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Citations de Philippe Brenot (267)


La première expression graphique de la beauté a certainement été féminine.
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Amérique, choc des civilisations – Une terre de contrastes. L’arrivée d’un catholicisme intransigeant en Amérique centrale et du Sud puis l’invasion du monde anglo-saxon puritain en Amérique du Nord ont stérilisé les cultures autochtones. Les habitants des Amériques connaissent aujourd’hui des comportements intimes mondialisés. Avec la particularité en Amérique du Nord, d’un sexe paradoxal : à la fois libertin et puritain. Les États-Unis d’Amérique ont joué un rôle très important dans l’évolution mondiale récente des comportements intimes. De par leur place de nation dominante, ils sont depuis près d’un siècle un modèle attractif ou répulsif. Dès le XVIe siècle, les colons puritains rêvent de fonder un monde où toute déviance sexuelle (bigamie, homosexualité, adultère, sodomie, bestialité…) disparaîtrait. Ce courant anglican resurgit régulièrement, notamment avec la récente influence des Églises évangélistes. En face, le mouvement contre-culturel de libération de la sexualité a débuté avec le rapport Kinsey, en 1948, révélant au monde entier la diversité et la normalité des comportements sexuels humains. Puis dans les années 1960, avec l’amour libre hippie, l’avènement de la Gay Pride puis des LGBTQUIA+. Et aussi, plus récemment, de la dénonciation de la domination masculine à travers la prise de conscience #MeToo.
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Océanie, amour et vahinés – Le sperme initiatique. L’un des éléments les plus importants pour comprendre l’histoire de la domination masculine nous est offert par le rituel du sperme chez les Sambla et les Baruyas de Nouvelle Guinée – rite qui existait encore au milieu XXe siècle. Chez les Sambla, les jeunes garçons impubères, âgés de 5 à 10 ans, étaient enlevés par surprise à leur mère et emmenés par les hommes dans la forêt. Là, pendant trois jours, ils étaient violemment battus : le sang s’écoulait de leur nez et de leurs blessures pour libérer ce liquide impur, féminin. Commençait alors un rite sacré qui ne devait jamais être révélé aux femmes sous peine de mort : conduits dans la maison des hommes, ils apprenaient à se nourrir de sperme. Le sperme étant censé favoriser la croissance du pénis et la transformation du corps de l’enfant en corps d’adulte. L’anthropologue Maurice Godelier montre comment le sperme donne aux hommes le pouvoir de faire renaître les garçons hors du ventre de leur mère, et instaure une solidarité masculine contre les femmes. Chez les Baruyas, les garçons sont ainsi nourris du sperme de leurs aînés pendant plusieurs années pour dominer les femmes. Ce rite de passage n’est en rien homosexuel (l’homosexualité étant réprouvé chez les Baruyas). Il s’agit plutôt d’une initiation par les hommes pour devenir un mâle dominant. On peut faire un exact parallèle avec la pédérastie initiatique grecque, rite de transmission de la masculinité dominante.
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Japon, l’empire des sens – La fausse réputation des geishas. Au XVIe siècle, les premières geishas (artistes) étaient des hommes. Bouffons (houkan) ou porteurs de tambour (taiko-mochi), leur rôle était de divertir les invités d’un banquet. Un siècle plus tard à Yoshiwara, se multiplient les bains, les salons de massage les auberges d’amour, où les hommes sont remplacés par des femmes, les geishas qui deviennent très vite populaires par le chant et la danse, sans toutefois se prostituer. La geisha allie le summum du raffinement (coiffure, maquillage), de l’élégance (kimono et sandales surélevées), et de la culture, c’est une véritable artiste. Dès l’âge de 13 ans, la novice apprend l’art de la conversation, de la musique, de la danse et du maintien. Elle cultive le mystère et l’érotisme, laisse deviner ses sentiments même si elle ne les éprouve pas. Méticuleusement drapée, la geisha ne laisse entrevoir qu’une partie de sa nuque, ce délicat triangle fardé de blanc, à l’arrière du cou, qui attire tous les regards. La séduction commence là, à la manière qu’à une femme d’entrouvrir le col de son kimono. Pas un banquet sans geishas. Les puissants y ont recours pour accroître leur prestige. Mais rares sont celles qui s’adonnent à la prostitution, synonyme de déshonneur et de perte du titre de geisha. Choisies pour leur beauté et leur discrétion, les geishas sont réduites au rôle de femme soumise et affectivement refoulée. Avec un peu de chance, elles deviennent parfois la seconde épouse d’un client fortuné qui les rachète à prix d’or.
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Chine, sexe céleste – Nous sommes au troisième millénaire avec J.-C. La vie sociale s’organise autour d’une société de droit maternel, c’est-à-dire matrilinéaire (on tient son nom de la mère) et matriarcale (l’époux vient vivre dans la maison et la famille de l’épouse), avec une nette répartition des rôles, symbolisée par deux couleurs. Le rouge, symbole de vie, de procréation, de lumière et de force sexuelle, est associée à la femme. Le blanc, signe de passivité, d’absence de pouvoir et de faiblesse sexuelle, est associé aux hommes. L’homme cultivateur est le pourvoyeur de la famille. La femme génitrice est l’organisatrice de l’espace intérieur. La femme est alors considérée comme supérieure à l’homme, détentrice des secrets et des pouvoirs sexuels. Les premiers idéogrammes témoignent de cette organisation : la femme (nu) est une silhouette agenouillée surmontée par une importante poitrine. La mère est une femme dont on a souligné les mamelons. L’homme (nan) est symbolisé par un carré représentant un lopin de terre associé à un outil signifiant Travailler. La femme enfante, l’homme travaille la terre, c’est l’ordre premier. Contrairement à toutes les sociétés et civilisations que nous avons traversées, où le pouvoir masculin est en place dès le récit de l’origine, la mythologie chinoise nous montre la transition entre une organisation première de droit féminin et l’imposition d’un ordre masculin dès les premières dynasties Shang puis zhou. Il est important de noter que cette société première de droit maternel était sans domination hégémonique d’un sexe sur l’autre. Ce qui nous amène à un constat : quand la société est de droit féminin, l’ordre est souple et les femmes ne dominent pas. Ce n’est pas un matriarcat, contrairement aux sociétés de droit masculin, où un pouvoir coercitif s’impose la plupart du temps.
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Afrique sexe originel – À l’origine était le sexe… nous dit le mythe kikuyu rappelant presque mot pour mot le mythe fondateur de la cosmogonie égyptienne et l’influence historique de l’Égypte pharaonique sur les anciens royaumes africains. Chez les Kikuyus du Kenya, Mumbere, l‘ancêtre fondateur, est lui-même le fils de l’Orgasme. De son sperme divin, obtenu par masturbation, naquit Kikuyu, le premier homme. Aussitôt né, il fabriqua une statue d’argile dans laquelle il creusa un vagin qu’il pénétra de son pénis. Cet accouplement anima la statue qui devint Moombi, la première femme. De leurs amours naquirent alors neuf filles, ancêtres des neuf clans de la tribu des Kikuyus. Nous sommes en société matrilinéaire : l’origine et le rang de la personne dépendent du statut de la mère, les enfants du couple premier sont donc neuf filles, les ancêtres du peuple kikuyu. Mais nous sommes également en tradition patriarcale et les géniteurs premiers, Mumbere et Kikuyu, sont des hommes. La domination masculine est très présente. L’Afrique est un immense continent, fort de sa diversité, comprenant plus de 2.000 ethnies et presque autant de cultures différentes. En Afrique noire, le sexe est au cœur de l’organisation sociale. Il est à la fois objet de tabous et de grande liberté. Au-delà de l’inceste, seul tabou commun à toute l’Afrique, chaque groupe ethnique a ses particularités. En ce qui concerne la virginité par exemple, certaines populations y attachent énormément d’importance, quand pour d’autres la virginité prénuptiale n’est pas obligatoire. L’animisme et le polythéisme ont longtemps modelé la vie spirituelle de ce continent. Mais aujourd’hui les deux grands monothéismes que sont le christianisme et l’Islam dominent tous les autres courants religieux en Afrique. Dans l’ensemble de ce chapitre, nous faisons essentiellement référence à la vie traditionnelle telle qu’elle était avant la colonisation et avant l’influence d’autres cultures. Beaucoup de choses ont aujourd’hui changé.
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Moyen-Orient, Mille et un sexes – Les mille et une nuits. Nous sommes toujours au XVe siècle, mais à Bagdad où un autre cheikh réunit un ensemble de contes transmis oralement depuis des siècles. Les plus anciens : des contes indiens et persans des IXe et Xe siècles. Puis des contes arabes de la dynastie des Abassides (du IIIe au XIIIe siècle). Au fil du temps, le recueil se complète. Il comprendra au total 169 contes, chacun fait de dizaines d’historiettes, dont de nombreuses histoires érotiques égyptiennes. Il est aussi expurgé de ce qui est trop intime, immoral ou inconvenant par les tenants d’un Islam rigoureux. Il en sera de même pour les traductions qui omettront les récits érotiques. Le recueil des Milles et Une Nuits est l’un des plus populaires de la langue arabe, les enfant sud monde entier connaissent Shéhérazade, Aladin, Sinbad le marin, Ali Baba. Si la plupart des contes – messages d’amour, de magie et de merveilleux – étaient surtout transmis par des conteuses dans les cafés, sur les marchés, parfois au coin du feu, les fragments les plus intimes étaient lus par des lecteurs spécialisés devant un public éduqué exclusivement masculin, ils n’étaient connus ni du peuple, ni des femmes. Ces contes, écrits par des hommes pour des hommes, nous renseignent sur leur conception de la sexualité et de ses pratiques. La part cachée des Milles et Une nuits parlent d’amour physique, d’homosexualité, d’infidélité, de vengeance et d’exécutions sommaires. Mais aussi de voyeurisme, de fétichisme, d’exhibitionnisme, de fétichisme, d’inceste, de pédophilie, de nécrophilie, de zoophilie… Ce sont des contes moraux, souvent très machistes, glorifiant la domination masculine et dénonçant la fourberie des femmes. Au total : 107 histoires d’amour, souvent, violentes, 18 maris trompés, 12 amants exécutés, des dizaines de femmes infidèles et des centaines de vierges… puisque, par définition, une femme ne peut être que vierge ou mariée.
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Inde, la civilisation de l’amour - Le temps des maharajas. Le Rajasthan (nord-ouest de l’Inde) est la terre des Grands Rois (Maha Rajas). Piliers du monde indien sous les Moghols puis sous l’Empire britannique, ils constituent une caste supérieure et se disent les descendants de divinités comme Rama et Krishna. Grands guerriers, ce sont aussi des hédonistes qui ont toujours suivi les règles du Kamasutra. Le mariage du maharaja et son union avec la maharani en témoignent. L’explorateur Vitold de Golish (1921-2003) nous raconte le quatrième mariage du maharadja de Raghoubir au Rajasthan. Ce maharaja avait déjà contracté trois mariages, des deux précédents avec une femme, e troisième avec une plante (le chiffre trois portant malheur, aucune femme n’accepte la troisième noce). Ce quatrième mariage commence par la présentation de la fiancée. Dans une pièce aux portes ouvertes, dont une corde dorée interdit l’accès, la fiancée est allongée presque nue, livrée aux regards des proches et des parents qui viennent à passer. Les zones impudiques de son corps sont minutieusement couvertes d’un voile de mousseline bleue : les cheveux et le front, les genoux, les chevilles et les pieds. Et sur son sexe, totalement épilé, sont peintes les fleurs magiques du bonheur. La fiancée est prête à être bientôt mariée. C’est maintenant au tour du maharaja. Allongé nu sur un divan, il est minutieusement enduit d’huile chaude et de moutarde. Il brille comme une statue d’or ! on lui nettoie les yeux, la langue, puis vient le maître épileur qui dessine un triangle pubien parfait au milieu duquel, avec un peigne, il trace une raie qu’il peint en rouge, symbole du mariage. Les hommes ont cet avantage : on ne peut pas savoir s’ils sont mariés, alors que les épouses sont tenues de teinter leur front de rouge, à la racine des cheveux. Une manucure lime ses ongles, sauf le majeur de la main droite, taillé en droite en forme de trident, symbole de Shiva qui va l’assister dans l’amour. À l’aide d’une tige en ivoire, un brahmane introduit une cordelette dans son pénis qu’il ressort comme un écouvillon. Son sexe tout neuf est alors enveloppé d’un ruban jaune. La maharaja, parfumé de menthe et de santal, est, lui aussi, prêt à la cérémonie. Dans la grande salle nuptiale ont pris place famille, proches et dignitaires, entourant l’épouse cachée sous des voiles et des soieries. Le maharaja est assis sur un coussin surélevé. Trois vieilles femmes enlèvent voiles et saris à la jeune épouse puis la font boire. Ivre et nue, la maharani saute sur les genoux de son époux qui la griffe de ses ongles sur le dos, la nuque, le crâne. Elle s’excite sur le corps de son mari, puis tombe inanimée. On dévoile alors la machine infernale, une longue table de fonte percée d’orifices pour le sexe, les seins et le visage, sur laquelle on installe la jeune femme et qu’on glisse juste au-dessus du corps nu du maharaja. Un levier permet de faire monter et descendre le corps de la maharani à quelques millimètres du corps de son époux, sans toutefois qu’ils se touchent. Armé d’une longue perche, le chef de cérémonie guide la verge royale vers l’écrin à bijoux. Les deux familles peuvent assister à la déposition de la goutte finale et s’assurer que tout se déroule selon la tradition. Un concert de conques et une pluie de grains de riz acclament l’éjaculation royale. Lors de l’indépendance du pays en 1947, l’Inde comptait encore 641 maharajas. Ils perdirent tous leurs droits en 1971.
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XXIe siècle, sexavenir – 2015 : Internet connecte entre eux près de trois milliards d’internautes sur plus d’un milliard de sites en ligne. Les réseaux sociaux accélèrent une communication désormais mondialisée. La rencontre par géolocalisation (Grindr, Tinder, Hornet) annihile cependant les rituels de la séduction en proposant la rencontre immédiate d’un(e) partenaire sexuel(e) potentiel(e) situé(e) à proximité. Et ce n’est pas de la prostitution.
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XXe siècle, libération sexuelle ? – Le grand changement 1960-1970. En quelques décennies, on passe en Occident de la société traditionnelle à la société moderne. Une des plus grandes révolutions depuis le début de l’humanité. Toutes les sociétés traditionnelles sont organisées de façon identique : Au sommet les puissances divines. Puis les ancêtres et les sages que sont les plus âgés. Au centre de cette organisation, le groupe est constitué d’une famille, d’un clan, d’un village, d’une société. Le destin de tout individu est décidé par sa famille, son groupe. Les femmes sont plus assujetties encore. Le couple n’est pas le lieu de l’amour, l’érotisme en est absent. En cette seconde moitié du XXe siècle et dans la société moderne, apparaît le sujet - c’est la grande révolution – décidant de sa trajectoire de vie, indépendamment de la famille et du groupe. Le changement est radical. La grande famille au sein de laquelle les époux trouvaient difficilement de l’intimité est remplacée par un couple fait de deux sujets – qui se désirent, s’aiment – et de leurs enfants. C’est l’aboutissement du mariage d’amour… Cette nouvelle organisation sociale casse l’intérêt des familles qui prévalait depuis le début de l’humanité et l’intimité du couple prend une nouvelle dimension, charnelle, érotique. La libération sexuelle devient réalité.
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XIXe siècle, culs serrés et prostitution – Le siècle des maisons closes. Avec l’essor des grandes villes, se développe en Europe une prostitution institutionnalisée. Le bordel devient un lieu de détente et de rencontre qui fait partie de la vie sociale masculine. Leur nombre en Angleterre est de plus de cinq mille à une époque où l’on ne dénombre que deux mille cent cinquante églises, écoles et institutions. À Londres, des rabatteurs gagnent leur vie en recrutant des très jeunes filles, la majorité sexuelle étant de douze ans. En 1810 à Paris, outre le quartier du Palais-Royal, le lieu de tous les plaisirs, on ne compte pas moins de cent-quatre-vingts maisons officielles. On considère alors la prostitution comme un mal nécessaire. À la fin du XIXe siècle, avec le développement des bordels clandestins, on recense à Paris 155.000 prostituées et plus encore de clandestines. Le trafic de ces femmes atteint une telle ampleur qu’on parle alors de traite des Blanches. Les abolitionnistes commencent à faire entendre leur voix. L’Anglaise Joséphine Butler, féministe militante, réussit à fédérer les abolitionnistes de l’Europe entière, haranguant la foule sur les marchés, dénonçant l’esclavage des femmes. L’hypocrisie bourgeoise fait le grand écart : le bon père de famille prône la fidélité, mais culbute ses domestiques et fréquente les maisons closes. La société a heureusement pensé à tout : une loi interdit les recherches en paternité pour éviter que les soubrettes réclament leur dû, et seules les épouses sont punissables d’adultère.
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Les lumières, répression et libertinage – Le nouement de l’aiguillette. À cette époque, faire preuve de puissance virile est essentiel pour un mâle, car le jour du mariage le nouement de l’aiguillette peut faire capoter les plus belles noces. Noé est assez inquiet car il craint la vengeance d’une amoureuse dont il n’a pas voulu. Le nouement de l’aiguillette est une opération magique qui s’accomplit le plus souvent à l’église au moment de la bénédiction nuptiale. L’envoûteur, ou plus souvent l’envoûteuse, noue un solide ruban autour de la verge d’un jeune loup (facile à trouver) … puis appelle la victime. Lorsqu’il se retourne, le sort est jeté et l’homme devient impuissant. On imagine facilement la terreur des hommes timides lorsqu’ils sont l’objet d’un ressentiment de la part d’une femme qu’ils redoutent. Peu de solutions au nouement de l’aiguillette, sinon des rites magiques ou l’adoration de saint Vit qui était réputé rendre services aux hommes en panne de sexe. Heureusement Noé avait sur lui un talisman, un philtre très puissant qui empêche la sorcière d’agir. Le nouement de l’aiguillette a pu ainsi servir d’explications pour des troubles sexuels inexpliqués. Ce fut le cas lors de la nuit de noces non consommée de Louis XVI (il avait seize ans) et de Marie-Antoinette (elle en avait quatorze). Il s’agissait en réalité d’un phimosis qui ne céda à la chirurgie que sept ans plus tard.
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M la maudite – Cette histoire extraordinaire mérite qu’on lui consacre un chapitre, tant elle reflète une amorce de liberté sexuelle et, comme toujours, la réaction répressive de l’Église et de la société. C’est l’histoire de la persécution de la masturbation. Elle prend racine au XVIIe siècle avec la découverte des cellules reproductrices et sévit dans toute l’Europe du XVIIIe au XXe siècle. Au-delà de la seule répression des pulsions, cette persécution est une réaction de la société traditionnelle contre la morale de l’autonomie des individus, hommes et femmes, qui aspirent à la liberté. Nous sommes au début du XVIIe siècle. La Hollande est réputée pour la qualité de ses optiques, ce qui explique que toutes les découvertes qui vont suivre se sont faites dans cette région de l’Europe. En 1604, à Amsterdam, Zacharias Janssen invente le microscope. Soixante ans plus tard, à Delft, De Graaf découvre le follicule ovarien, le gamète femelle. C’est le début de la théorie de l’ovisme : l’enfant naît du seul ovule féminin. La femme serait ainsi, à elle seule, la matrice du genre humain. Dans cette Europe toujours très dominée par les hommes, cette théorie rencontre une forte opposition. Heureusement, quinze ans plus tard, et toujours en Hollande, Leeuwenhoek découvre le spermatozoïde !
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Renaissance, le peintre et son modèle – Révolution artistique. La liberté des corps apparaît dans la peinture, la sculpture et la littérature. L’art de la Renaissance est un art du corps sexué. Avec le culte de la Madone, cette sensibilité nouvelle montre combien les femmes ont droit à la beauté et à l’amour. Les artistes rivalisent de talent pour mettre en valeur les appâts féminins. La nudité devient source d’inspiration pour Botticelli, Cranach, Raphaël, Rubens… La femme idéale commence à apparaître, une femme de chair et de désir. Élève de Titien, Noah le Vénitien donne la dernière touche à la Vénus d’Urbino. Maria Saw, son modèle, est une très belle jeune femme, allongée sur un lit, entièrement nue. Ne sachant où mettre sa main, elle la pose discrètement au plus secret d’elle-même. Les grands peintres peignent des nus que le Moyen Âge s’interdisait. Pour l’Église cependant, l’art fait péché d’exhibitionnisme. Quelques siècles auparavant, regarder les seins nus d’une femme était un péché. Déjà à la cour de Charles Vii, les robes s’ouvrent tant par le haut que les femmes doivent farder le bout de leurs seins. Un siècle plus tard des mesures sont prises vis-à-vis des décolletés abusifs dont les femmes de la noblesse, telles que Gabriel d’Estrée et sa sœur.
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Moyen âge, enfer et paradis – Deux idées fausses. Contrairement à l’idée reçue, la ceinture de chasteté n’a pas été inventée au Moyen Âge pour garantir la pureté de l’épouse pendant le long temps des croisades, mais plus tard à la Renaissance. Les maris jaloux, craignant l’infidélité de leur jeune épouse, leur imposant cette armure de pureté. C’est surtout au XIXe siècle alors qu’on se passionne pour le Moyen Âge, que cette légende est inventée et que de tels appareillages sont utilisés… dans les maisons closes ! Ils sont aujourd’hui courants dans les pratiques BDSM. Le droit de cuissage ou de culage. C’est une idée très répandue selon laquelle, au Moyen Âge, tout seigneur avait un jus primae noctis (droit de première nuit) sur les filles ou les épouses de ses serfs et ses domestiques, à l’égal de Dieu. Une forme atténuée (droit de jambage) aurait consisté pour le seigneur, à glisser symboliquement sa jambe entre le corps des jeunes époux pour bénir leur union. En réalité, aucun historien n’a retrouvé mention de cette pratique dans les archives publiques, ni dans le droit coutumier. On trouve au contraire des condamnations de seigneurs pour avoir abusé sexuellement de leur position dominante.
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Rome, grandeur et décadence – Une femme libre, une citoyenne romaine qui se respecte, est éduquée pour ne pas avoir de plaisir. Elle est destinée à la reproduction, ce pour quoi on l’appelle Le ventre. C’est ainsi que l’on fait des enfants qui seront de bons citoyens ! Cette passivité légitime de l’épouse restera un modèle pour l’Occident pendant près de deux mille ans. On lui oppose l’activisme de la prostituée qui, contrairement à l’épouse, agit et se place en position supérieure. Certaines épouses font même des procès à leurs maris qui tentent de jouir de leur corps. Ils sont accusés d’uxoriosis, de désirer le corps de leur femme et, à ce titre, peuvent être condamnés. Une digne mère de famille n’est pas une putain ! Pas de sentiments non plus : Aimer abusivement sa femme est honteux, il faut se conduire en époux et non en amant (Sénèque).
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Grèce, le panthéon de l’amour – Et les femmes dans tout ça ? Deuxième partie. Vers la fin du Ve siècle, les femmes d’Athènes manifestent leur révolte devant le désintérêt de leurs maris. L’adultère étant très sévèrement réprimé, certaines lient des relations avec d’autres femmes. L’homosexualité féminine n’a, pour les Grecs, aucune importance, elle n’est donc pas condamnable. Célèbre dans son île de Lesbos, la poétesse Sapho en chante les mérites : ma passion pour la beauté des femmes, changeantes comme les couchants d’été, animent les flots et les flammes. Et durant la longue guerre qui oppose Sparte à Athènes, les Athéniennes délaissées font venir de Milet, en Asie Mineure, pour se consoler, un objet très nouveau appelé Olisbos. Il a la forme d’un membre viril, il est fait de cuir et de laine comprimée. C’est le début de la contestation des femmes qui osent affronter leurs maris en prétendant ne plus dépendre d’eux, ni pour la vie, ni pour l’amour. C’est Aspasie, la compagne de Périclès, qui mène ce premier mouvement d’émancipation féminine. Devant ces comportements inacceptables et anormaux, un homme comprend qu’elles sont malades d’insatisfaction sexuelle. Hippocrate fait ainsi un tableau précis de cette maladie qu’il nomme Hystérie : l’organe essentiel de la femme est l’utérus ; s’il n’est pas assez imprégné de sperme, le sang est refoulé vers le haut, ce qui provoque oppression et nervosité. Qu’elle se marie et la maladie disparaîtra ! Cette idée dominera la médecine jusqu’au XXe siècle. Quelques années après cette tentative d’émancipation féminine, un élève de Platon, le plus renommé, Aristote, réprimera cette révolte de façon très violente en affirmant, une fois pour toute, la supériorité naturelle de l’homme sur la femme : la chaleur est énergie, mais la femme est plus froide que l’homme, signe de son infériorité, elle est un mâle incomplet, un être inférieur. Son jugement misogyne fut parole d’Évangile jusqu’au XVIIIe siècle !
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Égypte, l’égalitaire – Retour à Thèbes. Son épouse, Sawertiti, est médecin. Des prostituées (reconnaissables à leurs lèvres rouges) la consultent pour ne pas tomber enceinte car elles ne peuvent pas, professionnellement, se le permettre. Les Égyptiens utilisaient de petits cônes contraceptifs à base de graines de grenade. On sait aujourd’hui que ces graines contiennent un œstrogène naturel donc contraceptif. Elle lui montre un préservatif en boyau. Dans l’arrière-boutique, une femme confectionne un tampon contraceptif en mélangeant des dattes, de la coloquinte et du miel. Sawertiti tien un morceau d’acacia qu’elle va placer dans l’utérus d’une femme. Les Égyptiens avaient déjà inventé le stérilet. Une épouse la consulte pour savoir si elle est enceinte. Prescription : applique sur ton sexe ce mélange de plantes, c’est de l’orge et de l’amidonnier. Il se mêlera à ton urine. Si l’orge pousse, ce sera un garçon, si c’est l’amidonnier, une fille. Et si rien ne pousse, c’est que tu n’es pas enceinte. La vie était douce dans l’Égypte ancienne. Le savoir des médecins égyptiens était très avancé en matière de gynécologie et de tout ce qui a trait à la fécondité. Ce sont les premiers à avoir bien compris le rôle des hommes et des femmes dans la reproduction. Peut-être grâce à leur considération égalitaire de la femme. On voit ici que les progrès vers la liberté passent par la compréhension de la fécondité et la libération des femmes, révolution amorcée en Égypte, qui prendra plusieurs millénaires avant d’être effective.
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Babylone, l’amour libre - Ishtar est le prototype de la déesse de l’Amour. Aphrodite en Grèce et Vénus à Rome en seront la continuité. Ishtar avait de très nombreux et beaux amants qui ne pouvaient résister à ses charmes. Elle avait tous les hommes qu’elle voulait… sauf un : Gilgamesh, roi d’Uruk dont tout le monde vantait les exploits. Mais quand elle le supplia de devenir son amant, Gilgamesh la repoussa avec dédain. Il faut dire qu’Ishtar avait transformé un de ses prétendants en grenouille après qu’il lui eut touché le sexe. Furieuse d’être éconduite, Ishtar supplia Aru, le dieu du Ciel, de créer un animal invincible, le taureau céleste, qu’elle envoya à Uruk. Gilgamesh le prit par les cornes et, avec un couteau, les lui enleva, tandis que son ami Enkidu le prit par la queue et lui arracha le sexe. Les deux amis se lavèrent les mains dans l’Euphrate et furent acclamés par le peuple. Ishtar, la Dame du ciel, voulait aussi devenir la maîtresse des Enfers. Elle pénétra dans ce lieu où régnait Ereshkigal, sa sœur et son ennemie jurée. Elle passa ainsi sept portes et perdit, à chacune d’elles, un attribut. Elle se retrouva donc nue devant Ereshkigal qui, avec les sept juges des Enfers, la condamna à mort. La disparition d’Ishtar, déesse de la Fécondité et de l’Amour, provoqua sur Terre un cataclysme, un arrêt de la vie et de la reproduction. Ce qui effraya les dieux, qui la ramenèrent à la vie. C’est ainsi que le retour d’Ishtar est fêté chaque année au printemps par le mariage-accouplement du dieu Enki et de la déesse Ishtar et, par procuration, du roi et d’une prêtresse.
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L’histoire de notre sexualité commence il y a très longtemps dans les forêts de l’Afrique de l’Est, cette région qui nous a donné naissance à nous, les humains, et où vivent encore aujourd’hui nos cousins, les chimpanzés. Il y a deux millions d’années, un petit groupe d’hominidés s’aventurent hors de la forêt de ces ancêtres pour amorcer la grande aventure humaine. Ils s’installent près des points d’eau, notamment au Tchad et dans la vallée du Rift qui balafre l’est africain du nord au sud, aujourd’hui de l’Éthiopie au Zimbabwe. Ces hominidés nous ressemblent déjà beaucoup. Leur stature commence à se redresser et, signe de modernité, ils marchent sur leurs deux pieds. Et tout cela en à peine quelques millions d’années. De plus petite taille que nous, ils ont encore des attributs qui rappellent l’origine : leur pilosité est toujours présente, sauf sur la face où apparaissent des traits que l’on qualifierait aujourd’hui d’humains. Quatre grandes innovations vont signer le passage à la sexualité des humains. Un : la disparition de l’œstrus, désormais on peut faire l’amour toute l’année. Deux : la disparition de l’os pénien, désormais l’homme peut bander sans tuteur, plus besoin d’os, son pénis est plus grand, plus gros, plus fort, plus solide. Trois : l’invention du sentiment amoureux qui deviendra la grande préoccupation de l’humanité. Quatre, mais en négatif : la domination masculine et l‘asservissement des femelles marqueront profondément l’humanité jusqu’à nos jours.
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Balade bucolique à Paris en métro

Commençons par un grand bol d'oxygène, près de la coulée verte ; rue piétonne de plus de 4 kms , en partie au-dessus des arcades de l'avenue Daumesnil de Bastille , puis continue jusqu' à la porte de Saint-Mandé. Autrefois c'était une gare SNCF qui reliait la Bastille à la vallée de la Marne , aujourd'hui station de métro sur la ligne 6 en partie aérienne.

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Thèmes : promenades , métro parisien , bucolique , Parcs , jardinsCréer un quiz sur cet auteur

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