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Citation de art-bsurde


La journaliste berlinoise Ruth Andreas-Friedrich, membre de la Résistance, notait dans son journal à la date du 2 décembre 1942 : « Les Juifs disparaissent en masse. Des rumeurs terrifiantes circulent quant au sort des évacués. On parle d’exécutions massives, de famine, de tortures. »
Le 4 février 1944, elle écrivait : « On murmure déjà à propos de nouveaux transports de juifs. Ils sont censés avoir fait le vide à Auschwitz et Theresienstadt, surpeuplés. » […]
Le passage qui suit immédiatement montre à quel point il était difficile pour les contemporains d'accepter individuellement les informations disponibles et d'en tirer les conséquences correspondantes : « L'horreur est si impossible à représenter que l'imagination se refuse à la concevoir. Tel contact ne fait que critiquer. Telle torture n'a tout simplement pas eu lieu. Entre le savoir théorique et son application au cas particulier, ce cas particulier dont nous nous soucions, pour lequel nous nous angoissons, se creuse un fossé infranchissable.Ce n'est pas Heinrich Muhsam qu'ils ont envoyé dans les chambres à gaz. Il ne peut s'agir d'Anna Lehmann, ni de Margot Rosenthal ou de Peter Tarnowky obligés de creuser leurs tombes sous les coups de fouets des SS. Et ce n'est assurément pas la petite Evelyne qui était si fière, du haut de ses quatre ans, d'avoir mangé une poire, une fois. Ces rumeurs épouvantables ne peuvent s'appliquer à eux. Nous n'autorisons pas notre capacité de représentation à les relier. Mais pourrions-nous continuer à vivre si nous comprenions vraiment que notre mère, notre frère, notre amie, notre amant ont été torturés à mort au prix de souffrances inimaginables et loin de nous ? »
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