Malgré l'heure tardive , Vatoux téléphone à Hancenne. Il veut lui montrer le butin, enrichi entre-temps d'autres parchemins découverts aux sous-sols. C'est de leur fascination pour ces images que naïtra, cette même nuit, l'idée d'une première exposition, puis d'un livre, puis d'un institut de recherche d'un genre entièrement nouveau, qu'ils baptisent après maintes cogitations : la fondation Téménos pour l'Architecture. Le Téménos, ou l'enclos sacré du temple grec, à l'origine de l'architecture occidentale.
Pouur bien marquer le début de leur vie conjointe, ils repeignent le sol de leur studio en un jaune V33 étincelant et s'offrent un lit double de chez Habitat, le nouveau magasin de meuble design dont ils sont parmi les premiers clients. Bravant la morale de leurs parents, ils font partir d'une vague de jeunes qui rejettent le mariage et vit en concubinage. Tous deux pensent fièrement être des pionniers de l'union libre, les audacieux explorateurs d'une ère entièrement nouvelle.
Pas besoin de lire le texte pour comprendre le message : l'avenir de la ville doit faire l'objet d'un débat, car la vraie démocratie implique de choisir entre des modèles différents. En caractères gras, sous le titre de Citélibre, la devise de l'association : « L'air de la ville rend libre » - un adage hérité des cités du Moyen-Âge qui s'opposaient au système féodal. Conçue par un groupement d'habitants membres de SOSQuartiers, la deuxième affiche est plus grande, également en noir et blanc, d'un style bédé proche de Spirou et Fantasio. Elle réprésente un véhicule effrayant, la calandre ornée d'une mâchoire aux dents acérées, à l'image du requin de Jaws, le film d'horreur de Steven Spielberg en tête du box-office depuis près de deux ans. La voiture carnivore assoiffée de sang déchiquette sur son passage des maisons typiquement bruxelloises, tremblantes de peur.
Pour Isabelle, le mot "fasciste" désigne quelqu'un qui se refuse à être d'accord avec une opinion si largement partagée qu'elle apparaît comme une vérité consacrée par la démocratie. Mais pour lui, s'être fait traiter ainsi l'a profondément blessé. C'est comme s'il lui appartenait, à lui et à lui seul, de déterminer si telle opinion ou tel individu est fasciste.
Très beau roman d’une errance personnelle et voyageuse, ponctuée de coups de cœur et de restitution d’une époque plus libertaire. J’ai beaucoup aimé
Plusieurs semaines sont passées depuis, pourtant je pourrais dire qu’il ne s’est rien passé. Ou plutôt qu’une infinité de petites choses vécues au fil de mes rencontres et de mes déplacements ont eu lieu, et que j’en ai été, à quelques exceptions près, l’unique témoin.
Il y a deux hommes en moi, celui qui veut à tout prix rester en vie, et celui qui veut vivre intensément, coûte que coûte, et qui se trouve embarqué dans une histoire où tout lui semble écrit d’avance.