Ce recueil de notes de lectures d'André Dhôtel est un "petit bijou" pour plusieurs raisons. Celle de découvrir un auteur à mon sens trop méconnu, ou cantonné dans une sphère trop figée de l'école; en tout cas, dans mon parcours de « lecteur », Dhôtel est le célébrissime auteur du « Pays où l’on n’arrive jamais », mais je n’ai jamais été plus loin, ni été incitée à le faire.
Et voilà un ami, devenu grand passionné et fin connaisseur de cet écrivain , franchement singulier et « inclassable »qui m’expédie ce volume extraordinaire.
On y découvre un écrivain qui a horreur des modes, des conventions, possède une haute exigence de ce que doit représenter la Littérature.
« (…)Quant aux Français modernes, si l’on met à part (sur un rayon bien en vue pourtant de votre bibliothèque idéale) les mérites exceptionnels d’Alphonse Allais, Bergson, Courteline, Arland, Paulhan, Artaud, Supervielle et Proust et Ramuz, etc., j’aimerais retrouver dans un tiroir moins connu des auteurs qui paraissent souvent aussi aimer cent fois plus la vie dont ils parlent que leur propre littérature, ou l’analyse, ou le scandale et qui de ce fait partent en plein rêve, assez loin des entreprises culturelles (Seigneur !) : Limbour, Cingria, Thomas, Armen Lubin, Follain, Char. » (p.16)
[Pour une bibliothèque idéale-Enquête présentée par Raymond Queneau, Gallimacrd, 1956]
Un volume à savourer lentement, à lire au hasard, à reprendre et reprendre. Des pépites à découvrir avec la plus grande attention….
En plus de découvrir André Dhôtel, cet écrivain, professeur de philosophie, lecteur exigeant qui défend des grandes figures littéraires comme Camus, Selma Lägerlof, Paulhan, Rimbaud, Georges Orwell, Lao-Tseu, etc. j'ai aussi fait connaissance avec ses amis, et découvert des admirations que je partage pour des écrivains autodidactes qu’il vénère plus que tout , comme London, et Panaït Istrati, sans oublier Georges Navel, Armand Robin….J’ai eu un einième bonheur , celui de rencontrer des artistes originaux, comme Léon Bopp, Armen Lubin, Mervyn Peake, Elisabeth Porquerol, Amédée Ponceau, Jacques Céret, Alfred Kern, etc.
Je retiens une jolie phrase de Philippe Blondeau, dans la préface : « Dhôtel lecteur, de la même façon que Dhôtel écrivain, nous apparaît comme l’homme d’une liberté discrète, l’arpenteur des chemins de traverse. Tel est bien, en effet, le point commun à toutes les lectures que l’on découvrira ici : il s’agit toujours pour le critique de mettre en évidence une différence, une singularité, cette manière propre à un écrivain de montrer ce qui est là tout simplement mais qu’on n’avait pas sur voir avec lui » (p.13)
Mille choses seraient à citer mais je vais choisir un poète méconnu et grand ami de Dhôtel, Armen Lubin (1903-1974), que l’écrivain s’employa à faire connaître, toute sa vie durant. Cet extrait en dira bien plus long que tous les mots que je pourrais choisir maladroitement : « Armen Lubin, un arménien exilé, contraint d’abord à de menus travaux pour survivre, et puis précipité dans une maladie qui le cloua au fond des hôpitaux désespérants. Ses poèmes ne furent que la célébration (si l’on peut dire) des instants par lesquels le malade réussit à prolonger sa respiration dans un univers menacé dont il ne comprend pas la signification. Ainsi s’affirmait une poésie qui malgré toute vanité réalisait le merveilleux exploit de maintenir une parole dans un équilibre précaire à la face du ciel incompréhensible » (p.111)
Ouvrage complété d’une bibliographie des textes critiques d’André Dhôtel, ainsi que d’un interview de Sylvia Lulin, illustratrice de grand talent qui a embelli de ses dessins cette publication étonnante…
Un trésor de livre... pour tous les "fous de littérature", qui se feront, dans la joie... de nouveaux amis "à lire" et découvrir...sans oublier les passionnés d'André Dhôtel, qui découvriront une partie non néligeable de son oeuvre, celui de "critique" ou plus précisément de "Lecteur". Terme des plus "sacrés" pour lui, car il engage à fond l'individu, qui devient "le créateur de sa propre lecture" (p.7)
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Un recueil assez court, trouvé par hasard et qui a fait une heureuse! J'ai dû l'ajouter car il est inconnu sur Babelio. Né en 1958 à Senlis, Philippe Blondeau vit actuellement près d'Amiens. Il a écrit une quinzaine de recueils et a participé à plusieurs revues de poésie.
Le thème essentiel est ici, on s'en doute en raison du titre, celui du temps. Et je me suis étonnée que le poète n'avait que 33 ans lorsqu'il a écrit cette oeuvre, car les poèmes me donnaient l'impression d'exprimer les angoisses et les souvenirs de quelqu'un de plus âgé.
Le poète s'interroge:
" Qu'est-ce que le temps?"
Et il finit par avouer:
" Nulle surprise:
rien que ce souffle
qui feuillette
les minutes de l'air"
Il explore les saisons, les jardins, la nature, la nuit, les êtres fragiles et éphémères :
" Ainsi
démuni déjà
livré au vent des choses
je bâtis ma maison
dans l'errance des plaines."
Il y a une musique nostalgique dans ces vers au rythme irrégulier mais mélodieux, des images touchantes , une observation attentive du paysage, une indicible beauté.
Dommage que l'ensemble soit si bref, mais il est finalement accordé au temps fugace" ce rien d'imperceptible audace
que l'eau balaie dans l'air
cette poussière liquide d'être"...
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Un très joli recueil de poèmes. Chaque poème, court, est écrit dans un style limpide et cristallin, et porte un titre évocateur : "bruits du temps", "bâtir", "vœu", "temps défait", "vu d'un jardin"...
Un poète à découvrir!
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Un très beau recueil, émouvant et juste, sur le temps, l'espace, la vie quoi.
A découvrir.
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