AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Philippe Carles (11)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Free jazz - Black power



Un livre absolument passionnant pour qui veut comprendre d’où vient et ce que signifie le free jazz, mais surtout l’histoire de la musique afro-américaine, et ses relations avec l’histoire des noirs américains.



C’est un point fait en 1971, à un moment clé de l’histoire américaine, où les mouvements de contestation des noirs américains évoluaient de l’action non-violente prônée par Martin Luther King à l’action plus agressive engagée d’abord par Malcom X puis par le courant du Black Power. Et, à la même époque, apparaissaient les leaders du free jazz, Ornette Coleman, Sun Ra, Archie Shepp, Cecil Taylor entre autres.

J’avoue que le fan de la période bop que j’étais alors, des Parker, Gillespie, Monk, et des Coltrane, David, Mingus, est passé complètement à côté de l’avènement du « free », et surtout du sens qu’il avait. Et il faut dire qu’on le disait, à l’époque, déconcertant, extrême, difficile à écouter.



Ce livre apporte de façon remarquable un éclairage sur cette période, mais aussi sur toute l’histoire du jazz en parallèle de l’histoire des noirs américains depuis la période de l’esclavage jusqu’aux luttes des années soixante. C’est parfois un peu long, en particulier l’histoire de l’esclavage, puis de la Guerre de Sécession, de l’évolution des conditions de vie de la population noire américaine tout au long du 19 ème siècle et au début du vingtième.

Mais on y apprend plein de choses, par exemple sur l’évolution du statut d’esclave à celle de travailleur pauvre et non qualifié, qui perdure jusqu’à maintenant, du blues comme héritage des work songs, ces chants des esclaves dans les plantations, de son caractère authentique à la différence d’un jazz rapidement récupéré par l’industrie du spectacle et du disque, d’un be-bop refusant ce jazz trop lisse et trop rigide et reprenant à son compte les valeurs du blues, …et bien d’autres notions.

L’ouvrage remet aussi les pendules à l’heure sur la notion d’un jazz qui serait authentique et apparu à la Nouvelle-Orléans.



Un autre aspect intéressant du livre est qu’il analyse de façon pertinente les rapports entre jazz et économie, entre jazz et conditions sociales. Ainsi de l’émergence précoce d’une petite (voire grande) bourgeoisie noire qui privilégie le jazz comme musique de divertissement, de danse et sera opposée à la musique du bop.



Il y a aussi une partie passionnante intitulée « dans les marges de l’histoire du jazz » dans laquelle sont présentés d’autres courants musicaux qui sont intimement liés à l’identité culturelle afro-américaine et à la protestation contre la domination blanche. Ainsi du funk ou de la soul.



Enfin, les cinquante dernières pages sont consacrées aux motivations du free-jazz, et à ses artisans. La volonté affichée de ses concepteurs est de générer une musique totalement libre, qui ne soit plus être corsetée par les cadres plus ou moins rigides du jazz, (notamment la séquence thème répété une fois-improvisation-ré-exposition du thème), d’une volonté de totale égalité des instrumentistes, de l’appropriation d’instruments et de rythmes africains ou d’ailleurs. Et, chez les musiciens, cette démarche va de pair avec un engagement politique non seulement pour la défense des droits des afro-américains, mais encore plus encore sur la revendication de l’héritage des valeurs culturelles africaines, et leur absence d’infériorité par rapport aux valeurs culturelles occidentales.



Un des points de réflexion que m’a suscité ce livre, c’est le rapport entre musique et de façon plus générale art et société. Les auteurs évoquent le fait que la musique, à la différence des autres arts, peinture, sculpture, poésie, théâtre, etc.. reste le domaine où une certaine idéologie dominante l’affirme comme un art « pur », sans relation avec la réalité sociale et politique. Le jazz dans son expression la plus « révolutionnaire » qu’est le free s’oppose totalement à cette idée.

Mais, à la réflexion, on pourrait en dire de même pour tous ces courants musicaux actuels, du reggae au rap, du hard rock au heavy metal, la liste n’est pas exhaustive.

Et puis que toutes ces musiques sont, à la base, celles des exclus, de part leur origine ethnique, leur statut économique et social.



En tout cas, ce livre nous rappelle que le jazz reste un exemple majeur de musique issue d’une communauté humaine, émergeant et témoignant de sa souffrance et de son identité culturelle.
Commenter  J’apprécie          2917
Le Nouveau Dictionnaire du jazz



Ça fait longtemps que je me dis que je devrais faire un commentaire de ce livre que l’on a offert, il y a pas mal d’années, à l’amoureux du jazz que je suis depuis mon adolescence.

Mais je me suis dit que c’était bien difficile de faire une critique objective et pas trop méchante sur un tel sujet. Car tout amateur, que ce soit de jazz, ou d’autre chose, a très souvent son avis bien tranché.



Tant pis, je me lance pour donner mon avis.



Ce dictionnaire est très complet, puisqu’il comporte 3200 entrées constituées non seulement d’entrées consacrées aux artistes et compositeurs de jazz, mais aussi à un nombre important d’autres aspects du jazz, tels que les instruments, les genres, les termes techniques, les producteurs, les lieux, etc…

C’est d’ailleurs je trouve l’aspect le plus intéressant, et j’y ai appris (ou approfondi) plein de choses.



Cependant, cet ouvrage collectif souffre de plusieurs défauts.

Le premier, ce n’est pas de sa faute, ce « nouveau » dictionnaire date de 2011, et de ce fait oublie des jazzmen ou women apparu.e.s depuis lors, comme Airelle Besson, Avishai Cohen, Ibrahim Maalouf pour ne citer que des trompettistes.



Mais, il en oublie d’autres, pas beaucoup certes, qui pourtant méritaient d’y figurer. Un exemple impardonnable, celui de Tom Jobim, le créateur de la bossa nova, qui fit des enregistrements mémorables avec Stan Getz. Pas de traces non plus de Joni Mitchell, certes plus connue comme chanteuse folk, mais qui évolua vers le jazz et sortit un disque extraordinaire en collaboration avec Mingus (disque sorti peu après le décès de ce dernier).



Enfin le plus irritant, c’est la place donnée à certains géants du jazz, qui relève de l’affront. Ainsi une demi-page pour Coltrane, et deux pages pour Beiderbecke, qui certes est un artiste estimable, mais qui ne peut se mesurer à l’apport fantastique sur le plan de la virtuosité instrumentale et sur le plan de l’innovation musicale de « Trane ». Ainsi du peu de cas qui est fait de Mingus, qui est à peine cité dans l’item contrebassistes. Et ainsi de suite. Ceci est en partie lié au nombre d’intervenants, plus de 60, mais il aurait été bien que les trois auteurs du livre essaient d’harmoniser les contributions.



Enfin, il y a pour ceux dont je connais presque tout, tel Django Reinhardt, des analyses erronées voire aberrantes. Dire que Django n’a pas fait d’émules quand on sait l’essor extraordinaire du jazz manouche qui lui a fait suite, qu’il n’a pas bien su s’adapter à la guitare électrique, alors qu’il y a donné ses enregistrements les plus novateurs, notamment ceux de 1953, où il anticipe le jazz modal, cela irrite au plus haut point le « fan » que je suis. Mais là, je veux bien le reconnaître, je ne suis pas totalement objectif.



En conclusion, un avis plutôt mitigé sur cet ouvrage, certes meilleur, je trouve, que les contributions de Wikipedia, elles mêmes inégales, mais ça ne suffit pas.

Je pense que les « dictionnaires amoureux » qui fleurissent depuis des années sont plus intéressants, car ceux-ci comportent dès le départ un parti-pris subjectif et ne cherchent pas l’exhaustivité.
Commenter  J’apprécie          208
Jazz Meeting

Frustrant, ce livre l'est à double titre : un CD manque pour nous faire partager la musique de la rencontre, photographiée en tout petit avec un portrait séparé en plus grand...

L'intérêt est du coup assez relatif.

Il date des années 90 et remonte aux année 70...
Commenter  J’apprécie          90
Free jazz - Black power

Excellente histoire du free jazz, qui remonte à ses racines politiques et artistiquement contestataires.
Commenter  J’apprécie          40
Free jazz - Black power

Livre essentiel à qui veut connaître l'interaction de la musique noire (blues, jazz) et de la société américaine. Très documenté, nourri de très nombreuses citations et d'exemples précis, ce livre, dans sa dernière édition de 2000, revue et complétée est incontournable pour qui s'intéresse à la musique américaine.

Les auteurs reprennent notamment en les commentant et en les élargissant les arguments de Leroy Jones dans son essai, "Le Peuple du Blues".

Des premiers chants des esclaves aux gospels en passant par le bleus et les menestrels, des débuts du jazz au Free jazz, c'est toute l'épopée des Noirs américains qui défile sous nos yeux. A lire absolument.

Commenter  J’apprécie          20
Free jazz - Black power

Yves Sportis in Free Jazz, éditions de l'Instant, Bibliographie p. 105
Lien : https://www.babelio.com/aute..
Commenter  J’apprécie          10
Le Nouveau Dictionnaire du jazz

Mêlant études sur les instruments, analyses musicologiques, notices biographiques et glossaire général du genre, cette remise à jour salutaire vaut non seulement pour sa mine d'informations (sur près de 1500 pages!), mais aussi pour sa manière de montrer toute l'évolution d'un son qui se redéfinit sans cesse.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
Commenter  J’apprécie          10
Free jazz - Black power

"Free Jazz, Black Power" est un livre qui traite de l'évolution du jazz en prenant pour facteur de cette évolution celle de la condition de vie des Afro-Américains.

Ce livre est super intéressant d'un point de vue jazzistique, mais encore plus d'un point de vue historique. Cela amène des points de vue différents sur cette musique, d'une manière très documentée.

En fait, ici on parle plus de "Black Power" que de "Free Jazz", cette dernière partie ne consacrant que les 50 dernières pages du livre.

À lire plus pour les habitués du jazz, mais les autres y trouveront leur compte dans les détails historiques.

Très bon livre, qui fait prendre conscience, et qui instruit.
Commenter  J’apprécie          00
Free Jazz Black Power.

Très bon livre. Complet et intéressant. S'adresse autant aux néophytes qu'aux amateurs
Commenter  J’apprécie          00
Le Nouveau Dictionnaire du jazz

Du ragtime aux explorations du free-jazz, de Scott Joplin à Henry Threadgill ou Brad Mehldau, l’histoire du jazz y est rendue à sa complexité, à son tumulte, à ses évolutions parfois fracassantes, mais aussi à son sens de la transmission, à sa fidélité essentielle au blues et à ses racines africaines.
Lien : http://www.lespectacledumond..
Commenter  J’apprécie          00
Le Nouveau Dictionnaire du jazz

Que trouve-t-on dans ce dictionnaire dont la couverture est hantée par le regard de Miles Davis ? Des entrées par noms de musiciens, évidemment. Mais aussi des notices sur les mots usuels, les labels, les instruments, les courants, les couleurs du jazz…
Lien : http://www.lesoir.be/culture..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Philippe Carles (96)Voir plus


{* *}