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Citations de Philippe Annocque (86)


. " Il est rare que la réalité coïncide parfaitement avec l'idée que l'on s'en fait ",
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Monsieur Le Comte fit sans doute de nombreuses tentatives pour donner quelque densité à sa présence éthérée, dans l'espoir d'enfin entrer en contact avec les trois chevaliers de l'anti-matière.
On se le figure volontiers, s'inspirant sans doute de sa propre transparence, , absorbé par la préparation minutieuse d'un attentat digne de ses glorieux modèles : le voilà qui place quelques morceaux de verre brisé invisibles au fond d'un verre d'eau, et puis finalement qui reste en contemplation devant cette image de lui-même, oubliant sa destination criminelle, oubliant son propre contenu, s'oubliant lui-même au point de ne se retrouver qu'une fois la bouche en sang, plein d'une écarlate perplexité.
On l'imagine bien aussi, une autre fois, sous la douche après le sport, pris d'une crise d'angoisse en sentant l'eau traverser son corps perméable, commencer à émettre des sons avec sa bouche, incertain de les entendre, soupçonnant l'illusion auditive, criant, hurlant, braillant, bramant son doute ; tandis que sans qu'il se soit rendu compte de rien un moniteur musclé s'éloignait à pas nerveux en serrant dans sa main gauche l'oreille droite de Labriquette, dans sa droite la gauche de Brazzioli, ces deux-là traînés à la suite de leur oreille respective et glapissant qu'ils ne lui avaient rien fait, à l'autre taré, cependant que Bronchard chuchotait, à l'une ou l'autre oreille de ce même taré, qu'il allait voir ce qu'il allait voir
– perspective empreinte d'une certitude qui, on le comprend, comblait toutes les attentes de Monsieur Le Comte : il allait enfin voir ce qu'il allait voir.
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Embrouiller le lecteur n'est-il pas la façon la plus juste, la plus sincère, la plus authentique, de l'éclairer sur sa propre condition ? Ne devrait-ce pas être le but de mon livre ?
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Les choses suivaient leur cours et le cours des choses n'était jamais tel qu'on l'aurait imaginé et pourtant c'était le cours des choses. C'était comme ça.
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C’est à peine si elle le regarde quand Marie enfin nue se précipite à nouveau sur lui, lui-même a à peine eu le temps de la voir, il ressent surtout le contact dur des articulations et se demande pourquoi donc les filles s’obstinent à faire du régime, ce sont surtout des mots qu’il se dit dans sa tête, par peur de la trouver vide. Alors que dans un souci de justice il commence à admettre que c’est aussi, pour moitié, sa propre maigreur qui rend inconfortable leur étreinte, un goût soudain et incongru fait irruption dans sa bouche, qu’il croît sans enthousiasme identifier comme celui du cassoulet, et lui fait se rendre compte qu’ils sont en train de s’embrasser ; il peut quand même constater que, à force d’expérience, l’activité est nettement moins laborieuse et douloureuse que ce qu’il a déjà connu.
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Toute la littérature est comme ça : les écrivains écrivent tous sur la disparition de leur stylo - sur quoi écrire d'autre ? - mais ils le font avec un autre stylo que celui qui a disparu. Alors, forcément, ça sonne faux. Toute la littérature sonne faux.
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La relecture est une reliure.
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Ne pas être. Ne pas être n'a sans doute jamais été aussi clair. Ne pas être n'a sans doute jamais été aussi clairement le moyen de ne pas souffrir
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Il y avait d'abord sa vie, celle qu'on appelle la vie privée, privée de quoi on ne sait pas mais ça lui va bien à cette vie : c'est vrai qu'elle était, qu'elle est toujours privée de quelque chose.
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Comme si les choses pouvaient être plus ou moins vraies, plus ou moins fausses. Peut-être les choses pouvaient-elles être vraies et fausses en même temps, autant vraies que fausses, autant fausses que vraies.
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Le lendemain, une question saugrenue a traversé l’esprit de Liev. Qu’avait-il fait hier ? C’était ça, sa question. Ça n’avait aucun sens. Il s’en souvenait parfaitement : il avait recopié les factures que Monsieur Hakkell lui avait apportées. Il l’avait fait pour rendre service. Pour rendre service à Monsieur Hakkell, pour rendre service en général. En attendant. C’était à ce moment-là que Magda était passée devant la fenêtre. Et puis il y avait cette jeune femme, à cause de qui Liev avait ouvert la fenêtre. Il n’était pas sûr d’avoir bien fait, en ouvrant la fenêtre. C’était un souvenir un peu inconfortable. Voilà ce qu’il avait fait hier. Il ne se souvenait pas d’autre chose. S’il ne s’en souvenait pas, c’est parce que ce n’était pas important.
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Elle regardait par terre, de manière à mettre en valeur la courbure de ses cils, et Monsieur Le Comte avait pu déceler chez la jeune femme une humilité de bon ton. Eulalie était d'ailleurs forcément un ange, elle qui n'avait que deux l en consonnes. Ca ne l'avait pas empêchée d'inspirer à Monsieur Le Comte des ambitions croissantes et multiplicatrices.
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En écrivant « j'ai vraiment des choses à te dire », il avait le sentiment d'avoir plein de choses à lui dire. En relisant « j'ai vraiment des choses à te dire », il se demandait s'il aurait vraiment tant de choses à lui dire. Tant de choses à dire. Il se demandait s'il avait des choses à dire. Quelque part dans sa vie, quelque part dans le monde, des choses à dire.
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Une nuit quand même le temps vint à bout de la boue.
Tu le reconnus tout de suite : différente était la lumière qui perçait à travers les persiennes. Différente aussi des rais parallèles qui striaient encore d'ombre franche et de soleil tes souvenirs d'étés, tes souvenirs d'enfance matinale auxquels tu n'osais plus croire : c'était plutôt au milieu de la pièce une apparence de nébuleuse blanche que pour un peu tu aurais cru toucher - froid et mouillé, c'était, sans aucun doute.
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Il y a plein d'histoires qui se croisent. Les gens qui écrivent se mettent à plusieurs pour n'écrire que leur partie d'une histoire plus grande.
Parfois la page d'un livre est en même temps la page d'un autre. Ou le dos de la page d'un autre.
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Les sentiments, on peut les dire à la rigueur, mais on ne peut pas en parler.
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Il avait tellement d’imagination qu’il n’avait pas besoin de l’avoir pour avoir peur de la perdre.
Il relit sa phrase. C’est une belle phrase. Elle dit bien ce qu’il ressent, là. Il va la poster sur Facebook et comme ça elle va la voir, elle va comprendre. Ce sera comme un cri murmuré, ce phénomène acoustique qui permet à deux personnes éloignées de s’entendre à l’insu de la foule qui les entoure, d’un pilastre à l’autre du Pavaglione, dans La Tenda rouge de Bologne de John Berger. Et peut-être dans la réalité. Il va la poster sur Facebook et les autres, ses contacts, ses « amis », croiront juste qu’il écrit un nouveau roman. Après tout, peut-être qu’ils ne se tromperont pas ; peut-être qu’il écrit un nouveau roman. Oui : peut-être bien après tout qu’il est en train d’écrire un nouveau roman.
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l avait tellement d’imagination qu’il n’avait pas besoin de l’avoir pour avoir peur de la perdre.
Il relit sa phrase. C’est une belle phrase. Elle dit bien ce qu’il ressent, là. Il va la poster sur Facebook et comme ça elle va la voir, elle va comprendre. Ce sera comme un cri murmuré, ce phénomène acoustique qui permet à deux personnes éloignées de s’entendre à l’insu de la foule qui les entoure, d’un pilastre à l’autre du Pavaglione, dans La Tenda rouge de Bologne de John Berger. Et peut-être dans la réalité. Il va la poster sur Facebook et les autres, ses contacts, ses « amis », croiront juste qu’il écrit un nouveau roman. Après tout, peut-être qu’ils ne se tromperont pas ; peut-être qu’il écrit un nouveau roman. Oui : peut-être bien après tout qu’il est en train d’écrire un nouveau roman.
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Il se souvient d’un mot, quand même. Attirant. Ca le concernait. Il était attirant. Comment avait-elle formulé sa phrase ? Elle ne lui avait tout de même pas sorti « Vous êtes attirant » tout de go, comme ça. Quand même. Oui, il croit bien se rappeler avoir pensé qu’elle n’avait pas froid aux yeux, de lui dire, comme ça, qu’il était attirant. Mais comment le lui a-t-elle dit ? Le mot s’est imposé, il a effacé tout le reste de la phrase. Il a juste retenu qu’il était attirant. Il a même dû se le dire : je suis attirant.
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Il serait intéressant de se demander dans quelle mesure toute déclaration verbale faite à l'autre n'est pas de l'ordre de la fiction.
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