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Philippe Askenazy
La crise de l'emploi qui continue de sévir dans nombre de pays européens, se double aujourd'hui d'une crise du travail, alarmante par son étendue, par les dégâts humains qu'elle occasionne et par la faiblesse des résistances qu'on lui oppose. Alors que des discours politiques que l'on croyait voués aux oubliettes de l'histoire déplorent une dépréciation de la valeur travail au profit d'une société de loisir, d'hédonistes et de "flemmards", la masse des travailleurs, elle, est laborieuse et même de plus en plus laborieuse depuis 20 ans. Le taylorisme est mort, remplacé par un nouveau productivisme - le productivisme réactif - , mais les contraintes au travail, à la fois physiques ou mentales, perdurent et même s'étendent dans les services. Les statistiques d'accidents et surtout de maladies du travail accusent des évolutions inquiétantes. Certes, la question de la pénibilité au travail revient épisodiquement dans le débat social mais pour mieux en souligner la quasi-fatalité. De fait, elle demeure bien secondaire par rapport aux problématiques lourdes du chômage ou du financement des retraites.
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