Citations de Peter Watts (113)
Lucifer lui-même n'a quitté le paradis que contraint et forcé.
Vous vous y connaissez en physique quantique Myles ?
Il secoua la tête. Pas particulièrement non.
Rien n'existe vraiment, du moins au niveau subatomique. Tout n'est qu'onde de probabilité. Jusqu'à ce que quelqu'un regarde, en tout cas. Alors l'onde s'effondre et on obtient ce que nous appelons « réalité ». Mais ça ne peut arriver qu'avec un observateur pour lancer le mouvement.
Où pouvons-nous aller, depuis notre situation actuelle ? Où peut-on aller, avec sept milliards d'hominidés qui n'arrivent pas à contrôler leur appétit, font chaque jour disparaître trente espèces sous le poids de leurs empreintes, sont trop occupés à rejeter la théorie de l'évolution et à construire des drones tueurs pour s'apercevoir que les calottes glaciaires sont en train de fondre ? Comment écrire un avenir proche plausible dans lequel nous avons réussi à stopper les inondations et les guerres de l'eau, dans lequel nous n'avons pas fait disparaître des écosystèmes entiers et transformé des millions de nos semblables en réfugiés climatiques ?
C'est impossible.
(Extrait de l'essai "En route vers la dystopie avec l'optimiste en colère", dans le recueil "Au-delà du gouffre")
Les cerveaux du Paradis sont en réseau, mais tout est inconscient... le surplus interneural laissé par vos besoins courants est loué à l'extérieur pour sa puissance de calcul tandis que votre âme flotte au-dessus d'un monde sorti de son imagination. C'est le modèle économique ultime : donnez-nous votre cerveau pour faire fonctionner nos machines et nous assurerons le divertissement de ses reliquats conscients.
(Le Colonel)
Cela me semble obscène - une offense contre la création elle-même – de rester prisonnier de cette peau. Elle est si mal adaptée à son environnement quelle a besoin d'être enveloppée dans de multitudes couches de tissu pour simplement conserver sa chaleur.
Un bref tintement surgit soudain entre mes oreilles. Un verre ne serait pas de refus: cela serait vraiment agréable que l'arôme boisé d'un bon vieux scotch se glisse dans mes sinus. Je regarde autour de moi, découvre le panneau publicitaire qui m'a ciblé. Crown Royal. Putain de spam mental. Je remercie intérieurement les interdictions légales d'implantation nominative des marques: on peut me fourrer des envies dans la tête, mais me rendre accro à des marques commerciales franchirait le seuil de je ne sais quel seuil de "libre arbitre". C'est un geste futile, une concession aux fanatiques des droits civiques.
(Les Yeux de Dieu)
Ça fait des heures qu'elle est dehors à écouter les nuages.
Dans la forêt, les hommes reconnaissent leur Mère. Elle produit les fruits et les racines qui les nourrit, elle les abrite, elle leur offre les potions, les onguents qui soignent leurs maux, ainsi que les parures nécessaires à la fête qui suit la guérison. Mais, de même que l'embryon baigne dans la chaleur du ventre maternel sans velléité d'en sortir, de même ils restent confinés en elle. A cela, il y a une bonne raison : s'éloigner de son giron, c'est se condamner à mourir asphyxié.
(Christian Léourier - "La longue patience de la forêt")
J'ai entendu assez de platitudes comme ça chez la véto, tu comprends ? J'en ai marre des gens qui disent "Il veut mourir" en pensant "Ça coûterait trop cher". Et j'en ai par-dessus la tête que des gens disent "amour" en pensant "économie".
(Chair faite parole)
Quel genre de monde peut rejeter la "communion"?
Qui est l'intuition la plus simple, la plus irréductible que la biomasse peut avoir. Plus on est capable de changer, plus on peut s'adapter. Et s'adapter, c'est être apte, s'adapter, c'est survivre. C'est plus profond que l'intelligence, plus profond que les tissus ; c'est "cellulaire", c'est axiomatique. Et de surcroît, c'est jouissif.
(Les Choses)
Abandonnée à elle-même, l'humanité suce son pouce et croupit dans sa merde ; confrontée à l'Autre, elle construit des portails vers l'infini...
La seule chose dont ils ont jamais eu besoin, c'était d'un ennemi.
(Éclat)
L'endoctrinement a fini par fonctionner là où l'empathie échouait.
C'est un des rares avantages de la décimation de la faune équatorienne : il n'y a plus guère de risque de confondre jaguar et guérilla.
Je crois que je vais d'abord...aller me promener. Histoire de voir quelque chose de réel, pour changer.
Les outils n'existent que pour une seule raison: forcer l'univers à prendre des formes contre nature. Ils traitent la nature en ennemie, ils sont par définition une rébellion contre l'état des choses
(Ambassadeur)
Sur Terre, il y avait eu de la vie au fond des roches, à mi-chemin du manteau : des empires naissaient et s'effondraient le temps que ces microbes mettaient à prendre leur respiration. Leurs existences passaient en un clin d’œil, comparées à celle de Hakim.
(Géantes)
Je devrais sortir la rejoindre. Il n'y a pas encore véritablement de danger, il nous reste bien encore une demi-heure avant que la tempête ne nous tombe dessus. Non qu'elle "nous" tombe vraiment dessus: elle ne fait que passer, paraît-il, en route vers une autre cible. Je me demande quand même si elle sait que nous sommes sur son chemin. Je me demande si elle en a quelque chose à faire.
(Nimbus)
Même à cet endroit , l’intérieur de la coque , l’abysse vous pèse dessus comme la voute d’une cathédrale . Ce n’est pas un endroit où on braille conneries et futilités . Si tant est qu’on parle , on le fait sans élever la voix . Mais ces touristes-là semblaient n’en avoir rien à foutre .
On oubliait facilement l'IA quantique au coeur de notre vaisseau. Elle restait discrètement fondue dans le décor, nous nourrissant, nous transportant, imprégnant notre existence comme un dieu discret, mais tout comme Dieu, elle ne prenait jamais nos appels.
Rien n'est immortel,dans un voyage d'un milliard d'années.