AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Philippe Contamine (13)


Charles V vint "aux affaires" dès 1356, en raison de la capture de son père Jean II le Bon à l'issue de la défaite de Poitiers [...] Lorsqu'il devint roi en 1364, le royaume de France, en vertu du traité de Calais conclu en 1360 entre Jean le Bon et Édouard III, roi d'Angleterre, se trouvait juridiquement amputé d'un tiers par rapport à ce qu'il était en 1356 : une immense principauté d'Aquitaine s'était en effet constituée, courant de Thouars à Bayonne, soit vingt-deux diocèses, au profit d'Édouard, déjà prince de Galles, fils aîné et héritier d'Édouard III.
Charles V aurait pu se résigner à cette amputation, remettre en ordre le territoire qui lui restait, être satisfait d'être resté le maître à Paris, Rouen, Orléans, Tours, Lyon, Toulouse et Montpellier. Il ne le voulut pas. Aussi s'employa-t-il à mettre en place tout un dispositif militaire, diplomatique et financier en vue d'annihiler les effets de la paix de Calais.
Commenter  J’apprécie          592
À cette lente saignée, à cet effritement régulier- forme la plus courante de la désertion- s'ajoute un renouvellement accéléré du personnel : sur les 73 chefs de montre, un seul sert cinq mois de suite, cinq servent quatre mois de suite, 43 un mois (Hay du Châtelet, Du Guesclin, p. 396-402). En définitive, tout se passe comme si les institutions militaires se trouvaient largement en avance sur la réalité sociale ; alors qu'elles permettaient et prévoyaient des unités au personnel relativement stable, celui-ci, trop souvent, ne consentait pas à servir longtemps ; il n'était pas encore préparé, ni dans sa mentalité ni dans ses habitudes de vie, à la discipline d'une carrière continue, se déroulant sous un même chef, mais concevait toujours le métier des armes comme une activité à la fois familière et intermittente, marquée de départs incessants, d'absences brèves ou longues, de passages fréquents d'une compagnie à l'autre. La seconde moitié du 14e siècle vit la progressive orientation des structures militaires vers une organisation collective et permanente, alors que la plupart des combattants demeuraient au stade de l'individualisme, sinon de l'anarchie. (L'armée de la reconquête [1369-1380], page 170).
Commenter  J’apprécie          480
La guerre de Cent Ans, si l’on admet la chronologie qui lui est classiquement assignée, dura cent seize ans. Certains historiens ont pu même faire commencer le conflit franco-anglais en 1294, avec la première confiscation de la Guienne par Philippe le Bel, et lui donner comme terme le traité de Picquigny de 1475, entre Édouard IV et Louis XI : il se serait alors étendu sur cent quatre-vingt-un ans. Quelles que soient les dates retenues, le premier trait de l’antagonisme franco-anglais fut son exceptionnelle longueur.
Ce n’est pas que face aux forces de guerre on ne puisse relever l’existence de pressions sociales, de tendances idéologiques et mentales et de nécessités matérielles qui poussaient à la réconciliation des deux adversaires et, d’une façon plus générale, à la paix. Tous ceux qui, dans la guerre, n’étaient que des victimes, ou des contribuables, ou des enrôlés de force – habitants des villes et du plat pays, clercs, marchands, paysans, l’immense majorité – ne pouvaient que se réjouir d’une interruption des hostilités, quel que soit le contexte politique ou diplomatique dans lequel elle se produisait.
Commenter  J’apprécie          110
Lorsque commença la guerre de Cent Ans, les royaumes de France et d’Angleterre, depuis l’éclipse de l’Empire romain germanique, étaient réputés les deux États les plus puissants de l’Occident chrétien. Or le mariage d’Henri II, premier souverain Plantagenêt, avec Aliénor d’Aquitaine avait eu pour résultat que les rois d’Angleterre, ses successeurs, étaient devenus en même temps ducs d’Aquitaine ou de Guienne. Longtemps, leurs possessions continentales avaient été bien plus vastes, mais le premier des grands rois capétiens, Philippe Auguste, en avait conquis la plus grande partie. Cependant, les vaincus n’avaient pas renoncé aux provinces perdues, et les vainqueurs espéraient évincer un jour complètement du royaume leurs adversaires. Afin d’établir une paix durable, reconnue de part et d’autre, Saint Louis, par le traité de Paris de 1259, céda quelques territoires à Henri III d’Angleterre, lui reconnut la jouissance de la Guyenne, mais exigea qu’en échange cette principauté devînt ou redevînt un fief dont le possesseur devrait prêter hommage au roi de France.
Commenter  J’apprécie          30
Chevalier désargenté, le troubadour Bertran de Born, né en 1140, célèbre la guerre.
(...)
"Il me plaît quand les éclaireurs
Font fuir les gens avec leurs biens
Et me plaît de voir après eux
Nombreux guerriers de front venir.
Me plaît en mon courage
De voir châteaux forts assiégés,
Remparts rompus et effondrés
Et l'armée au rivage
Tant à l'entour clos de fossés
Avec solides pieux serrés. (...)
"Sachez que tant ne m'a saveur
Manger ni boire ni dormir,
Que si j'entends crier : "A eux !
Des deux côtés ; partout hennir
Sous bois chevaux sans maîtres,
Et quand j'entends : "Aidez ! Aidez !
Et vois tomber par les fossés
Grands et petits sur l'herbe ;
Et vois les morts qui dans les flancs
Ont tronçons de lances et pennons.
"Barons, mettez en gage
Châteaux et villes et cités
Plutôt que de rester en paix."
Commenter  J’apprécie          30
De fait, à la fin du Moyen Âge, il semble que la guerre ait pesé de tout son poids sur une chrétienté latine par ailleurs spirituellement déboussolée, inquiète, voire divisée, déchirée par de profondes rivalités politiques et sociales, économiquement affaiblie et déséquilibrée, démographiquement exsangue.
Commenter  J’apprécie          20
Techniquement, la querelle de Guyenne était de type féodal,mais un problème plus grave s'y cachait: la notion d'état s'étant progressivement transformé et développé, du mème coup, les rapports s'étaient modifiés entre le roi de France et ses vassaux; ceux ci devaient subir une tutelle de plus en plus étroite.
Si cette évolution était de plus en plus insupportable aux plus importants d'entre eux, elle l'était encore plus pour le duc de Guyenne,roi d’Angleterre.
De plus, le roi de France tendait toujours à ramener ses différents avec son adversaire,quels qu'ils fussent à des litiges entre un vassal et son seigneur,dont il était nécessairement le seul juge.; le souverain anglais voyait sa liberté d'action réduite d’antan : il ne pouvait par exemple s'allier aux ennemis du roi de France, sans se rendre coupable ,en tant que duc de Guyenne de félonie envers son seigneur. Logiquement, il lui fallait obtenir l'indépendance totale de sa principauté,et puisque le traité de 1259 le lui interdisait formellement ,déclarer Philippe VI de Valois un usurpateur et revendiquer à sa place la couronne de France.
Commenter  J’apprécie          00
Les effets de la guerre se firent sentir dans l'ordre démographique. Si l'on peut tenir pour négligeable une baisse éventuelle de la natalité "légitime" (combattants absents de leurs foyers),compensée d'ailleurs par un accroissement des naissances illégitimes (la fin du Moyen Age,siècle d'or des bâtards ?),la guerre, surtout dans ses batailles rangées,sa forme la plus meurtrière,entraina une surmortalité directe frappant les combattants. Elle provoqua aussi le massacre des populations civiles ,soit dans une action collective (Limoges 1370),soit par de multiples meurtres isolés. Indirectement, elle contribua à répandre les épidémies et à multiplier les morts par famine ou mauvais traitement. Cependant, si son rôle a pu être important dans le domaine français,il fut très secondaire en Angleterre. Or ce pays connut alors une dépopulation massive.: on y estime à 2 100 000 le nombre des habitants durant la première moitié du 15eme siècle,soit un recul de 40% par rapport aux années 1340. La guerre n' a pas été la cause essentielle de la crise démographique à la fin du Moyen Age: sa responsabilité est ici bien plus faible que celle des épidémies.
Commenter  J’apprécie          00
De telles suspensions d'armes furent si fréquentes au 14eme siècle que jamais la guerre ne dura plus de 7 ans de suite. Au 15eme siècle,ces trêves se firent plus rares : la France de Charles VII et l'Angleterre restèrent en conflit ininterrompu pendant 30 ans de 1415 à 1444.
Commenter  J’apprécie          00
Si l'on met à part celui de Troyes, il n' y eut au cours de la guerre de Cent ans qu'un seul traité de paix entre la France et l'Angleterre: à Calais en 1360. Une partie de ses clauses concernant les renonciations ne reçut pas d'application et sa durée fut seulement de 8 ans.
Commenter  J’apprécie          00
Vers 1450,la France était plus unifiée qu'un siècle plus tôt. L'autorité royale,avec ses organes judiciaires,militaires,financiers,administratifs, y étaient plus fortes,le particularisme provincial en recul. Sans doute le mouvement était il largement entamé dès avant 1337,mais la longueur et l’âpreté du conflit,qui auraient pu provoquer un dislocation du pouvoir monarchique,favorisèrent et accélérèrent en fin de compte les progrès de la centralisation et la marche vers l'absolutisme.
Commenter  J’apprécie          00
Azincourt porta le coup le plus rude au prestige militaire de la noblesse française. Ses pertes,eu égard aux effectifs engagés furent sévères. Le patrimoine moral qu'elle avait lentement récupéré depuis le désastre de Poitiers se trouva soudain dilapidé. Mais les conséquences politiques immédiates demeurerent limités.
Commenter  J’apprécie          00
Tout autant que de batailles,de chevauchées,de sièges,l'histoire de la guerre de Cent ans est ponctuée de conférence,de négociations et d'entrevues. Aux défis portés par les hérauts, marquant la rupture officielle répondent les trêves et les traités de paix,fruits de rencontres diplomatiques.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Philippe Contamine (187)Voir plus

Quiz Voir plus

Antigone de Jean Anouilh

Qui sont les parents d'Antigone :

Jocaste et Oedipe
Créon et Jocaste
Créon et Eurydice
Hélène et Ménélas

10 questions
629 lecteurs ont répondu
Thème : Jean AnouilhCréer un quiz sur cet auteur

{* *}