Philippe Benhamou, l’auteur bien connu de « La Franc-maçonnerie pour les Nuls » a publié le 11 juillet dernier chez Code 9, ex- maison d’édition ECE-D. Après son premier roman, « Madame Hiramabbi, la concierge de la rue des Trois-Frères« , publié en 2014 (Hé oui, ça date déjà), l’auteur s’attaque au monument qu’est la Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart et au livret d’Emmanuel Schikaneder en actualisant l’histoire dans le Paris de 2023.
Comment adapter cette œuvre du 18ème siècle et la remettre au bout du jour ? Tamino est un rappeur, Papageno est un vendeur de canards laqués. Si les deux vont traverser les épreuves qui référencent un chemin initiatique, il aurait été intéressant de donner un peu plus de volume à la Reine de la Nuit et à sa fille Pamina. La première, si elle erre dans les tunnels du métro parisien, je l’aurais bien vu comme la reine des nuits underground. La seconde serait l’héritière de cette entreprise gênante et aurait espéré un autre destin. Bien entendu, ce n’est qu’un détail mais cela permet de s’identifier à eux. Il en va de même lorsque Philippe Benhamou plante son décor. On se croit dans le métro, on visualise les Buttes-Chaumont et le palais des Mirages du musée Grévin.
Si c’est un roman, ce n’est pas une énième analyse capillotractée de l’œuvre de Mozart et d’ailleurs, ce n’est pas le but recherché. Il s’agit d’un moment de récréation entre les évènements des deux actes de l’œuvre originale et on se retrouve à avoir la banane lorsque Salomon fait une incartade au milieu d’un chapitre pour y glisser un calembour entre deux lampées de chablis. Dire qu’il y a fallu attendre presque dix ans pour retrouver ce terrible matou. L’effet est jouissif !
Il y a plusieurs niveaux de lecture. Bien évidemment, il y a la part symbolique. Le combat entre le bien et le mal, la lumière et l’obscurité et tous les éléments qui rappellent le chemin de l’initiation d’un nouveau franc-maçon. Au-delà des rituels maçonniques, on peut voir une quête de sens et d’identité pour les protagonistes. Ce qui à l’heure d’aujourd’hui résonne fortement. Tout le monde y trouvera son compte. D’ailleurs, en réécoutant quelques passages de la Flûte, je me faisais la réflexion que ce petit roman pouvait faire l’objet d’une étude dans l’enseignement.
Comme tous les beaux contes, cela se termine par « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » et quand on tourne la dernière page, on se retrouve avec un large sourire car Philippe Benhamou a réussi son pari. Allez, il reste deux grosses semaines pour terminer les vacances et si vous ne savez pas quoi lire, les 168 pages filent en un rien de temps.
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