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Critiques de Philippe Arnaud (152)
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La proie

Anthéa vit au Cameroun. Si elle a des difficultés à l'école, elle est douée pour le dessin, le chant et pour conter. Au marché, où elle aide sa mère, elle croise une famille de français expatriés. Ils proposent de l'emmener en France pour la scolariser et lui offrir « un meilleur avenir ». Croyant bien faire ses parents consentent. Au début elle doit s'occuper des enfants puis des tâches ménagères, puis viennent les brimades et les reproches incessants. L'auteur nous décrit avec talent l'angoisse et la peur qui montent jusqu'à l'insupportable. Anthéa va puiser sa force dans ses souvenirs mêlés de contes, d'esprits, de senteurs… pour endurer le pire. Un roman fort sur l'esclavage moderne.

La Proie est LE roman à lire pour s’informer et comprendre un sujet aussi fort que l’esclavage moderne. Loin d’être larmoyante au contraire, l’héroïne Anthéa est combative : sa culture camerounaise, sa famille et ses souvenirs sont sa force. Philippe Arnaud a construit son récit comme un thriller, la tension est progressive et nous tient jusqu’à la dernière page.
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La proie

Je ne m'attendais pas à ça.

Pas du tout, du tout à ça.



Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'était pas mal du tout.

Voire très bien.



Allez savoir pourquoi, on se met parfois de drôles d'idées en tête avant d'ouvrir un livre.

Pour ma part, j'étais persuadée que La Proie allait se révéler être un roman fantastique, ou au moins un récit avec une part de merveilleux ou d'imaginaire.



Quelle ne fut donc pas ma surprise lorsque j'ai découvert un récit contemporain glaçant de tension, de dangers qui taisent leur nom et d'étouffantes relations de domination.



La Proie est un récit au long cours, de longue haleine, qui s'appréhende petit à petit et évolue au fil des pages. Il démarre doucement, dans un décor dépaysant, avec une histoire qui n'a pas l'air pressée de s'emballer et des personnages pour la plupart encore tout à fait innocents, à savoir les enfants d'un petit village du Cameroun, où Anthéa et ses amis grandissent petit à petit au fil des saisons, des histoires transmises de génération à génération, et des promesses d'un avenir qui s'annonce aussi paisible que prévisible.



Mais l'innocence ne dure qu'un temps.



Pour Anthéa, l'heure est déjà venue de grandir, de partir, et de suivre un couple de Français qui la prend sous son aile pour qu'elle vienne suivre sa scolarité en France, près de Paris. C'est une chance inouïe, l'occasion pour elle d'avoir accès à une meilleure éducation, des opportunités multiples, et une vie à mille lieux de celle qu'elle a toujours connue.



C'est une chance, oui.

Anthéa s'accroche à cette phrase qu'on lui a tant répétée avant son départ.

Même lorsque la réalité qu'elle doit bientôt affronter n'a plus rien d'une chance.



Et ainsi, sans que l'on ne s'en rende compte dans un premier temps, le récit bifurque vers un chemin sordide et sinueux qui constitue très vite une véritable descente aux enfers - qui, comme toute bonne descente aux enfers digne de ce nom, ne devient frappante et évidente qu'une fois qu'il est déjà trop tard.

Petit à petit, alors que les chapitres défilent et que l'implacable vérité devient indéniable, le lecteur, effaré et pétri d'angoisses, devient la proie - roll credits - d'une seule et même question, de plus en plus pressante.

"Ca ne peut pas être ça... si ?"



Et si, bien sûr que si, c'est ça, c'est le mal qui déploie lentement ses chaînes, c'est une tension qui ne cesse de s'épaissir et de s'alourdir, c'est un récit assez virtuose dans sa façon de nourrir l'attente et l'horreur, notamment grâce à son point de vue interne, qui ne permet de suivre que ce que perçoit Anthéa, et laisse donc le lecteur plongé dans le doute jusqu'au bout.



L'écriture même du roman évolue, volontairement très simple pour maintenir la narration à la hauteur de la toute jeune Anthéa, mais de plus en plus évocatrice et glaçante au fur et à mesure que la jeune fille gagne bien malgré elle en résistance et en maturité. La Proie a l'intelligence de disséquer la peur tout aussi bien que la honte, la violence tout autant que la rédemption, avec une subtilité assez hallucinante dans la mesure où elle sera aussi frappante pour de jeunes lecteurs que pour un public plus mature. La Proie est un livre qui retourne et chamboule, une véritable expérience de déni et d'angoisse où l'on en vient à questionner ses instincts les plus primaires, où l'empathie se mêle au rejet, et où l'on découvre, le souffle court et le regard abasourdi, que l'écrivain saura décidément toujours surpasser les pires craintes de son lecteur.
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Jungle park

Imaginez un futur dans lequel l'Afrique est tout simplement devenue la déchetterie du monde, et son accès est désormais réservé aux condamnés à mort, afin qu'ils y vivent un décès cordial dans la joie, la bonne humeur et les déchets radioactifs. Imaginez un homme riche et acclamé par ses pairs, fondateur d'un parc d'attractions ayant pour thème l'Afrique, condamné injustement à mort pour terrorisme et largué sur ce continent qui avait jusqu'alors suscité sa fascination. Imaginez que sa famille le croit mort et surtout coupable.

Délicieusement retors, glauque et passionnant, n'est-ce pas ?

Mon petit cœur de lectrice s'est emballé à la simple vue des deux premières lignes du résumé, qui me promettaient un grand cru de science-fiction comme je les aime. Et je ne peux que féliciter cet organe littéraire, grâce auquel j'ai découvert un roman rare, manifeste d'un grand talent.



S'il peut être difficile de rentrer dans le roman dans les premiers chapitres, et si certains passages, notamment vers le dénouement, sont si denses que j'étais parfois un peu déconcertée, je ne peux cependant que louer le fort caractère addictif de ce roman, dont l'univers et l'intrigue m'ont saisie, et transportée près de trois cents pages durant, sans interruption aucune. Je découvrais Philippe Arnaud avec ce roman, et ses idées de l'auteur, sa plume, les tournants que prend l'intrigue m'ont souvent déstabilisée, interpellée, mais surtout beaucoup plu.



Les personnages de Jungle Park m'ont particulièrement séduite, grâce à leurs caractères affirmés, à leur passion, à leurs convictions. On se sent incroyablement impliqué dans leurs existences, et on les suit avec pratiquement autant d'intérêt que si notre vie en dépendait !



J'ai trouvé à ce roman un caractère extrêmement novateur, avec ces personnages forts, cet univers impitoyable, sa structure, alternant entre scènes d'action et de réflexion... J'étais perpétuellement dans la surprise, la découverte, et j'ai énormément apprécié cela. De plus, à travers la description frappante de ce monde futuriste dévoré par la pollution, l'auteur amène son lecteur à réfléchir de façon nouvelle, à être frappé par l'avenir qui attend nos enfants et petits-enfants si nous continuons à vivre comme nous le faisons. Et oui, vous avez sans doute entendu cette réflexion des dizaines de fois, mais croyez-moi, l'effet est d'une intensité inédite avec cette lecture.

Et pour cela, je ne peux que lever mon chapeau !



Pour ne parler que de ma petite et insignifiante personne, après avoir refermé ce roman, j'avais tout simplement envie de courir partout dans la rue en criant "coupez le chauffage, arrêtez de respirer, de jeter des ordures partout, ou nous allons tous mouriiiir !".

Sérieusement, vous imaginez mon délicat faciès affublé d'un masque à gaz ? Moi non plus.



L'unique reproche que je pourrais formuler à l'encontre de ce roman est paradoxalement ce qui m'a le plus séduit, à savoir sa richesse. Il peut en effet être difficile de rentrer dans le roman dans les premiers chapitres, et certains passages, notamment vers le dénouement, étaient si denses que j'étais parfois un peu déconcertée.

Mais je vous fais confiance pour vous accrocher, braves petits.



En bref, un roman profondément original, dont l'inventivité et la complexité ne pourront que vous ravir. Mais Jungle Park ne se contente pas d'être un récit captivant au rythme à couper le souffle, il nous livre en plus de cela toute une réflexion sur les dangers du comportement de notre société.



Note attribuée : 8,5/10
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Indomptables

Un adolescent de 16 ans nous fait découvrir l’histoire de ses parents : Jean-Jules et Olivia, à travers les paroles de l’un et le journal de l’autre. L’histoire commence alors voilà bien des années, quand Jean-Jules était un petit garçon au Cameroun. Il grandit à l’abri d’un manguier, où il retrouve tous les jours son ami Mohamadou. Ils chantent du Al Jarreau et rêvent de leurs vies à venir. Quant à Olivia, elle grandit en France où elle livre une guerre aux autres et à elle-même sans trop savoir pourquoi, elle chante sa rage et n’a qu’un seul ami, Ilian. Tandis que Jean-Jules mord la vie à pleine dents, Olivia ne cesse taillader la sienne… Comment deux êtres si différents, séparés par la mer, peuvent-ils se rencontrer ?

C’est toute la beauté de ce roman : deux histoires différentes, qui vont se rejoindre de façon totalement inattendue. Surtout quand l’histoire de Jean-Jules semble être la plus « importante », on ne retrouve en effet que très peu d’extraits du journal d’Olivia (mais on comprend très vite pourquoi). Beaucoup de thèmes sont abordés dans ce roman, des thèmes forts et terribles (l’extrémisme, la prostitution, le SIDA, etc.), qui donnent une grande force à ce très beau récit, une histoire d’amour, au fond. L’écriture est magnifique, lumineuse quand elle explore la vie sans soucis de Jean-Jules enfant, sombre quand il s’agit des écrits d’Olivia. Je me suis laissée emportée dans cette histoire et j’ai eu du mal à la laisser s’en aller une fois la dernière page refermée…
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La peau d'un autre

J’ai aimé l’originalité de ce roman. Nous ne sommes pas face à une véritable intrigue, mais à un huis-clos, que nous observons à travers trois paires d’yeux. Cette idée de raconter une prise d’otages m’a plu, d’autant plus que nous n’avons pas ici un point de vue extérieur, journaliste, mais un triple point de vue « de l’intérieur », entrecoupé de souvenirs. J’ai aimé la différence des approches entre le forcené, l’institutrice et la petite fille. Il y a beaucoup de tension, et bien que l’action ne soit pas au rendez-vous, on ne s’ennuie pas un instant.



Au fil des souvenirs du narrateur, du forcené, nous comprenons peu à peu comment il en est arrivé là. La difficulté d’être blanc à l’extrême dans une Afrique imprégnée de superstitions et terrorisée par des milices. La difficulté d’être immigré en France, où certains tentent de profiter de sa position de faiblesse. La peur des autres, parce qu’il n’est pas seulement blanc, il est pâle à faire peur (sans doute albinos, même si ce n’est jamais mentionné). Ce roman tourne ainsi autour de la cruauté dont sont capables les humains vis-à-vis de leurs semblables, s’ils ont le malheur d’être différents.



Le personnage que nous suivons le plus en celui du forcené. Nous ne connaissons pas son nom, juste un surnom (dont je vous laisse la surprise). En revanche, il nous emmène dans son enfance, et contre toute attente on se range assez vite de son côté. Il a souffert, et il a eu peu de chances de pouvoir mener une vie « normale », paisible. Il y a eu cette fille, à qui il n’a pas su parler. Il y a eu la musique, qui lui a permis de s’exprimer. Mais il n’a jamais trouvé sa place, et cela le rend touchant. De même, sa manière de se conduire avec les enfants le rend sympathique, tout en étant un preneur d’otages crédible. Néanmoins, il n’est pas attachant pour autant, et je ne me suis pas vraiment impliquée émotionnellement auprès de lui.



En revanche, j’ai été un peu frustrée par le personnage d’Anna, les quelques visions que nous avons de son enfance. Elle a une double personnalité, avec des monologues intérieurs qui poussent à sourire. Elle semble assez complexe, et j’aurais aimé que son personnage soit plus creusé.



Quant à Manon, elle est innocente et rafraîchissante. C’est une petite confiante et très attentive aux autres et à leurs besoins, elle parvient à conquérir tout le monde.



En ce qui concerne l’écriture, l’auteur épouse bien les points de vue des trois personnages principaux, et nous relate une prise d’otages tout à fait crédible. Son écriture est souvent directe, mais jamais pauvre. Et surtout, le roman est émaillé de moments poétiques, des textes écrits par le preneur d’otages et mis en musique par son meilleur (et seul) ami, lorsqu’ils étaient au lycée.



J’ai donc apprécié de huis-clos grâce aux multiples points de vue, au personnage du preneur d’otages bien développé et au talent d’écriture de l’auteur, même si j’aurais aimé que certains aspects soient un peu plus creusés.
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La fabrique des jugements

Aujourd’hui je vais évoquer La fabrique des jugements essai stimulant d’Arnaud Philippe qui est économiste. Le sous-titre est Comment sont déterminées les sanctions pénales. Dans cet ouvrage le terrain de recherche et de mise en œuvre des théories économiques et statistiques développées par l’auteur est le monde judiciaire.

La fabrique des jugements est étayée sur des questions simples pour explorer la réalité de la justice pénale française. A délit équivalent, les peines prononcées sont-elles partout identiques ? Existe-t-il des facteurs aggravants comme l’origine ethnique, le genre ou la classe sociale ? Le contexte médiatique peut-il affecter les condamnations prononcées ? Le genre des juges modifie-t-il les peines moyennes infligées ? Ces interrogations sont au cœur de cet essai qui se base sur l’analyse comparative et statistiques de milliers de décisions de justice. La méthodologie employée peut dérouter, cet essai n’est pas celui d’un sociologue ou d’un anthropologue mais bien celui d’un économiste, des graphes, des chiffres et des courbes illustrent les propos. Cependant, force est de reconnaitre qu’il n’est nul besoin d’être féru d’économie pour être intéressé par le contenu de l’essai et l’approche didactique rend la lecture fluide. Dans les premiers chapitres Arnaud Philippe expose la réalité des lois et met en lumière la marge de manœuvre à disposition des magistrats par rapport au code civil qui encadre les peines encourues en fonction des délits commis. Il cherche à mettre en regard les propos politiques ou citoyens sur la justice et son laxisme supposé et la réalité des faits et des condamnations. Il regarde les effets des différentes lois en vigueur (par exemple les peines planchers) sur la modification attendue des sanctions. Force est de constater que les variations sont souvent mineures et peu directement liées aux évolutions législatives. Les juges (professionnels ou jurés désignés) disposent d’une certaine latitude mais travaillent à l’intérieur d’un cadre contraignant. Les différences d’appréciation entre ces deux catégories sont somme toute peu importantes. Toutes les analyses de données produites (à partir de sources comme le fichier du casier judiciaire) sont éclairantes. Des comparaisons avec d’autres systèmes (par exemple aux Etats-Unis) sont parfois nécessaires car certaines informations ne sont pas disponibles en France (interdiction légale de collecter certaines données). L’économiste démontre que les juges sont comme tout un chacun sous l’influence de biais et de normes qui peuvent affecter leurs jugements et les sanctions prononcées. Il démontre ainsi que les reportages télévisés diffusés la veille d’un jugement peuvent l’affecter mais cet effet ne perdure pas. Les juges restent des hommes et ils rendent leurs jugements à l’intérieur d’un dispositif cadré tout en gardant parfois de façon inconsciente une possibilité de moduler les peines prononcées.

La fabrique des jugements est un ouvrage passionnant qui permet au citoyen de mieux comprendre la réalité du fonctionnement du monde judiciaire. L’économiste ne porte pas de jugement, il déconstruit et analyse les faits avec distance et sans parti pris. Les conclusions peuvent dérouter mais témoignent d’une pérennité de la justice qui demeure autant que possible hermétique aux injonctions contradictoires portées par exemple lors de campagnes électorales. C’est un livre utile qui relativise la distance supposée entre les juges professionnels et les jurés.

Voilà, je vous ai donc parlé de La fabrique des jugements d’Arnaud Philippe paru aux éditions La Découverte.


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Terre promise

1870, une ville perdue dans le Kansas, gérée par un shérif à poigne et à la gâchette agile : une femme Ellen. La torpeur de la ville est bouleversée par l'arrivée d'un homme assoiffé de vengeance, par des esclaves en fuite, des indiens exploités et un chasseur de prime plus que machiavélique qui tue comme il respire.



Une lecture frisson, parfois terrible car beaucoup de scène très violentes. L'esclavage est aboli dans les faits mais pas dans les esprits. Un scenario riche en rebondissements, beaucoup de va et vient dans le récit ce qui parfois peut perdre le lecteur. Un ouvrage hors normes pour de grands lecteurs ados.
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Terre promise

J'ai aimé cette lecture même si j'ai du mal à le considérer comme un roman "jeunesse" car je l'ai trouvé assez violent que ce soit dans les propos des personnages ou dans les faits. Evidemment on est dans un contexte historique quelques années après l abolition de l exclavage au États Unis. J'ai beaucoup aimé l'ambiance vraiment western de ce roman, des personnages attachants et nuancés, mention spéciale pour le personnage de Big Louie. Le seul hic pour moi reste le personnage de wild blood, qui finalement à part sa violence outrancière ne sert à rien dans le récit et qui a rendu les dernières pages un peu rudes.. Dommage
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Terre promise

Un western en plein hiver, il fallait oser ! Mais les éditions Sarbacane n’ont pas froid aux yeux 😉 (hiver, froid ? vous l’avez ?). L’auteur non plus, d’ailleurs, puisqu’il choisit de traiter le sujet de l’esclavagisme noir et de la ségrégation, par le biais du regard d’un sudiste confédéré : Jim Lockheart.



Mon avis



Le roman s’ouvre en 1850, en Géorgie, en plein champs de coton alors que Rachel n’est plus. Lui, on ne sait pas qui sait, on sait simplement qu’il fuit, libéré par quelqu’un à qui il n’a jamais parlé, les yeux rivés au contremaître qui l’a tuée, le coeur débordant de haine que seule la voix fantomatique de sa femme semble pouvoir percer. Vingt ans plus tard, Jim Lockheart est à New Hope et observe avec stupéfaction le mollard qui a atterri entre ses chaussures. En face de lui, Ellen sait qu’il n’a pas encore compris que le shérif qui l’observe est une femme. Lorsqu’il s’accoude au bar, Big Louis, lui, sait qu’il a face à lui un connard du sud. Mais quelque chose l’émeut sans trop savoir quoi.



Le décor est planté, la chaleur balaye les cheveux, les corps, les chevaux. Jim est à la poursuite de Carson, un noir que tous à New Hope semble vouloir protéger. Qu’à cela ne tienne, il n’en a rien à faire des ces yankees, il trouvera bien celui qui lui a volé sa vie ! Pourtant, en chemin, c’est le portrait d’une femme téméraire et déterminée qui occupera ses doigts, la chanson au banjo d’un barman prudent et triste qui l’émouvra, et des rêves indiens qui visiteront ses nuits. Il faut dire que « c’est Babylone » ici. Entre cette femme qui monte à cheval, lui réponde et lui tienne tête, peut se permettre d’entrer et sortir de sa chambre, et ce gros Big Louis noir, qui se tait et refuse de lui répondre, on peut dire que Jim est secoué dans ses convictions.



Ses convictions d’ailleurs, on en comprend l’origine assez vite, alors que l’on retourne dans son passé, aux côtés de son frère, sa mère et ses pères successifs, du respectueux bien que rugueux première père qui lui apprit à manier la carabine, au mielleux et doucereux second père qui lui apprit à abattre son fouet. Bien loin de notre XXIe siècle, on grimace, on souffle, on se crispe devant le discours terrifiant et arriéré de Jim. Dans le même temps on commence à deviner le propos de Philippe Arnaud. Parce que si les convictions peuvent trouver leur source, elles peuvent aussi changer, évoluer, rien n’est gravé dans le marbre ! En plaçant son roman à New Hope, l’auteur nous diffuse un « nouvel espoir ». L’espoir d’un monde meilleur avec des hommes meilleurs, où les femmes peuvent chiquer et monter à cheval, où les hommes peuvent être de toutes les couleurs, où nos corps nous appartiennent.



Toutefois, même si j’en comprends la portée et le message, je ne peux pas dire que le roman m’ait transcendée. Bien que les aventures se succèdent, autant que les points de vue qui nous permettent d’appréhender ce dix-neuvième siècle terrible, il m’a manqué de l’émotion. En dehors d’un profond dégoût pour les pensées sudistes de Jim et une certaine admiration pour Ellen, je n’ai absolument rien ressenti. Ni peur, ni effroi, ni tristesse malgré le sort révoltant des noirs à cette époque et de l’acharnement dégueulasse de Wild Blood, amateur de femmes sans défense pour les défigurer, et de scalpes. Un personnage très manichéen comme il en existe parfois dans la « vraie vie », ne vivant que pour la traque et le sang.



Servi par une plume fluide et un vocabulaire de l’époque (yankee, nègre, négresse, les femmes sont des putes, etc.) Terre Promise offre une immersion au Kansas sans jamais nous permettre de nous attacher un tant soit peu aux personnages. Il faut dire qu’en choisissant de faire parler majoritairement le sudiste Jim Lockheart, Philippe Arnaud a choisi la voix de l’originalité mais aussi celle de l’anti-héros.



En résumé



Terre Promise est un roman terrible, un western violent et sombre, aux portes d’une Amérique post-esclavagiste. Dans la petite ville de New Hope, c’est tout un pan de l’histoire qui s’affronte : celle des noirs qui revendiquent leurs droits d’exister, d’être, de vivre ; celle des femmes qui affirment leur volonté d’être l’égale des hommes en tous points ; celle d’une Amérique profonde, ségrégationniste et sombre qui refuse de changer. A travers Ellen, Jim et Big Louis, Philippe Arnaud brosse le portrait d’une histoire aux accents d’espoir, de sang et d’amour, aux sons d’un banjo, d’un pinceau et du piétinement des chevaux.
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Terre promise

Lorsque j’ai réceptionné ce roman et que j’ai commencé ma lecture, je suis tombée sur quelque chose qui m’a fortement perturbé. En effet, pour coller au caractère fortement raciste et rétrograde d’un des personnages, l’auteur utilise le n-word à de trop nombreuses reprises. J’ai vraiment eu du mal à continuer ma lecture lors du premier constat. Je peux comprendre qu’on veuille se rapprocher de l’époque et qu’on fasse son possible pour entrer dans la peau du personnage. Toutefois, il y a certaines limites à mes yeux.



On parle aussi des communautés Autochtones, appelées ‘Indiennes’ avec le lot de clichés qui va avec, notamment sur les prénoms choisis. Ils restent assez excentrés du récit et n’interviennent que peu, finalement.



Autre difficulté durant ma lecture, qui n’a pas de rapport avec l’outrage précédent, ce sont les bonds dans le temps. On en fait sans arrêt. Il n’y a pas un chapitre où l’on retourne dans le passé ou dans le présent. Des allers-retours incessants, qui peuvent rapidement et facilement nous perdre si on ne fait pas attention. De plus, cela jongle aussi entre les divers personnages. Ellen, Louis, Jim, Wild Blood… on alterne entre eux et bien que cela soit bien indiqué en début de chapitre, c’est quand même galère à suivre. Néanmoins, les fils finissent par se croiser et se rejoindre. On en apprend davantage sur le passé de chaque personnage et sur ce qui les a conduit à la situation actuelle.



La plume de l’auteur reste sympathique et entrainante, il sait donner le ton et pousser le lecteur à la consommation. On arrive finalement assez bien vers la conclusion de ce livre de 280 pages, mais subsiste dans ma tête un certain flou que je n’arrive pas à rendre net. Quel est le mot final ? Apporte-t-on quelque chose avec cette lecture ? Que dois-je en conclure ?



Ce roman ne m’a pas transcendé comme je l’espérais. Le vocabulaire est cru, typique de l’époque, de même que la façon dont sont traitées les personnes racisées, les femmes et les communautés autochtones. Il n’empêche que c’est quelque chose qui a su me mettre mal à l’aise tout au long du récit. C’est peut-être voulu, pour dénoncer l’Amérique raciste, sexiste et intolérante. On le ressent parfaitement, cette peur de l’étranger quand aucun ne vient réellement de cette terre en dehors des autochtones… Ceci a le mérite de faire réfléchir. De plus, c’est un western, la promesse est bien tenue. Chasseur de prime, galopade dans des lieux déserts, bousculades au saloon.. On est sans nul doute dans une véritable caricature telle qu’on l’imagine.



Je ne suis pas certaine d’avoir trouvé une véritable évolution dans la mentalité de Jim, ni même d’avoir su lui trouver une quelconque excuse pour le rendre attachant. Il est violent, mesquin, se croit tout permis et il est méprisable. Certes il a été éduqué dans cet environnement, dans la haine de l’autre et la suprématie de l’homme blanc. On lui a toujours expliqué qu’il était le plus fort, malgré ses erreurs qu’on pardonne somme toute bien facilement…



Helen me semblait un peu plus carrée, mais certains aspects de sa personnalité détonnaient un peu, à mes yeux. Elle a de l’équilibre, du répondant, elle sait se faire respecter, mais elle flanche aussi sur des côtés où je l’avais imaginé autrement.



Louis reste sans doute le personnage le plus impersonnel de l’histoire. On parle très peu de son histoire, on le laisse dans l’ombre tout en lui donnant une place de héros. C’est un personnage intelligent et construit, humain et altruiste, que j’aurais aimé voir davantage mis en avant.



Ma chronique, tout comme ma lecture, s’achève donc une note transitoire. Je ne sais pas comment évaluer ce que j’ai lu. J’imagine que cela dépend de la sensibilité du lecteur et de sa position vis à vis de ses propres limites. C’est la représentation d’une époque qui n’a rien de glorieux mais tout de honteux et on le sent, on le voit, peut-être même plus encore aujourd’hui. Ce roman peut donc peut être pousser la réflexion plus loin encore chez les adolescents ou les jeunes lecteurs, mais je le trouve parfois un peu sanguin, un peu cru et violent pour être mis entre toutes les mains.
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Terre promise

Terre promise est un super western mais c’est aussi bien plus que ça.

Dans l’Amérique de la fin du 19e siècle, on y croise une shérif femme qui tient parfaitement sa ville, un barman noir sur qui on peut compter, des Creeks qui vivent comme ils peuvent, un jeune sudiste un peu trop sanguin, un esclave en fuite et un homme monstrueux. Évidemment, tout le monde va se rencontrer et faire évoluer ses opinions bien tranchées.

Mais surtout, c’est palpitant et on tourne les pages à toute vitesse pour
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La proie



La proie, de Philippe Arnaud est un roman écrit en 2019. On y découvre la vie d’une jeune camerounaise. Le récit commence dans son pays natal. Anthéa est encore une enfant, innocente, heureuse, naïve, et inconsciente des horreurs du monde qu’elle habite. C’est une enfant qui va à l’école, qui profite de sa vie, qui conte des histoires aux petits du village et qui aide ses parents au travail pour vivre. Elle a quelques difficultés à l’école mais ne s’en inquiète pas. Mais sa banale existence va basculer le jour où, accompagnant sa mère au marché, le regard d’Anthéa va croiser celui de cette femme mystérieuse. Ces regards vont se répéter régulièrement et sembleront finalement anodins à la jeune fille jusqu’à ce jour-là. Anthéa est au marché avec sa mère, comme d’habitude. L’intrigante femme va engager la conversation. Sa proposition est claire, très courte et très engageante pour les parents d’Anthéa qui ne tarderont pas à accepter l’offre. Voici comment, quelques jours plus tard, elle se retrouve dans un avion en route pour la France. C’est une chance inespérée pour elle, elle le sait et ne veut pas décevoir sa famille. Arrivée sur place, elle découvre sa nouvelle vie. La femme mystérieuse est assez désagréable avec elle, ses coups de colères inopinés l’effraient. Les deux enfants ne sont pas désagréables mais restent distants. La figure paternelle semble, quant à elle, très calme et rassurante. Pourtant, elle remarque peu à peu des changements autour d’elle dans les comportements. Elle ne sait pas comment réagir, sa peur la paralyse, elle refuse de voir l’évidence. Le comportement de Stéphane, le père de famille, a changé, et avec lui, son sentiment de sécurité. Mais il est trop tard pour fuir. Elle est devenue une proie.



Je classe définitivement ce roman dans mes coups de cœur ! J’ai beaucoup aimé le style descriptif de l’auteur et l’intrigue avait tout pour plaire. Le livre paraît si léger au début, mais tout bascule lorsqu’on découvre la réalité. Une réalité glaçante. Une lecture difficile pour les plus sensibles. On en ressort le cœur serré. Très belle découverte !



Axel

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La proie

Je remercie Babélio et les éditions Sarbacane pour l'envoi de ce roman en service presse.



Anthéa avait une vie simple au Cameroun. Dans son village, elle y était heureuse. Entourée de sa famille et ses amis, elle partageait son temps entre aider sa mère au marché, aller à l'école, travailler la terre et raconter des histoires aux enfants du village. Quand ce couple de "blanc" propose aux parents d'Anthéa de l'emmener en France afin de lui permettre de faire de bonne études et avoir une vie plus sure, ces derniers à contre-coeur acceptent, pensant que c'était là une chance pour leur fille de s'en sortir. Ce qu'ils ne savaient pas, c'était que ça allait être le début du cauchemar pour Anthéa.



Ce roman traite de l'esclavage moderne avec justesse. L'histoire est prenante. Pas seulement parce qu'elle est bien écrite, mais parce que l'on sait que ça existe et cela donne une dimension supplémentaire au récit.

On ne peut que s'attacher à cette petite fille que l'on voit grandir et souffrir loin des siens. C'est tellement révoltant. Mais nous la voyons aussi se battre, ne pas abandonner, lutter pour exister.



Le plus de ce roman, est la bande son proposé par l'auteur au début du livre. C'est quelque chose que j'apprécie quand les auteurs partagent avec nous les mélodies qui les ont inspirés pendant l'écriture. Cela nous immerge davantage pendant notre lecture.



La couverture est très jolie et représente à merveille ce roman.



Pour moi la seule déception, ce sont les grandes similarités avec un roman de karine Giebel "Toutes blessent, la dernière tue". J'ai eu l'impression d'avoir la même histoire en version plus soft.



Cela dit, je recommande ce roman très bien écrit et percutant, sur un sujet qui ne devrait plus être d'actualité.

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La proie

Un roman glaçant dans lequel Anthéa, jeune fille camerounaise, va, au fil des pages et de façon insidieuse, tomber dans l'esclavage moderne.

Les diverses étapes de sa déchéance sont très bien décrites par l'auteur. Un véritable coup de cœur pour cette lecture !
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La proie

...Un roman coup de poing qui m’a broyé les entrailles, qui m’a coupé le souffle et qui m’a fait serrer les mains. Derrière cette couverture pleine de promesse de liberté, vous allez découvrir avec les mots d’Anthéa, une réalité difficile à regarder sans vouloir se lever et protester, des sujets tabous abordés avec brio pour s’adresser à la jeunesse et en même temps de façon interpellante pour marquer les esprits. Ne manquez surtout pas ce roman, laissez Anthéa vous conter son histoire sous la belle plume de Philippe Arnaud, vous parler de son courage pour aider les siens et se battre coûte que coûte.
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Jungle park

Année 2050 : L'Afrique, continent prison gardé par des drones, est devenue le dépotoir des déchets industriels occidentaux, et le lieu où l'on parachute les condamnés à mort américains.

Tony Belluin est un de ces condamnés à mort, directeur d'un parc d'attractions célèbre, injustement accusé de terrorisme. Sauvé de la mort par Jean-Baptiste, le chef d'un réseau de résistants, il accompagne celui-ci au cœur de la jungle, où ne survivent plus que des mutants évoluant sous la surveillance de drones.

Pendant ce temps, la fille de Tony découvre la preuve qu'il n'est pas mort, puis la trace des auteurs du complot dirigé contre lui... elle tente de l’innocenter.



Jungle Park est un roman dans lequel je ne suis pas du tout entrée, qui aurait pu être intéressant mais que j’ai malheureusement trouvé très confus et peu clair. L’intrigue est très riche, et le mélange des genres (aventure, espionnage, science-fiction, dystopie), des thèmes (écologie, trafic génétique, égalité, solidarité, avenir de l’espèce humaine, mondialisation), ainsi que le grand nombre de personnages (souvent agaçants ou antipathiques), crée une totale confusion qui dessert l’histoire.

L’écriture est parfois très abrupte (des phrases d’un ou deux mots, des insultes et gros mots dans la bouche des ados, pour faire jeune, et que l’on sent très peu naturels), pour ensuite partir dans des envolées lyriques qui n’ont pas toujours leur place dans l’intrigue et qui créent quelques longueurs. En bref, un roman trop ambitieux à l’écriture particulière, qui en se voulant riche, devient confus. Si le lecteur n’entre pas dans l’histoire, il sera rapidement perdu.

Pour les plus de 14 ans. Non

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Jungle park

Nous sommes très vite plongés dans l'action avec le parachutage de Tony en Afrique. le roman se met en place en alternant les points de vue de Tony et de Joannie, nous faisant découvrir leur passé et la façon dont s'organisent la société et le monde en 2050. Tous deux sont obnubilés par l'envie de comprendre l'arrestation de Tony et de rétablir la vérité.



L'idée de départ est terrible. D'autant plus avec cette déclaration aberrante, révoltante, d'un cynisme effrayant, mise en exergue, de Lawrence Summers, ancien directeur d'Harvard et ancien conseiller du président Obama . Je trouve le point de départ génial pour une dystopie pas si éloignée de nous. Ainsi les deux premières parties du livre sont parfaitement convaincantes et prenantes. Elles sont émaillées de mystérieux mails dont on ne connaît ni la provenance ni la destination et dont le sens s'éclaire peu à peu.

En revanche, le troisième livre part trop en sucette à mon goût. Je n'ai pas du tout accroché à l'histoire des Maîtres du Sang (je ne développe pas davantage sur eux pour ne pas trop en dire) qui, pour moi, décrédibilise l'ensemble du roman. Dommage.

Du coup, alors que la découverte de cette Afrique abandonnée et des conditions de vie des Occidentaux sous la pollution m'avait convaincue et donné envie d'en savoir davantage, je suis sortie de ma lecture avec un petit goût de déception.



Au milieu de cette folie humaine et des radiations, Tony trouvera, en Afrique, une forme de paix. Un vieillard en harmonie parfaite avec la nature, les horreurs qu'il y découvre – et dont lui, qui était passionné de l'Afrique au point d'ouvrir un parc d'attraction « Africaland », ignorait tout – lui ouvre les yeux sur ce qu'il a laissé derrière lui, égoïstement concentré sur le succès de son rêve américain : sa famille.



Une thématique lourde et prometteuse, qui propose un avenir sombre, mais pas si improbable. Malheureusement, la fin de ma lecture a été gâchée par des éléments relevant davantage du fantastique qui rendent le tout nettement moins plausible à mon goût.
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Jungle park



19 janvier 2050, nous sommes jetés là dans le ciel avec un parachute qui risque de ne pas s'ouvrir. En dessous, un continent à la fois prison et dépotoir de l'humanité. Enfin "nous", il s'agit plutôt de Tony Belluin, un Français ayant vécu son rêve américain en créant un parc d'attractions réputé, aimé du grand public. Alors pourquoi est-il condamné à mort ? Accusé de terrorisme ?

Ailleurs, sa fille aînée ne croit pas en la culpabilité et refuse le décès de son père et mettra tout en œuvre pour prouver son innocence.

Tony Belluin est-il coupable ? Jusqu'où Joannie est-elle prête à aller ?



Tout commence par des propos tenus réellement par Lawrence Summers, ex-président de Harvard et ex-conseiller de Barack Obama qui nous ont fait bondir tellement l'idée était affligeante. C'est donc sur ces mots que Philippe Arnaud a conçu un futur engendré par ce concept. Les pays prospères entreposent "gentiment" leurs déchets chez les pauvres d'Afrique, puisque de toute façon là-bas deux cents enfants sur mille meurent avant d'avoir cinq ans et ainsi l'air sera plus sain et respirable pour les riches.



Oui mais voilà, la contrepartie positive n'est pas à la hauteur des prédictions avancées et les journées masquées sont légions. Mais revenons à notre principal intéressé.



Antoine Belluin (Tony) de son côté a survécu à son débarquement forcé en Afrique, un continent à mille lieues de ce qu'il avait imaginé dans son parc. Il se retrouve retenu à la vie par Jean-Baptiste, ce dernier l'emmène ailleurs, mais n'est-ce pas pour mieux l'éliminer plus tard au sein de son réseau de résistance ? N’oublions pas qu’un blanc a très peu de chance de survivre dans ce milieu sauvage et contaminé par ses semblables.

Aux États-Unis, Joannie capte un indice qu'elle interprète comme un signe de son père, mais difficile de partager sa trouvaille lorsqu'on est perpétuellement sous surveillance et que ça détruit peu à peu la famille et l’entourage bien diminué. Une certaine tension s'installe, attisant ainsi notre curiosité et nous obligeant à tourner les pages plus vite encore.



L'auteur nous balade entre les différents protagonistes ce qui nous donne une vision globale de l'état du monde vers lequel nous nous dirigeons avec notre mode de surconsommation actuel. Car oui, il y a cette dimension écologique dans cet Exprim'. Notre modèle économique est en corrélation avec la pollution, il privilégie l'argent à l'humain. Ici, c'est une mise en exergue, le sacrifice de tout un continent indigent pour favoriser les "riches" et les puissants.



Bien sûr Jungle Park n'est pas que ça, c'est un roman d'aventures en compagnie d'Antoine Belluin qui devra affronter bien des dangers dans la jungle africaine (les radiations, la folie des hommes…). Mais l'Afrique lui offrira a contrario des moments de calmes, méditatifs avec un vieux sage exceptionnel. C'est aussi, un livre avec une intrigue policière/d'espionnage aux côtés de Joannie et ses amis pour tenter de trouver des preuves qu'un complot s'est monté contre son paternel. L'État policier dans lequel ils évoluent propose des scènes fortes et violentes (tout à fait supportables, rassurez-vous).

Il y a également un aspect mystico-fantastique qui nous a bien plu dans lequel trempe un certain Trump, ce qui n’a nullement étonné Fred, bizarrement, et a donné un sourire sarcastique à Satrape…



Nous avons vraiment adoré ce roman que ce soit par les thèmes abordés, le côté science-fiction et par l'écriture de Philippe Arnaud, fluide et parfois abrupte en fonction de l’instant. Les personnages sont attachants, ou méprisables, ce qui joue pas mal dans la balance, mais c'est généralement le cas lorsqu'il s'agit d'une publication des Éditions Sarbacane.



Pour Fred, le seul élément réduisant le coup de cœur (qui en reste un cependant) de cet ouvrage est la fin que j'ai trouvé un poil trop rapide. Je m'attendais à plus de révélations avec les véritables responsables et connaître les conséquences de cette affaire. Alors oui, c'est aux lecteurs de travailler, mais ce sont les vacances…

Pour Satrape, fan d’anticipation (et de dystopie), c’est un grand coup de cœur, car une mise en garde évidente sur le gaspillage de nos trains de vie à cent à l’heure sans vraiment mesurer les désastres futurs.



Nous estimons que ce livre permettrait à la jeunesse d’ouvrir les yeux sur le devenir de notre planète, et pourquoi pas de réparer les dégâts occasionnés par les générations précédentes, il n’est jamais trop tard, tout dépend de la volonté de chacun.



Quoi qu'il en soit, nous nous sommes pris une bonne claque livresque avec Jungle Park et nous ne saurions que trop vous conseiller de l'emmener avec vous sur la plage (et pensez à ramasser vos détritus).
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Jungle park

la couverture et le titre, quand je les ai vu pour la première fois, m'ont fait sourire puisque bien évidemment ils m'ont fait penser au film "Jurassic park" (même si je n'ai pas encore eu l'occasion de le voir...). Et le résumé m'a complètement convaincue de le lire : j'imaginais déjà un livre très bien pensé, tout-à-fait en rapport avec notre société de façon critique tout en ayant l'apparence d'un bon roman de science-fiction !



J'ai dévoré ce livre. Bon ok, j'ai mis presque une semaine à le lire bien qu'il fasse seulement 277 pages, mais à chaque fois que je me replongeais dedans, ma lecture allait très vite. Contrairement à plusieurs dont j'ai lu la chronique, je suis immédiatement entrée dans l'histoire, peut-être bien parce que j'étais dans d'excellentes dispositions à son égard ! Le début est assez désorientant et on peut même dire ça pour tout le reste du roman car l'auteur nous révèle les informations importantes petit à petit, laissant une grande part au mystère et aux hypothèses. Etant donné que l'histoire est complexe, l'intrigue est parfois dure à suivre, mais ça ne m'a pas dérangée outre mesure et j'en ai probablement encore plus apprécié ma lecture, pour le coup. Ecrire un roman de science-fiction avec un univers aussi développé et approfondi en moins de 300 pages est très impressionnant !



D'autant plus que j'ai bien eu les critiques et "mises en garde" de notre mode de vie actuel que j'attendais. L'histoire se déroule en 2050, et c'est la conséquence directe de notre train de vie, j'imagine. C'était assez amusant à lire de ce côté-là, même si le monde futur très proche que Philippe Arnaud nous décrit n'est en rien réjouissant, et même révoltant. D'après la citation d'un discours d'un politicien qu'il a mit juste avant le roman, nous avons de sérieuses raisons de nous inquiétants...



D'autre part, j'ai aimé suivre l'action que ce soit du côté de Tony qui se retrouve condamné à mort en Afrique ou du côté de sa fille, Joannie et sa bande d'amis, je n'ai pas eu de préférence. Je pense m'être attachée à eux mais pas comme dans un roman habituel, disons que je ne me suis pas spécialement sentie proche d'eux, mais que j'ai apprécié leur personnalité et surtout leur évolution. Ils sont entourés de personnages forts et c'était très intéressant de pouvoir découvrir chacun à travers différents points de vue.



Le style de l'auteur est entraînant, réfléchi et bien tourné. Je n'ai jamais eu envie de sortir de l'histoire et je m'estime très heureuse d'avoir pu lire ce roman qui sort très clairement de l'ordinaire. Il est même passé pas loin du tout du coup de cœur...



Un roman incroyablement fort ! Le thème de l'histoire est rempli d'originalité et Philippe Arnaud a parfaitement réussi à tout orchestrer de manière impressionnante. Un livre que je recommande pour la prise de conscience même si nous savons déjà que notre système n'est pas le bon, pour la planète et peut-être bien aussi pour les hommes.
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La sorcitresse

Grrr, je me suis encore faite avoir avec l'opération Masse critique jeunesse : je pensais recevoir un album (à partager avec mes garçons), et je me retrouve avec un roman jeunesse (où là il me faudra attendre quelques temps pour le partage !). Qu'à cela ne tienne, je me suis lancée dans les aventures de Balthazar, qui après n'avoir pas été très sage, est envoyé dans une pension pour redresser un peu tout ça. "Double-peine" qu'elle s'appelle cette pension, et elle porte bien son nom, tenant plutôt lieu de maison de redressement que d'école. Heureusement, Baltho y découvrira l'amitié et l'aventure, avec cette drôle de maitresse qui passe de fée à sorcière... Je dois avouer que je n'ai pas été très emballée, l'histoire étant je trouve cousue de fil blanc, et manquant un peu de profondeur. On est dans le divertissement à l'état pur, avec une petite pincé d'aventure qui n'est pas déplaisante, et des illustrations rigolotes. Bref, une lecture sympathique, mais cette sorcitresse est quand même bien loin de sa consœur de la rue Broca.
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