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Critiques de Peter Handke (202)
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La Femme gauchère

Et si nous parlions d’un récit nébuleux ?



Dans ce court roman, Marianne quitte brutalement son mari. Elle décide de vivre seule avec son fils. Les raisons de ce départ sont méconnus : quête de solitude ou de liberté ? volonté de fusionner avec son fils ? un amour en fuite ?



Au fil du récit, Marianne va reprendre son indépendance et poursuit son travail de traductrice. Dans une ambiance nébuleuse, où un froid glacial semble planer sur le récit, nous percevons les lentes évolutions de cette femme dans les petits gestes du quotidien.



Avec une écriture blanche, ce récit suspendu nous transporte dans un univers particulier. Si la plume est délicate, ce roman a manqué pour moi d’émotions et je n’ai pas été emportée dans l’univers des personnages.
Lien : https://memoiresdelivres.fr/
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Le non-sens et le bonheur

Bon. J'ai retenté Peter Handke après ma lecture chaotique et abandonnée du Colporteur.



Je pense que je vais m'arrêter là car sa poésie est autant abstraite et hermétique pour moi que ses courts romans. Il n'y a plus d'espoir.



Recueil version bilingue allemand/français traduit par Georges-Arthur Goldschmidt.



Il regroupe des poèmes des recueils

Les nouvelles expériences

Vie sans poésie

Distinguos

Poème bleu

Le non-sens et le bonheur

Le survivant en deuil sur la colline



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La courte lettre pour un long adieu

C'est mon premier livre de Peter Handke, choisi par hasard sur les rayonnages de ma librairie préférée. J'ai été séduit par la 4e de couverture qui parlait d'une errance à travers les USA et d'une séparation amoureuse. Pour moi, le nom de Peter Handke est d'abord lié au cinéaste Wim Wenders, le cinéaste des "Ailes du désir" et de l'errance au moins jusqu'aux années 90. Le narrateur commence son récit à Providence, en Nouvelle-Angleterre. Ce sera le début d'un parcours qui l'emmènera jusqu'à la côte Pacifique. Au fil de ce road trip, l'ombre de son épouse, avec qui la rupture semble consommée, le suivra à chacune de ses étapes. Dans un premier temps il sera un fin observateur de ce qu'il voit, de ce qu'il traverse. Tout est potentiellement sujet d'observation, de description. Puis peu à peu, à partir de sa rencontre avec Claire, une femme qu'il a connu il y a quelques années, le récit va changer de registre et va se resserrer sur plusieurs références cinématographiques ou sur l'histoire de l'Amérique : Laureen Bacall, John Ford, Lincoln, les pionniers du chemin de fer... Et finalement la rencontre houleuse avec sa femme avec qui la séparation va pouvoir se réaliser. Il se dégage de ce livre une ambiance étrange. Bien souvent, je me suis demandé si j'étais dans le réel ou l'onirique. D'ailleurs le protagoniste nous fait souvent part du contenu de ses rêves. C'est un livre sur le questionnement sur soi, sur notre rapport à la vie, au monde, aux autres.

Même si le personnage est tout le temps en mouvement, sa manière d'être dans le monde qu'il traverse nous le fait paraître par instant, figé, rattrapé par les choses anodines dans la banalité du quotidien qu'il décrit. Est-ce que finalement, ce récit ne serait qu'un rêve ou un souvenir ? Dans un registre complètement différent, j'ai pensé pendant la lecture au "Nocturne indien" de Tabucchi. Une sorte d'errance à la recherche de notre propre existence. En extrapolant un peu (ou beaucoup), il y aurait presque quelque chose de l'ordre du mystique, comme une quête de soi, d'être en harmonie avec quelque chose qui nous dépasse. Peter Handke fut le scénariste des "Ailes du Désir". Cette histoire d'un ange qui décide de rester sur terre pour l'amour d'une femme. Dans ce livre, on peut peut-être s'interroger pour savoir où se situe le réel et le mystique/onirique. En tout cas, même si cette lecture peut ne pas convenir à tous/tes, j'en ressors un peu troublé.
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Histoire d'enfant

Je ne pourrais pas dire précisément à quel moment j'ai décroché. Je me souviens avoir senti la chaîne dérailler, et m'être alors éloigné de ce récit, un pied dedans, un pied dehors.

Oui, je suis arrivé au bout de cette centaine de pages, mais que c'était laborieux ! Peter Handke me tenait à une telle distance de son histoire que j'ai rapidement renoncé à toute tentative d'approche.

Les premières pages m'avaient pourtant suffisamment plu pour susciter ma curiosité.

J'ignore encore si c'est l'absence d'intrigue romanesque, la narration à la 3ème personne, cette violence contenue ou le style austère qui a fait que je suis passé à côté de ce livre. Je ne suis qu'un lecteur après tout, et je ne peux donc pas être entièrement objectif.



Que dire alors de ce roman du Prix Nobel de littérature 2019 ?

Découpé en huit chapitres, il fait le récit intime de l'enfance et la paternité, de la relation qu'entretiennent un père et sa fille entre l'Allemagne et Paris. Ce sont là les dix premières années de l'enfant gardé par son père.

Lui est séparé de sa femme, et essaye de construire un quotidien avec sa fille. Ils s'exilent à Paris. L'histoire explore les défis de la paternité et les expériences de l'enfant face à l'école et à une nouvelle langue. L'enfant est ballottée entre une école publique où elle est persécutée par ses camarades et une école catholique.



Handke opte pour l'exercice de style : narrateur à la 3ème personne, aucun dialogue, pas de noms, il faut souvent décoder les informations. Il philosophe sur les réussites et les échecs des deux personnages, d'une voix neutre, sans émotions.

Il aborde les difficultés de vivre dans un pays étranger. L'enfant change souvent d 'école et est en souffrance. Il se focalise sur les détails infimes du quotidien, les perceptions et les émotions.

J'ai eu plusieurs fois le sentiment d'assister à une expérience en psychologie sociale qui mettrait en scène l'autorité (le narrateur), le sujet (le père) et la victime (l'enfant).

J'ai éprouvé de la tristesse et de la compassion à l'égard de cette enfant, et souvent de la révolte à l'égard du père.

Je n'ai en tout cas pas du tout été convaincu par ce récit, que j'ai trouvé pesant et ennuyeux. Je lirai un livre plus récent de l'auteur pour éventuellement réajuster mon opinion.









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Par les villages

Les livres sont tellement plus qu'un objet de papier.



Ainsi cette pièce de Peter Handke est arrivée entre mes mains de façon très improbable.



Il y a quelques années, je me promenais dans le triangle du vide quand je me suis trouvée dans un village avec une belle église. Je me suis arrêtée et en faisant le tour de ce modeste village, j'ai vu des affiches annonçant une représentation théâtrale, prévue le soir même, quelques kilomètres plus loin.



Je me suis rendue au lieu dit. Et oh surprise, j'ai découvert un champ qui faisait office de parking. J'ai ensuite pris mon billet pour cette représentation. Avant que cela ne commence, j'ai eu le temps de me substanter en discutant avec quelques habitants. Ils m'ont raconté la genèse de cette troupe de théâtre créée par des professionnels.



La représentation était itinérante. Il faisait beau, c'était l'été. Notre chemin dans la nuit, pour suivre cette pièce, était magique.



En repartant, j'ai fait l'emplette du livre de la pièce. Dont le sens, je l'avoue m'avait un peu échappé car la prestation des acteurs et des actrices était assez inégale. Mais peu importe car ce qui compte, c'était la magie de cet instant.



En lisant ce texte, dans le cadre du Challenge Nobel, c'est ce souvenir qui est remonté à ma mémoire. Depuis quelques jours, j'essaie de retrouver le nom de cet endroit... mais sans succès.



Bref ce livre a été comme une madeleine de Proust pour moi....



Quant à ses qualité littéraire, il tenait d'avantage du quatre quart bourratif que de la pâtisserie fine, d'où les 2 étoiles.



A l'exception du monologue de la fin, philosophique, à défaut de vouloir mener les foules à se révolter des injustices qu'elles rencontrent, qui est intéressant, tout le reste est obscur.







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L'angoisse du gardien de but au moment du p..

Nul de chez nul. J’ai détesté l’écriture de l’auteur. Pas un paragraphe, des phares ultra simples qu’on ne comprend rien et pas un seul chapitre. On dirait du télégraphe et rien n’est compréhensible. Tant le style que l’histoire en elle-même sont à jeter. Elle ne veut rien dire et il n’y a pas de but. C’est comme si quelqu’un raconte sa vie sans suspense, sans émotion, sans rien. Ça commence comme ça et ça finit sans qu’on comprenne quoi que ce soit. De plus, le titre ne correspond à rien. On sait que le narrateur était joueur de football mais rien ne parle de ce sport sauf à la fin où il va voir un match. C’est tout. Bref, à ne surtout pas relire !
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L'angoisse du gardien de but au moment du p..

Dans le même registre, on tirera meilleur profit à lire Un homme qui dort de Georges Perec (ou toute la production de Jacques Sternberg, distillateur d'un absurde enchanteur).

L'un, pas le novateur de l'homme endormi, vous plongera dans une torpeur pélagique, l'autre éveillera en vous un enchantement insoupçonné.

A déconseiller enfin particulièrement aux amateurs de fouteballe (qui, de toute façon, lisent assez peu).
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Le malheur indifférent

Étrangeté des livres abandonnés sur un banc. Trouvé hier soir, après une semaine à ne penser qu'à Israël et Gaza, ce court roman de Peter Handke lu d'une traite ce dimanche matin. Le dramaturge autrichien écrit ces pages entre janvier et février 1972, sa mère vient alors de se suicider à 51 ans. Qu'on puisse dire qu'il existe "quelque chose d'indicible" cesse de lui apparaître comme un "mauvais faux-fuyant". Par là, se trouve inscrite dans les pages de cette simple histoire la question de "l'écriture véritable". Plus tard, conclut-il, "j'écrirai sur tout cela en étant plus précis".
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Par une nuit obscure je sortis de ma maison..

Voici un livre étrange, onirique, désemparant et d'une lecture difficile. Un personnage, le pharmacien de Taxham près de Salzbourg, entreprend un voyage vers le sud de l'Espagne. Il part muet, motivé par on ne sait quelle recherche. J'ai tenté en vain de distinguer le vraisemblable de l'imaginaire, parcourant tout le livre dans un désarroi troublant.



Quel est le sens de ce récit ? Je ne saurais le dire. Tout au plus je devine l'angoisse du pharmacien grand amateur de champignons lorsqu'il se retrouve dans une steppe improbable quelque part dans le sud. Bien sûr la steppe et les champignons sont des symboles, mais lorsque la métaphore est absconse, le lecteur se perd.



Le pharmacien explique à son interlocuteur que la steppe doit faire envie au lecteur et, simultanément, qu'elle doit lui faire peur, mais "avec mesure". Je n'ai pas eu peur de suivre le Prix Nobel de littérature (2019), mais j’avoue avoir eu envie plusieurs fois de le laisser continuer seul son errance initiatique.



Je pressens être passé totalement à côté du propos de l'auteur. Si l'un de mes lecteurs pouvait m'aider, je lui en saurais gré.
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Le malheur indifférent

On en a jamais fini avec la mort d'un parent. Le deuil est un processus qui prend du temps et qui se réactive à intervalles réguliers. Je pensais pourtant en avoir fini avec mon déballage personnel sur Babelio de ce deuil qui a déjà colonisé deux de mes critiques. C'est sans compter les livres et leur propension à venir nous chercher sans que nous l'ayons voulu, à des moments étonnamment pertinents pourtant. Ce fut le cas de ce "malheur indifférent", récit du Nobel Handke écrit juste après le suicide de sa mère... et que je décide de commencer sans me rendre compte que je le fais le jour de l'anniversaire de ma mère, celui qu'elle ne pourra jamais fêter.



C'est assez fou de se rendre compte que cette lecture était programmée depuis le 16 septembre, puisque dans le cadre du challenge ABC du site, pour la lettre H. Je suis à peu près sûr de ne pas avoir particulièrement remarqué le sujet du livre, plutôt qu'il validait un Nobel et qu'il n'était pas trop long. Mais le battement d'ailes du papillon a amené cette lecture à la date du 25 Août, après la lecture du Paradis de Gurnah et sa lettre G.



Passons au livre lui-même maintenant. La démarche de l'auteur est touchante. Il vient d'acquérir la notoriété avec son "angoisse du gardien de but", adaptée l'année même au cinéma par Wim Wenders (excusez du peu...). Il se retrouve confronté à ce décès et ne voit qu'une façon d'y faire face, ce qu'il sait le mieux faire, écrire. S'agissant d'un suicide on se dit que le livre va être une recherche du pourquoi cette mort, mais au final il répond plutôt à celle du comment cette vie. Il est tiraillé tout au long du récit au risque de n'intéresser personne avec cette histoire si personnelle et également à l'écueil de tomber dans une description trop généraliste, d'en faire la vie de tout le monde. Tel un albatros baudelairien, il semble maladroit dans sa démarche, fragile et donc d'autant plus émouvant. Il rend un hommage au final très réussi à cette mère qu'on aura empêché de vivre son bonheur rêvé et idéalisé et qui n'aura donc pu que se contenter de ce malheur indifférent du titre.



Comme il fallait s'en douter, plusieurs moments m'ont tendu un miroir sensible, les regrets d'une vie qu'on aurait voulu pour elle plus aboutie, une personnalité qui se coule mal dans le moule que d'autres voudraient lui voir respecter, la maladie qui transforme les derniers instants et les derniers rapports... Heureusement, j'ai été aussi rassuré de ne pas la reconnaitre dans le malheur d'un mariage subi, content qu'elle ait pu ainsi goûter à un bonheur différent.



Je sais que l'auteur est diversement apprécié, notamment chez les Nobéliens que je fréquente. Cette première rencontre originale et fraternelle en fera forcément un auteur à qui je donnerais plus d'une chance de me séduire... surtout qu'il a déjà commencé à le faire !



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La deuxième épée

Le grand bonheur quand on est contemporain d'un auteur c'est de pouvoir régulièrement avoir de ses nouvelles et respirer un peu à ses côtés. Après la lumineuse Voleuse de Fruits, Handke prend un point de départ plus sombre, avec cette affaire de vengeance, d'affront et de pulsion meurtrière. Le narrateur fulmine de colère et l'on peut imaginer un autoportrait dans quelques notations rageuses (mais non dénuées d'humour). La trame restera familière à ses lecteurs : le narrateur va vivre son épopée et nous avec lui. On retrouve donc certains motifs : les chemins de l'Ile de France, les figures croisées (ici elles ont quelquefois un prénom mais demeurent comme souvent chez Handke, des sortes d'archétypes incarnés ou disons précisés mais avec toujours ce mystère un peu flou comme dans un rêve), le goût des métamorphoses et toute la chimie secrète qui vise à une sorte d'accomplissement intime. C'est un beau texte (peut-être m'a-t-il moins séduit que La Voleuse ou le Fou de champignons pour ne pas évoquer les grands chefs d'oeuvres comme l'Année dans la Baie de Personne ou le Recommencement) qui me donne toujours envie de partir et d'être attentif aux détails qui font tenir le monde un peu plus droit. À l'inverse d'une certaine écriture contemporaine, faite de phrases courtes, de présent perpétuel et de "sujets", ici, tout est singulier et déroutant. De la littérature, pour ainsi dire (non, pas de "pour ainsi dire" !)
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Bienvenue au conseil de surveillance

La logique, dans Bienvenue au conseil de surveillance, fait des cabrioles, les images se font des crocs-en-jambe, la narration nous laisse au milieu d’un gué.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Bienvenue au conseil de surveillance

La Bienvenue au conseil de surveillance, titre kafkaïen, rassemble 19 récits du prix Nobel de littérature Peter Handke bénéficiant d’une nouvelle traduction. Leur fil conducteur est la violence.
Lien : https://www.liberation.fr/cu..
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Bienvenue au conseil de surveillance

Peter Handke est né en Autriche en 1942. Il a eu le prix Nobel de littérature en 2019. La vingtaine de textes que réunit ce livre, a été rédigée entre 1963 et 1969. Une nouvelle traduction vient d’être faite et elle est publiée par Christian Bourgois éditeur.

Le point commun entre toutes ces histoires, c’est la violence sous toutes ses formes. Elle peut toucher la personne elle-même, les autres, la nature, etc. Chaque situation est décortiquée, analysée, présentée avec une écriture chirurgicale, concise, dénuée de tout affect. Les faits, rien que les faits, qu’on prend en pleine face. Cela peut être des situations ordinaires, voire banales mais un grain de sable et le tragique est présent, vous faisant froid dans le dos (je pense à « Témoin oculaire » qui est bouleversant de simplicité et de désespoir). Ce qu’il se passe ? Presque rien et pourtant c’est terrible.

« Le procès » est bien entendu à rapprocher du récit, portant le même nom, de Franz Kafka. Comment les hommes rendant la justice peuvent-ils se tromper ? Comment un homme peut-il finir par se sentir coupable alors qu’il ne l’est pas ? C’est la manipulation des mots, des phrases à qui on fait dire ce qu’on veut.

Peter Handke les choisit, les tourne, les assemble dans un but précis, celui de transmettre d’une façon dramatique l’annonce d’une mort. Les descriptions sont visuelles, froides, faites, le plus souvent, de peu de mots, pour frapper encore plus fort et rendre « réel » ce qu’on lit. Dans ces courtes nouvelles, des personnes meurent parfois par accident, parfois parce qu’en face, quelqu’un a eu la volonté de les tuer, la finalité est la même.

Je ne vais pas analyser chaque histoire afin de ne pas trop en dire. Mais elles sont toutes différentes et présentent divers aspects de la violence. Il y a une profonde réflexion derrière tout ça malgré le petit nombre de pages.

J’ai été impressionnée par le style littéraire, les styles, devrais-je écrire car c’est varié. L’auteur est né en 1942, les textes de ce recueil ont été consignés entre 1962 et 1967. Il était donc très jeune. Pourtant il y a de la puissance dans ce qu’il présente, de la recherche. C’est très ambivalent, car on pourrait presque sourire devant chaque drame évoqué mais on sait bien qu’on ne peut pas. Pourquoi ? Parce que c’est corrosif, avec une pointe d’absurde et de provocation mais le ton employé fait qu’on reste dans le politiquement correct, c’est sacrément bien pensé !

Je n’ai pas lu la première version, je ne peux donc pas comparer la traduction. Je ne doute pas que celle-ci doit être plus adaptée à notre époque, plus percutante sans pour autant déflorer le contenu. Est-ce que Laurent Cassagnau avait lu la première version ? Quoiqu’il en soit, bravo pour son travail car si cet opus est intéressant, c’est aussi parce qu’il a réussi à trouver le bon vocabulaire.

C’est décapant et c’est une magnifique découverte !

NB : les « questions d’examen » m’ont bouleversée, heureusement que je ne passe pas le bac !


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Par une nuit obscure je sortis de ma maison..

Fils spirituel de Beckett et de Kafka, chez Peter Handke aussi le discours semble vouloir se départir des atours séducteurs du sens commun et se détourner des sentiers battus de la raison pratique.

Pouvoir le réduire à sa portion congrue, le dénoyauter afin de mieux en extraire la poésie métaphysique exilée au bord du trou sans nom qui l'avait engendré, et que ses tropes décoratifs s'échineraient à escamoter. Dépouillé ainsi de ses fonctions ornementales, constamment sur le point d'achopper ou de tourner en rond, ce dernier se voit dépossédé de son ascendant assertif et discriminatoire : le sens arbitraire que l'on accorde aux mots, les fausses évidences du langage comme vecteur de connaissance et de communication de nos pensées profondes et de nos vrais sentiments sont mis à nu.



Et pourtant, même si le lecteur peut se retrouver un peu désemparé face à quelque chose qui lui paraît d'emblée difficile à saisir, comme c'est le cas dans l'ouvrage en question, pour ce qui est des événements et des motivations en apparence très disparates conduisant aux agissemments de son personnage-narrateur au début du roman, le style direct sobrement descriptif de Handke, associé à une enchaînement de faits qui se développe de manière quasiment phénoménologique (les choses, un peu comme chez les deux pères spirituels du romancier, «arrivent», c'est tout! ) créent assez vite un contraste saisissant, et l'histoire s'accroche peu à peu, indépendamment de son sentiment qu'elle ne correspond à rien de communément admis (il s'agit en l'occurrence de celle d'un pharmacien qui quitte sans préméditation et sans aucune raison apparente sa maison, rencontre deux inconnus sur sa route et part sans destination précise en leur compagnie ) comme si, par un stratagème mystérieux le récit prenait corps en grande partie tout simplement du fait qu'il est en train de le lire..!



Le fait d'exister, ce qu'on appelle «réalité», ne serait-il au fond qu'une histoire lisible par quelqu'un d'extérieur, ensuite partagée, ou simplement murmurée à soi-même ?



«Du coup le conducteur eut l'impression que ce qu'il était en train de vivre là, et qui lui arrivait à lui et à eux depuis la veille, s'écrivait en même temps que cela se produisait, et qu'on pouvait le lire, mais ni dans un journal ni dans un livre. Cette impression-là ne lui était-elle pas déjà venue de temps à autre? Oui, à certaines heures de l'amour, du grand bonheur, comme du grand malheur (...)»



Alors que tout semble nous condamner irrémédiablement à une certaine forme d'impermanence, à l'évanescent et au provisoire, pouvoir se vivre en train de laisser une trace des histoires qu'on (se) raconte, ou d'être «lu et éprouvé» en dehors de soi-même, ou bien d'écrire en soi-même les histoires des autres avant qu'elles ne tombent dans l'oubli, n'est-ce pas là le défi qu'on se lancerait, auteurs confirmés ou simples anonymes, lorsqu'on cherche à donner un sens à nos existences éphémères?



Handke semble en tout cas porter à fleur de peau l'épouvante du délaissement moral et l'angoisse du silence aphasique, toujours menaçantes d'après lui, prêtes à surgir là où on ne les attend pas, quelquefois sourdement, d'autres violemment :



«Cesse de chercher ce qui est vivant, ici parmi les morts. Il te faut secouer ta mutité. Si tu ne parles pas tu en périras aujourd'hui même. Ton silence n'est pas du silence», s'entend dire le narrateur, après avoir quitté son univers confortablement morne, quoiqu'étriqué, «sorti de sa maison tranquille par une nuit obscure», parcouru des centaines de kilomètres en voiture, puis, à la fois angoissé et émerveillé par ce qu'il y découvrira, avoir traversé à pied, seul et privé de toute parole, une surprenante steppe en plein coeur de l'Europe.



La «steppe» chez Handke, en effet, bien que réelle et plus ou moins géo-localisable, ne se situe pas exactement là où l'on s'attendrait normalement à la retrouver, mais en l'occurrence entre Taxham, petite ville dortoir à proximité de Salzbourg d'où était parti notre pharmacien, et le sud de l'Espagne!! Cet étonnant paysage, situé à l'intersection et s'ouvrant de toute évidence sur un territoire interne, beaucoup plus immatériel et insaisissable, apparaît au narrateur comme une contrée «inépuisable», «angoissante», «parce que se refusant à toute image» : sa traversée ressemblera en tout cas davantage, comme il arrive souvent dans l'oeuvre de l'autrichien, à un voyage intérieur que proprement extérieur.



C'est probablement aussi pour ces raisons que le pharmacien de Taxham demande à celui qui doit écrire l'histoire de son parcours initiatoire jusqu'en Andalousie, malgré les réticences exprimées par le second, de bien vouloir garder le mot «steppe» tel quel : «Même ici à Taxham, explique-t-il, il y a la steppe ou comme on dit péjorativement un terrain «réduit à l'état de steppe», et pas seulement sur le remblai du chemin de fer et sur l'emplacement qui reste libre pour le cirque, qui de toute façon ne passe plus (...) C'était et c'est la steppe et cela doit s'appeler la «steppe». Et il faut que vous donniez l'envie de la steppe au lecteur de mon histoire et qu'elle fasse peur, avec mesure.»



Peter Handke est d'ailleurs lui-même bien placé pour savoir à quel point cela peut faire peur : né en 1942 en Carinthie (à l'instar de ses compatriotes Robert Musil, Thomas Bernhard ou Ingeborg Bachmann) province autrichienne ultraconservatrice située au carrefour de trois pays (Autriche, Italie et Slovénie), fils d'une mère issue de la minorité slovène et d'un soldat allemand - père qu'il ne connaîtra jamais -, l'on s'imagine facilement qu'il ait dû lui aussi, comme son narrateur pharmacien, avoir goûté «du champignon amer» pour survivre durant la traversée de sa «steppe».



Et cette lecture, serait-elle tout aussi éprouvante ? À certains moments oui, forcément! Toutefois, comme dira rétrospectivement le narrateur-pharmacien : «Là-bas dans la steppe, par moments, j'étais enthousiasmé par moi-même, étonnant pour un homme d'un certain âge et étonnant en particulier pour moi. Et croyez-moi ou regardez : on ne peut se fier à qui n'est pas au moins par moments enthousiasmé par lui-même.»



De retour chez lui, grand passionné de mycologie par ailleurs, le narrateur dit également avoir précieusement séché et conservé les champignons amers goûtés durant le voyage, tout en ayant extrait leur essence: très efficace, selon lui, contre «le sentiment d'irréalité et de folie, pour les beaux parleurs et les muets, et bon aussi contre la rance solitude»!



J'ai été pour ma part très sensible aux baumes mélancoliques et aux senteurs poétiques qui se dégagent de cette prose inventive.

D'une signature très singulière et personnelle, celle-ci, selon la formule magnifique trouvée par Georges-Arthur Goldschmidt, traducteur de la quasi-totalité de l'oeuvre de Peter Handke éditée en France-, «à force de concentration, parvient à ce point d'intimité où celui qui écrit bascule en celui qui le lit».



Une prose qui préfère aussi largement la suspension aux réponses toutes faites, les faux pas aux faux espoirs de rédemption, la liberté erratique de la steppe intérieure aux faux-décors sécurisants en carton-pâte, les faux mouvements (titre par ailleurs de l'une des nombreuses collaborations de Handke avec le cinéaste Wim Wenders) dus à des transports authentiques, aux faux-fuyants qui nous servent souvent de bouclier contre notre peur et contre notre désir de traverser les apparences.



"On se souvient généralement de la manière dont les rêves se terminent, mais presque jamais comment ils ont débuté. "





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L'angoisse du gardien de but au moment du p..

Livre étonnant, on entre ou pas dans son univers. Pour ma part, je suis pas du tout rentré dedans.

Je suis sur qu'il a des qualités, Peter Handke n'est pas prix nobel de littérature pour rien, mais le rythme est bâtard : rapide au début, enchaînant les déplacements et les péripéties puis long et ennuyeux sur les 2 derniers tiers du livre.
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Le recommencement

« Un jour, je me suis égaré – exprès, comme tant de fois, par curiosité, par désir de savoir – dans une steppe dépourvue de chemin, parcourue de taillis et d'arêtes de pierre. Je ne tardai pas à ne plus savoir où j'étais ; il n'existe de cette région, zone frontalière, d'autres cartes détaillées que des cartes militaires confidentielles. Des cent villages, comme c'est la règle lorsqu'on fait quelques pas à travers champs, le vent n'apportait plus aucun signe de vie, ni aboiements de chiens ni cris d'enfants (ceux qui portaient le plus). Je me battis pendant des heures, avec une ardeur désordonnée, faisant des zigzags entre les dolines en friche dont la terre rouge était parsemée de rochers blêmes et où jaillissaient çà et là les arbres de forêt vierge dont le sommet était au niveau des semelles du marcheur. Je pouvais maintenant parler de nature brute, j'éprouvais une bonne fois ce qu'était en effet, privé d'eau, ce territoire dans son ensemble : le désert à perte de vue, donnant simplement à croire par sa végétation qu'il était cultivable quand sans aucun doute, au souffle léger du vent, plus d'un familier des lieux y était mort de soif, avec peut-être dans l'oreille, jusqu'au dernier instant, le bruissement doux des frênes à manne dans lequel ruisselait à sa portée, comble de la dérision, un clair ruisseau de montagne. »



Filip Kobal, alors qu’il atteint ses quarante ans, se souvient de sa toute première errance en Slovénie au début des années 1960. A cette époque-là ce pays faisait partie de la république fédérative socialiste de Yougoslavie. Filip a la particularité de faire partie de la minorité slovène de Carinthie, tout au sud de l’Autriche. Issu d’une famille paysanne taiseuse et laborieuse, il souhaite s’en échapper et aspire à une vie plus aventureuse. Un recommencement, comme l’indique le titre.



Il part sur les traces de son frère aîné Gregor, mort pendant la guerre. Pour guide, il a emmené dans son sac marin un cahier de travail tenu par Gregor pendant ses études d’agriculture à Maribor, rédigé en slovène, langue que Filip ne maîtrise pas. L’autre livre de Gregor est un dictionnaire allemand-slovène.



Je retrouve le style exigeant de Peter Handke après une très longue interruption. Mon impression n’a pas beaucoup changé depuis ma lecture de « Le Chinois de la douleur » dans les années 1980. La narration de ce voyage dans des paysages tout à fait impressionnants, souvent déserts, montagneux puis karstiques, est d’abord intérieure. Filip trouve dans l’écriture à posteriori de ses impressions de jeunesse une sorte de justification.



L’écriture, les langues, les traductions sont au centre de ce roman aux forts accents autobiographiques. J’ai l’intention de poursuivre par les romans de jeunesse de cet auteur, parfois déconcertant mais qui possède réellement un ton unique.

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La deuxième épée

Je me sens toujours démunie au moment d'écrire sur une oeuvre de Peter Handke. Si la fulgurance et la satisfaction sont bien présentes à la lecture, trouver les mots pour exprimer le ressenti est un exercice qui ne sera bien entendu pas à la hauteur. C'est donc très humblement que je tente ces quelques phrases, ce n'est bien sûr pas suffisant car la dimension est multiple et infinie. Et c'est là tout le talent de Peter Handke de faire emprunter des chemins, en île-de-France et Picardie, des chemins et voies diverses, le tramway, la pensée et de réussir à nous immerger avec une incroyable précision dans les états d'âme humains les plus profonds, notre société, nos contradictions tout en renvoyant tantôt aux pages de l'histoire les plus sombres, tantôt à la Rome antique, ou bien encore... un voyage où la rêverie et l'observation prennent des accents doux, mordants, profonds ou hilarants. On part et on ne sait où l'on nous mène mais on chemine sans jamais pouvoir s'arrêter. Peter Handke est à l'apogée de son art depuis longtemps et encore une fois il nous enchante et nous régale avec une mystérieuse facilité. Son œuvre est immense mais on en redemande toujours... époustouflant et incontournable. Je recommanderai cet ouvrage comme un de ceux à lire en priorité car il m'a semblé limpide, fluide et facile à lire autant qu'agréable et l'humour présent dans les pages ne gâche pas le plaisir, loin de là
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L'angoisse du gardien de but au moment du p..

Ancien gardien de but, licencié de son travail, Joseph Bloch erre dans la ville suite à son licenciement se transforme en fuite en avant suite au meurtre qu’il va commettre.



Sous forme d’un roman policier, Peter Handke, Nobel de littérature, dépeint la société allemande de son époque et ses travers a partir des actions parfois extravagantes du narrateur.



L’auteur dépeint par l’angoisse de son narrateur les peurs qui peuvent être ressenties par une personne qui se retrouve en dehors de la société.
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La Femme gauchère

On dort les uns contre les autres

On vit les uns avec les autres

On se caresse, on se cajole

On se comprend, on se console

Mais au bout du compte

On se rend compte

Qu'on est toujours tout seul au monde



Michel Berger, Luc Plamondon - Les uns contre les autres.



Autant le dire tout de suite, la subtilité de ce roman m'a complètement échappé. Je suis généralement bon public mais avec certains auteurs, ça ne passe pas, mais alors pas du tout.



La nana va récupérer son mec à l'aéroport, il revient d'un voyage d'affaires en Finlande, elle lui annonce qu'elle le quitte sans véritablement en expliquer les raisons. Le mec ne le prend pas si mal, il prend ses affaires et se fait héberger par l'institutrice de leur gamin de huit ans.



Le gamin qui, du reste ne semble pas particulièrement affecté par la nouvelle. Un écrit très factuel, une absence d'émotions, des dialogues peu crédibles. C'est peut-être là le sujet, la perte de sens d'une vie commune, l'apprentissage de la solitude ?



Mais quel ennui !



Challenge Multi-Défis 2023.

Challenge Riquiqui 2023.
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