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Citations de Philippe Carrese (48)


Une fille. Une qui passera les cinq étapes obligées de la vie d’une femme avec brio : fille à claques, femme à gifles, mère à migraine pas ce soir chéri, maîtresse à poigne et grand-mère indestructible et acariâtre, à faire devenir chèvre jusqu’à sa dernière infirmière au centre de gérontologie. Jusqu’au bout. Un boucan.
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Souvent Zefirino chantait. Il chantait fort et faux. Mais c’était pour faire plaisir à sa mère, qui adorait la musique. Surtout l’opéra. Surtout Tosca. Alors Maria battant la mesure avec sa béquille reprenait le Vissi d’Arte en chœur avec son fils. Et tout le bidonville où ils étaient installés entonnait le même morceau en canon pour les faire taire. La composition de Puccini défilait sur une mise en scène à la Wagner, et rien ne pouvait perturber les Gianlupino, même pas l’afflux des figurants, choristes excédés. Maria beuglait dans le registre baryton, son fils couinait comme une mezzo-soprano asthmatique. Ils ne lâchaient l’affaire avant le mi bémol final.
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Deux entrées plus loin, Léo a eu du mal à pénétrer dans le hall. L’odeur. Il a imaginé aller chercher l’arbre magique au citron qui pend au rétroviseur de sa bagnole. Il a laissé tomber cette idée. Même en se fourrant l’arbre magique dans les narines, ça n’aurait pas suffi.
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Ce mec est un canon. Il aurait pu lui faire penser à un astucieux mélange entre Marlon Brando et Paul Newman à vingt ans, mais Félix ne connaît ni l’un, ni l’autre. Elle reporte son imaginaire sur un mix de Patrick Fiori et de Ricky Martin, en blond. Chacun ses références.
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La base de l’édifice a plié, quelques goupilles ont giclé, très loin. Deux cales ont glissé. Stupéfaits, ils n’ont poussé aucun cri pendant leur chute, qui leur a pourtant semblé interminable. Remus a compté les fenêtres qui défilaient devant ses yeux hagards. Romulus a croisé le regard d’une ancienne maîtresse à lui, la veuve Rapolano, celle du second. Elle n’en revenait pas. Deux hommes passaient devant sa fenêtre qu’elle avait ouverte en grand pour cause de canicule. La veuve était prête à faire un signe convivial, mais tout est allé trop vite.
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Philippe Carrese
L’escalier de secours bégaie. Sa descente rouillée ressemble à la mâchoire d’un vieillard qui aurait égaré son dentier.
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— Wohouhohouho.... Toil, la braise de ma vie... Hoooo un seul de tes regards m'anéantit... Hoooo taride vestige, ta déclaration d'emballage...
— Ti'es trop con, Fati'. Ti'as rien capté aux paroles. Alvina, elle chante : "Ta déclaration sans embages".
— Vé-là, elle ! Je m'en cague de tes paroles. C'est juste pour chanter que je chante... Wouhoooo...
— Ça, j'ai bien compris que c'est juste pour chanter que tu chantes !
— Woooohouho... taride vestige...
— Attends, Fati' ! Alvina Stuart, elle chante : "torride vestige..." Je vais te les copier, les paroles d'Alvina, comme ça on pourra chanter en chœur toutes les deux (...).
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Avec la prime d’assurance, Maria avait équipé son chiffonnier de fils d’un superbe triporteur Piaggio, déniché d’occasion mais qui avait fière allure. Le propriétaire précédent l’avait repeint en rose fuschia. Il avait passé deux couches. Son phare unique au milieu de la calandre lui donnait la même gueule un brin bornée que celle du cyclope des contes antiques. (…………….)
Poliferno faisait un bruit d’enfer, dégageait une fumée âcre d’un gris inquiétant et penchait avec obstination du côté passager. Toujours. Et c’est normal, Maria s’asseyait toujours du côté passager. Où qu’il aille, elle ne lâchait jamais son fils Zefirino, que le monde entier appelait Dzé. La conduite du véhicule n’était pas manœuvre très aisée. Maria prenait toute la place sur le siège, et Zefirino devait conduire en s’affalant sur sa mère, les fesses calées dans un coin de l’habitacle. Les lois de la gravitation étant incontournables, le triporteur penchait sur la droite, tout le temps.

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Zefrino Gianlupino avait un problème avec sa mère. Un gros problème.
Sa mère elle-même était un gros problème, un problème officiellement déclaré à quatre-vingt-dix-sept kilos mais qui avoisinait le quintal les lendemains de fêtes religieuses. La surcharge pondérale de Maria Gianlupino n’était pas la préoccupation majeure de Zefirino, son fils. Même si pour une hauteur sous toise d’un mètre cinquante-six, les débordements de chair de sa génitrice pouvaient se révéler handicapants. Non, la cause principale de tous les soucis de Zefirino était l’omniprésence de la matrone dans sa vie. Depuis toujours.
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Nous passons devant les restos branchés de l'escale Borely. Je m'applique dans mon tour de rond-point. Mon père râle pour la forme sur les insconscients garés en vrac. Il serre les fesses lorsque j'attaque la ligne droite vers la Vieille Chapelle. Bon, O.K. ! Je me suis rappelé qu'on pouvait passer la seconde une fois arrivé à soixante-dix à l'heure. Mon accompagnateur patenté recommence à respirer lorsqu'il aperçoit l'enseigne du Flint. Ce bar-tabac est un des rares dépositaires des gommes à macher artisanales de la vallée de l'Ubaye, ses chewing-gums préférés. .
- Clignotant à gauche ! Rétroviseur, ralenti... ralennntiiiiii !! ! Fais le tour du rond-p... du rond-point... lààààà... Là Clignotant à droite, Pierre-Laurent... LAURENT !! ! et freine... FREINE ! Ta trajectoire, Pilau', surveille ta... .
Je cale au milieu du carrefour. Le cercueil à roulette continue sa route vers la Pointe-Rouge. J'oublie. Je repars en broutant, évitant de justesse une Ferrari jaune et un utilitaire de location drivé par deux petites soeurs des pauvres en uniforme officiel des petites soeurs des pauvres. .
- Pilau'... jjjje... hhh... Gare-toi-après-le-feu-là-mais-avant-après-tu-as-une-place-juste-devant-après-le-tabac-mais-après-juste-là- avant-après-je-là-voilà-ici. .
Ca, c'est les nerfs qui lachent. Il est à bout. Je me range tant bien que mal en suivant ses consignes embrouillées. Je vois bien que le pauvre homme fait des efforts insurmontables. Qu'est-ce qu'il aimerait me payer un taxi et rentrer seul à la maison en écoutant du Brahms à fond pour se détendre ! Une fois sa Mercedes immobilisée, il arrive à s'exprimer d'une voie a peu près normale : .
- T'en veux, Pilau' ? .
- Ils ont des malabars ? .
- Pierre-Laurent, non ! Les produits synthétiques, ça suffit ... .
Là, en principe, mon père devrait me gratifier de sa tirade sur les produits naturels, bien meilleurs que les produits de synthèse.Il démarre au quart de tour :
- ... tu vas te coller de l'aérophagie, sans compter les risques de caries. Maintenant qu'on a trouvé une marque de chewing-gums bio et light...
Sa tirade est interrompue par un bruit de ferraille qui se répand. L'AX sport vient de tenter un stationnement périlleux au milieu du carrefour derrière nous. La tripe orange y a laissé son pare-chocs avant et son radiateur. Une paire de boulons rouillés finissent leur vie en roulant dans le caniveau. Le chauffeur n'arrive plus à sortir de son estrasse plantée sur le rond-point, sa portière coincée par une bitte en fer. On entend d'ici ses remarques pertinentes :
- Mon vié! Putain ! Que je suis con !

C'est un autochtone!
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Monstrueuse erreur d’appréciation, même si cette gitane est la plus belle fille de la région, et même si elle est prompte à réveiller ses dernières ardeurs de croûton rassis. La grosse Rosemonde, au moins, savait cuisiner ! Mais on ne peut pas tout prévoir, l’avenir du monde et sa propre destinée. Les yeux du mage se posent sur la chaîne des Alpilles où les dernières lueurs du jour s’estompent
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Avant d’être pris par la garde et pendu à la tour de vigie du port pour l’exemple, l’homme nous a raconté une invraisemblable histoire de fils de Dieu habitant au sommet d’une colline, entre la plaine de la Crau et la Durance, un bourg situé à quelques lieues de la cité Massaliote. Cet homme a raconté précisément toute l’histoire écrite sur ces parchemins. Il savait… Il en est mort.
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Le patron fouille dans la poche de son pantalon. Il en sort un papier froissé.
- D'habitude, c'est P.H. qui exécute ce type de course délicate. Mais, tu vois, Pindur... enfin... heu... Jean-Dominique, moi, je te fais confiance.
Il me regarde au fond de l'âme et répète, grave :
- Je te fais confiance, tu vois.
Je devrais sans doute répondre quelque chose. Mais je trouve rien. Il insiste :
- Moi, je te fais confiance, Pind... Jean-Do.
Je bafouille :
- Ben... heu... C'est gentil, patron.
- Non, c'est pas gentil. C'est normal.
Silence. Long. Là c'est pas un défaut d'allumage. Son silence est stratégique. Car le moment est solennel.
- Moi, Jean-Dominique, tu vois...
Non. Je vois pas encore. Mais je sens que je vais voir très vite.
- ... Moi, je te fais confiance. Tu es un gars fiable, Jean-Dominique.
Je dois faire la tronche d'un guitariste de trash-métal devant une grille d'anatole en mi bémol septième majeure. Un peu perdu, quoi...
- Tu es fiable, non ?
Je ne m'étais jamais posé cette question sur ma fiabilité. Je réponds au hasard :
- Oui.
Max me tend un papier froissé et une photo chiffonnée. Je déchiffre l'adresse sur le papier et commence à me poser les vraies questions sur ma fiabilité. J'aurais dû répondre non.
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Qu'est-ce qu'elle est belle, cette rue ! Il y a une plaque sur laquelle est écrit rue Canebière, mais ça, il faut s'y faire... Ici, au plus la rue est petite, au plus elle s'appelle boulevard. Dans les quartiers à petites traverses, comme à Endoumes ou La Belle de Mai, la moindre traviole, c'est l'avenue Machin... avec des noms incroyables que dégun connaît... Des notabilités du quartier, sans doute.
La Canebière, par contre, c'est une rue, va comprendre. Quand tu es devant la pharmacie Planche, tout à fait en haut, à côté de l'église des Réformés, ce tas de pierres qui se prend pour une cathédrale, tu vois toute l'enfilade jusqu'à la mer, jusqu'au Vieux-Port.
Aujourd'hui, il y a un peu de zef, pas trop fort, juste le mistral qu'il faut pour dégager la pollution ambiante et rendre les perspectives éclatantes.
De la pharmacie, ce qui est étonnant, c'est tous ces réverbères. Ça a une gueule... C'est des monuments historiques, les premiers éclairages électriques sur une grande avenue, au début du siècle, dans une grande ville.
Il paraît qu'ils devaient les enlever pour les remplacer par le genre de pylônes qu'ils ont mis à Belsunce. Y'en a encore qui vont se sucrer...
C'est dans ces occasions que tout le monde regarde dans la direction des z'élus pour savoir lequel vend les réverbères et lequel a une entreprise qui pose les réverbères.
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À ce moment précis, le monospace freine juste avant d’emprunter l’embarcadère. La joyeuse chorale s’est arrêtée net. Paniqué, le conducteur, un type longiligne en short bleu marine et polo blanc, au visage austère, arborant petite barbe en collier fin et cheveux coupés en brosse, pâle comme un linge, s’extrait de derrière son volant en gesticulant. Il fait signe à Édouard de passer devant, lui laissant la dernière place disponible sur le bac. La marmaille entassée sur les banquettes s’éjecte et s’éparpille sur le bas-côté pour aller vomir dans les herbes hautes. Une intoxication collective providentielle ? Le Grand Maître accélère
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Sur le plateau, Alfredo Visconti, premier violon, fait un geste discret. Toute la troupe se met en branle. Rite immuable : le hautbois lance sa plainte. C'est la curée, l'interminable minute de l'accord, la chasse à la note juste. Tous les timbres convergent vers ce la glacé et rectiligne, avant que les cuivres ne viennent parader avec leur si bémol claironnant. Les corridas ont leurs fanfares qui annoncent, joyeuses, le carnage à venir. Les philharmoniques ont elles aussi leur prodrome rituel : l'accord. Une fois l'eurythmie de l'orchestre réglée, l'hallali pourra commencer : la meute sera parée. Marzio observe les violonistes sur le devant de scène. Une fois de plus, l'ennemi le plus redoutable sera dans ses rangs : celui dont il devra se méfier se tiendra pile derrière lui.
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Devant l’illogisme des manœuvres demandées, une commande électromagnétique s’est bloquée et les hélices se sont emballées. Le bateau a commencé à prendre de la vitesse sous le regard impuissant du haut commandement et des officiers informaticiens. Les signaux de commandes et de liaisons à bord se sont affolés puis éteints, définitivement.
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Qu’est-ce qu’on fait quand on est mort ? On m’a appris ce qu’on fait quand on a un pneu à plat, quand une ampoule est grillée, quand le dollar monte et que le yen dégringole, quand un ordinateur plante, la vie quoi… Mais personne ne m’a jamais montré comment on fait quand on est mort. Va falloir s’adapter.
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- Pindur ?
- Quoi ?
- Je ne vois pas le rapport entre tes affligeants repas dominicaux et l’histoire de Gisèle ?
- Normal ! Y’en a pas.
- Tu étais parti pour me raconter la belle histoire d’amour de Gisèle, non ?
- Oui. Sauf que pour l’instant il n’est pas question de Gisèle. Il est question de Cindy.
- Cindy ?
- Laisse-moi finir avec Cindy. Après je te raconte Gisèle.
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La morue salée mimait le deuil profond avec application et une inventivité certaine. Il mimait mieux le profond que le deuil, quoique son jeté de tête en arrière les yeux mi-clos évoquât bien une mort subite. Merluzzo Salato s’est fait insistant sur la profondeur du profond. C’était vraiment très bas, le profond du profond. Ses doigts en touchaient la première marche du seuil de la Casa del Popolo alors que son cul frôlait les poignées de porte.
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