page 84 |...] "Il y a des vieux qui, comme moi, savent plus ou moins le français. Oh oui ! Il y en a du même âge que moi et aussi des plus vieux qui savent un peu de français, mais pas beaucoup. C'était un déshonneur de parler breton autrefois. Quand on allait en ville ou ailleurs, à l'armée par exemple, si nous ne pouvions pas prononcer le français comme il fallait, on se foutait de nous." [...] La censure de l'existence des populations dominées fait partie intégrante du mode spécifique de domination. La dissolution de leur existence s'affirme dans l'énorme production de représentations négatives et dévalorisantes de celle-ci, et dans la projection de l'identité négative ainsi construite sur leur objet. L'inculcation de l'identité négative et l'infériorisation du dominé s'opèrent par des relais multiples : interactions sociales conflictuelles à l'armée; répression linguistique à l'école objectivant, s'il en était besoin, l'action de domination de cette institution; reprise et diffusion de l'identité négative sur les petites bourgeoisies urbaines locales. De fait, la prégnance croissante du dominant et le développement progressif de son emprise sur la société paysanne bretonne affectent ses attributs de l'indispensabilité, ce qui vient renforcer la légitimité des pratiques de domination. La langue dominante devient socialement nécessaire au dominé. Le locuteur breton ne peut totalement refouler une identité que la conscience sociale dominante interdit, ni se défaire des valences négatives investies dans sa langue. Le dominé s'efforce donc de se défaire de son identité bretonne et de ses diverses composantes objectives. Il s'agit d'une conduite d'auto-destruction. [...]
Ami des livres, il constitue une importante bibliothèque. Malgré des apparences frivoles, chez Plélo, le sérieux l'emporte. C’est ce que vient confirmer son appartenance à la société de l'Entresol dès la fondation de celle-ci en 1723. Cette société porte ce nom parce que ses membres, gens influents, esprits distingués, se réunissent dans l'entresol d'un immeuble de la place Vendôme où demeure son fondateur, l'abbé Alary. Il s'agit d'une sorte d'académie politique qui se donne des allures de club anglais. On y traite de sujets qui intéressent les sciences économiques et politiques mais prudemment car la France n'est pas l'Angleterre. Le pouvoir s’en inquiète malgré tout et le cardinal de Fleury fera dissoudre la société en 1731. À la même époque, Plélo fréquente les salons parisiens encore peu nombreux en ce premier tiers du siècle mais dont l'importance et l'influence ne cesseront de croître. Il participe souvent aussi à des réceptions données dans leurs hôtels parisiens ou dans leurs châteaux des environs de la capitale par des aristocrates aimables et lettrés.
Fantastiques ou mélancoliques, les paysages bretons donnent également l'impression d'être très anciens mais aussi immuables, de défier le temps et même d'être hors du temps. Tels « ces horizons boisés, comme ils devaient l'être aux temps anciens de la Gaule » ou bien ces « carrefours mystérieux au milieu des bois », ces « collines boisées s'étageant en lignes monotones » et qui constituent « toujours cet horizon sans âge... ce même horizon que les Celtes devaient voir ». Les Celtes qui refusaient l'écriture appartiennent à la préhistoire et à l'univers du mythe, c'est-à-dire qu'ils demeurent à jamais sans âge, hors des chroniques et des annales façon romaine.
Il est devenu banal de dire que la psychiatrie se situe au point de rencontre du biologique, du psychologique et du social ou, pour simplifier, de l’individuel et du collectif.
Si le support de la vie psychique est l’encéphale soumis aux échanges biologiques et donc aux aléas communs à toute matière vivante, cette vie psychique se constitue, s’organise et fonctionne en référence incessante à l’environnement social et culturel dont il est totalement arbitraire de l’isoler.
L'étranger est reçu avec une hospitalité parfois trop généreuse car accueilli « à cœur ouvert » par les nombreux parents et amis de ceux qui le reçoivent, il lui faut partout accepter nourritures et boissons en abondance. Ce sont des nourritures simples. La cuisine bretonne est fruste : crêpes de sarrasin, omelette au lard, poulets à plusieurs sauces dans les grandes occasions.