Phil Klay -
Fin de mission .
Phil Klay vous présente son ouvrage "
Fin de mission" aux éditions Gallmeister. Traduit de l'américain par
François Happe. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/klay-phil-fin-mission-9782351780831.html Notes de Musique : Cryptonite by Hellmood B. Ware. Free Music Archive. www.mollat.com Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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"Rentrer, c'est comme respirer pour la première fois après avoir failli se noyer. Même si ça fait mal, c'est bon"
Écoutez, Falloujah a connu des périodes bien pire que celles-là. Al-Qaida abandonnait les cadavres dans la rue, ils coupaient les doigts des gens parce qu'ils fumaient. Dans tous les quartiers, ils avaient un local à torture, toutes sortes de saloperies complètement dingues, et vous pensez que les enfants ne voient rien de tout cela ?
Levin avait été touché au cou. Son gilet pare-balles n'aurait rien changé. Mais j'imagine que pour le sergent-major, comme pour la plupart des gens, il fallait qu'il y ait une certaine rationalité dans la mort. Une raison pour chaque victime. J'avais vu la même piètre théodicée lors d'enterrements civils. En cas de maladie pulmonaire, le défunt était certainement fumeur. En cas de maladie cardiaque, c'était un amateur de viande rouge. Il fallait une sorte de causalité, même la plus ténue, pour aseptiser tout cela. Comme si la mortalité était un jeu avec des règles, où l'univers était rationnel et où le Dieu qui le supervisait nous manœuvrait comme des pions sur un échiquier, les doigts enfoncés dans les flancs du monde.
Un camp d'entrainement militaire, ce n'est pas le bon endroit pour les subtilités.
Ces jours-ci, une idée me traverse parfois l'esprit tandis que je suis allongée dans mon lit, à essayer de dormir : je suis brisée, je suis brisée et j'ignore comment j'arriverai à combler ce trou que j'ai percé dans mon âme.
Pendant la journée, les bâtiments s’élevaient vers les pentes vertes et luxuriantes, et la nuit, les lumières de la ville dévalaient les crêtes comme des rivières scintillantes. Les gens y étaient plus accueillants, plus directs, plus honnêtes. Même les politiciens semblaient mentir plus honnêtement.
On a tiré sur des chiens. Pas par accident. De façon délibérée. On avait appelé ça Opération Scooby. Moi, je fais partie des gens qui aiment les chiens, alors, forcément, ça m’a fait gamberger.
- Dites lui que nous voulons de vraies veuves,cette fois.
...
- Ce ne sera pas un problème dit-il.L'Irak manque de beaucoup de choses, mais pas de veuves.
Tout le monde présumait que mon âme était profondément marquée par ma rencontre avec le Réel : le monde-tel-qu’il-est, dur, sans fard, violent, loin de la bulle protectrice de l’Amérique et du monde universitaire, un séjour au Cœur des Ténèbres qui, s’il ne vous détruit pas, vous rend plus triste et plus sage. C’est des conneries, bien sûr.
Il y a vingt ans, je payais le vaccin aux FARC. Il y a quinze ans, je le payais aux paras. Il y a cinq ans, je le payais aux Peludos, et puis aux Urabeños. (Il secoua la tête.) Cet endroit est comme un ballon de foot, et ils se font juste des passes.