressant, émouvant et original. L'histoire est racontée du point de vue de Thom, un lycée plutôt simple, membre de l'équipe de basket, qui assume sa sexualité mais ne va pas jusqu'à la crier sur tous les toits. On s'attache vite à lui, comme aux autres personnages que ce soit l'avisée Ruth, la flamboyante Scarlett, l'arrogant Kevin, le timide Larry ou le mystérieux Goran. La relation compliquée entre Thom et son père est le principal intérêt et fil conducteur de l'histoire, Thom tente de son mieux de ne pas décevoir son père en lui cachant la vérité, mais les doutes sont parfois plus forts que l'amour et le poussent à faire des bêtises, et son père n'est pas plus doué que lui pour s'exprimer. C'est aussi bien de voir un adolescent gay qui ne soit pas une victime, bien sûr Thom subit quelque fois les affres de l'homophobie, il se fait notamment viré de son équipe de basket à cause de ça, mais il ne se laisse pas abattre. On ne s'ennuie pas non plus, il y a pas mal d'action, entre les entraînements de basket, ceux de la Ligue, et les combats contre les supers-vilains, d'ailleurs le tout premier combat, entre Dark Hero et les trois vilains dans le bus, est mon préféré. S'ajoute à ça les assassinats successifs de supers héros, qui donnent un petit côté polar à l'intrigue. Certaines choses se devinent facilement (l'identité de Dark Hero), d'autres beaucoup moins (le nombre de personnes qui suivent Thom...). Un peu de romance aussi, même si elle n'est pas au centre de l'histoire. On peut reprocher un manque d'originalité pour certains personnages comme Justice (le Superman de l'histoire) mais l'auteur étant un grand amateur de comics, je pense qu'il s'agit plutôt d'un hommage à ses héros favoris. Une volonté un peu trop forte aussi de susciter l'émotion du lecteur en forçant sur le passé très douloureux ou/et les graves problèmes de santé de certains personnages. Beaucoup de questions restent aussi sans réponses : on ne pas comment Dark Hero est devenu un super-héro ni pourquoi il fait cavalier seul, pourquoi la mère de Thom ne peut pas redevenir normale, etc. Malgré tout, c'était une très agréable lecture que je recommande (à tout ceux qui savent lire l'anglais en attendant une éventuelle traduction). L'auteur avait prévu une suite mais comme il est malheureusement décédé en février 2011, on ne sait pas si elle sortira un jour...

Lorsque j'ai découvert le résumé de ce roman de Perry Moore, j'ai été totalement emballé. Le synopsis réunit en effet des ingrédients qui ne peuvent que me plaire : un adolescent homosexuel, dont le père – ancien super-héros – est en disgrâce depuis un terrible accident, découvre qu'il possède des super-pouvoirs et rejoint une équipe de jeunes héros alors que leurs aînés sont assassinés les uns après les autres par un mystérieux assassin.



Si j'étais impatient de lire ce livre, j'étais également un peu inquiet car les super-héros ne sont pas un thème très courant dans les romans et j'avais quelques craintes sur le passage du format comics à un texte purement littéraire. Je n'ai pas été déçu. Le rythme du récit est très bien dosé, on passe de scènes d'action dignes des meilleurs comics à des moments plus intimistes sur la vie de Thom, le jeune héros. Si l'histoire n'est pas originale, elle se déroule naturellement révèle même quelques surprises : j'ai par exemple été étonné par l'identité de l'assassin. On retrouve en tout cas des éléments forts des comics : une Ligue de super-héros avec de jeunes super-héros en apprentissage sous l'oeil inquisiteur de leurs aînés, des super-vilains pathétiques. L'auteur s'est amusé à inclure de nombreuses références aux comics les plus connus : l'un des personnages est par exemple une copie quasi-conforme de Superman. Dans le même temps, il détourne aussi quelques clichés mais je n'en dis pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte.



Au-delà du roman de super-héros, c'est aussi un récit touchant sur un adolescent qui découvre sa sexualité, qui découvre aussi l'amour et essaye de se faire accepter par ses proches. C'est parfois un peu naïf mais il y a aussi des scènes plus subtiles comme le premier baiser de Thomas avec un inconnu, loin du cliché que je craignais sur le « grand amour » rencontré dès la première aventure. J'ai trouvé que la relation entre Thom et son père était traitée avec beaucoup de réalisme ; on sent l'affection qui les lie, tout en mesurant leurs différences. Sans angélisme, Hero nous présente la vie d'un jeune homo dans une Amérique qui a encore des progrès à faire en matière de tolérance. Pour ne rien gâcher, d'autres thèmes, comme la maladie et le handicap, sont également évoqués avec des personnages secondaires qui gravitent dans l'environnement du héros.



La fin du roman laissait penser qu'une suite est possible, mais l'auteur est malheureusement décédé avant que cela puisse se concrétiser.