Un jour de février 1970, je suis devenu, sans l'avoir prémédité, l'amant de Claire.
C'est arrivé le plus naturellement du monde. Un soir d'une tristesse légère. Un soir où nous avons dîné ensemble, où je lui ai proposé de prendre un verre chez moi, où elle a ôté sa veste, où j'ai embrassé son épaule, voilà.
J'ignore ce qui m'a pris mais, sur le moment, cela m'a paru la chose à faire.
Claire n'a pas montré de résistance, acceptant que mes lèvres trouvent le chemin des siennes, que nos corps se pressent l'un contre l'autre, que nous basculions sur le canapé.
Je ne me souviens pas qu'il y ait eu une réserve, une hésitation. En revanche, il y a eu de la timidité, de la délicatesse et de la gravité. Nous nous sommes réveillés, le lendemain matin, enlacés entre mes draps.
Est-ce que ça fait de nous des salauds ?
Oui, bien sûr.